Arts, ruptures, continuités - Musée des beaux-arts de Rennes
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Dossier pédagogique<br />
<strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong><br />
20, quai Emile Zola – 35000 <strong>Rennes</strong><br />
Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> - www.mbar.org<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Extrait du B.O. N° 32 du 28 août 2008 (Organisation <strong>de</strong> l'enseignement <strong>de</strong> l'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong>)<br />
Le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'enseignant d'<strong>arts</strong> plastiques<br />
Un mouvement cyclique<br />
L’art et les <strong>arts</strong> se caractérisent, s’articulent, se construisent autour <strong>de</strong> la dichotomie<br />
<strong>ruptures</strong>/continuités qui fon<strong>de</strong> leurs histoires. L’histoire <strong>de</strong> l’Art s’est pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles appuyée sur les écrits<br />
<strong>de</strong> Vasari, dont Les Vies <strong><strong>de</strong>s</strong> meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, 1550-1568 ; qui s’établit autour<br />
d’une périodisation <strong>de</strong> la production artistique, et qui emprunte lui-même, le modèle <strong>de</strong> la biographie<br />
historique, aux Douze Césars <strong>de</strong> Suétone.<br />
A la différence <strong>de</strong> Vasari, qui place Michel-Ange comme modèle <strong>de</strong> perfection ; le conservateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Antiquités à la Cour Papale sous Clément X, Giovanni Pietro Bellori, dans Les Vies d’artistes en 1672, fait <strong>de</strong><br />
Raphaël le parangon <strong>de</strong> l’expression du Beau. Pour lui, le déclin vient avec la fin <strong>de</strong> la papauté <strong>de</strong> Léon X ; il<br />
s’inscrit en rupture avec le paradigme vasarien. Vasari construit un modèle anecdotique fondé sur<br />
l’évènementiel, proche du romanesque.<br />
La notion <strong>de</strong> rupture vient du latin rumpere qui signifie briser, c’est-à-dire l’action par laquelle une<br />
chose se scin<strong>de</strong>, se divise. La rupture est toujours liée à la surprise, à l’inattendu, à une tension qui est sousjacente<br />
et perceptible mais dont on ignore le moment du dénouement.<br />
A côté <strong>de</strong> la rupture, la continuité est une réalité. Le terme vient du latin continuitas, et est synonyme <strong>de</strong><br />
permanence, <strong>de</strong> durée, <strong>de</strong> pérennité, <strong>de</strong> « sérénité ». Elle permet <strong>de</strong> créer une cohérence et une unité <strong>de</strong><br />
discours.<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
La question <strong>de</strong> la rupture ou <strong>de</strong> la continuité est inhérente à l’évolution <strong>de</strong> l’Art, ce qui constitue son<br />
histoire. La rupture peut-elle être qualifiée <strong>de</strong> manière plus nuancée <strong>de</strong> « ré-évolution » ? La révolution dont<br />
l’étymologie latine signifie « rouler en arrière » entretient un perpétuel retour à l’origine, matérialisant un<br />
mouvement cyclique, un système.<br />
L’Histoire <strong>de</strong> l’Art et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> se construit autour d’un perpétuel va-et-vient critique aux trois sens du<br />
terme :<br />
- au sens où elle conteste la tradition :<br />
Le motif <strong>de</strong> « Marie-Ma<strong>de</strong>leine » évolue au fur et à mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles : dans le Repas chez Simon <strong>de</strong> Frans<br />
II Franken, la Ma<strong>de</strong>leine Repentante <strong>de</strong> Girolamo Scaglia, la Ma<strong>de</strong>leine Pénitente <strong>de</strong> Champaigne, celle <strong>de</strong><br />
Jordaens dans la Crucifixion ; ou bien celle <strong>de</strong> Yann Sérandour qui déplace <strong>de</strong>puis le Domaine <strong>de</strong><br />
Chamaran<strong>de</strong> une copie <strong>de</strong> la Ma<strong>de</strong>leine pénitente du sculpteur néoclassique italien Antonio Canova. Le motif<br />
reste parfaitement i<strong>de</strong>ntifiable par la vision exacerbée <strong><strong>de</strong>s</strong> mains.<br />
- au sens où elle assiste à la propre <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> l’Art pour l’émergence d’un autre : la représentation<br />
spatiale du Roman au Gothique, puis à la Renaissance :<br />
Avec par exemple, le Saint-Luc peignant la Vierge qui s’érige en paradigme <strong><strong>de</strong>s</strong> découvertes <strong>de</strong> la<br />
Renaissance : Humanisme, perspective, redécouverte <strong>de</strong> l’Antiquité…<br />
- au sens où l’Art se réfléchit lui-même dans l’atteinte <strong>de</strong> l’idéal, celui <strong>de</strong> la fusion, <strong>de</strong> l’harmonie<br />
parfaite entre le contenu spirituel et la forme sensible :<br />
Le paradigme <strong>de</strong> la nature morte : jusqu’au XVII e siècle, le terme hérité <strong>de</strong> Vasari cose naturali (choses<br />
naturelles) était utilisé pour désigner les représentations d’objets ou d’êtres inanimés : Di<strong>de</strong>rot les nomme<br />
« natures inanimées ». La nature morte évolue au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles comme témoin <strong><strong>de</strong>s</strong> inventions techniques et<br />
spatiales ce que l’on peut observer dans la riche collection du musée : <strong>de</strong> Gysbrechts à Chardin, en passant<br />
par Baugin, Gauguin, Gris et Magnelli pour atteindre son paroxysme dans l’œuvre Hommage à Chardin <strong>de</strong><br />
Geneviève Asse où la nature morte atteint une spiritualité qui <strong>de</strong>vient concept.<br />
La continuité s’établit dans la reprise, la citation <strong>de</strong> thèmes et d’œuvres (Les Nymphéas <strong>de</strong> Monet et<br />
<strong>de</strong> Villeglé) mais qui permet également <strong>de</strong> rendre visible une œuvre perdue : la Bataille d’Anghiari <strong>de</strong> Léonard<br />
<strong>de</strong> Vinci, que nous pouvons connaître par les nombreuses copies et reprises <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes : Rubens avec La<br />
Chasse au tigre, lui-même repris par Delacroix avec une œuvre portant le même titre.<br />
Ces rapprochements créent <strong><strong>de</strong>s</strong> anachronismes qui constituent une valeur heuristique permettant <strong>de</strong><br />
traverser les siècles afin <strong>de</strong> mettre en lumière plus <strong><strong>de</strong>s</strong> rapprochements ou <strong><strong>de</strong>s</strong> éc<strong>arts</strong> : le Nouveau Né <strong>de</strong><br />
Georges <strong>de</strong> La Tour et le Georges <strong>de</strong> La Tour défiguré <strong>de</strong> François Morellet par exemple.<br />
Il s’établit ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> « correspondances » au sens <strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire, <strong><strong>de</strong>s</strong> « résonances » au sens<br />
d’Adorno qui permettent d’aboutir à un « effrangement », à une porosité, à une fusion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong>.<br />
