Expertise du rapport final - UMS-RIATE
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ORATE - ESPON 2013 - TIPTAP<br />
Territorial Impact Assessment of Transport and Agricultural Policies<br />
Rapport d’expertise <strong>du</strong> <strong>rapport</strong> <strong>final</strong> 1<br />
E.M. MOUHOUD 2 & H. JENNEQUIN 3<br />
1. Analyse critique transversale........................................................................................................................................1<br />
Le consortium.................................................................................................................................................................1<br />
Objectifs généraux de l’étude..........................................................................................................................................2<br />
1.1 Les éléments constitutifs de la notion de cohésion territoriale....................................................................................3<br />
1.2 Scénarii illustrant les différentes politiques envisagées..............................................................................................3<br />
1.3 Critères permettant de juger des évolutions potentielles de chaque politique ............................................................4<br />
1.4 Appliquer les scénarii sur les indicateurs et disposer d’un outil de mesure des impacts territoriaux (TIA)...................5<br />
1.5 Enrichir l’outil pour comparer les différents impacts obtenus......................................................................................5<br />
1.6 Cartographie et commentaire des résultats...............................................................................................................6<br />
2. Analyse appliquée au territoire français.......................................................................................................................7<br />
Bibliographie indicative....................................................................................................................................................8<br />
Annexes (cartes et tableaux)......................................................................................................................................... 8<br />
1. Analyse critique transversale<br />
Le consortium<br />
Cinq institutions ont œuvré dans le cadre de ce projet. Elles<br />
représentent quatre pays d’Europe occidentale. Les institutions<br />
partenaires <strong>du</strong> consortium sont les suivantes :<br />
• L’Université polytechnique de Milan est le partenaire<br />
principal. Parmi les membres impliqués de cette université<br />
figurent le responsable scientifique, Roberto Camagni<br />
et la coordinatrice, Camilla Lenzi. Ils appartiennent<br />
tous deux au DIG (Department of Management, Economics<br />
and In<strong>du</strong>strial Engineering). Ils y sont associés à<br />
Nicola Francesco Dotti et Andrea Caragliu. Paola Bolchi<br />
est membre de l’équipe mais appartient au DIAP (Département<br />
d’Architecture et de Planification).<br />
• Le MCRIT est une équipe multidisciplinaire de consultants<br />
spécialisés dans les transports, localisée à Barcelone.<br />
Les membres impliqués dans le projet sont Andreu<br />
Ulied et Efrain Larrea.<br />
• L’Université de Newcastle est représentée par Mark<br />
Schucksmith, Guy Garrod et Marian Raley.<br />
• L’Université d’Amsterdam (Vrije Universiteit) est représentée<br />
par Frank Bruinsma et Peter Nijkamp.<br />
• ARCADIS est une société internationale offrant des services<br />
de conseil, de conception, d’ingénierie et de ges-<br />
tion dans les domaines des infrastructures, de l’environnement,<br />
et des bâtiments. Cette société est représentée<br />
par Ron Vreeker, ancien chercheur de la Vrije Universiteit.<br />
Le projet vise à mesurer les impacts territoriaux (TIA) des<br />
politiques européennes agricoles et de transport. Ceci nécessite<br />
l’utilisation d’un outil adapté (Camagni R., 2006 ;<br />
European Commission, 2009). A ce niveau, les membres<br />
<strong>du</strong> consortium apportent une réelle valeur ajoutée à ce projet<br />
par leur connaissance des mécanismes, notamment économiques,<br />
d’économie régionale. Ce savoir-faire apporte<br />
un crédit sur plusieurs points, tels que l’analyse précise et<br />
complète de la notion de cohésion territoriale ou la prise en<br />
compte de seuils d’alerte lors de la simulation des effets sur<br />
les territoires (FLAG model). Les auteurs ont également à<br />
leur crédit de nombreux articles universitaires.<br />
Ce projet ESPON 2013 utilise pour partie la méthodologie<br />
et surtout les outils développés au sein <strong>du</strong> précédent projet<br />
ESPON 2006 3.2 Spatial Scenarios. Ce dernier est en effet<br />
à l’origine de la première version <strong>du</strong> modèle TEQUILA qui a<br />
été actualisé et mis à jour pour ce présent travail (TEQUILA<br />
2). On observe que seuls cinq membres de la précédente<br />
et conséquente (74 membres) équipe font partie <strong>du</strong> groupe<br />
plus restreint <strong>du</strong> projet ESPON 2013.<br />
La composition de ce groupe de travail appelle d’autres remarques.<br />
En premier lieu, il est quelque peu à regretter une<br />
focalisation un peu importante <strong>du</strong> <strong>rapport</strong> sur les seuls as-<br />
1<br />
Février 2010. Disponible en ligne sur http://www.espon.eu/main/Menu_Projects/Menu_AppliedResearch/tiptap.html<br />
2<br />
Professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine - http://el.mouhoub.mouhoud.free.fr/<br />
3<br />
Maître de conférences à l’Université de Rouen - http://jennequin.hugues.free.fr/<br />
1
pects économiques. Alors que la première partie <strong>du</strong> <strong>rapport</strong><br />
présente les multiples facettes de la cohésion territoriale,<br />
qui ne sont pas qu’économiques, comme définies à juste<br />
titre par les auteurs, la suite <strong>du</strong> <strong>rapport</strong> tend à accorder une<br />
importance première aux phénomènes économiques. Les<br />
aspects relevant des autres sciences humaines et sociales,<br />
bien que présents, sont laissés au second plan. Certes,<br />
des indicateurs leur sont dédiés, mais le poids accordé par<br />
les experts à ces derniers est relativement faible. La raison<br />
vient probablement d’un manque d’hétérogénéité dans le<br />
champ scientifique des experts, issus majoritairement d’une<br />
formation d’économiste.<br />
En second lieu, on peut également regretter l’absence<br />
d’équipes et d’experts localisés dans les Pays d’Europe<br />
Centrale et Orientale (PECO) ou dans les pays <strong>du</strong> Nord<br />
(Danemark, Finlande, Norvège, Suède) pour reprendre<br />
l’origine géographique des experts dans le projet. Cela aurait<br />
permis d’affiner la qualité <strong>du</strong> <strong>rapport</strong> dans la mesure<br />
où une part significative des résultats obtenus et donc, des<br />
conclusions à en tirer, provient de pondérations choisies par<br />
les experts. Or, pour certaines, ces pondérations sont spécifiques<br />
