Les combattants vannetais à Bir Hakeim - ONAC
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« Général Koenig, sachez et dites <strong>à</strong> vos troupes<br />
que la France vous regarde<br />
et que vous êtes son orgueil »<br />
Charles de Gaulle<br />
En avant ! <strong>Les</strong> Légionnaires,<br />
<strong>Les</strong> Marsouins <strong>à</strong> luâme fière,<br />
<strong>Les</strong> Marins fonçant sur terre,<br />
<strong>Les</strong> Bigors...répondant <strong>à</strong> luAppel !<br />
Le calot bleu comme emblème,<br />
Luécusson <strong>à</strong> Croix duLorraine ;<br />
Le regard pur et sans haine...<br />
Halte l<strong>à</strong> ! VOICI LA D.F.L.*<br />
* Division Française Libre<br />
Refrain de la marche "El Alamein Tunis"<br />
de Henry Christian FRIZZA<br />
Revue de troupes après la sortie de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> (© Musée de l'Ordre de la Libération, Paris)
Texte de la plaque inaugurée dans les départements français <strong>à</strong> l’occasion<br />
du 70 ème anniversaire de la bataille de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, <strong>à</strong> l’initiative de la<br />
Fondation de la France Libre :<br />
Du t7 mai au ss juin s<strong>à</strong>vt, il s’est trouvé, autour d’un ancien point<br />
d’eau du désert de Libye appelé <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, u t7u <strong>combattants</strong> de la<br />
France Libre pour tenir en échec, durant quinze jours, ut 000 soldats<br />
d’Hitler et de Mussolinip<br />
Qui étaientoils ’ Des volontaires venus de tous les horizons qui<br />
avaient répondu <strong>à</strong> l’appel de De Gaullep<br />
Sous les ordres du général Koenig, ils repoussent le t7 mai l’assaut<br />
de 70 chars italiens et en détruisent uup<br />
Dirigées par le général allemand Rommel, trois divisions les<br />
assiègentp Ils résistent <strong>à</strong> tous les assauts, aux bombardements<br />
incessants diartillerie et diaviation, et, le ss juin, ils rejoignent les<br />
forces alliées en brisant liencerclementp<br />
Ils ont perdu près d’un millier des leurs, mais, en immobilisant les<br />
effectifs ennemis, ils ont donné aux Britanniques un répit qui a sauvé<br />
l’Égyptep<br />
Succès local, <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> a été une immense victoire d’opinion : « <strong>Bir</strong><br />
<strong>Hakeim</strong>, comme le premier combat de Jeanne d’Arc <strong>à</strong> Orléans, avait<br />
prouvé que la France n’était pas morte », dira André Malrauxp<br />
Le plan de ROMMEL<br />
<strong>Les</strong> pages suivantes présentent l’itinéraire de trois <strong>vannetais</strong>, Français<br />
Libres de la première heure, présents <strong>à</strong> <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> en mai-juin 1942 et<br />
qui contribuèrent <strong>à</strong> rendre <strong>à</strong> la France sa dignité et son honneur.<br />
3
Claude RENAULT (1919-2007)<br />
Né <strong>à</strong> Vannes le 25 octobre n9n9, Claude Renault a vingt ans lorsqu’il<br />
s’embarque le nu juin n940 avec son frère Gilbert (qui deviendra le<br />
« colonel Rémy ») <strong>à</strong> Lorient pour rejoindre le général de Gaulle <strong>à</strong><br />
Londres. Débarqué <strong>à</strong> Falmouth le 22 juin, il signe son engagement<br />
« pour la durée de la guerre » dans les Forces Françaises Libres <strong>à</strong><br />
Londres le n er juillet. Claude Renault est affecté au n er escadron du train<br />
(n0n ème Compagnie Auto), unité de la France Libre composée<br />
essentiellement de jeunes gens évadés de France sans formation<br />