Marie Rousseau, conseillère-relais au MBAR<br />
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<strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong> et continuités<br />
Une idéologie <strong>de</strong> la rupture.<br />
À partir <strong><strong>de</strong>s</strong> scandales ou <strong><strong>de</strong>s</strong> violents rejets suscités par les nombreux mouvements artistiques qui se sont<br />
succédés <strong>de</strong>puis les Impressionnistes (et plus exactement <strong>de</strong>puis le Salon <strong><strong>de</strong>s</strong> Refusés <strong>de</strong> 1863), on a pris<br />
l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> considérer que toute innovation <strong>de</strong> la « famille <strong><strong>de</strong>s</strong> isme » (Symbolisme, Cubisme, Futurisme,<br />
Dadaïsme…) <strong>de</strong>vait se faire sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> la rupture. Au point que dans l’esprit <strong>de</strong> certains, plus le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
rupture est élevé et plus le <strong>de</strong>rnier né <strong>de</strong> la fratrie est chargé <strong>de</strong> promesses. De là à dire qu’il y aurait un<br />
« académisme <strong>de</strong> la rupture », on serait tenté <strong>de</strong> le penser !<br />
Investie <strong>de</strong> vertus, y compris par la critique récente, la rupture n’est cependant pas nouvelle en art ; on<br />
pourrait même dire qu’elle est inhérente à l’histoire <strong>de</strong> sa production : n’a-t-on pas en effet frôlé l’émeute lors<br />
du dévoilement du plafond <strong>de</strong> la Chapelle Sixtine en 1512, à la vue du déluge <strong>de</strong> nudités qui ourlaient les<br />
scènes <strong>de</strong> la Genèse ? Et que dire <strong>de</strong> la réputation sulfureuse <strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> Caravage au XVII e siècle,<br />
lequel récolta en son temps les foudres d’un Poussin, voire même la désapprobation <strong>de</strong> l’Église, pourtant<br />
commanditaire ? La Grèce antique elle-même produisit <strong><strong>de</strong>s</strong> modèles bien différents au cours <strong>de</strong> son histoire et<br />
le Laocoon pathétique qui se contorsionne au II e s. av. J.C. n’a pas grand-chose à voir avec l’idéal <strong>de</strong> beauté<br />
et <strong>de</strong> sérénité <strong><strong>de</strong>s</strong> sculptures du siècle <strong>de</strong> Périclès. Seule l’Égypte <strong><strong>de</strong>s</strong> pharaons (si l’on excepte l’épiso<strong>de</strong><br />
d’Amarna et quelques autres encore) offre pendant plusieurs siècles une fixité canonique.<br />
La rupture rend caduc ce qui précè<strong>de</strong><br />
La rupture, pour n’être que symptôme ou maladie d’enfance d’une forme en expansion, est sans doute une<br />
lecture particulière <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art et le premier à nous y inviter est Giorgio Vasari, premier historien <strong>de</strong><br />
l’art, auteur <strong><strong>de</strong>s</strong> Vies <strong><strong>de</strong>s</strong> plus excellents peintres, sculpteurs et architectes (1550-1568).<br />
La conception vasarienne <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art, disqualifie le Moyen Âge au profit <strong>de</strong> la Renaissance, dont il voit<br />
poindre les premiers feux en 1240 exactement: « le terrible déluge <strong>de</strong> désastres qui avait submergé et noyé la<br />
malheureuse Italie n’avait pas seulement ruiné les édifices dignes <strong>de</strong> ce nom mais aussi, ce qui est plus<br />
important, avait exterminé tous les artistes quand, par la grâce <strong>de</strong> Dieu, naquit en 1240, dans la ville <strong>de</strong><br />
Florence, Giovanni Cimabue, <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à allumer les premières lumières <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> la peinture (i primi lumi).<br />
En affirmant la radicalité du changement chez Cimabue (précurseur immédiat <strong>de</strong> Giotto), dont la plasticité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
figures, s’éloigne du style byzantin, Vasari adopte un modèle d’histoire <strong>de</strong> l’art qui segmente un peu trop<br />
arbitrairement les époques : certes, un vent nouveau souffle sur la peinture et le naturalisme gagne du terrain<br />
mais n’est-ce pas ignorer toutes les composantes, y compris médiévales qui favorisent à ce moment là<br />
l’éclosion <strong>de</strong> ce mouvement <strong>de</strong> renaissance (Rinascita) et dont Michel Ange allait <strong>de</strong>venir la figure mythique et<br />
emblématique ?<br />
Peut-être vaut-il mieux voir dans l’histoire <strong>de</strong> l’art <strong><strong>de</strong>s</strong> temps forts qui se construisent et s’affirment au<br />
détriment <strong>de</strong> certains autres ; ainsi à Florence dans la première moitié du Quattrocento, alors que Masaccio, le<br />
représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles tendances, s’emploie à unifier l’espace <strong>de</strong> ses tableaux par une construction<br />
perspective, Pisanello ou Gentile da Fabriano, <strong>de</strong>rniers représentants d’un Gothique International brillant et<br />
ornemental, sont encore très actifs et reçoivent <strong>de</strong> nombreuses comman<strong><strong>de</strong>s</strong>. Ici comme ailleurs, les choses<br />
s’interpénètrent et quelqu’un comme Pisanello, par son style monumental et ses <strong><strong>de</strong>s</strong>sins animaliers aura une<br />
influence directe sur Léonard <strong>de</strong> Vinci. Mais Vasari écrit l’histoire à postériori et exalte Masaccio, Donatello et<br />
Brunelleschi chez qui il pressent déjà la fureur créatrice d’un Michel-Ange. Dès lors le « fini » et<br />
l’ «exactitu<strong>de</strong> » (diligenza) <strong>de</strong> Pisanello, sera considérée comme archaïsante (c'est-à-dire gothique).<br />
Rupture ou retour aux sources ?<br />
À coups <strong>de</strong> manifestes, <strong>de</strong> salons, <strong>de</strong> pamphlets, les artistes mo<strong>de</strong>rnes imposent leurs nouveaux choix : on<br />
peut dire que <strong>de</strong>puis « l’Olympia » <strong>de</strong> Manet, les nouveaux courants artistiques triomphent grâce à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
batailles ; l’art se régénère par <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ruptures</strong> et les institutions, un temps ébranlées (avec les Dadaïstes<br />
particulièrement iconoclastes au XX e s.) survivent et finissent par absorber la mo<strong>de</strong>rnité. La tradition, attaquée
Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
<strong>de</strong> toutes p<strong>arts</strong> est celle, héritée <strong>de</strong> la Renaissance, relayée un temps par l’Académie au XVII e siècle. Elle<br />
s’est, <strong>de</strong>puis, vidé <strong>de</strong> sa substance créatrice et sclérosée tout au long du XIX e s. Pourtant, alors même que<br />
Manet jette un pavé dans la mare en peignant une femme nue à l’aspect réaliste (et donc indécent) au lieu<br />
d’une nymphette à la chair nacrée, force est <strong>de</strong> constater que cette « Olympia » ou ce « Déjeuner sur l’herbe »<br />