aux types de territoires (Europe <strong>du</strong> Nord, de l’Ouest,<br />
de l’Est et <strong>du</strong> Sud). La difficulté d’un tel travail aurait pu<br />
être ré<strong>du</strong>ite par la présence d’experts issus de ces zones<br />
géographiques.<br />
Objectifs généraux de l’étude<br />
Les auteurs cherchent à répondre à un objectif global :<br />
connaître les impacts des politiques européennes sur les<br />
territoires. Il s’agit d’envisager, globalement, l’ensemble des<br />
mécanismes par lesquels les politiques européennes peuvent<br />
modifier la cohésion des territoires européens. Une<br />
telle ambition nécessite de pouvoir être adaptée à la nature<br />
de la politique étudiée et ce faisant, de résoudre de multiples<br />
difficultés. Pour comprendre ces difficultés et les réponses<br />
apportées par les auteurs, il est possible de diviser<br />
les différentes étapes successives <strong>du</strong> travail effectué par les<br />
auteurs.<br />
1. Recenser les éléments caractéristiques de la notion de<br />
cohésion territoriale.<br />
2. Définir les scénarii qui illustrent les différentes politiques<br />
envisagées.<br />
3. Définir les indicateurs spécifiques permettant de juger<br />
des évolutions potentielles de chaque politique et compléter<br />
les bases de données nécessaires.<br />
4. Appliquer les scénarii sur les indicateurs et disposer<br />
d’un outil de mesure des impacts territoriaux (TIA).<br />
5. Enrichir l’outil afin de comparer, au sein de chaque territoire,<br />
les différents impacts obtenus ; cette étape est<br />
celle d’un passage d’impacts isolés vers une mesure<br />
globale de l’impact sur les territoires.<br />
6. Cartographier et commenter les résultats découlant de<br />
cette méthodologie et de cet outil.<br />
La méthodologie des auteurs a été appliquée à deux secteurs<br />
forts de la politique européenne : la politique des<br />
transports d’une part, ce qui a permis aux auteurs d’exploiter<br />
et d’enrichir une partie <strong>du</strong> travail effectué sur ce thème<br />
précis dans le précédent projet ESPON et la politique agricole<br />
commune (PAC) d’autre part, ce qui constitue une<br />
nouveauté autant qu’un apport de ce projet. La cohérence<br />
d’ensemble <strong>du</strong> travail effectué dépend de la manière dont<br />
les auteurs sont parvenus à répondre à ces impératifs successifs.<br />
De fait, nous nous attachons dans ce <strong>rapport</strong> à revenir<br />
sur chacun des aspects de ce travail pour pointer les<br />
apports méthodologiques mais également les interrogations<br />
voire critiques <strong>du</strong> projet.<br />
1.1 Les éléments constitutifs de la notion de cohésion<br />
territoriale<br />
Pour analyser l’impact des politiques européennes sur les<br />
territoires, les auteurs s’appuient sur la notion de cohésion<br />
territoriale. La définition de ce concept retenue par les auteurs<br />
est englobante dans le sens où elle inscrit le territoire<br />
dans un cadre large, relevant de facteurs sociaux, environnementaux<br />
et économiques, comme la qualité de la vie et<br />
des conditions de travail, la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté, la performance<br />
économique, la qualité des services et des transports,<br />
l’étalement urbain, la conservation des ressources<br />
naturelles (Figure 1) 1 .<br />
Un triptyque formé de 3 macro-critères pour expliquer le<br />
concept est utilisé : la qualité territoriale, l’efficience territoriale<br />
et l’identité territoriale. Plusieurs indicateurs composites<br />
sont élaborés pour mesurer ces critères (présentés<br />
dans les Tableaux 1 et 2) ;<br />
La qualité territoriale renvoie à différents critères : pour<br />
la PAC, la qualité environnementale, la viabilité sociale (les<br />
petites exploitations en difficulté), les émissions de méthane,<br />
le risque d’érosion <strong>du</strong> sol. Pour la politique de transport,<br />
les critères sont : le transport routier de marchandises, les<br />
émissions de CO2, la sécurité, l’accessibilité des marchés.<br />
L’efficience territoriale renvoie, pour la PAC, à des critères<br />
de croissance économique, chômage, diversification<br />
<strong>du</strong> tourisme ; pour la politique de transport, à la pro<strong>du</strong>ctivité<br />
des infrastructures (connectivité interne), pro<strong>du</strong>ctivité des<br />
aéroports (accessibilité externe), croissance économique et<br />
coûts de congestion.<br />
L’identité territoriale renvoie, pour la PAC, à des critères<br />
de diversité <strong>du</strong> paysage, d’identité communautaire et au patrimoine<br />
; pour la politique de transport, à la fragmentation<br />
<strong>du</strong> paysage, à la fréquentation touristique, à l’intégration régionale.<br />
La combinaison des trois éléments constitue la cohésion <strong>du</strong><br />
territoire. Cette progressivité de l’approche sert de base à<br />
l’analyse de l’impact des politiques sur les territoires. Cette<br />
approche possède le mérite d’être ambitieuse en considérant<br />
des facteurs complémentaires qui ne résultent pas<br />
tous <strong>du</strong> seul domaine économique. Ceci permet de se démarquer<br />
d’une approche trop simpliste qui mesurerait l’attractivité<br />
des territoires auprès des agents (entreprises ou<br />
ménages) axés sur les seuls indicateurs pécuniaires (coûts<br />
de pro<strong>du</strong>ction, salaires réels…) qui sont loin à eux seuls de<br />
discriminer correctement les territoires.<br />
1<br />
L’ensemble des figures, tableaux et cartes est présenté en annexe de ce <strong>rapport</strong>.<br />
2
1.2 Scénarii illustrant les différentes politiques envisagées<br />
Les auteurs testent des scénarii pour chaque politique sectorielle.<br />
Nous distinguerons par conséquent les deux politiques,<br />
de la PAC et des transports, car les remarques sont<br />
pour l’essentiel spécifiques à chacune.<br />
En ce qui concerne la PAC, l’unique scénario retenu consiste<br />
dans la « mo<strong>du</strong>lation » des fonds <strong>du</strong> pilier 1 vers le pilier<br />
2, avec une ré<strong>du</strong>ction des ressources globales distribuées<br />
(en distinguant anciens et nouveaux États-Membres) 2 . La<br />
définition d’un seul scénario est justifiée par les orientations<br />
politiques actuelles concernant la PAC. Pour autant,<br />
l’analyse d’un unique scénario ne permet pas d’effectuer de<br />
comparaisons entre différentes options politiques. Le but<br />
de ce travail étant de servir d’appui à la prise de positions<br />
politiques, cette absence de comparaison est gênante. Il<br />
aurait été appréciable de disposer d’un scénario au fil de<br />
l’eau pour pouvoir visualiser les incidences de la politique<br />
proposée mais également celles d’un maintien des mesures<br />
actuelles, notamment dans le cadre <strong>du</strong> FLAG Model. Il faut<br />
donc comprendre ce travail comme une première étape<br />
dans l’étude des liens entre territoires et politiques agricoles.<br />
Une autre remarque vient <strong>du</strong> fait que l’approche adoptée<br />