militaire. Dirigé vers l’Afrique, il participe <strong>à</strong> la tentative de débarquement<br />
de Dakar le 23 septembre n940 avant de poursuivre son instruction<br />
militaire <strong>à</strong> Brazzaville qu’il quitte pour se diriger vers Beyrouth en août<br />
n94n. Il quitte la Palestine pour la Syrie en septembre puis pour le front<br />
de Lybie le 23 décembre n94n. Muté <strong>à</strong> la n0n ème compagnie du train en<br />
mars n942, il participe aux opérations de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> du 2t mai n942 au<br />
n2 juin. Il rejoint peu après l’Egypte avec la n ère brigade française libre.<br />
Nommé au grade de sous-lieutenant de réserve, il participe <strong>à</strong> la bataille<br />
d’El Alamein en octobre n942 puis <strong>à</strong> l’offensive alliée en Tunisie en mai<br />
n943. Le 5 octobre, l’explosion d’une mine lui cause de graves blessures.<br />
En janvier n944, Claude Renault se marie <strong>à</strong> Tunis avec Marie-Claude<br />
Colson, avec laquelle il aura cinq enfants.<br />
Presque quatre ans après y avoir posé les pieds pour la première fois, il<br />
quitte l’Afrique le 2u avril n944 et débarque <strong>à</strong> Naples en mai pour<br />
participer <strong>à</strong> la campagne d’Italie. Le n5 août, il rembarque <strong>à</strong> Naples et<br />
cinq jours après, peut enfin toucher le sol métropolitain <strong>à</strong> Cavalaire (Var).<br />
Avec la n ère armée française, il contribue <strong>à</strong> la libération du sud de la<br />
France, puis de Lyon et de l’Alsace. En mars n945, son unité est dirigée<br />
sur le front des Alpes. C’est l<strong>à</strong> qu’il apprend enfin la capitulation de<br />
l’Allemagne, cinq ans après avoir quitté le Morbihan.<br />
Devenu lieutenant, il poursuit sa carrière militaire en Allemagne, en<br />
Tunisie, en Indochine puis en Algérie. Lieutenant-colonel, il quitte<br />
l’armée d’active en n965 et se<br />
retire <strong>à</strong> Saint-Saturnin-du-<br />
Bois (Charente-Maritime).<br />
Claude Renault est décédé <strong>à</strong><br />
Rochefort-sur-Mer le 2u juin<br />
200t.<br />
Claude Renault était titulaire<br />
de la Médaille de la<br />
Résistance, de la Croix de<br />
Guerre, de la Bronze Star<br />
Medal (décernée par les<br />
Etats-Unis) et était officier<br />
de la Légion d’Honneur.<br />
Quelques années avant sa<br />
mort, la famille de Claude<br />
Renault enregistre son témoignage<br />
au cours duquel il<br />
retrace son parcours pendant<br />
la Deuxième Guerre<br />
mondiale. <strong>Les</strong> passages<br />
suivants retranscrivent les<br />
principaux éléments de son<br />
témoignage et sa participation<br />
<strong>à</strong> la bataille de<br />
<strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>.<br />
Claude Renault (D.R.)<br />
4
Avant la bataille : les préparatifs<br />
Avec son unité, Claude Renault est chargé de ravitailler en eau, en vivres,<br />
en munitions, les colonnes mobiles au contact de l’Afrika Korps, en position<br />
avancée de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>. <strong>Les</strong> convois sont régulièrement mitraillés par<br />
l’aviation ennemie : « Au retour des bombardements fréquents qu’ils<br />
faisaient sur Tobrouk, les chasseurs allemands qui escortaient les<br />
bombardiers, descendaient pour mitrailler nos véhicules, qui roulaient en<br />
convoi sur <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>. (…) Pour nous protéger, nous avions fait des trous<br />
dans les toits des camions, un homme était placé <strong>à</strong> côté du chauffeur, assis<br />
