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05-francais.pdf 121kb - Collège Notre-Dame de Jamhour

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<strong>Collège</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Jamhour</strong> Juillet 2013<br />

Classe <strong>de</strong> 5ème<br />

Vous traiterez les cinq sujets suivants :<br />

Sujet 1 :<br />

L’hiver était ru<strong>de</strong> et il faisait un froid <strong>de</strong> canard. Les paysans avaient creusé un trou dans la glace et<br />

laissé à proximité un seau qui leur servait à puiser <strong>de</strong> l’eau. C’est là que Renart conduisit Ysengrin, le loup<br />

et le tenta en lui tenant ce discours :<br />

« Approchez, approchez, mon bon oncle. Vous trouverez là, en grand nombre, les barbeaux, les<br />

tanches, les harengs et les anguilles… Voici le seau qui sert à les prendre et pour bien faire, voici un<br />

conseil : attachez-le à votre queue… »<br />

Rédigez une suite à ce récit dans lequel Renart essayera <strong>de</strong> duper Ysengrin. Vous respecterez les<br />

critères <strong>de</strong> la suite d’un récit, sans oublier d’insérer dans la DA un dialogue court et expressif.<br />

Sujet 2 :<br />

Ce matin, le château <strong>de</strong> Brocélian<strong>de</strong> est sens <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous. L’épée du roi Arthur a disparu. Un<br />

voleur se cache donc dans le château. Seul un chevalier preux pourra le démasquer et retrouver l’arme<br />

invincible du souverain.<br />

Imaginez ce récit <strong>de</strong> chevalerie, dans lequel vous utiliserez le vocabulaire <strong>de</strong> la chevalerie, insisterez<br />

sur les qualités du chevalier, insérerez une scène <strong>de</strong> combat et respecterez les cinq étapes du schéma<br />

narratif.<br />

Sujet 3 :<br />

Jadis vivait un vilain qui se faisait passer pour mé<strong>de</strong>cin. À force <strong>de</strong> mensonges et <strong>de</strong> supercheries,<br />

tout le mon<strong>de</strong> crut en ses fausses capacités. Un jour, la fille du Roi fut prise d’un grave malaise, et on fit<br />

appel au faux mé<strong>de</strong>cin pour la guérir…<br />

Imaginez une suite à ce début <strong>de</strong> fabliau en respectant les critères <strong>de</strong> la suite d’un récit.<br />

Sujet 4 :<br />

Après le naufrage <strong>de</strong> leur navire, Capitaine Flint et son équipage échouèrent sur une île sauvage au<br />

large du Pacifique. Affamés et à bout <strong>de</strong> forces, ils s’enfoncèrent alors dans la forêt vierge dans l’espoir <strong>de</strong><br />

trouver <strong>de</strong> quoi se nourrir. Soudain, ils entendirent une musique étrange, Ils avancèrent <strong>de</strong> quelques pas et<br />

distinguèrent, entre les fourrés, <strong>de</strong>s sauvages vêtus <strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> bêtes qui effectuaient une danse<br />

frénétique autour d’un feu. Tout près, un homme blanc était attaché à un poteau…<br />

Imaginez un récit d’aventures en respectant le schéma narratif et dans lequel vous placerez <strong>de</strong>ux<br />

pauses <strong>de</strong>scriptives (la <strong>de</strong>scription d’un lieu et un portrait) en ménageant un moment <strong>de</strong> suspense dans un<br />

passage du récit.<br />

Sujet 5 :<br />

Au cours d’une expédition au Pôle Nord, vous <strong>de</strong>viez traverser une plaine glacée pour arriver au<br />

campement <strong>de</strong>s ingénieurs. Votre attelage avançait péniblement dans cette plaine blanche, sous un vent<br />

glacial. Soudain, vous aperçutes, au lointain, <strong>de</strong>s taches sombres qui se déplaçaient dans cette immensité…<br />

Imaginez le récit <strong>de</strong>s événements, en respectant les cinq étapes du schéma narratif et en faisant<br />

part <strong>de</strong> vos sentiments et émotions.