tend à considérer le secteur agricole comme pro<strong>du</strong>isant un<br />
bien homogène : dans le scénario, la baisse des sommes<br />
allouées au pilier 1, par exemple, va toucher indifféremment<br />
les pro<strong>du</strong>cteurs. Il n’y a pas de distinctions possibles suivant<br />
la nature de leur pro<strong>du</strong>ction, qui ferait que certains seraient<br />
plus touchés que d’autres. De fait, les conséquences sur les<br />
territoires pourraient être différenciées et ne pas dépendre<br />
uniquement <strong>du</strong> montant des soutiens aux revenus agricoles<br />
accordé à un territoire initialement. On pourrait ainsi imaginer<br />
que face à ces modifications de mesures politiques, les<br />
pro<strong>du</strong>cteurs s’orientent vers des choix de pro<strong>du</strong>ction différents<br />
à l’avenir, ce qui aurait des répercussions sur les prix<br />
de marché…<br />
Dans la continuité de la remarque précédente, l’analyse<br />
proposée ne peut être que partielle. A titre d’exemple, la<br />
situation d’endettement des agriculteurs sur les territoires<br />
n’est pas prise en compte alors que les écarts d’endettement<br />
actuels entre les agriculteurs selon les territoires peuvent<br />
modifier à moyen - long terme la portée des politiques<br />
préconisées. En outre, malgré la volonté d’analyse sur longue<br />
période, certains aspects tendent à figer les structures<br />
sectorielles actuelles entre les territoires. Par exemple, les<br />
auteurs ont besoin de simuler sur plusieurs périodes la<br />
baisse des revenus des agriculteurs entre les régions <strong>du</strong> fait<br />
de la mo<strong>du</strong>lation entre les deux piliers. Pour évaluer cette<br />
baisse, ils postulent une constance des parts des montants<br />
accordés grâce aux piliers entre les régions européennes<br />
au cours <strong>du</strong> temps. Cette constance est également préjudiciable<br />
; il est peu probable que la politique de la PAC n’in<strong>du</strong>ise<br />
pas une modification, potentiellement très sensible, de<br />
la répartition de l’aide de chaque pilier entre les territoires.<br />
Le modèle ne peut certes pas prendre en compte l’ensemble<br />
des facteurs endogènes au sein <strong>du</strong> secteur étudié mais ces<br />
points, essentiels, sont à retenir pour la bonne lecture des<br />
conclusions <strong>du</strong> projet.<br />
En ce qui concerne les politiques de transport, trois scénarii<br />
sont construits. Un scénario de référence à 2030 et<br />
deux autres scénarii directement issus de l’étude TRANS-<br />
Visions (2009).<br />
Le premier, au fil de l’eau, englobe tous les investissements<br />
réalisés ou déjà décidés à l’heure actuelle. Il permet<br />
d’évaluer l’impact de la continuité des politiques actuelles<br />
et surtout de comparer les autres scénarii à ce cadre initial.<br />
Le second, ambitieux, propose, dans un contexte de forte<br />
croissance économique, une priorité à la cohésion par de<br />
grands projets d’équipement et d’amélioration des infrastructures<br />
routières et ferroviaires, surtout dans les pays de<br />
l’Est. Des réseaux transeuropéens (TEN) sont développés,<br />
des axes décongestionnés, l’augmentation <strong>du</strong> trafic routier<br />
étant compensée par la mise en service de véhicules moins<br />
polluants. On observe une extension <strong>du</strong> nombre de lignes<br />
aériennes à bas coût. La concurrence aligne les tarifs sur<br />
les coûts de pro<strong>du</strong>ction pour chaque mode de transport.<br />
Le dernier scénario, dit «tarifaire», sous-tend une forte<br />
augmentation <strong>du</strong> prix payé par les usagers. Il correspond en<br />
fait au scénario de faible croissance de l’étude TRANSVisions<br />
2009. Ce scénario est caractérisé par un faible développement<br />
économique renforcé par un développement démographique<br />
négatif. La faible croissance de la pro<strong>du</strong>ction y<br />
est expliquée par l’augmentation des coûts de l’énergie, en<br />
particulier <strong>du</strong> pétrole. La conséquence en Europe se résume<br />
à une ré<strong>du</strong>ction de la mobilité contrainte par des coûts plus<br />
élevés de l’énergie et à une préférence pour le ferroviaire.<br />
L’utilisateur des transports supporte tous les coûts liés à<br />
l’utilisation de son moyen de transport (pollution, bruit =<br />
coûts sociaux). Ce scénario tarifaire comprend de nouveaux<br />
outils de réglementation (règles sur la sécurité et la tarification<br />
routière…).<br />
Si ces scénarii sont appuyés par une étude préalable solide<br />
et récente (TRANSVisions), il est cependant à souligner<br />
qu’ils intègrent chacun un grand nombre d’effets et<br />
de variations, à la fois sectoriels, macroéconomiques, démographiques…,<br />
si bien que l’on ne peut au <strong>final</strong> expliquer<br />
précisément les impacts obtenus dans les conclusions des<br />
différents scénarii. Un tel travail de discernement des variations<br />
intro<strong>du</strong>ites au sein de chaque scénario permettrait<br />
d’accroître grandement la portée des résultats obtenus et<br />
isolerait les mécanismes en œuvre. Cela serait d’une grande<br />
aide dans les choix d’options politiques qui sont le but de<br />
ce travail. Il resterait ensuite à considérer conjointement les<br />
effets isolés et les effets globaux, intégrant les externalités<br />
inévitables entre les éléments intro<strong>du</strong>its dans chaque scénario.<br />
Pour autant, cela nécessiterait de multiplier le nombre<br />
de scénarii en fonction <strong>du</strong> nombre d’éléments à isoler.<br />
2<br />
Le pilier 1 est un soutien aux revenus agricoles par des paiements directs aux agriculteurs et des mesures de soutien aux marchés.<br />
Le pilier 2 poursuit des objectifs de développement rural avec un soutien agro-environnemental.<br />
3
Au <strong>final</strong>, les scénarii offrent des visions complètes d’options<br />
politiques tranchées. On peut regretter d’un point de vue<br />
général cette fois, que les évolutions concernent en premier<br />
lieu l’offre (agricole et d’infrastructures de transport). La demande<br />
n’est que très peu évoquée. Les politiques en question<br />
sont délibérément des politiques d’offre. Les politiques<br />
agissant sur la demande sont pourtant au moins aussi importantes<br />
à prendre en considération. L’Union Européenne<br />
peut influencer directement la demande dans chacun de ces<br />
secteurs.<br />
1.3 Critères permettant de juger des évolutions potentielles<br />
de chaque politique<br />
Pour juger des effets de chaque politique/scénario sur l’efficience,<br />
la qualité et l’identité des territoires, les auteurs<br />
doivent s’appuyer sur une batterie de critères et d’indicateurs<br />
permettant d’offrir une vision suffisamment générale et<br />
complète de chacun de ces aspects.<br />
Concernant la PAC, dix critères sont utilisés au total (Tableau<br />
1). Trois concernent l’efficience territoriale. Parmi eux,<br />
on peut effectuer une remarque concernant la diversification<br />
touristique qui s’appuie sur le nombre de lits dans les<br />