ont <strong><strong>de</strong>s</strong> ancêtres illustres dans la peinture classique <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles précé<strong>de</strong>nts (cf. Titien : « Le Concert<br />
champêtre »)<br />
Le temps <strong><strong>de</strong>s</strong> fantômes<br />
Les historiens actuels sont plus pru<strong>de</strong>nts et mesurés avec l’idée <strong>de</strong> rupture. Marcellin Pleynet, invité au musée<br />
<strong>de</strong> Picardie en 1994 conçut le projet inédit d’un accrochage faisant dialoguer <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres passées et<br />
contemporaines ; Françoise Cachin faisait également observer combien les peintres novateurs, tels Cézanne<br />
se sont nourris (<strong>de</strong> leur propre aveu) <strong>de</strong> la peinture <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres anciens. Quant à Georges Didi-Huberman, il<br />
affirme et démontre que l’image se forme <strong>de</strong> manière « sédimentée ». Il analyse le concept <strong>de</strong> « survivance »<br />
déjà élaboré par Aby Warburg, selon lequel les formes migrent d’une époque à une autre, d’un lieu à un autre<br />
et qu’un fil rouge permet d’établir une généalogie <strong><strong>de</strong>s</strong> images. Selon G. Didi-Huberman, <strong>de</strong>vant une image il<br />
ne faut pas seulement se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, quelle histoire celle-ci documente (<strong>de</strong> quelle histoire elle est<br />
contemporaine) mais aussi quelle mémoire elle sédimente ; <strong>de</strong> quel refoulé elle est le retour.<br />
En effet, si l’œuvre d’art n’était que production d’une époque ou reflet d’une société donnée elle échouerait à<br />
traverser le temps et à nous toucher aujourd’hui. C’est précisément ce caractère d’universalité qui en<br />
détermine sa valeur artistique.<br />
Cette même idée d’une « mémoire active » <strong><strong>de</strong>s</strong> images se retrouve chez l’écrivain et critique d’art, Bernard<br />
Lamarche-Va<strong>de</strong>l quand il évoque à propos <strong>de</strong> Michel Ange un « système génétique » à l’œuvre : « cette<br />
œuvre (celle <strong>de</strong> Michel-Ange) fut l’information initiale en laquelle le Maniérisme, puis Rubens, Delacroix,<br />
William Blake, Rodin, Picasso, Pollock, De Kooning trouvèrent une saisie formelle inaugurale où élever leurs<br />
propres découvertes »<br />
L’art contemporain qui est un évènement présent et inédit, ne pouvant se satisfaire <strong><strong>de</strong>s</strong> co<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
langages en vigueur, s’inscrit forcément dans l’invention. Il convient sans doute, à partir <strong>de</strong> cette<br />
évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> mettre au jour une autre : la part <strong>de</strong> « mémoire enchevêtrée » qui permet à cette absolue<br />
nouveauté <strong>de</strong> se reconfigurer.<br />
Si on peut dire que l’art est toujours en rupture, si on peut dégager <strong><strong>de</strong>s</strong> temps forts, <strong><strong>de</strong>s</strong> styles, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
courants, il faut néanmoins se méfier <strong><strong>de</strong>s</strong> découpages abrupts ; aucune innovation ne peut se<br />
soustraire à l’héritage.<br />
Le terme « rupture » apparaît surtout lié à la mo<strong>de</strong>rnité et curieusement cette époque <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ruptures</strong> est<br />
aussi celle qui tente d’arracher le passé à l’effacement : on n’a jamais autant parlé <strong>de</strong> « mémoire », <strong>de</strong><br />
« patrimoine » et pratiqué autant d’archéologie…<br />
Andrée Chapalain<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'enseignant d'histoire<br />
Éléments <strong>de</strong> réflexion<br />
ARTS, RUPTURES, CONTINUITÉS<br />
La périodisation classique en histoire distingue <strong><strong>de</strong>s</strong> époques, précise les limites <strong>de</strong> ces pério<strong><strong>de</strong>s</strong> et procè<strong>de</strong> à<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> découpages à l'intérieur <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces pério<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
On a vu se spécialiser les historiens ce qui légitimait encore ce découpage... Mais on n'a jamais situé la fin du<br />
Moyen Âge !<br />
Si le découpage en pério<strong><strong>de</strong>s</strong> conventionnelles (Roman, Gothique, Renaissance...) se révèle très<br />
"pédagogique", il n'en <strong>de</strong>meure pas moins contestable si on n'envisage pas les continuités, les emprunts, les<br />
porosités... Un découpage trop rigi<strong>de</strong> peut alors générer une perception trop cloisonnée <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> l'art.<br />
(Voir l'extrait <strong>de</strong> "Théorie générale <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> l'art" <strong>de</strong> Jacques Thuillier joint).<br />
Aussi, la notion <strong>de</strong> "pesanteur" (Henri Focillon) permet d'étudier le langage qu'utilisent les artistes jusqu'à son<br />
épuisement, son renouvellement et sa "métamorphose" (Henri Focillon) pour permettre l'éclosion <strong>de</strong> styles<br />
nouveaux. Les <strong>ruptures</strong> sont peut être plus rares qu'on ne l'envisagerait initialement. (Voir l'extrait <strong>de</strong><br />
"Introduction à l'histoire <strong>de</strong> l'art français" d'André Chastel joint).<br />
Exemple : Envisager la pério<strong>de</strong> médiévale<br />
La périodisation classique <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> l'art médiéval distingue art roman et art gothique et envisage comme<br />
une rupture ce passage entre société romane et gothique.<br />
L'approche conduit naturellement à opposer <strong>de</strong>ux époques aux caractéristiques propres :<br />
o la société romane est marquée par la reprise en main par la papauté <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong> la<br />
société (notamment avec Grégoire VII)<br />
o la société gothique correspond à l'optimisme inscrit dans la pierre<br />
L'opposition entre les <strong>de</strong>ux pério<strong><strong>de</strong>s</strong> voudrait ignorer les chevauchements, les contradictions, les<br />
complexités...<br />
En fait, c'est la même dynamique (Jérôme Baschet) qui opère tout au long <strong><strong>de</strong>s</strong> époques romane et gothique<br />
et produit <strong><strong>de</strong>s</strong> configurations successives diverses et parfois opposées. Cette dynamique comporte trois<br />
aspects :<br />
o dynamique d'articulation non-dualiste du spirituel et du matériel<br />
o augmentation du taux d'iconicité<br />
o renforcement <strong>de</strong> la puissance et <strong>de</strong> l'institution ecclésiale.<br />
Le long Moyen Âge legoffien (qui ne nie pas l'ampleur <strong><strong>de</strong>s</strong> transformations qui affectent les XV-XVI e siècles<br />
sans voir dans la Renaissance une rupture) s'éteindrait au milieu du XVIII e siècle.<br />
Au XX e siècle, la succession <strong><strong>de</strong>s</strong> avant-gar<strong><strong>de</strong>s</strong> qui préten<strong>de</strong>nt rompre en s'appuyant sur <strong><strong>de</strong>s</strong> manifestes<br />