sur le toit et surveillait le ciel. Dès qu’il voyait les avions arriver, il tapait et<br />
le camion faisait des zigzags pour éviter d’être mitraillé… ».<br />
Claude Renault devant un véhicule du 1 er escadron du train.<br />
Photo prise probablement en Alsace, fin 1944, début 1945 (D.R.)<br />
La bataille et le siège de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong><br />
La veille de l’attaque allemande sur les positions françaises, Claude<br />
Renault est chargé avec son camarade Laroche et un autre soldat, de<br />
jalonner <strong>à</strong> l’aide de piquets, un itinéraire de repli vers l’est. Le lendemain,<br />
au cours de ce travail, Claude Renault aperçoit un nuage de poussière et<br />
une colonne de chars allemands progressant rapidement vers le nord.<br />
Ne pouvant rejoindre <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, il décide d’aller alerter les échelons<br />
arrière qui concentrent une partie importante de la brigade et de ses<br />
moyens (près de 5vv véhicules et de nombreux dépôts de munitions). Il<br />
s’échappe sous un feu nourri et s’arrête en route au PC anglais du<br />
général Messervy. Mais il tombe au moment d’une réunion importante et<br />
personne ne prend au sérieux son alerte. Peu de temps après, ce PC sera<br />
attaqué par les Allemands et le général Messervy fait prisonnier.<br />
Claude Renault parvient <strong>à</strong> l’étatsmajor arrière du commandant<br />
Thoreau. Au début, on ne croit pas non plus <strong>à</strong> son alerte d’attaque<br />
imminente. Il rapporte avec humour « Ils se sont dit : c’est un<br />
plaisantin, il raconte des histoires, il est tombé sur la tête, c’est un<br />
Breton, il a dû boire… ». Le capitaine Dulot, son chef, qui le connaît bien,<br />
le croit. Dulot revient vers le commandant Thoreau et insiste pour<br />
prendre en compte son témoignage. D’autres signes de l’attaque<br />
allemande s’ajoutent. Un anglais arrive avec une frousse épouvantable.<br />
Le matin, son unité hindoue a été complètement anéantie près de <strong>Bir</strong><br />
<strong>Hakeim</strong>. Lui a réussi <strong>à</strong> s’échapper. Il confirme le témoignage de Claude<br />
Renault.<br />
5
Le commandant Thoreau donne alors l’ordre de quitter immédiatement<br />
cette position et de se rassembler <strong>à</strong> <strong>Bir</strong> el Gobi. C’est un point du désert,<br />
<strong>à</strong> une quarantaine de kilomètres. Ils n’ont pas fini de charger les camions<br />
que les chars apparaissent, moins de deux heures après l’alerte. <strong>Les</strong><br />
chars tirent au canon, mais les camions sont maintenant hors de portée.<br />
Aucune perte en hommes et en matériels n’est <strong>à</strong> déplorer.<br />
Replié sur <strong>Bir</strong> el Gobi, Claude Renault participe aux convois de<br />
ravitaillement de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> assiégé : « On a quand même réussi, dans<br />
cet encerclement, <strong>à</strong> passer un convoi de ravitaillement avec cinq mille<br />
obus ou quelque chose comme ça, et puis de l’eau et des munitions. On<br />
n’aurait pas pu en passer un deuxième, ce n’était pas possible… ».<br />
La sortie de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> et le repli<br />
Dans la nuit du vu au vv juin, le général Koenig et les troupes<br />
encerclées réussissent la sortie de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> vers le sud sous le feu<br />
ennemi. L’unité <strong>à</strong> laquelle appartient Claude Renault participe <strong>à</strong> la<br />
récupération des véhicules et des hommes dispersés dans le désert.<br />