zones rurales. Il est atten<strong>du</strong> par les auteurs qu’un accroissement<br />
de cet indice implique une amélioration de la diversification<br />
touristique <strong>du</strong> territoire, <strong>du</strong> fait notamment d’une<br />
diversification des activités des agriculteurs. Or, il est probable,<br />
mais à confirmer (l’information n’étant apparemment<br />
pas disponible dans le <strong>rapport</strong>), que ces lits concernent le<br />
secteur hôtelier bien davantage que les lits en gîte ou chez<br />
l’habitant, souvent non inclus dans les statistiques par difficulté<br />
d’obtention des données. Si tel est le cas, cela représente<br />
un inconvénient dans la mesure où ces lits en gîte en<br />
zone rurale interviennent en concurrence <strong>du</strong> secteur hôtelier<br />
davantage qu’en complémentarité. Cela pourrait in<strong>du</strong>ire une<br />
mauvaise lecture de l’évolution des lits hôteliers : une baisse<br />
pourrait au contraire constituer une nouvelle intéressante de<br />
développement important de la diversification des activités<br />
agricoles. Cette remarque est dépendante <strong>du</strong> contenu de la<br />
variable « lits en zone rurale ».<br />
Quatre indicateurs renseignent sur la qualité territoriale.<br />
Deux appellent un commentaire.<br />
L’indicateur de viabilité de la communauté est composé<br />
d’un patchwork de trois indicateurs : la faible taille des<br />
exploitations agricoles, l’âge de la population et la part de<br />
l’emploi agricole, chaque part étant intégrée avec une pondération<br />
égale. La construction singulière et fragile de cet<br />
indicateur tranche avec celle des autres indicateurs.<br />
Concernant l’indicateur d’émissions, qui ne ressort que<br />
très faiblement dans les conclusions de l’étude, on pourrait<br />
regretter le choix de prendre en compte les dégagements<br />
de méthane <strong>du</strong> bétail, dont les effets ne sont pas limités aux<br />
territoires considérés. A l’inverse, un indicateur qui considère<br />
les traitements chimiques sur les cultures et la pollution<br />
des terres aurait été probablement plus intéressant et<br />
proche des territoires.<br />
Les critères d’identité territoriale, au nombre de trois, peuvent<br />
être soumis à discussion. En effet, il est à souligner<br />
la difficulté importante à cerner des indicateurs globaux<br />
concernant une notion essentiellement qualitative.<br />
Les indicateurs de diversité <strong>du</strong> paysage et d’identité de la<br />
communauté se basent sur des pondérations pré-définies<br />
par les auteurs, sans justification indiquée. Pourquoi le seuil<br />
de 5% maximum de zones avec des exploitations de moins<br />
de 10 hectares ? Pourquoi ce seuil de 10 hectares ? Pourquoi<br />
une telle construction avec à nouveau une équi-pondération<br />
de trois parts : population active, emploi agricole<br />
et chômage, le tout divisé par dix puis exprimé en pourcentage<br />
? Un minimum de justification est nécessaire et les<br />
explications de ces indicateurs, qui auraient pu constituer un<br />
apport supplémentaire de ce travail, sont laconiques. Enfin,<br />
avec le dernier indicateur d’identité territoriale les auteurs<br />
s’intéressent à la présence de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> patrimoine au<br />
sein <strong>du</strong> territoire. Il s’agit par là de mesurer la diversification<br />
et l’innovation des pro<strong>du</strong>its sur un territoire donné, ce qui est<br />
jugé lié à des techniques traditionnelles de culture. Ils considèrent<br />
alors l’intensité <strong>du</strong> travail dans le secteur agricole<br />
comme une mesure approximative de cet aspect traditionnel...<br />
ce qui est discutable. La fabrication des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong><br />
terroir peut être intégrée dans une approche technique qui<br />
ne passe pas par des pro<strong>du</strong>ctions artisanales. N’y a-t-il pas<br />
là une confusion relative avec la notion d’agriculture biologique<br />
? On peut encore une fois regretter l’absence de justifications<br />
des indicateurs considérés et des effets atten<strong>du</strong>s.<br />
Le Tableau 2 indique les différents indicateurs mobilisés<br />
pour l’étude de l’impact de la politique de transport sur les<br />
territoires. Globalement, ces indicateurs appellent à moins<br />
de remarques que pour la PAC, probablement grâce à l’expérience<br />
accumulée lors des précédents travaux ESPON<br />
par les auteurs. On peut souligner néanmoins l’aspect très<br />
partiel de l’indicateur de sécurité inclus dans l’analyse de<br />
la qualité territoriale. Prendre seulement en compte la part<br />
de trafic autoroutier est imparfait pour analyser la sécurité<br />
routière, et insuffisant pour mesurer l’évolution de la sécurité<br />
pour l’ensemble des modes de transport.<br />
Le dernier indicateur retenu pour l’identité territoriale pose<br />
aussi question. L’intégration régionale est mesurée par le<br />
temps moyen nécessaire pour relier les chefs lieux de département<br />
(NUTS 3) entre eux par la route, au sein de<br />
chaque région (NUTS 2).<br />
Pourquoi cette limitation aux transports infra-régionaux ?<br />
De même, effectuer la mesure par <strong>rapport</strong> à la route est une<br />
limite importante, probablement <strong>du</strong> fait de l’obtention difficile<br />
des données. Les politiques d’améliorations des transports<br />
ferroviaires ou aériens, également signes d’intégration, sont<br />
absentes. D’un point de vue global, on peut également regretter<br />
que les transports maritimes ne soient pas considérés.<br />
Cette remarque en rejoint une autre : si les auteurs ont<br />
pu inclure des données sur les pays voisins de l’UE 27, ce<br />
qui est important pour mesurer le marché dans lequel se<br />
situent les territoires les plus périphériques de l’UE 27, ils<br />
n’ont pas inclus les pays nord-africains.<br />
1.4 Appliquer les scénarii sur les indicateurs et disposer<br />
d’un outil de mesure des impacts territoriaux<br />
Cette étape concerne l’analyse des impacts isolés de<br />
4
chaque politique européenne. Elle s’appuie sur les notions<br />
d’attractivité et de vulnérabilité des territoires aux mesures<br />
politiques envisagées. Il ne s’agit pas en l’occurrence de<br />
mesurer dans l’absolu si une politique précise est désirable<br />
ou non pour un territoire mais de raisonner en termes relatifs.<br />
Les auteurs ont donc choisi de caractériser chaque territoire<br />
suivant trois critères :<br />
• Le niveau d’urbanisation : ‘territoire urbain’ / ‘territoire<br />
rural’, défini suivant une classification de l’OCDE<br />
• Le niveau de développement économique : ‘territoire<br />
avancé’ / ‘territoire en développement’, suivant le PIB territorial<br />
moyen<br />
• La localisation géographique, suivant le positionnement<br />
<strong>du</strong> pays auquel appartient le territoire à l’échelle<br />
européenne : ‘territoires <strong>du</strong> Nord’ (Danemark, Finlande,<br />
Norvège, Suède) / ‘territoires <strong>du</strong> Sud’ (Chypre, Espagne,<br />