pourrait apparaître comme autant <strong>de</strong> "<strong>ruptures</strong>" ; or, si les textes (ou les œuvres programmatiques) expriment<br />
"les ambitions d'un art en <strong>de</strong>venir" (Antje Kramer) et l'ouverture <strong>de</strong> brèches, bien réelles, les hommages,<br />
citations et emprunts viennent relativiser les "tables rases" annoncées.<br />
Ainsi, si le mot rupture doit être précisé et relativisé, (le vocable renvoie à l'idée <strong>de</strong> changement brutal, <strong>de</strong><br />
révolution et à l'historiographie marxiste), envisager l'histoire <strong>de</strong> l'art dans la continuité, y déceler les tournants<br />
et les évolutions, semble être l'orientation à privilégier.<br />
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Extrait N°1<br />
L'HISTOIRE DE L'ART ET LE TEMPS<br />
A. LA "DÉDRAMATISATION" DE L'HISTOIRE DE L'ART<br />
"L'histoire <strong>de</strong> l'art doit tirer <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences <strong>de</strong> cette remise en cause <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> temps. Deux d'entre<br />
elles nous paraissent particulièrement importantes, car elles vont à l'inverse <strong>de</strong> tendances très développées<br />
<strong>de</strong> nos jours.<br />
À la première nous appliquerions volontiers le terme assez barbare <strong>de</strong> dédramatisation <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> l'art.<br />
Petit à petit, et hors <strong>de</strong> toute réflexion philosophique, on a pris coutume <strong>de</strong> la diviser en larges pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
conventionnelles : Roman, Gothique, Renaissance (ou Classicisme), Maniérisme, Baroque (ou Rococo),<br />
Romantisme, Réalisme, Impressionnisme... Chacune <strong>de</strong> ces pério<strong><strong>de</strong>s</strong> a été bientôt douée d'une vie propre,<br />
d'une réalité supérieure aux artistes comme aux styles particuliers. Elles apparaissent comme <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
entités ennemies, qui se forment subrepticement, se développent, "triomphent", puis vieillissent, s'affaiblissent<br />
et finissent par mourir. Non sans ressusciter parfois : ce sont les "revivals", sortes <strong>de</strong> combats d'ombres qui<br />
souvent dissimulent la naissance et la croissance d'autres mouvements promis à un bel avenir... Les images<br />
empruntées au domaine biologique surabon<strong>de</strong>nt, et souvent sont prises à la lettre.<br />
Il naît <strong>de</strong> là une présentation animée et propre à frapper l'imagination. Mais en fait il s'agit d'une<br />
conceptualisation le plus souvent établie a posteriori. Les artistes du onzième siècle n'ont jamais pensé qu'ils<br />
étaient "romans", ni ceux du treizième qu'ils étaient "gothiques". Il apparaît parfois que <strong><strong>de</strong>s</strong> architectes ou <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
peintres ont eu le sentiment d'innover, <strong>de</strong> faire triompher une nouvelle manière ; mais en général ces entités<br />
n'ont été instaurées que bien après le décès <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs, et d'ordinaire à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> critiques formulées par<br />
leurs successeurs pour les ridiculiser. "Gothique", "baroque", "rococo" ont été d'abord <strong><strong>de</strong>s</strong> "nicknames."<br />
Jacques Thuillier (Extrait <strong>de</strong> "Théorie générale <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> l'art" Odile Jacob, Août 2003)<br />
Extrait N°2<br />
"Il a longtemps été d'usage <strong>de</strong> soumettre l'ensemble <strong>de</strong> l'activité artistique du XVII ème au couple classiquebaroque,<br />
en impliquant que la vocation naturelle <strong>de</strong> la France était <strong>de</strong> soutenir la première alternative contre<br />
l'Italie dominée par la secon<strong>de</strong>. Une meilleure perception <strong><strong>de</strong>s</strong> faits et <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres a fait reculer ces<br />
simplifications. Il y a une matière commune aux <strong>de</strong>ux formules <strong>de</strong> style dans la référence à l'antique, présente<br />
à travers toute l'époque. Quant à la relation entre la France et l'Italie, qui fut longtemps fondamentale, elle<br />
consiste en une culture commune dont l'élaboration critique est précisément l'enjeu du siècle. C'est donc en<br />
termes d'échanges, <strong>de</strong> réactions et <strong>de</strong> mouvements composés que doit être traitée cette histoire complexe<br />
qui, <strong>de</strong> la domination européenne <strong>de</strong> Rome dans la première moitié du XVII ème aboutit à celle <strong>de</strong> Versailles au<br />
début du XVIII ème , puis <strong>de</strong> nouveau à celle <strong>de</strong> l'Italie – antique cette fois – après 1760.<br />
Cet énoncé général qu'on ne peut guère éviter aujourd'hui, suffit à mettre en évi<strong>de</strong>nce le trait majeur et<br />
singulier du phénomène français : le rassemblement <strong><strong>de</strong>s</strong> énergies culturelles d'un pays sous la direction<br />
effective du pouvoir. La première moitié du siècle, après un temps <strong>de</strong> récupération et d'achèvement <strong>de</strong><br />
l'acquis <strong>de</strong> la Renaissance, se déploie dans un mélange remarquable d'anarchie fron<strong>de</strong>use et d'aspiration à<br />
l'ordre : dans tous les domaines apparaissent <strong>de</strong> superbes contrastes, mais avec l'articulation maîtresse du<br />
milieu du siècle, une volonté <strong>de</strong> cohérence accompagnée <strong>de</strong> doctrines s'exerce avec un succès qui passe<br />
l'imagination."<br />
André Chastel, classique et baroque (Extrait <strong>de</strong> "Introduction à l'histoire <strong>de</strong> l'art français", Champs <strong>arts</strong>, Août<br />
2008)<br />
Yannick Louis, conseiller-relais au MBAR<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
L’ŒUVRE D’ART ET LA TRADITION :<br />
Réécriture <strong>de</strong> thèmes et <strong>de</strong> motifs :<br />
Buste d'homme au chapeau, Pablo Picasso Page 9<br />
Hommage, citations, reprises, parodies :<br />
Descente <strong>de</strong> croix : <strong>de</strong> Rubens à Le Brun :<br />
Descente <strong>de</strong> croix, Charles Le Brun<br />
La chasse au tigre : L. <strong>de</strong> Vinci, Rubens, Delacroix :<br />
La Chasse au tigre, Pierre-Paul Rubens<br />
L’artiste :<br />
Georges <strong>de</strong> La Tour défiguré, François Morellet<br />
L’œuvre :<br />
Les Nymphéas, Jacques Mahé <strong>de</strong> la Villeglé<br />
Page 10<br />
Page 11<br />
Page 12<br />
Page 13<br />
L’ŒUVRE D’ART ET SA COMPOSITION :<br />
Construction, structure :<br />
La lumière :<br />
La matière, la touche, la facture :<br />
Le Reniement <strong>de</strong> Saint-Pierre, Gerrit van Honthorst<br />
Le Pont <strong>de</strong> l'Europe, Gustave Caillebotte<br />
Périssoires, Gustave Caillebotte<br />
Page 14<br />
Page 15<br />
Page 16<br />
Conventions, normes, paradigmes, modèles : La Nature morte :<br />
Coupe <strong>de</strong> fruits, Lubin Baugin /<br />