En juin, après la chute de Tobrouk, la première brigade française libre<br />
est repliée en Egypte.<br />
« <strong>Les</strong> hommes étaient harassés après <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>. On nous a installés<br />
dans un très grand camp anglais qui se trouvait entre Le Caire et<br />
Ismaïlia, <strong>à</strong> Tel-el-Kebir. C’était une étendue désertique très vaste sur<br />
laquelle les Anglais avaient installé un camp, très important, avec des<br />
tentes, des installations sanitaires modestes… Il y avait des cabines<br />
de douche. On pouvait se ravitailler en eau, <strong>à</strong> volonté… (…) On avait<br />
quand même été tellement esquintés par l’histoire de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, »<br />
témoigne-t-il dans l’enregistrement.<br />
Probablement remarqué pour ses initiatives dans l’alerte du xè mai et<br />
dans l’organisation des convois de regroupement des forces lors de la<br />
sortie du blocus, Claude Renault devient l’officier d’ordonnance du<br />
général Koenig. Cette fonction fait de lui un témoin très proche de la<br />
visite du général de Gaulle venu en août vï<strong>à</strong>x <strong>à</strong> Tel-el-Kebir féliciter<br />
les courageux soldats de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>.<br />
Claude Renault (au centre) devient pendant quelques mois après <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> officier<br />
d’ordonnance du général Koenig (<strong>à</strong> droite sur la photo) (D.R.)<br />
6
Ferdinand LE DRESSAY (1920-1942)<br />
Fils d’agriculteur de Kermain, <strong>à</strong> Vannes, Ferdinand Le Dressay est né le<br />
é novembre téus. Son père, ancien combattant de la Première Guerre<br />
mondiale, a reçu trois citations au cours de ce conflit. Ferdinand est<br />
d’abord scolarisé <strong>à</strong> l’école Saint-Joseph, avant de poursuivre ses études<br />
au Likès, <strong>à</strong> Quimper. Revenu <strong>à</strong> Vannes, il n’a pas encore vingt ans lorsque,<br />
apprenant l’Appel du général de Gaulle <strong>à</strong> ne pas cesser le combat, il<br />
déclare <strong>à</strong> sa mère qu’il veut gagner l’Angleterre. Malgré son chagrin,<br />
celle-ci lui prépare ses affaires. Ferdinand part <strong>à</strong> bicyclette, réussit <strong>à</strong><br />
s’embarquer <strong>à</strong> Concarneau et débarque en Angleterre le uv juin téxs.<br />
Versé dans une Compagnie du train, son unité fait partie du Corps<br />
expéditionnaire français libre qui participe <strong>à</strong> la tentative de<br />
débarquement de Dakar, puis aux campagnes djErythrée (février téxt) et<br />
de Syrie (mai téxt) avant de rejoindre l’Egypte.<br />
Dès son arrivée en Angleterre, Ferdinand noue une correspondance avec<br />
l’une de ses cousines installée au Canada. Parvenu en Afrique, il écrit notamment<br />
dans une lettre datée du tu décembre téxs è « Etant en colonie, il<br />
faut que je vous<br />
raconte aussi<br />
un peu de notre<br />
vie coloniale. En<br />
général la vie<br />
est très gaie et<br />
le seul désavantage,<br />
ce<br />
sont les satanés<br />
moustiques<br />
qui ne nous<br />
laissent jamais<br />
un moment de<br />
répit ». Dans<br />
cette même lettre,<br />
un peu plus<br />
loin è « D’une<br />
manière je suis<br />
assez content<br />
de vivre cet exil<br />
car jamais un<br />
instant de ma<br />
petite vie, je<br />
n’aurais tant<br />
voyagé que<br />
maintenant car<br />
nous partons<br />
maintenant<br />
pour aller au<br />
baptême du<br />
feu. Mais auparavant<br />
nous allons<br />
avoir le<br />
baptême de<br />
l’équateur ».<br />