Grèce, Italie, Malte, Portugal) / ‘territoires de l’Ouest’ (Allemagne,<br />
Autriche, Belgique, France, Irlande, Luxembourg,<br />
Pays-Bas, Royaume-Uni) / ‘territoires de l’Est’ (Bulgarie,<br />
Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, République Tchèque,<br />
Roumanie, Slovaquie, Slovénie).<br />
Des experts (membres <strong>du</strong> partenariat majoritairement) ont<br />
alors pour charge, indivi<strong>du</strong>ellement, d’attribuer, pour chacun<br />
de ces ensembles territoriaux, l’importance spécifique d’une<br />
amélioration ou d’une détérioration des indicateurs précédents.<br />
L’amélioration de tel indicateur est-elle désirable pour<br />
les territoires urbains ? L’est-elle pour les territoires ruraux ?<br />
Quel est l’écart de désirabilité entre les deux territoires ?<br />
Ce travail permet d’obtenir à terme des pondérations de désirabilité<br />
et de vulnérabilité pour chaque territoire, suivant<br />
son positionnement au sein de chacune des trois caractéristiques<br />
précédentes. Sans revenir sur les critères retenus,<br />
notamment géographiques, qui sont établis par pays et non<br />
par territoire, cette méthodologie est par définition fragile,<br />
soumise entièrement à l’appréciation des experts, qu’elle<br />
se base sur des éléments objectifs ou subjectifs. Quelques<br />
résultats sortent ainsi de l’ordinaire et auraient mérité des<br />
précisions supplémentaires.<br />
Concernant la politique des transports, par exemple, la<br />
croissance économique est jugée plus désirable pour les<br />
territoires <strong>du</strong> Nord que pour ceux <strong>du</strong> Sud (première session<br />
d’experts avec le modèle TEQUILA 1). Pour cette<br />
même session, des erreurs typographiques empêchent de<br />
connaître la position <strong>final</strong>e des experts concernant l’indicateur<br />
d’accessibilité externe. De même mais avec la seconde<br />
session et le modèle actualisé TEQUILA 2, l’intégration régionale<br />
(mesurée sur la base <strong>du</strong> temps nécessaire à relier<br />
les territoires de type NUTS 3 au sein de chaque NUTS2)<br />
est jugée beaucoup moins désirable pour les territoires <strong>du</strong><br />
Sud de l’Europe que pour tous les autres territoires. Enfin,<br />
les territoires <strong>du</strong> Sud sont supposés moins vulnérables à<br />
la baisse de la croissance économique que les territoires<br />
<strong>du</strong> Nord. Des précisions quant aux fondements de ces avis<br />
auraient été souhaitables.<br />
Concernant la PAC, où l’analyse se fait exclusivement sur<br />
la base <strong>du</strong> découpage géographique NUTS 2, la diversification<br />
touristique est jugée plus désirable dans les territoires<br />
<strong>du</strong> Nord que dans ceux <strong>du</strong> Sud et à peine plus désirable<br />
dans les territoires ruraux par <strong>rapport</strong> aux territoires urbains.<br />
La ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> chômage serait beaucoup plus désirable<br />
dans les pays <strong>du</strong> Nord que dans ceux <strong>du</strong> Sud tandis que<br />
ces derniers seraient moins vulnérables à une hausse <strong>du</strong><br />
chômage que les pays <strong>du</strong> Nord. En outre, la qualité environnementale<br />
serait plus désirable pour les territoires des pays<br />
de l’Est. Or, dans le même temps, elle serait plus désirable<br />
également dans les territoires les plus avancés de l’Union<br />
Européenne, ce qui semble représenter deux assertions incompatibles.<br />
Une autre remarque concerne la composition des sessions<br />
d’experts. Concernant la première et la troisième session,<br />
les experts mobilisés font tous partie des institutions partenaires<br />
<strong>du</strong> projet (cf. section sur le consortium ci-dessus) et<br />
sont membres <strong>du</strong> projet pour la plupart. Seule la deuxième<br />
session a rassemblé également des intervenants issus <strong>du</strong><br />
monde professionnel, des collectivités territoriales ou des<br />
institutions gouvernementales, soit six personnes hors milieu<br />
universitaire ou n’appartenant pas aux institutions partenaires<br />
sur les quatorze présentes à cette session. Parmi<br />
elles, onze ont effectué le travail d’experts sans qu’il soit<br />
possible de connaître plus précisément leur origine institutionnelle.<br />
Ceci n’est pas anodin dans la mesure où, comme<br />
nous le verrons dans la sous-section suivante, les choix<br />
faits par les experts ont un rôle déterminant dans les résultats<br />
obtenus, non seulement au niveau de la désirabilité<br />
et de la vulnérabilité des politiques sur les territoires mais<br />
également sur la mesure d’un indicateur d’impact global de<br />
chaque politique sur un territoire.<br />
1.5 Enrichir l’outil pour comparer les différents impacts<br />
obtenus<br />
Afin de comparer les résultats obtenus pour chacun des<br />
critères pris isolément, les auteurs établissent une hiérarchisation<br />
de la priorité, pour chaque territoire, de chaque<br />
élément de la cohésion territoriale telle qu’elle a été définie<br />
dans les toutes premières phases <strong>du</strong> travail. Cette hiérarchisation<br />
est effectuée grâce aux experts, qui classent chacun,<br />
pour chaque politique (PAC ou transport), l’importance<br />
respective de chaque macro-critère (efficience territoriale,<br />
qualité territoriale, identité territoriale), mais également au<br />
sein de chacun de ces macro-critères, l’importance respective<br />
de chaque critère. Par exemple, pour les politiques de<br />
transport, au sein <strong>du</strong> macro-critère d’efficience territoriale,<br />
il s’agit de pondérer les indicateurs de connectivité interne<br />
(trafic total / km routiers + ferrés), d’accessibilité externe<br />
(passagers aéroportuaires non européens / nbr. total de<br />
passagers), de croissance économique (variations de PIB)<br />
et les coûts de congestion (temps per<strong>du</strong>s dans les bouchons)<br />
suivant les effets escomptés de la politique de transport<br />
(Tableau 2).<br />
Cette méthodologie appelle globalement les mêmes remarques<br />
que lors de la phase précédente <strong>du</strong> fait de l’utilisation<br />
d’une appréciation ex ante d’experts.<br />
D’autres éléments sont à souligner. Par exemple, on peut<br />
5
s’interroger sur les liens entre les variables. Par exemple,<br />
l’amélioration des accessibilités internes comme externes<br />
est insérée dans le critère d’efficience territoriale car une<br />
meilleure efficience est atten<strong>du</strong>e avec l’amélioration de ces<br />
variables. On devine qu’elles vont permettre d’accroître la<br />
croissance sur le territoire. Or, la variable de croissance<br />
économique est également un indicateur retenu. Comment<br />
hiérarchiser les critères quand l’un de ces critères est le<br />
résultat indirect des autres ? Ces aspects ont-ils été pris<br />
en compte dans les questionnaires remis aux experts ? On<br />
peut ainsi imaginer que les experts sur-pondèrent fortement<br />