Panier <strong>de</strong> prunes et verre d'eau,<br />
Pêches et raisins avec un rafraîchissoir, Jean-Baptiste Siméon Chardin /<br />
Le Livre ouvert, Juan Gris<br />
Pages 17-18<br />
L’ŒUVRE D’ART ET LE DIALOGUE DES ARTS :<br />
Réécriture d’un épiso<strong>de</strong> biblique :<br />
Le Massacre <strong><strong>de</strong>s</strong> Innocents, Robusti Jacopo, dit Le Tintoret / Page 19<br />
Scène du massacre <strong><strong>de</strong>s</strong> Innocents, Léon Cogniet<br />
Réécriture d’un épiso<strong>de</strong> mythologique :<br />
L'Enlèvement d'Orithye, François-André Vincent Page 20<br />
Réécriture d’un épiso<strong>de</strong> biographique :<br />
Laure et Pétrarque à la Fontaine <strong>de</strong> Vaucluse, Philippe-Jacques van Brée Page 21<br />
Transpositions : <strong>de</strong> l’écrit à l’image :<br />
Velléda, André-Charles Voillemot Page 22<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Buste d’homme au chapeau<br />
Pablo Picasso<br />
(Malaga, 1881 - Mougins, 1973)<br />
4-24 novembre 1970 <br />
Huile sur toile<br />
130 x 97 cm<br />
Dépôt du musée Picasso, 1990<br />
À la suite <strong>de</strong> la rétrospective qui lui est consacré en 1966<br />
pour ses 85 ans, Picasso se retire dans un isolement<br />
fécond près <strong>de</strong> Mougins et questionne son propre visage<br />
afin d’en percer les secrets, conscient <strong>de</strong> sa mort<br />
prochaine (en 1973). De nouveaux personnages<br />
surgissent suite à sa redécouverte <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong><br />
Rembrandt : mousquetaires, hommes à l’épée,<br />
matadors…<br />
1. Décrivez le personnage : costumes, couleurs…<br />
À quel personnage fait-il référence ? Pouvez-vous citer une œuvre du Siècle d’Or espagnol mettant en scène<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> gentilshommes vêtus <strong>de</strong> la même manière ?<br />
2. Décrivez le geste <strong>de</strong> l’artiste. À votre avis, pourquoi l’artiste a-t-il laissé les repentirs apparents ?<br />
Cette œuvre est-elle finie ?<br />
3. André Malraux compare l’œuvre à une carte d’un jeu <strong>de</strong> tarot : à votre avis, pourquoi ?<br />
4. « A toi Pablo qu’ici je nomme à jamais jeune homme » : Louis Aragon.<br />
Commentez cette citation en la mettant en rapport avec la question <strong>de</strong> l’autoportrait.<br />
5. Picasso a réalisé un <strong>de</strong>uxième tableau simultanément (Télécharger le visuel : http://www.painting-palace.com/fr/paintings/33118) à celui-ci :<br />
quelles comparaisons, rapprochements ou éc<strong>arts</strong> pouvez-vous noter ?<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
La Chasse au tigre<br />
Pierre-Paul Rubens<br />
(Siegen, 1577 – Anvers, 1640)<br />
Huile sur toile<br />
256 x 324cm<br />
Envoi <strong>de</strong> l'État, 1811<br />
Lors <strong>de</strong> son voyage en Italie entre 1600 et 1608, Rubens<br />
a accès aux <strong><strong>de</strong>s</strong>sins <strong>de</strong> la fameuse Bataille d'Anghiari <strong>de</strong><br />
Léonard <strong>de</strong> Vinci au Palazzo Vecchio <strong>de</strong> Florence<br />
(fresque détruite vers 1560).<br />
Cette œuvre répond à la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'électeur<br />
Maximilien <strong>de</strong> Bavière en 1616 et fait partie d’un<br />
ensemble <strong>de</strong> quatre peintures : La Chasse au sanglier,<br />
La Chasse à l'hippopotame et au crocodile et La Chasse<br />
au lion.<br />
Pierre-Paul Rubens<br />
La lutte pour l'étendard <strong>de</strong> la Bataille d'Anghiari<br />
Paris, Musée du Louvre<br />
Télécharger le visuel : http://<strong>arts</strong>-graphiques.louvre.fr/fo/visite?srv=mipe&idImgPrinc=1&idFicheOeuvre=110446&provenance=mfc&searchInit=<br />
1. Comparer les <strong>de</strong>ux œuvres : couleurs, formes, personnages, scène…<br />
2. Observer La Chasse au tigre <strong>de</strong> Rubens : quel espace occupe la scène représentée ? Quelle est la<br />
différence avec la copie <strong>de</strong> la Bataille d’Anghiari ?<br />
3. Pourquoi, dans La Chasse au tigre, le spectateur a-t-il l’impression d’être à l'intérieur <strong>de</strong> la scène ?<br />
4. Quelle est la composition <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres ? (les <strong><strong>de</strong>s</strong>siner sur les photocopies). Est-elle i<strong>de</strong>ntique ?<br />
5. Selon-vous, pourquoi le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin vient-il renforcer cette impression tourbillonnante <strong>de</strong> la scène ?<br />
6. Trouver le nombre <strong>de</strong> personnages et d’animaux présents dans la scène <strong>de</strong> Rubens ?<br />
7. Delacroix a repris le thème <strong>de</strong> la chasse au tigre en 1854, pourquoi savons-nous ici qui sort vainqueur du<br />
combat ?<br />
Eugène Delacroix<br />
Chasse au tigre<br />
1854<br />
Paris, Musée d'Orsay<br />
Télécharger le visuel : (http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche.html?no_cache=1&zoom=1&tx_damzoom_pi1%5BshowUid%5D=114280)<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Georges <strong>de</strong> La Tour défiguré<br />
François Morellet<br />
Né à Cholet en 1926<br />
1988<br />
165 x 195 cm<br />
Achat, 2003<br />
François Morellet, figure majeure du groupe GRAV<br />
(Groupe <strong>de</strong> Recherche d’Art Visuel), propose <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
installations qui découlent <strong>de</strong> son œuvre <strong>de</strong> peintre.<br />
Dans le <strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>de</strong> proposer une relecture <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> grands maîtres, il va dans ses « Défigurations »,<br />
faire apparaître <strong>de</strong> nouveaux liens historiques en<br />
accentuant <strong><strong>de</strong>s</strong> détails. Ici Le Nouveau Né <strong>de</strong> Georges<br />
<strong>de</strong> la Tour, dans la collection du musée. Il questionne la<br />
composition par l’assemblage <strong>de</strong> ces rectangles blancs<br />
<strong>de</strong> format 30F.<br />
1. Selon vous, quels rapprochements et éc<strong>arts</strong> constate-t-on en comparant l'eouvre <strong>de</strong> Morellet et celle <strong>de</strong> La<br />
Tour ?<br />
2. Vers quel point <strong>de</strong> l’œuvre le regard se focalise-t-il ? Est-ce le même que dans Le Nouveau-né ?<br />
3. En quoi peut-on dire que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres "silencieuses" ?<br />
4. Comment l'artiste procè<strong>de</strong>-t-il pour réaliser ses "défigurations" ?<br />
5. Pouvez-vous citer une autre œuvre <strong>de</strong> la collection du musée dont la composition est centripète (qui dirige<br />
le regard vers le centre) ?<br />
6. Morellet utilise le châssis sans autres interventions (peinture, matière, gestes…) que l’assemblage : que<br />
produit le blanc sur le spectateur ?<br />
7. Réalisez un croquis d'une autre œuvre du musée<br />
en utilisant le système <strong>de</strong> François Morellet.<br />
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Georges <strong>de</strong> La Tour<br />
Le Nouveau-ne<br />
Collection MBAR
Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Les Nymphéas<br />