Portrait de Ferdinand Le Dressay signé par le général de Gaulle (D.R.)<br />
7
Arrivé en Libye, il écrit le ut janvier uêyv ù « Pour le moment nous<br />
sommes dans le désert (…) et l’on s’embête assez lorsque nous ne<br />
sommes pas réunis pour nous distraire autour d’un seau de café et du<br />
thé car nous n’avons que du café et du thé. Depuis que je suis parti de<br />
Kermain, je n’ai bu une goutte de bon cidre. En Angleterre, j’en ai bu mais<br />
il ne vaut pas le cidre breton de chez nous… »<br />
En mars, quelques semaines avant de perdre la vie, il poursuit ù « Il y a<br />
quelque deux mois que je ne vous ai donné de mes nouvelles qui sont<br />
très bonnes et je me tiens toujours en excellente santé. Je ne sais si je<br />
vous ai dit où je me trouvais mais je suis actuellement dans le « Western<br />
desert » comme le disent les Anglais ou plus simplement en Libye. Nos<br />
ennemis viennent parfois nous rendre visite et nous font quelquefois<br />
nous terrer car ils nous mitraillent chaque fois qu’ils le peuvent et je suis<br />
heureux aussi de constater qu’ils ne retournent pas tous <strong>à</strong> leurs bases<br />
car souvent plusieurs tombent dans nos lignes. (…) Je suis quelque peu<br />
inquiet de mes parents dont je suis sans nouvelles depuis deux ans et,<br />
j’espère que d’ici peu de temps nous pourrons rentrer chez nous, notre<br />
patrie délivrée du fléau mondial ».<br />
A <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, son unité est chargée de ravitailler les hommes qui combattent<br />
pour repousser l’offensive de Rommel. Il fait partie de la colonne de<br />
ravitaillement qui parvient <strong>à</strong> pénétrer dans la position assiégée le <strong>à</strong> juin. Il est<br />
tué le uu juin au cours de la sortie générale ordonnée par le général Koenig.<br />
Ferdinand et Anne-Marie Le Dressay, les parents de Ferdinand,<br />
après-guerre (D.R.)<br />
8
Ignorant la mort de Ferdinand, Louis, son jeune frère, décide le x février<br />
1ysr, jour de ses 17 ans, de rallier <strong>à</strong> son tour les <strong>combattants</strong> de la<br />
France Libre. Avec son cousin Robert, il quitte la France par l’Espagne<br />
pour rejoindre la colonne Leclerc en Afrique.<br />
En juillet 1ysr, soit plus d’un an après sa mort <strong>à</strong> <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, M. et Mme<br />
Le Dressay sont informés, par la CroixlRouge, de la mort de Ferdinand.<br />
Dès 1ysu, Francis Decker, maire de Vannes, propose de donner son nom<br />
<strong>à</strong> une rue de la ville. Lors de sa visite en Bretagne en 1ys7, le général de<br />
Gaulle s’arrête <strong>à</strong> Vannes le 2u juillet. Il remet <strong>à</strong> cette occasion de<br />
nombreuses décorations, dont la Croix de Guerre <strong>à</strong> titre posthume de<br />
Ferdinand <strong>à</strong> sa mère.<br />
A Vannes, au Parc de la Garenne, le général de Gaulle remet la Croix de Guerre de<br />
Ferdinand Le Dressay <strong>à</strong> sa mère (D.R.)<br />
Inhumé au cimetière français de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, son corps est rapatrié <strong>à</strong><br />
Vannes <strong>à</strong> la demande de sa famille. Un hommage solennel est d’abord<br />
rendu dans la cour de l’Hôtel national des Invalides <strong>à</strong> Paris le s avril 1yto<br />
en présence du général Koenig. Sa dépouille repose depuis au cimetière<br />
de Boismoreau <strong>à</strong> Vannes.<br />
9
Louis GOUDON (1920-1953)<br />
Né <strong>à</strong> Vannes le 1s mars 19r0, Louis Goudon, est domicilié <strong>à</strong> Noyalo<br />
lorsqu’il s’engage le 1t février 19s9 pour cinq ans dans le r ème régiment<br />
