Sauvagerie, barbarie et civilisation - les atomes de l'âme
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36 Asger Jorn <strong>Sauvagerie</strong>, <strong>barbarie</strong> <strong>et</strong> <strong>civilisation</strong><br />
« action painting » : l’importance étant donnée au geste <strong>et</strong> à l’exécution. C<strong>et</strong>te<br />
création <strong>de</strong> graffiti, souvent due à une répétition régulière <strong>de</strong> gestes i<strong>de</strong>ntiques,<br />
indique qu’il s’agit bien là d’un rituel. Au contraire <strong>de</strong> ce qui se passe en<br />
Scandinavie <strong>et</strong> en Angl<strong>et</strong>erre où ce rituel est <strong>de</strong> nature religieuse (comme l’attestent<br />
nombre d’images sur <strong>les</strong> murs <strong>de</strong>s édifices religieux, <strong>et</strong> particulièrement<br />
l’une d’entre el<strong>les</strong> représentant un Evêque en train <strong>de</strong> graver un tel signe), la<br />
tradition <strong>de</strong>s signes normands s’est perpétuée dans le secr<strong>et</strong> <strong>et</strong> elle est païenne.<br />
Il s’en faut <strong>de</strong> beaucoup que <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s du Dr. Blindheim <strong>et</strong> <strong>les</strong> nôtres dissipent<br />
totalement le mystère <strong>de</strong>s signes normands.L’étu<strong>de</strong> plus approfondie <strong>de</strong><br />
ces rapports nécessiterait <strong>de</strong>s recherches tant en Europe qu’en Afrique du<br />
Nord, aussi invitons-nous ceux-là qui sont intéressés par ces questions à nous<br />
communiquer toutes <strong>les</strong> informations en leur possession <strong>et</strong> aussi bien à participer<br />
à notre recherche. Les interprétations <strong>de</strong> Glob <strong>et</strong> <strong>de</strong> Giessing ont suscité<br />
chez <strong>les</strong> Latins une opposition dont il est malheureusement difficile <strong>de</strong> penser<br />
qu’elle pourra être réduite. Je me félicite cependant d’avoir présenté <strong>les</strong> textes<br />
<strong>de</strong> Glob <strong>et</strong> <strong>de</strong> Giessing — l’irréductible espoir qui nous porte à nier <strong>et</strong> à tenir<br />
pour nuls <strong>de</strong>s pronostics trop savamment <strong>et</strong> trop rationnellement établis ayant<br />
souvent raison. Aussi ai-je un peu c<strong>et</strong>te même bonne conscience qu’avait<br />
Heine s’adressant aux Français : « Je n’ai que <strong>de</strong> bonnes intentions pour vous,<br />
aussi vous dirais-je d’amères vérités. Vous avez plus à craindre d’une<br />
Allemagne délivrée que <strong>de</strong> toute la Sainte Alliance, y compris <strong>les</strong> Croates <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />
Cos- saques. D’abord, on ne vous aime pas en Allemagne, ce qui est presque<br />
incompréhensible, car vous êtes bien aimab<strong>les</strong>... Ce qu’on vous reproche au<br />
juste, je n’ai jamais pu le savoir. Un jour, dans une taverne, à Gôttingue, un<br />
jeune teutomane déclara qu’il fallait venger dans le sang <strong>de</strong>s Français le supplice<br />
<strong>de</strong> Konradin <strong>de</strong> Hofenstaufcn, que vous avez décapité à Nap<strong>les</strong> en 1268.<br />
Vous avez certainement oublié cela <strong>de</strong>puis longtemps ; mais nous, nous n’oublions<br />
rien. Vous voyez que lorsque nous aurons envie d’en découdre avec<br />
vous, nous ne manquerons pas <strong>de</strong> bonnes raisons. » Les Scandinaves, au<br />
contraire <strong>de</strong>s Allemands, n’ont pas <strong>de</strong> compte à régler avec la réalité française<br />
; aussi se pose-t-elle à eux d’autre manière. Précisément, notre amour <strong>de</strong> la<br />
France <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Français se nourrit, s’enrichit, s’épanouit <strong>de</strong> qualités profondément<br />
différentes <strong>de</strong>s nôtres, <strong>et</strong> vos défauts, différant également, vous sont<br />
comptés pour rien. En sorte que pour un Scandinave, être à Paris, c’est vivre<br />
avec un certain sentiment <strong>de</strong> libération, c’est ne plus sentir le poids <strong>de</strong> nos traditionnel<strong>les</strong><br />
chaînes. À ceux qui rêvent d’une Europe nouvelle bâtie à l’image<br />
du Saint Empire Romain, nous <strong>de</strong>vons rappeler une autre version européenne<br />
dont l’Histoire a entériné l’importance : l’Europe médiévale. Il est certain que<br />
l’avenir <strong>de</strong> l’Europe est inscrit dans une plus gran<strong>de</strong> communication <strong>de</strong>s<br />
éditions <strong>les</strong> <strong>atomes</strong> <strong>de</strong> l’âme