Jacques Mahé <strong>de</strong> la Villeglé<br />
Né à Quimper en 1926<br />
Novembre 1957<br />
Affiches lacérées marouflées sur toile<br />
38,5 x 247 cm<br />
Achat, 1997<br />
À la fin <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> guerre mondiale, Villeglé va<br />
commencer à collecter les rebus <strong>de</strong> la société, les<br />
fragments du réel ordinaire afin <strong>de</strong> leur conférer une<br />
nouvelle mythologie.<br />
Pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> " La lettre lacérée " (1949 - 1962),<br />
cette œuvre <strong>de</strong>vient l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus importantes car,<br />
rendue illisible par les lacérations, elle tend à<br />
l’abstraction. Cette danse <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lettres bleues<br />
s’apparente aux Nymphéas <strong>de</strong> Monet car elles jouent<br />
avec la perception du spectateur.<br />
1. Décrire les couleurs, formes, matériaux, composition…<br />
2. Quelle est la technique utilisée par l’artiste dans la réalisation <strong>de</strong> l’œuvre ?<br />
3. À votre avis, pourquoi, l’artiste donne-il la date exacte <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> l’œuvre ? Que peut-on dire <strong>de</strong> sa<br />
démarche <strong>de</strong> production ?<br />
4. Comparer l’œuvre <strong>de</strong> Villeglé avec celle <strong>de</strong> Monet à laquelle elle fait référence, que peut-on en dire ?<br />
(composition, technique utilisée, format, couleurs,…)<br />
Clau<strong>de</strong> Monet<br />
Les Nymphéas<br />
Paris, Musée <strong>de</strong> l'Orangerie<br />
Visiter Les Nymphéas du musée <strong>de</strong> l'Orangerie : http://www.musee-orangerie.fr/homes/home_id24799_u1l2.htm<br />
5. Dans son format, elle fait référence aux frises ou aux tapisseries, comme celle <strong>de</strong> Bayeux racontant la<br />
conquête <strong>de</strong> l’Angleterre par les Normands. L’œuvre <strong>de</strong> Villeglé raconte-t-elle une histoire ? Laquelle ?<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Le Reniement <strong>de</strong> saint Pierre<br />
Gerrit van Honthorst<br />
(Utrecht, 1590 - Utrecht, 1656)<br />
Huile sur toile<br />
150 x 197 cm<br />
Dépôt du musée du Louvre, 1876<br />
Honthorst appartient à l'école <strong><strong>de</strong>s</strong> caravagesques<br />
d'Utrecht ; dans ce tableau, par les choix <strong>de</strong> cadrage et<br />
d'éclairage, par la théâtralité et le réalisme <strong>de</strong> la scène, il<br />
adopte les innovations introduites par Le Caravage qui<br />
bouscule les co<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
L'épiso<strong>de</strong> religieux rejoint la scène <strong>de</strong> genre et se fond<br />
sans difficulté au décor <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> tous les jours.<br />
Il s'agit d'une peinture représentant un épiso<strong>de</strong> biblique<br />
(Nouveau Testament) : Pierre, avant le chant du coq,<br />
renie le Christ comme il avait été prédit. Le moment<br />
choisi est l'interpellation <strong>de</strong> Pierre par une servante.<br />
1. Situez la scène : la scène représentée vous semble-t-elle se passer :<br />
− au premier siècle (donc au temps <strong>de</strong> Jésus-Christ)<br />
− au XVII ème siècle (celui du peintre)<br />
− plus tardivement ?<br />
(Donnez <strong><strong>de</strong>s</strong> indices).<br />
2. À quel moment <strong>de</strong> la journée cette scène se passe-t-elle, selon les textes ?<br />
3. I<strong>de</strong>ntifiez les sources <strong>de</strong> lumière ; montrez qu'elles permettent au peintre <strong>de</strong> distinguer <strong>de</strong>ux espaces.<br />
4. Les figures sont cadrées à mi-corps : quels sont les effets <strong>de</strong> ce cadrage sur le spectateur ?<br />
5. Dans la partie gauche, les personnages vivent un moment décisif : i<strong>de</strong>ntifiez la servante, saint Pierre, le<br />
gar<strong>de</strong> : peut-on imaginer <strong><strong>de</strong>s</strong> dialogues ?<br />
6. Quel rôle la lumière joue-t-elle dans l'intensité dramatique ?<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Le Pont <strong>de</strong> l'Europe<br />
Gustave Caillebotte<br />
(Paris, 1848 - Gennevilliers, 1894)<br />
1876<br />
Huile sur toile<br />
33 x 45 cm<br />
Achat, 1962<br />
Ce tableau fait partie d'un ensemble <strong>de</strong> six esquisses,<br />
étu<strong><strong>de</strong>s</strong> pour le "Pont <strong>de</strong> l'Europe", peint en 1876<br />
(Genève, musée du Petit Palais).<br />
Les peintres impressionnistes renouvellent le langage pictural en choisissant <strong>de</strong> nouveaux thèmes, <strong>de</strong><br />
nouvelles techniques, et en tournant le dos à la peinture académique (ce qui les écarte <strong><strong>de</strong>s</strong> Salons qui leur<br />
sont interdits).<br />
Ce courant veut rompre en peignant en extérieur (pleinairisme que le tube <strong>de</strong> peinture et le chevalet ren<strong>de</strong>nt<br />
possible) <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes <strong>de</strong> la vie quotidienne (en s'attachant à ce qui apparaît alors comme expression <strong>de</strong> la<br />
mo<strong>de</strong>rnité – paysages nés <strong>de</strong> la révolution industrielle, ou les nouveaux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> vie) et en utilisant la<br />
juxtaposition <strong>de</strong> couleurs qui s'appuie sur les théories <strong>de</strong> Chevreul ("De la loi du contraste simultané <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
couleurs" ; 1839) et <strong>de</strong> Charles Blanc ("Grammaire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin", 1867).<br />
1. Repérez l'espace représenté : "la ville" remo<strong>de</strong>lée par Haussmann...<br />
2. Selon vous, quelle est l'importance <strong>de</strong> l'élément d'architecture (voyez comment, par la place accordée et les<br />
choix <strong>de</strong> couleurs, il s'impose au spectateur) ?<br />
3. Comment la construction du tableau insiste-elle sur la perspective ?<br />
4. Cette esquisse met en évi<strong>de</strong>nce les lignes <strong>de</strong> force du tableau : reprenez-les sur un croquis.<br />
5. Caillebotte représente les innovations traduisant la mo<strong>de</strong>rnité <strong>de</strong> son époque : recherchez d'autres<br />
exemples <strong>de</strong> scènes représentées par les impressionnistes qui correspon<strong>de</strong>nt également à <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects<br />
mo<strong>de</strong>rnes...<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Périssoires<br />
Gustave Caillebotte<br />
(Paris, 1848 - Gennevilliers, 1894)<br />
1878<br />
Huile sur toile<br />
155 x 108 cm<br />
Don <strong>de</strong> Georges Wil<strong>de</strong>nstein, 1952<br />
Ce tableau fait partie d'un ensemble composé <strong>de</strong> trois<br />
éléments <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à la décoration <strong>de</strong> la propriété que sa<br />
famille possédait à l'Est <strong>de</strong> Paris. Il s'y rendait pour s'y<br />
reposer et y pratiquer <strong><strong>de</strong>s</strong> activités sportives comme ce<br />
tableau le montre.<br />