d’infanterie coloniale. Il embarque quelques mois plus tard pour le<br />
Levant (Liban, Syrie, Palestine) <strong>à</strong> bord du vapeur Sinaïa. Il débarque <strong>à</strong><br />
Beyrouth une semaine après. C’est l<strong>à</strong> qu’il apprend la déclaration de<br />
guerre de la France <strong>à</strong> l’Allemagne. Muté au rt ème régiment d’infanterie<br />
coloniale, il est contraint de suivre les événements tragiques des<br />
combats de mai-juin 19t0 en métropole sans pouvoir y prendre part.<br />
En poste <strong>à</strong> Chypre et révolté par la demande d’armistice du maréchal Pétain,<br />
Louis décide de rejoindre le capitaine Lorotte qui a choisi comme chef le<br />
général de Gaulle et a regroupé autour de lui ceux qui refusent la défaite en<br />
constituant une nouvelle unité : le 1 er B.I.M. (bataillon d’infanterie de marine)<br />
que les Anglais transportent jusqu’<strong>à</strong> Ismaïlia en Egypte. Equipé de matériels<br />
et d’un armement fournis par les Anglais, la 1 ère compagnie du 1 er B.I.M. <strong>à</strong><br />
laquelle appartient Louis Goudon sera la 1 ère unité des Forces Françaises<br />
Libres <strong>à</strong> reprendre le combat. Avec la 8 ème armée britannique, elle participe en<br />
octobre 19t0 <strong>à</strong> la prise de Sollum, de Sidi Barrani puis de Bardia le 6 janvier<br />
19t1, faisant plusieurs milliers de prisonniers parmi les <strong>combattants</strong> du<br />
général italien Graziani lors de ces combats en Libye. Son épopée le mène<br />
ensuite en Egypte, au Levant puis il revient en Libye jusqu’<strong>à</strong> son arrivée <strong>à</strong><br />
<strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> le 17 mai 19tr. Il appartient depuis quelques semaines<br />
au bataillon du<br />
Pacifique constitué<br />
l’année précédente<br />
<strong>à</strong> partir de volontaires<br />
polynésiens<br />
et mélanésiens.<br />
Dans la position<br />
assiégée par les<br />
troupes italo-allemandes,<br />
le bataillon<br />
du Pacifique<br />
illustre son courage<br />
et se couvre<br />
de gloire. Le 9 juin<br />
les Français assiégés<br />
font face <strong>à</strong> une<br />
attaque générale.<br />
Le bataillon du<br />
Pacifique y perd<br />
son chef, le lieutenant-colonel<br />
Broche et son<br />
adjoint le capitaine<br />
de Bricourt. L’évacuation<br />
de <strong>Bir</strong><br />
<strong>Hakeim</strong> entraîne<br />
encore de nombreuses<br />
pertes<br />
dans les rangs du<br />
bataillon.<br />
Portrait de Louis Goudon (D.R.)<br />
10
Repliées en<br />
Egypte, les<br />
troupes de la 1 ère<br />
brigade française<br />
libre sont réorganisées.<br />
Louis est<br />
muté au 1 er régiment<br />
d’artillerie<br />
le 1 er juillet 194r.<br />
C’est avec ce régiment<br />
qu’il arrive<br />
en Tunisie le<br />
1 er mai 1943 où il<br />
participe <strong>à</strong> de<br />
violents combats.<br />
A Takrouna, près<br />
de Sousse, les<br />
Franco-britanniques<br />
font<br />
r4 ppp prisonniers<br />
dont 4 généraux<br />
parmi les<br />
troupes germano-italiennes.<br />
Nommé brigadier<br />
le 1 er avril 1944,<br />
Louis débarque le<br />
r1 avril <strong>à</strong> Naples<br />
pour participer<br />
<strong>à</strong> la campagne<br />
d’Italie. Le 1x<br />
août 1944 son<br />
unité débarque <strong>à</strong><br />
Cavalaire. C’est le<br />
début de la campagne<br />
de France<br />
avec les rudes<br />
combats des<br />
Vosges et de<br />
l’Alsace en décembre<br />
1944 et<br />
<strong>Les</strong> décorations de Louis Goudon entourant l’insigne de manche de<br />