la variable croissance économique. Or, puisqu’il existe un<br />
lien indirect entre l’accessibilité et la croissance, un telle<br />
démarche con<strong>du</strong>it à évincer des politiques qui auraient pu<br />
améliorer non seulement l’accessibilité <strong>du</strong> territoire mais<br />
également la croissance indirectement. Il faudrait vérifier<br />
dans quelle mesure les indicateurs sont corrélés entre eux<br />
pour contrôler les externalités qu’ils in<strong>du</strong>isent.<br />
Lorsque l’on compare les hiérarchisations des experts pour<br />
la PAC et pour la politique des transports, certaines différences<br />
interviennent. Par exemple, le poids attribué à l’efficience<br />
territoriale est supérieur dans le cadre de la PAC par<br />
<strong>rapport</strong> aux politiques de transports. Concrètement, suivant<br />
les données indiquées, cela revient à considérer que le critère<br />
d’identité territoriale est plus de deux fois plus important<br />
pour juger de la pertinence d’une politique des transports<br />
que pour juger de la pertinence d’une politique agricole. On<br />
peut s’étonner d’un tel résultat qui semble contredire le rôle<br />
<strong>du</strong> secteur agricole pour l’identité d’une grande partie des<br />
territoires européens. De même, on peut s’interroger sur ces<br />
différences qui pour l’essentiel peuvent provenir d’un panel<br />
d’experts différents. En effet, les experts ayant hiérarchisé<br />
les critères relatifs à la politique des transports sont différents<br />
de ceux ayant travaillé sur la PAC. Pour cette dernière<br />
politique, les experts sont presque tous universitaires. La<br />
non pertinence <strong>du</strong> critère d’émissions (Tableau 1) ressort<br />
également de ce travail d’experts.<br />
Ces différentes remarques soulignent l’importance à affiner<br />
la méthodologie. La démarche ambitieuse des auteurs doit<br />
se donner les moyens de ses ambitions avec un recours<br />
beaucoup plus exhaustif à des experts venant de tous les<br />
horizons géographiques européens et de milieux professionnels<br />
beaucoup plus différenciés. Il serait enfin souhaitable<br />
d’étalonner la méthodologie sur différents panels d’experts<br />
et d’apporter des justifications systématiques aux pondérations<br />
obtenues. En outre, il ne faut pas oublier que ces<br />
études ne peuvent se soustraire aux stratégies politiques.<br />
Elles ont pour rôle d’apporter un éclairage, une aide à ce qui<br />
doit rester in fine des choix politiques.<br />
1.6 Cartographie et commentaire des résultats<br />
Les cartographies sont nombreuses bien que certaines<br />
cartes, citées par les auteurs soient absentes, ce qui peut<br />
s’expliquer par le nombre de scénarii et d’indicateurs mesurés.<br />
Il est dommage de ne pas retrouver toutes les cartographies<br />
effectuées par les auteurs dans les annexes <strong>du</strong><br />
<strong>rapport</strong>. Dans le même ordre d’idées, la lecture de certaines<br />
cartes n’est pas optimale à cause de certains choix d’intervalles<br />
de résultats particulièrement mal adaptés, avec des<br />
classes qui ne concernent que quelques territoires isolés<br />
alors que 95% des territoires européens se retrouvent avec<br />
la même couleur sur les cartographies, ce qui ne permet pas<br />
de visualiser leurs différences.<br />
Une autre déception concerne l’absence de données sur<br />
l’indicateur d’identité communautaire pour le scénario de<br />
la PAC (Tableau 1). Cet indicateur mesure les possibilités<br />
d’émigration mais il apparaît sur la cartographie que les<br />
données ne sont disponibles que pour les pays <strong>du</strong> Bénélux,<br />
l’Allemagne, l’Irlande <strong>du</strong> Nord et l’Espagne. La question <strong>du</strong><br />
traitement de cette absence de données pour calculer les<br />
macro-critères ne semble pas figurer dans le <strong>rapport</strong>.<br />
Enfin, une question subsiste en ce qui concerne les résultats<br />
<strong>du</strong> macro-critère de la qualité territoriale. La carte 5.1.2.2 en<br />
page 84 <strong>du</strong> <strong>rapport</strong> scientifique (Partie C) montre un effet<br />
positif pour toutes les régions françaises alors que l’effet<br />
devient subitement négatif pour la France après agrégation<br />
des résultats territoriaux (table 5.1.3.1 p. 89 <strong>du</strong> même <strong>rapport</strong><br />
scientifique). Une même incohérence se retrouve pour<br />
les autres pays. Les commentaires effectués dans le <strong>rapport</strong><br />
de synthèse laissent entendre que la cartographie afficherait<br />
les résultats corrects contrairement au tableau et à ses<br />
commentaires. Nous retiendrons cette hypothèse.<br />
Les auteurs ont ajouté à leur résultat une comparaison obtenue<br />
avec l’utilisation des pondérations issues des questionnaires<br />
sur un autre panel d’experts. Ce travail complémentaire,<br />
effectué plus tardivement, a consisté à interroger<br />
quatre autres panels tels que des responsables politiques<br />
ou des personnels d’institutions publiques. Cette partie complète<br />
et enrichit les analyses précédentes. Concernant la<br />
PAC, les pondérations de ces groupes diffèrent très sensiblement<br />
de celles utilisées par les experts retenus par les<br />
auteurs. Le macro-critère d’identité territoriale se situe à un<br />
niveau nettement supérieur à celui retenu par les auteurs ,<br />
alors que l’efficience en est globalement ré<strong>du</strong>ite d’autant. De<br />
même, les importances relatives de chaque critère au sein<br />
de ces macro-critères sont modifiées. Par exemple, l’importance<br />
des émissions dans le cadre de la qualité territoriale<br />
trouve cette fois un poids clairement significatif. Les quatre<br />
groupes consultés après coup ont en la matière des résultats<br />
homogènes, ce qui confirme l’importance d’étalonner le<br />
questionnaire des auteurs sur des panels différents. Plus<br />
précisément, il est appréciable que le questionnaire ait été<br />
remis à des responsables politiques : cela permet de retrouver<br />
en partie l’importance <strong>du</strong> choix et de l’objectif politique<br />
dans les évaluations des politiques de transport et agricoles.<br />
Concernant la politique des transports, un même écart entre<br />
la hiérarchisation des experts et celles des autres groupes<br />
questionnés est visible même s’il est moins marqué. Ces<br />
écarts ne concernent plus les macro-critères mais les critères<br />
au sein de ces derniers : le poids de la croissance<br />
comme critère d’efficience territorial est minimisé cette fois<br />
au même titre que la sécurité en ce qui concerne la qualité<br />
territoriale. Un résultat inatten<strong>du</strong> concerne les émissions<br />
de gaz puisque seuls les territoires <strong>du</strong> sud de la Norvège<br />
connaîtraient une baisse significative de ses émissions suite<br />
à la politique des transports dans le scénario tarifaire : cette<br />
particularité ne semble pas explicitée (Carte 1). Globale-<br />
6
ment pour la politique des transports, les conclusions semblent<br />