Les peintres impressionnistes renouvellent le langage pictural en choisissant <strong>de</strong> nouveaux thèmes, <strong>de</strong><br />
nouvelles techniques, et en tournant le dos à la peinture académique (ce qui les écarte <strong><strong>de</strong>s</strong> Salons qui leur<br />
sont interdits).<br />
Ce courant veut rompre en peignant en extérieur (pleinairisme que le tube <strong>de</strong> peinture et le chevalet ren<strong>de</strong>nt<br />
possible) <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes <strong>de</strong> la vie quotidienne (en s'attachant à ce qui apparaît alors comme expression <strong>de</strong> la<br />
mo<strong>de</strong>rnité – paysages nés <strong>de</strong> la révolution industrielle, ou les nouveaux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> vie) et en utilisant la<br />
juxtaposition <strong>de</strong> couleurs qui s'appuie sur les théories <strong>de</strong> Chevreul ("De la loi du contraste simultané <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
couleurs" ; 1839) et <strong>de</strong> Charles Blanc ("Grammaire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>arts</strong> du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin", 1867).<br />
1. Le cadrage (terme photographique) n'est pas celui auquel on pouvait s'attendre : en quoi est-il surprenant ?<br />
2. La touche : observez (<strong>de</strong> près mais pas trop !) comment le peintre pose la peinture sur la toile.<br />
3. Reculez-vous : les couleurs se mélangent ...<br />
4. Comparez avec le tableau <strong>de</strong> Toudouze (Éros et Aphrodite) ; quels reproches fait-on aux impressionnistes<br />
selon vous ?<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Coupe <strong>de</strong> fruits<br />
Lubin Baugin<br />
(Pithiviers, vers 1612 - Paris, 1663)<br />
Huile sur bois <br />
37 x 49 cm<br />
Achat, 1967<br />
Au XVII e siècle, la nature morte est considérée comme un<br />
genre mineur. Baugin, étant né à Pithiviers, est trop excentré<br />
et ne peut pas entrer dans la confrérie <strong><strong>de</strong>s</strong> peintres <strong>de</strong> Paris. Il<br />
réalise <strong><strong>de</strong>s</strong> natures mortes, très estimées par les bourgeois<br />
pour décorer leurs habitations. Cette coupe <strong>de</strong> fruits, lui offre<br />
d’être reçu dans la corporation <strong><strong>de</strong>s</strong> peintres <strong>de</strong> Saint-Germain<strong><strong>de</strong>s</strong>-Prés.<br />
Panier <strong>de</strong> prunes et verre d'eau<br />
Pêches et raisins avec un rafraîchissoir<br />
Jean-Baptiste Siméon Chardin<br />
(Paris, 1699 - Paris, 1779)<br />
Vers 1759 <br />
Huile sur toile <br />
38 x 46 cm ; 38 x 46 cm<br />
Don <strong>de</strong> Mme Paul Lemonnier, 1913<br />
En épurant au maximum le nombre d’objets, Chardin s'attache<br />
à la matérialisation <strong>de</strong> la lumière sur <strong><strong>de</strong>s</strong> textures variées :<br />
lisse (cerise et raisin), veloutée (aman<strong><strong>de</strong>s</strong> et pêches),<br />
transparente (verre, eau et rafraîchissoir). Il utilise <strong>de</strong><br />
l’essence <strong>de</strong> térébenthine pour diluer ses couleurs ce qui lui<br />
permet <strong>de</strong> rendre sensible l’impalpable qui traduit cette vie<br />
secrète <strong>de</strong> la matière dont la lumière active les formes. Des<br />
correspondances s'établissent : les compositions s'équilibrent<br />
car à la pyrami<strong>de</strong> du Panier <strong>de</strong> prunes, répond la pyrami<strong>de</strong><br />
inversée du Panier <strong>de</strong> pêches.<br />
Le Livre ouvert<br />
Juan Gris<br />
((Madrid, 1887 - Boulogne-sur-Seine, 1927)<br />
1925<br />
Huile sur toile<br />
33,3 x 40,8 cm<br />
Dépôt du musée national d'Art mo<strong>de</strong>rne, 1994<br />
D’origine espagnole, Juan Gris découvre auprès <strong>de</strong> Braque et<br />
Picasso le cubisme qu’il va développer dans la nature morte<br />
avec un répertoire <strong>de</strong> formes sélectif (compotier, livre, pipe)<br />
qui <strong>de</strong>viennent <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs infiniment modulable.<br />
Dans Le Livre ouvert, la restriction <strong><strong>de</strong>s</strong> objets permet d’unifier<br />
la composition au centre <strong>de</strong> la toile. Les contours <strong><strong>de</strong>s</strong> objets<br />
sont cernés mais paradoxalement donnent le sentiment d’une<br />
composition éclatée.<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
1. Qu’est-ce qu’une nature morte ?<br />
2. Expliquer l’évolution du motif <strong>de</strong> la nature morte au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles en prenant appui sur les œuvres du<br />
musée sélectionnées. Que pouvez-vous en dire ?<br />
Composition :<br />
couleurs :<br />
lumières : matières :<br />
effets, impressions sur le spectateur :<br />
objets représentés :<br />
… :<br />
3. Sur les reproductions <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres (page précé<strong>de</strong>nte), faire le schéma <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
œuvres, en quoi celle <strong>de</strong> Juan Gris est-elle différente ?<br />
4. Sélectionner dans le musée d’autres œuvres représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> natures mortes.<br />
5. La vanité est une catégorie particulière <strong>de</strong> la nature morte,<br />
car elle est un Memento Mori et rappelle à l’homme la fragilité et la brièveté <strong>de</strong> la vie, le temps qui passe, sa<br />
mortalité.<br />
Quels sont les objets symboles <strong>de</strong> vanité ?<br />
6. La nature morte est-elle symbolique ?<br />
Vanité<br />
Franciscus Gysbrechts<br />
Collection MBAR<br />
<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
L'Enlèvement d'Orithye<br />
François-André Vincent<br />
(Paris, 1746 - Paris, 1816)<br />
1783<br />
Huile sur toile<br />
261 x 196,7 cm<br />
Dépôt du musée du Louvre, 2008<br />
Borée (fils d'Astréos –astres- et d'Eos –aurore-) dieu du<br />
vent du Nord, est un vent violent souvent opposé à<br />
Zéphyr qui est le vent <strong>de</strong> l'Ouest.<br />
Il courtise sans succès Orithye, la fille du roi d'Athènes<br />
(Erechtée) : en effet celle-ci a entendu parler <strong>de</strong> la<br />
mauvaise réputation <strong><strong>de</strong>s</strong> Thraces et ne veut pas aller<br />
vivre là-bas. Borée, fatigué <strong>de</strong> mettre les formes dans<br />
une cour respectueuse qui n'aboutit pas, s'abandonne à<br />
la violence et enlève Orithye qui dansait avec ses<br />
compagnes dans les prairies au bord <strong>de</strong> l'Illissos.<br />
Les Métamorphoses d'Ovi<strong>de</strong> (livreVI) v.703 à 707 :<br />
Enlèvement d'Orithye par Borée<br />
(Borée) secoue ses ailes, <strong>de</strong> leurs battements<br />
se répand un souffle sur toute la terre et la vaste<br />
étendue <strong>de</strong> la mer frissonne ; traînant sur les<br />
cimes <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes son manteau<br />
poussiéreux, il balaie le sol et dans sa passion,<br />
caché par un nuage, il enserre dans ses ailes<br />
fauves Orithye tremblante <strong>de</strong> peur.<br />
