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Sauvagerie, barbarie et civilisation - les atomes de l'âme

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État - famille - nation<br />

45<br />

arrière. » Engels nous parle là d’une époque où <strong>les</strong> physiciens découvrirent la<br />

loi <strong>de</strong> la constance <strong>de</strong> l’énergie. Loi qui est sans poids dans le mon<strong>de</strong> socialiste<br />

car aux yeux <strong>de</strong>s marxistes — <strong>et</strong> <strong>de</strong> Lassalle — : « La force unie est plus<br />

gran<strong>de</strong> que la somme <strong>de</strong>s forces réunies. » Nous sommes dans le miraculeux...<br />

Engels s’est <strong>de</strong>mandé comment il avait pu se faire que la famille<br />

romaine, d’organisation plus primitive que celle <strong>de</strong> la gens (peuple-famille), ait<br />

marqué un progrès par rapport à celle-ci. Et <strong>de</strong> même la gens barbare <strong>de</strong>s<br />

Germains par rapport à la famille romaine. Il semble que <strong>les</strong> raisons profon<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> ce dynamisme évolutif aient échappé à Engels.<br />

La gens barbare n’était nullement effacée. Elle l’était même si peu que<br />

sa vigueur originale est <strong>de</strong>venue peu à peu, au long <strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong>, véritable puissance<br />

; en sorte que <strong>de</strong> nos jours elle seule se révèle opposable au concept<br />

d’État. Elle ne s’appelle plus la gens mais la nation.<br />

L’i<strong>de</strong>ntification du passé au présent, <strong>de</strong> l’origine à la réalité, <strong>de</strong> la naissance<br />

à la contemporanéité, donne vie à la notion réputée noble <strong>de</strong> nation. Si,<br />

considérant avec raison l’important apport germanique à l’édification <strong>de</strong><br />

l’Europe médiévale, on lui dénie cependant tout rôle dans la culture mo<strong>de</strong>rne,<br />

on s’exposera à ne rien comprendre du tout au <strong>de</strong>venir européen. Ce <strong>de</strong>venir<br />

restera ténébreux.<br />

C’est par l’église arianiste que l’Europe <strong>de</strong> la gens est <strong>de</strong>venue<br />

l’Europe <strong>de</strong>s nations. Le rôle considérable joué par c<strong>et</strong>te église dans l’évolution<br />

européenne nous apparaîtrait plus essentiel encore s’il nous était donné<br />

<strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r toutes <strong>les</strong> informations qu’un long obscurantisme volontaire nous<br />

soustrait. La transformation <strong>de</strong> la gens en nation a été gran<strong>de</strong>ment facilitée —<br />

sinon même entièrement réalisée — par <strong>les</strong> théologiens qui ont introduit dans<br />

la cérémonie du baptême un rituel dont le haut pouvoir <strong>de</strong> signification fut un<br />

choc salutaire pour <strong>les</strong> consciences. La cérémonie du baptême chrétien détermina<br />

symboliquement une époque nouvelle : l’aube d’une renaissance.<br />

On comprend l’importance qu’eût en Scandinavie c<strong>et</strong>te cérémonie ;<br />

<strong>et</strong> cela avant même l’avènement du christianisme, <strong>et</strong> on comprend aussi pourquoi,<br />

aujourd’hui encore, <strong>les</strong> Scandinaves manifestent un intérêt maniaque<br />

pour <strong>les</strong> fonts baptismaux médiévaux. On ne s’expliquerait pas aisément la<br />

participation <strong>de</strong>s Nordiques aux croisa<strong>de</strong>s si on leur refusait tout sentiment<br />

d’appartenance religieuse à la nation chrétienne.<br />

La France fut le seul pays européen à n’être pas dupe du caractère<br />

national <strong>de</strong> l’expansion chrétienne. Dans « La naissance du Moyen-Âge »,<br />

L.B. Moss donne <strong>les</strong> raisons : « En Gaule. Clovis mit le sceau à son oeuvre<br />

en organisant une église nationale qui permit <strong>de</strong> réunir <strong>les</strong> avantages politiques<br />

<strong>de</strong> l’arianisme <strong>et</strong> ceux du catholicisme. » La symétrie <strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> joués par l’État<br />

éditions <strong>les</strong> <strong>atomes</strong> <strong>de</strong> l’âme

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