favoriser le deuxième scénario (politique active d’améliorations<br />
des infrastructures), face au premier (scénario au<br />
fil de l’eau) et au troisième (ajustement de la mobilité suite<br />
à une hausse des prix - scénario tarifaire).<br />
Enfin, les auteurs évaluent l’impact global des politiques sur<br />
les territoires en tentant de ressortir une image <strong>final</strong>e aisément<br />
visible qui permet de savoir si globalement, l’effet est<br />
plutôt positif ou négatif pour chaque territoire. Devant les<br />
limites d’une telle démarche qui pourrait gommer certains<br />
aspects négatifs majeurs d’une politique sur un territoire <strong>du</strong><br />
simple fait que la majorité des indicateurs s’améliorent, les<br />
auteurs utilisent des seuils d’alerte au sein d’un modèle appelé<br />
Flag model. Ces seuils, une fois atteints, permettent<br />
d’aviser le modélisateur : pour un indicateur précis (économique,<br />
environnemental ou autre), la mesure politique<br />
pourrait entraîner des conséquences trop néfastes malgré<br />
les bienfaits atten<strong>du</strong>s dans d’autres domaines (Nijkamp &<br />
Ouwersloot, 1997).<br />
Ce modèle constitue un atout indéniable pour le travail des<br />
auteurs, même si, à nouveau, il repose sur des choix arbitraires<br />
concernant le niveau des seuils en question. Ces<br />
choix sont opérés indépendamment des territoires, comme<br />
pour le classement des critères et des macro-critères. Seuls<br />
les distinctions binaires sur l’urbanisation, le groupe de pays<br />
d’appartenance et le niveau de développement sont considérés.<br />
2. Analyse appliquée au territoire français<br />
La manière dont les territoires français ont été appréhendés<br />
n’est pas spécifique. L’analyse ne part pas effectivement de<br />
chaque territoire, de ses spécificités, de son passé. C’est<br />
ainsi que l’on peut juger que l’étude cherche dans un premier<br />
temps à établir des traits généraux, communs à certaines<br />
caractéristiques territoriales (situation de zones avec<br />
une croissance supérieure à la moyenne ; zones situées<br />
dans les pays de l’Est…). Ce n’est que dans un second<br />
temps que l’on attribue aux territoires, y compris français,<br />
ces caractéristiques et que l’on en dé<strong>du</strong>it les implications<br />
qui en découlent pour le calcul des indicateurs. C’est en<br />
ce sens que l’on peut considérer que l’étude des territoires<br />
cherche d’abord à déterritorialiser les analyses d’impact afin<br />
d’alléger le travail.<br />
Le scénario consacré à la PAC est analysé sur la base <strong>du</strong><br />
découpage territorial NUTS 2 (Régions).<br />
Des effets positifs sont atten<strong>du</strong>s en termes de croissance<br />
économique en Languedoc-Roussillon, Auvergne et Limousin<br />
car ces régions obtiennent un avantage de la mo<strong>du</strong>lation<br />
entre les deux piliers 1 et 2 (Carte 2). Cette situation favorable<br />
est d’autant plus à souligner que seuls neuf territoires<br />
européens obtiennent un tel effet positif. A l’inverse, les effets<br />
sur le chômage seraient très mineurs en France (Carte<br />
3). Seuls des territoires situés en Pologne, en Roumanie ou<br />
en Bulgarie peuvent s’attendre à une baisse <strong>du</strong> chômage<br />
consécutive à la politique de mo<strong>du</strong>lation de la PAC.<br />
Sur un autre plan, deux régions françaises bénéficieraient<br />
particulièrement d’une diversification touristique : la<br />
Franche-Comté et l’Auvergne, les autres régions se situant<br />
dans la moyenne européenne (Carte 4). Cette situation<br />
est plutôt rassurante pour ces régions pour lesquelles les<br />
activités agricoles occupent un rôle significatif. Ce résultat<br />
explique pourquoi ces régions sont également celles qui<br />
sont les plus positivement affectées par l’amélioration de<br />
l’efficience territoriale en France, mais aussi en Europe<br />
puisque seuls cinq territoires se situent dans la classe de résultats<br />
supérieure (Carte 5). Une différence intervient néanmoins<br />
lorsque les auteurs considèrent les pondérations non<br />
plus des experts mais des responsables politiques. Dans<br />
ce cas et à l’inverse, la région Champagne-Ardenne est<br />
la seule région française à connaître une baisse de son<br />
efficience territoriale avec le scénario de la PAC (Carte 6).<br />
Globalement, la qualité environnementale s’améliore pour<br />
toutes les régions françaises, de façon plus prononcée que<br />
pour les pays de l’Ouest, <strong>du</strong> Nord, l’Allemagne ou le Bénélux.<br />
Par contre, sans surprise, l’Ile-de-France est la région<br />
française qui obtient les gains les moins significatifs alors<br />
que la Corse est l’une des régions européennes à en bénéficier<br />
le plus (Carte 7). Cet aspect positif concernant les<br />
régions françaises se tra<strong>du</strong>it par des résultats positifs pour<br />
tous les territoires français concernant le critère global de<br />
qualité territoriale, comme le sud de l’Allemagne, Chypre,<br />
certaines régions italiennes, espagnoles et britanniques, le<br />
Danemark et l’Irlande (Carte 8).<br />
Concernant cette fois la politique des transports, les<br />
calculs concernent le découpage territorial NUTS 3, ce qui<br />
revient à travailler sur les départements français. On observe<br />
tout d’abord que la croissance économique au sein<br />
des départements français ne serait que très peu affectée<br />
par la politique de transport au fil de l’eau (Carte 9). Les<br />
gains les plus importants sont affichés dans les territoires<br />
de l’Est et <strong>du</strong> Nord de l’Europe, peut-être <strong>du</strong> fait des pondérations<br />
assignées à la désirabilité et à la vulnérabilité dans<br />
ces territoires, comme souligné dans la première partie de<br />
ce <strong>rapport</strong>.<br />
Au niveau des politiques de transport, l’évolution de l’indicateur<br />
de la congestion est probablement la plus riche<br />
d’enseignement. Dans le scénario au fil de l’eau, la congestion<br />
tend à se renforcer avec, en France, des effets supérieurs<br />
sur l’axe Lille-Paris, de Nancy à Mulhouse et sur l’axe<br />
rhodanien. Seule la Corse-<strong>du</strong>-Sud affiche une ré<strong>du</strong>ction de<br />
l’indicateur de congestion dans ce scénario (Carte 10). Le<br />
passage au scénario «tarifaire» - impliquant une augmentation<br />
radicale des coûts de transport - modifie nettement<br />
les résultats puisque la congestion se ré<strong>du</strong>it désormais dans<br />
tous les départements sauf en Corse (Carte 11). Les effets<br />
les plus positifs se localisent justement dans les départements<br />
qui connaissaient les effets les plus négatifs dans<br />
le scénario précédent. De fait, ces territoires connaissent<br />
in fine une amélioration de leur situation pour ce scénario<br />
au niveau global de l’efficience territoriale (Carte 12). Les<br />
départements bretons et normands connaissent également<br />
un impact positif mais moins marqué. Au niveau européen,<br />