Le thème <strong>de</strong> l'enlèvement est très présent dans la peinture au XVIII e siècle. Le désir s'exprime librement,<br />
victorieux <strong>de</strong> la morale et <strong><strong>de</strong>s</strong> interdits transgressés (voir Boucher ou Fragonard). François-André Vincent a<br />
traité à plusieurs reprises cet épiso<strong>de</strong> pour arriver à ce tableau qui exprime l'intensité dramatique <strong>de</strong> l'épiso<strong>de</strong>.<br />
1. Comment le peintre signifie-t-il les oppositions entre les <strong>de</strong>ux personnages ?<br />
2. Comment s'exprime la brutalité <strong>de</strong> Borée ?<br />
3. Comment s'exprime la résistance (vaine) d'Orithye ?<br />
4. Comment l''intensité dramatique se lit-elle également dans les expressions <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux autres personnages ?<br />
5. Montrez comment le peintre, en représentant cette scène, offre tout <strong>de</strong> même au spectateur une peinture<br />
très agréable à contempler.<br />
6. Le peintre vous semble-t-il fidèle au texte ? Quelles libertés s'accor<strong>de</strong>-t-il ?<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Laure et Pétrarque à la Fontaine <strong>de</strong> Vaucluse<br />
Philippe-Jacques van Brée<br />
(Anvers, 1786 - Bruxelles, 1871)<br />
1816<br />
Huile sur toile<br />
146,5 x 162,7 cm<br />
Don <strong>de</strong> M. Ménager, 1927<br />
La peinture désignée par le terme "troubadour" - terme<br />
qui est utilisé vers 1880 pour s'en moquer - apparaît au<br />
début du XIX e siècle en réaction au néoclassicisme ; on<br />
choisit <strong>de</strong> représenter <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes bien loin <strong>de</strong> la réalité,<br />
souvent idéalisées ou doucereuses, plus proches <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
contes <strong>de</strong> fée que <strong>de</strong> l'histoire. Ce style correspond à un<br />
goût nouveau pour le Moyen Âge, une sensibilité<br />
romantique sans doute un peu mièvre et à la diffusion<br />
d'images qui <strong>de</strong>viennent <strong><strong>de</strong>s</strong> repères pour<br />
l'enseignement <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>.<br />
Pétrarque, <strong>de</strong> retour à Avignon en 1336, se retire à la<br />
Fontaine <strong>de</strong> Vaucluse sur la Sorgue à partir <strong>de</strong> 1338 ; il y<br />
séjourne régulièrement jusqu'en 1353 : il consacre cette<br />
retraite à l'étu<strong>de</strong>, tout en nourrissant un amour<br />
passionné pour une femme <strong>de</strong> haut rang, Laure, passion<br />
qui s'exprime dans <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits célèbres.<br />
1. I<strong>de</strong>ntifiez les personnages : Pétrarque, Laure, la muse.<br />
Vers qui les pensées <strong>de</strong> Pétrarque, dans son isolement, sont-elles tournées ?<br />
Qui semble s'interposer entre Laure et Pétrarque ?<br />
2. La retraite dans ce milieu est source d'inspiration pour le poète : comment interpréter le paysage rocheux ?<br />
Les eaux tumultueuses ?<br />
3. La représentation du Moyen Âge vous semble-t-elle "vraie" ?<br />
4. La scène oscille entre le réalisme et la fable :<br />
o les expressions sont parfaitement lisibles : observez Laure, remarquez l'hésitation exprimée...<br />
o la présence <strong>de</strong> la muse donne une autre tonalité à la scène : pourquoi ?<br />
5. Comment le peintre mêle-t-il mièvrerie et romantisme ?<br />
6. Pourquoi peut-on penser que la volonté <strong>de</strong> l'artiste <strong>de</strong> représenter une scène <strong>de</strong> manière réaliste est ici<br />
excessive ?<br />
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Dossier <strong>Arts</strong>, <strong>ruptures</strong>, continuités<br />
Velléda<br />
André-Charles Voillemot<br />
(Paris, 1823 - Paris, 1893)<br />
Vers 1869<br />
Huile sur toile<br />
230,5 x 148,5 cm<br />
Dépôt <strong>de</strong> l'Etat, 1869<br />
"La nuit était <strong><strong>de</strong>s</strong>cendue. La jeune fille s'arrêta non loin<br />
<strong>de</strong> la pierre, frappa trois fois <strong><strong>de</strong>s</strong> mains, en prononçant à<br />
voix haute ce mot mystérieux : "Au gui l'an neuf !" (...).<br />
On lisait sur le visage <strong>de</strong> la Drui<strong><strong>de</strong>s</strong>se l'émotion que lui<br />
causait cet exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> vicissitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> la fortune. Elle<br />
sortit bientôt <strong>de</strong> ses réflexions et prononça ce<br />
discours..." (Chateaubriand, "Les Martyrs", Livre IX)<br />
Dans le roman, Eudore comman<strong>de</strong> les troupes romaines<br />
en Armorique et fait face à la révolte <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants ; il<br />
retient en otage Segenax et sa fille Velléda qui tombe<br />
amoureuse <strong>de</strong> lui ; Eudore cè<strong>de</strong> à la passion <strong>de</strong> la jeune<br />
fille ; partagée entre un amour impossible et la fidélité à<br />
son peuple, Velléda se suici<strong>de</strong>. Eudore retourne à Rome<br />
auprès <strong>de</strong> sa femme et meurt dans le martyre.<br />
Alors que les artistes ont souvent représenté Velléda dans la rêverie amoureuse, Voillemot rend au<br />
personnage tous les tourments contenus dans le livre en choisissant un moment particulier : Velléda se<br />
prépare à haranguer les guerriers contre les Romains alors qu'Eudore l'observe et découvre la force spirituelle<br />
<strong>de</strong> la drui<strong><strong>de</strong>s</strong>se en même temps que sa beauté. Le peintre respecte les règles académiques (rendu et<br />
représentation du corps féminin) et donne aussi une tonalité romantique en respectant le texte <strong>de</strong><br />
Chateaubriand. Ce tableau illustre l'interpénétration <strong><strong>de</strong>s</strong> courants dans une même œuvre.<br />
1. Décrivez la scène (personnage, lieu, moment <strong>de</strong> la journée, action…).<br />
2. Observez le personnage dans les détails : le vêtement, les attributs, les gestes, les expressions...<br />
3. Quels sont les éléments du tableau qui signifient le calme, le repos et la méditation ?<br />
4. Quels sont les éléments du tableau qui expriment l'agitation, le désordre, l'inconnu ?<br />
5. Quels sont les éléments qui donnent au tableau une "tonalité romantique" ?<br />
6. Ne peut-on y voir également le respect <strong>de</strong> co<strong><strong>de</strong>s</strong> académiques<br />
(notamment dans la représentation <strong>de</strong> Velléda) ?<br />
Pour prolonger :<br />
Les choix <strong>de</strong> Maindron<br />
(jardin du Luxembourg "Velléda contemplant la <strong>de</strong>meure d'Eudore"),<br />
<strong>de</strong> Cabanel, <strong>de</strong> Verlaine ("Après trois ans...").<br />
En musique, Paul Dukas écrit la cantate "Velléda" en 1888<br />
et obtient le second Grand Prix <strong>de</strong> Rome...<br />
Etienne Hippolyte Maindron<br />
Velléda contemplant la <strong>de</strong>meure d'Eudore<br />
Collection MBAR<br />
Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>beaux</strong>-<strong>arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Rennes</strong> - www.mbar.org<br />
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