Sauvagerie, barbarie et civilisation - les atomes de l'âme
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<strong>les</strong> Nordiques<br />
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Science en formation, la vandalismologie a déjà ses métho<strong>de</strong>s propres<br />
<strong>et</strong> aussi son histoire.<br />
C’est à un Français, Louis Réau, que revient le mérite <strong>de</strong> s’être efforcé<br />
<strong>de</strong> répertorier <strong>et</strong> classer <strong>les</strong> diverses variétés <strong>de</strong> vandalisme. Le définissant<br />
comme la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> monuments à signification historique ou à caractère<br />
artistique, il a pu opérer, à partir <strong>de</strong> ses eff<strong>et</strong>s, la classification suivante :<br />
Avec mobi<strong>les</strong> inavoués :<br />
Vandalisme sadique : l’instinct brutal <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction ;<br />
Vandalisme cupi<strong>de</strong> : avidité aveugle <strong>de</strong> pillards ;<br />
Vandalisme envieux : effacement <strong>de</strong> la trace <strong>de</strong>s prédécesseurs ;<br />
Vandalisme intolérant : fanatisme religieux <strong>et</strong> révolutionnaire ;<br />
Vandalisme imbécile : la graffitomanie.<br />
Aux motifs avouab<strong>les</strong> :<br />
Vandalisme religieux ;<br />
Vandalisme pudibond ;<br />
Vandalisme sentimental ou expiatoire ;<br />
Vandalisme esthétique du goût ;<br />
Vandalisme elginiste <strong>et</strong> collectionneur.<br />
À c<strong>et</strong>te classification bien diversifiée, <strong>les</strong> Anglais ont souhaité adjoindre<br />
- sous l’impulsion <strong>de</strong> Martin S. Briggs - une catégorie supplémentaire : le<br />
manque d’entr<strong>et</strong>ien, qui serait considéré comme un vandalisme <strong>de</strong> négligence.<br />
Opposition vigoureuse <strong>de</strong>s Français qui, personnalisant justement le<br />
débat, refusent c<strong>et</strong>te ouverture possible à l’anonymat. En eff<strong>et</strong>, pour pouvoir<br />
vraiment dénoncer le vandalisme, il paraît essentiel <strong>de</strong> pouvoir indiquer non<br />
seulement un acte, mais encore un agent responsable. À supposer ce <strong>de</strong>rnier<br />
point non nécessaire, nous aboutirions, en pays panthéiste (ou seulement à<br />
tendance), <strong>de</strong>vant le spectacle <strong>de</strong> la dégradation naturelle <strong>de</strong>s choses, à une<br />
hérésie du genre : Dieu est Vandale.<br />
Toute hérésie <strong>de</strong> ce genre engendrerait vite la tentation <strong>de</strong> se considérer<br />
soi-même comme divin. La mentalité traditionnelle <strong>de</strong> la province<br />
danoise du Vendsyssel atteste c<strong>et</strong>te possibilité. L’intransigeance <strong>de</strong>s positions<br />
anglaises <strong>et</strong> la docilité traditionnelle <strong>de</strong>s hommes politiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s savants<br />
danois envers cel<strong>les</strong>-ci nous font craindre que l’essor remarquable <strong>de</strong> la vandalismologie<br />
dans <strong>les</strong> années d’après-guerre ne joue, en définitive, à l’encontre<br />
même <strong>de</strong> ses buts.<br />
L’histoire du sens du mot Vandale est longue. Cependant, c’est seule-<br />
éditions <strong>les</strong> <strong>atomes</strong> <strong>de</strong> l’âme