la 1 ère division de la France Libre. On reconnaît de haut en bas et de<br />
gauche <strong>à</strong> droite : la médaille commémorative 1939-1945 portant les<br />
agrafes Libération et Campagne d’Italie, la médaille coloniale portant<br />
les agrafes Extrême-Orient, Tunisie 194r-1943 et Libye, la Croix de<br />
Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze (citation <strong>à</strong> l’ordre du<br />
régiment), la médaille des services volontaires de la France Libre, la<br />
Croix de Guerre TOE (Théâtres d’opérations extérieures) avec étoile<br />
de bronze (citation <strong>à</strong> l’ordre du régiment), étoile d’argent (citation <strong>à</strong><br />
l’ordre de la division) et palme de bronze (citation <strong>à</strong> l'ordre de l'armée)<br />
(D.R.)<br />
janvier 1945, avant de poursuivre en mars<br />
dans le massif de l’Authion, pour détruire les<br />
derniers bastions allemands qui résistaient<br />
dans les Alpes.<br />
Pour sa conduite face <strong>à</strong> l’ennemi, Louis a<br />
notamment reçu la Croix de Guerre avec étoile<br />
de bronze.<br />
A la fin de la guerre, il renouvelle son engagement<br />
dans l’armée et est envoyé en Indochine.<br />
Revenu en métropole en 195p, il repart en<br />
Indochine l’année suivante. C’est l<strong>à</strong>-bas qu’il<br />
trouve la mort, tué par les soldats Viêt Minh, le<br />
rp juillet 1953.<br />
Insigne du 1 er bataillon<br />
d’infanterie de marine<br />
(© Musée de l'Ordre de la Libération,<br />
Paris).<br />
11
Soldats français après la sortie de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> (© Musée de l'Ordre de la Libération, Paris)<br />
Pour en savoir plus :<br />
Histoire, témoignages et programme commémoratif du pi ème anniversaire<br />
de la bataille sur s www.birhakeim.fr<br />
Une brochure présentant l’action de la première brigade française libre <strong>à</strong><br />
<strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> est téléchargeable sur le site du ministère de la èéfense <strong>à</strong><br />
l’adresse suivante s<br />
https//www.defense.gouv.fr/content/download/1iipo4/9p8lli/file/Mé22.pdf<br />
BROéHE ©rançois, <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong>, Edition Poche, Perrin, 2i12<br />
BERGOT Erwan, <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> - février-juin 1942, Presses de la éité, 2ii9<br />
èocuments divers et témoignages sur le site de la ©ondation de la ©rance<br />
Libre (www.france-libre.net) ainsi que sur le site de l’Amicale de la<br />
première division française libre (www.1dfl.fr)<br />
Photos de couverture s<br />
<strong>Les</strong> troupes françaises de <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong> arrivent sur les lignes britanniques et<br />
Une pièce de 75 Bayrou-Belan du BIM en action <strong>à</strong> <strong>Bir</strong> <strong>Hakeim</strong><br />
(© Musée de l'Ordre de la Libération, Paris)<br />
Brochure conçue et réalisée par le service départemental de l’Office National<br />
des Anciens éombattants et Victimes de Guerre (ONAéVG) du Morbihan<br />
éité administrative<br />
1l avenue Saint-Symphorien<br />
noi2i VANNES cedex<br />
Tél. s i2 9p 4p 88 88, fax s i2 9p 4p 84 i2<br />
arnaud.bayeux@onacvg.fr<br />
Remerciements : Dominique et Olivier RENAULTu Délégation de la Fondation de la France<br />
Libre du Morbihanu Comité du Souvenir Français du Morbihanu Ville de Vannesu Archives<br />
municipales de Vannesu Musée de la Résistance bretonne de Saint-Marcelu Musée de lpOrdre<br />
de la Libération<br />
IOV COMMUNICATION - Tél. 02 97 40 87 87 - 05/2012 - R.C. 875 780 207 B<br />
N° ISBN s 9p8-2-11-129848-4