les effets territoriaux les plus positifs se rencontrent au<br />
Royaume-Uni.<br />
7
Un autre trait marquant pour les territoires français se situe<br />
dans les mesures de l’indicateur d’émissions de gaz. Dans<br />
le scénario au fil de l’eau, ces émissions croissent légèrement<br />
dans tous les territoires, à part pour la Haute-Loire et<br />
la Corse (Carte 13). Peu de territoires européens connaissent<br />
une amélioration dans ce domaine ; ils se situent majoritairement<br />
en Allemagne, au Pays-Bas, au Danemark et en<br />
Italie. A l’inverse, avec le scénario «tarifaire», la situation<br />
devient légèrement favorable pour tous les départements<br />
français (Carte 11).<br />
En additionnant les effets d’efficience, de qualité et d’identité<br />
territoriales, seuls huit départements connaissent des<br />
évolutions positives suite au scénario au fil de l’eau : les<br />
Landes, la Dordogne, la Creuse, l’Indre, le Cher, l’Ardèche<br />
et les départements corses. De fait, les résultats de ce scénario<br />
au fil de l’eau apparaissent relativement négatifs. Les<br />
deux autres scénarii permettraient d’afficher de meilleurs<br />
bilans. Or, s’ils nécessitent tous deux de mettre en place<br />
des mesures politiques plus actives et ambitieuses sur les<br />
transports, ils diffèrent nettement quant à l’outil mobilisé :<br />
d’un côté des investissements supplémentaires pour améliorer<br />
les infrastructures existantes (scénario de cohésion<br />
et d’amélioration des infrastructures), de l’autre, des mesures<br />
tarifaires pour réguler la mobilité au sein des territoires<br />
(scénario «tarifaire»). Or, ce choix reste avant tout<br />
politique (Carte 14).<br />
Le modèle souligne certains aspects négatifs critiques<br />
(FLAG model) qui concernent des territoires français au niveau<br />
des politiques de transport. Ainsi, le projet prévoit une<br />
insécurité jugée critique dans les principaux corridors de<br />
transport européens (dont les axes routiers ouest et nord de<br />
Paris ainsi que la Haute-Normandie - Carte 15). Un autre<br />
risque concerne les émissions de CO2 avec des seuils élevés<br />
dans le scénario de référence (toute la France hors<br />
Haute-Loire et Corse) 1 . Le nombre des territoires touchés<br />
se ré<strong>du</strong>it avec le scénario d’infrastructures et plus encore<br />
avec le scénario tarifaire où la France n’atteint pas le seuil<br />
critique 2 .<br />
Ces résultats sont établis avec des indicateurs majoritairement<br />
construits autour <strong>du</strong> transport routier. Les autres<br />
modes de transport font malheureusement l’objet d’une<br />
moindre attention tandis que les conditions de multi-modalités<br />
et de transfert d’un mode de transport vers un autre sont<br />
évoquées mais ne peuvent faire l’objet d’une analyse aussi<br />
détaillée que voulue. De même, les scénarii sont excluants :<br />
on pourrait très bien imaginer une association entre amélioration<br />
des infrastructures et politique tarifaire orientant la<br />
demande vers des choix de transport anticipés par les pouvoirs<br />
publics.<br />
Enfin, ce travail a entre autre le mérite de montrer qu’un<br />
prolongement de la situation actuelle n’est pas suffisant<br />
en soi en ce sens qu’il ne répond pas aux volontés environnementales<br />
affichées dans la très grande majorité des<br />
discours politiques.<br />
1<br />
Pologne, Républiques Baltes, Roumanie, Bulgarie, Irlande, sud-ouest de la Suède et nord de la Grèce affichent les seuils maximaux.<br />
2<br />
Au contraire de la Roumanie, Bulgarie, nord de la Grèce et quelques régions dispersées.<br />
8
3. Bibliographie indicative<br />
CAMAGNI R. (2006) “Territorial Impact Assessment (TIA): a methodological proposal”, in Scienze Regionali - Italian<br />
Journal of Regional Science n.2/2006, pp. 135-146.<br />
DGTREN (2007), Guidelines for transport in Europe and neighbouring regions.<br />
ESPON 3.2 (2006), “Spatial scenarios and Orientations in relation to the ESDP and Cohesion Policy”, Third Interim Report<br />
January 2006, Volume VI on territorial impact assessment/analysis (TIA): http://www.espon.eu/mmp/online/website/<br />
content/projects/260/716/file_1256/3.ir_3.2-full.pdf<br />
EUROPEAN COMMISSION (2009), Impact assessment guidelines, SEC(2009)92.<br />
NIJKAMP J, OUWERSLOOT J. (1997), “Multidimensional Sustainability Analysis: the Flag Model”, in: J.C.J.M. van den<br />
Bergh and M. W. Hofkes (eds.), Theory and Implementation of Economic Models for Sustainable Devolopment, Kluwer<br />
Academic Publishers, Dordrecht/Boston/London, 255-273.<br />
TRANSVisions (2009), “Report on Transport Scenarios with a 20 and 40 Year Horizon”, Contract A2/78-2007, European<br />
Commission, DG TREN, mars, 244p.<br />
Documents en annexe<br />
Figure 1 : Les composants de la cohésion territoriale<br />
La qualité territoriale : qualité de vie et conditions de travail ; niveaux de vie comparables ; accès similaire et équitable<br />
aux services d’intérêt général et à la connaissance.<br />
L’efficience territoriale : efficience des ressources en matière d’énergie, des terres et des ressources naturelles, compétitivité<br />
et attractivité, accessibilité interne et externe.<br />
L’identité territoriale : présence <strong>du</strong> capital social et relationnel ; capacité de développer une vision partagée de l’avenir ;<br />
savoir-faire, spécificités, pro<strong>du</strong>ctions locales et avantage concurrentiel de chaque territoire.<br />
9
Tableau 1 : Critères dans l’analyse de l’impact territorial de la PAC<br />
Tableau 2 : Critères dans l’analyse de l’impact territorial des politiques de transport<br />
10
Carte 1 : impact <strong>du</strong> scénario 3 - tarifaire - des politiques de transport<br />
sur les émissions<br />
Carte 2 : impact de la PAC sur la croissance économique<br />
11
Carte 3 : impact de la PAC sur le chômage Carte 4 : impact de la PAC sur la diversification touristique<br />
12
Carte 5 : impact de la PAC sur l’efficience territoriale,<br />
selon les priorités des experts<br />
Carte 6 : impact de la PAC sur l’efficience territoriale,<br />
selon les priorités des responsables politiques<br />
13
Carte 7 : Impact de la PAC sur la qualité environnementale Carte 8 : Impact de la PAC sur la qualité territoriale<br />
14
Carte 9 : Impact <strong>du</strong> scénario 1 - au fil de l’eau - des politiques<br />
de transport sur la croissance économique<br />
Carte 10 : Impact <strong>du</strong> scénario 1 - au fil de l’eau - des politiques<br />
de transport sur les coûts de congestion<br />
15
Carte 11 : Impact <strong>du</strong> scénario 3 - tarifaire - des politiques<br />
de transport sur les coûts de congestion<br />
Carte 12 : Impact <strong>du</strong> scénario 3 - tarifaire - des politiques de transport<br />
sur l’efficience territoriale<br />
16
Carte 13 : Impact <strong>du</strong> scénario 1 - au fil de l’eau - des politiques de<br />
transport sur les émissions<br />
Carte 14 : Impact total <strong>du</strong> scénario 1 - au fil de l’eau - des<br />
politiques de transport<br />
17
Carte 15 : Flag model - Alertes concernant les seuils de sécurité<br />
18