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Sauvagerie, barbarie et civilisation - les atomes de l'âme

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5<br />

LES NORDIQUES<br />

Toutes <strong>les</strong> possibilités ignominieuses <strong>de</strong>s comportements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

conduites humaines s’incarnent <strong>et</strong> se concrétisent en un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> situations<br />

<strong>et</strong> en quelques actes simp<strong>les</strong>. Les mots qui nomment ces actes <strong>et</strong> ces<br />

situations élémentaires ne sont ni savants, ni nombreux. Vandale, Barbare, quelques<br />

autres encore, <strong>et</strong> la liste est vite close : la conscience claire ne veut rien<br />

en connaître.<br />

Faits <strong>et</strong> mots horrib<strong>les</strong> <strong>et</strong> monstrueux — tabous — la conscience <strong>les</strong><br />

fuit, refuse à l’intelligence le droit à un libre examen, <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>ient méthodiquement<br />

à leur égard une longue <strong>et</strong> persistante incuriosité. À preuve <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière,<br />

un seul exemple : une fois l’inceste dénoncé <strong>et</strong> raconté, 2 000 ans se<br />

sont écoulés avant qu’on ait osé chercher <strong>et</strong> dire comment il s’enracine au<br />

cœur <strong>de</strong> l’homme.<br />

Le seul mot <strong>de</strong> Vandale comporte <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> implications émotives <strong>et</strong><br />

suscite <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> oppositions horrifiées — oppositions toutes affectives —<br />

qu’il y a lieu <strong>de</strong> penser que s’en trouve épaissi le mystère même <strong>de</strong> la conduite<br />

qu’il prétend désigner. Ce mot-là est moins porteur <strong>de</strong> clarté que d’obscurité.<br />

Aussi me paraît-il essentiel <strong>de</strong> situer enfin le vandalisme dans sa vraie<br />

lumière. Et <strong>de</strong> rendre compte, le plus exactement possible, <strong>de</strong> ce qui est tenu<br />

pour l’une <strong>de</strong> ses plus spectaculaires manifestations : le graffiti.<br />

Orgueil d’une solidarité peut-être trop violemment ressentie ? J’ose<br />

tout <strong>de</strong> suite dire que je n’ai pas songé sans émotion, <strong>de</strong>vant ces églises <strong>de</strong> la<br />

Normandie, aux mains patientes <strong>et</strong> laborieuses qui ont creusé, gravé, la pierre.<br />

Furtives <strong>et</strong> tremblantes également — ces mains — puisqu’il s’agissait là d’un<br />

interdit. Se plaire à imaginer qu’el<strong>les</strong> aient pu être animées par la passion la<br />

plus aveugle - celle <strong>de</strong> détruire - révèle, à mon avis, une aberration profon<strong>de</strong>.<br />

Et point seulement d’esprit, mais aussi <strong>de</strong> cœur. Celle-là même prétendument<br />

ainsi dénoncée.<br />

L’acte <strong>de</strong> détruire ne nous semble jamais si pur - je veux dire si<br />

absolu - que lorsqu’il m<strong>et</strong> en jeu la pierre. Il nous faut bien songer qu’après<br />

avoir fait date aux âges <strong>de</strong> la préhistoire humaine, la pierre a également occupé<br />

<strong>les</strong> temps historiques, <strong>et</strong> cela sous un usage essentiellement double : construction,<br />

<strong>de</strong>struction. De l’importance <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux fonctions antinomiques témoi-<br />

éditions <strong>les</strong> <strong>atomes</strong> <strong>de</strong> l’âme

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