Sauvagerie, barbarie et civilisation - les atomes de l'âme
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Les graffitis normands<br />
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Le livre <strong>et</strong> la Littérature, véhicule <strong>et</strong> moyen <strong>de</strong> communication, transportent<br />
<strong>et</strong> transm<strong>et</strong>tent tout autant la bêtise que l’intelligence, l’ignominie que<br />
la gran<strong>de</strong>ur, le mensonge que la vérité. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute idée <strong>de</strong> valeur, ils<br />
sont l’usage même <strong>de</strong> la liberté humaine. Examinées dans une perspective critique<br />
soucieuse d’englober <strong>et</strong> d’assimiler <strong>les</strong> phénomènes bouleversants <strong>de</strong><br />
notre époque (le fondamental problème <strong>de</strong>s antagonismes soulevés par<br />
Lupasco), <strong>les</strong> positions prises par Pepe dans « L’Histoire <strong>de</strong>s Barbares en<br />
Italie », ou encore par Christopher Dawson <strong>et</strong> par Edouard Salin, nous semblent<br />
non seulement inopérantes, naïves <strong>et</strong> douteuses, mais encore <strong>et</strong> surtout<br />
dépassées <strong>et</strong> d’une désuétu<strong>de</strong> qui n’appartient même pas au folklore <strong>de</strong> l’esprit<br />
ou au catalogue <strong>de</strong> ses trouvail<strong>les</strong> amusantes.<br />
Sans doute, la probabilité que <strong>de</strong>s esprits <strong>de</strong> bords différents nourrissent<br />
un besoin <strong>de</strong> compréhension réciproque est-elle mince. Plus infime<br />
encore, la probabilité qu’un tel courant <strong>de</strong> compréhension s’épanouisse entre<br />
eux avant que ne <strong>les</strong> gagnent, <strong>les</strong> uns vis-à-vis <strong>de</strong>s autres, une hostilité aveugle<br />
<strong>et</strong> une intransigeance impitoyable. Ces probabilités qu’un examen rationnel <strong>et</strong><br />
scrupuleux révèlent légères, sont cependant sans prix pour notre cœur, el<strong>les</strong><br />
sont l’un <strong>de</strong>s points où notre irréductible espoir veut faire échec à la fatalité.<br />
Encore que je ne pense pas que <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s Scandinaves soient<br />
susceptib<strong>les</strong> d’éveiller l’intérêt en France <strong>et</strong> d’y rencontrer une gran<strong>de</strong><br />
audience, j’ai cependant choisi <strong>et</strong> décidé <strong>de</strong> leur perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> faire valoir leur<br />
tentative d’interprétation <strong>de</strong>s graffitis normands.<br />
M. K.E. Lögstrup, professeur <strong>de</strong> philosophie à l’Université d’Aarhus,<br />
écrit dans « Kunst og Etik » : « Jusqu’à maintenant, <strong>les</strong> positions <strong>de</strong>s problèmes<br />
philosophiques n’ont jamais été dans l’Histoire aussi éloignées, aussi complètement<br />
indifférentes <strong>les</strong> unes aux autres, ainsi qu’aujourd’hui entre la philosophie<br />
dans le mon<strong>de</strong> anglo-saxon (la Scandinavie inclue) <strong>et</strong> la philosophie du<br />
continent ».<br />
Ce navrant état <strong>de</strong> choses décrit par le professeur Lögstrup m’a causé<br />
une profon<strong>de</strong> inquiétu<strong>de</strong> qui est allée croissante <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> la guerre, <strong>et</strong><br />
m’a tant désespéré que c’est avec un vrai soulagement <strong>et</strong> une réelle joie que j’ai<br />
vu enfin la France refuser <strong>de</strong> s’engager dans une Europe unie <strong>et</strong> sauvegar<strong>de</strong>r<br />
ainsi, pour le bien <strong>de</strong> tous, <strong>les</strong> valeurs propres au « continent ». Il est évi<strong>de</strong>nt<br />
que la gran<strong>de</strong> diversité d’opinions entre <strong>les</strong> esprits nordiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> esprits<br />
latins — spécialement français - est obligée <strong>de</strong> superbement se manifester <strong>et</strong><br />
apparaître dans un problème aussi singulier que celui <strong>de</strong>s graffitis normands.<br />
Ces positions françaises sur ce problème sont représentées <strong>de</strong> manière moins<br />
importante que je ne l’ai souhaité. Cependant, je crois que l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. <strong>de</strong><br />
Bouard, <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Caen, étant donnée la gran<strong>de</strong> clarté <strong>de</strong> son exposé,<br />
éditions <strong>les</strong> <strong>atomes</strong> <strong>de</strong> l’âme