<strong>Collège</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Jamhour</strong><br />

Classe <strong>de</strong> 5 ème<br />

Récit d’aventures<br />

Le Lion<br />

Patricia, la fille <strong>de</strong> Bull Bullit, administrateur 1 du parc naturel du Kenya 2 , donne ren<strong>de</strong>z-vous au<br />

narrateur dans la brousse 3 où, stupéfait, il la trouve en train <strong>de</strong> jouer avec un lion, King, qu’elle a adopté<br />

<strong>de</strong>puis sa naissance. Un amour profond lie la bête à la fillette. Oriounga, un guerrier Masaï, a décidé<br />

d’affronter King, afin <strong>de</strong> prouver sa bravoure aux yeux <strong>de</strong> sa tribu.<br />

1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

30<br />

35<br />

40<br />

King, le mufle aplati contre l’herbe, contemplait Patricia et <strong>de</strong> temps à autre l’appelait d’un<br />

gron<strong>de</strong>ment affectueux. Il était là, sous leur arbre, Patricia tout près <strong>de</strong> lui, le regard fixé sur l’horizon.<br />

Sous les paupières pesantes et à peu près closes, les yeux <strong>de</strong> King n’étaient plus qu’un fil jaune. Il<br />

ressemblait au sphinx . Le jeu commença enfin. Il avança un peu le mufle, lécha très légèrement la<br />

joue <strong>de</strong> la petite fille. Elle lui donna un coup <strong>de</strong> poing sur les narines, agrippa sa crinière, la tira à<br />

pleines mains, posa son visage enfiévré contre les narines du lion. Et King rit <strong>de</strong> nouveau et <strong>de</strong><br />

nouveau se laissa glisser sur le flanc. Les yeux heureux du lion étaient <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong>s yeux d’or.<br />

Patricia s’étendit contre lui. Mais elle ne quittait pas du regard la lointaine lisière <strong>de</strong> la brousse .<br />

Quelques instants s’écoulèrent en silence. Et, enfin, émergea d’un fourré lointain un homme que<br />

je ne reconnus pas tout <strong>de</strong> suite. Sa silhouette semblait sortir <strong>de</strong> la nuit <strong>de</strong>s temps. Un grand bouclier<br />

tenu à bout <strong>de</strong> bras la précédait et, couronnant la tête aux reflets d’argile et <strong>de</strong> cuivre, flottait, à la<br />

hauteur du fer <strong>de</strong> lance, l’auréole royale <strong>de</strong>s lions 4 . Armé, paré selon la coutume sans âge, Oriounga le<br />

guerrier venait pour l’épreuve – qui d’un Masaï faisait un homme et pour gagner par elle Patricia.<br />

Patricia et King furent <strong>de</strong>bout dans le même instant. Le lion avait senti approcher l’insolite 5 , le<br />

trouble, la menace. Maintenant, la petite fille et King, côte à côte, elle, le tenant par la crinière et lui,<br />

les babines légèrement retroussées sur les crocs terribles, regardaient grandir le guerrier Masaï.<br />

C’était la fin du jeu.<br />

La petite fille l’avait soudain compris. Sa figure n’exprimait plus ni la gaieté, ni la curiosité, ni<br />

l’amusement, ni la colère, ni la tristesse. Pour la première fois, je voyais sur les traits <strong>de</strong> Patricia la<br />

surprise épouvantée <strong>de</strong>vant le <strong>de</strong>stin en marche, l’angoisse la plus nue et la plus enfantine <strong>de</strong>vant<br />

l’événement qu’on ne peut plus arrêter. Elle cria <strong>de</strong>s paroles en masaï. Je compris qu’elle ordonnait,<br />

qu’elle priait Oriounga <strong>de</strong> ne plus avancer. Mais Oriounga agita sa lance, leva son bouclier, fit ondoyer<br />

la toison fauve qui ornait sa chevelure et avança plus vite. Oriounga était à quelques pas <strong>de</strong> nous.<br />

Un gron<strong>de</strong>ment sourd mais qui glaçait le sang ébranla la nuque et les côtes <strong>de</strong> King. Sa queue<br />

avait pris le mouvement du fléau 6 . Il sentait l’ennemi. Et l’ennemi avait cette fois une lance<br />

étincelante et un morceau <strong>de</strong> cuir aux couleurs barbares, et, surtout, surtout cette crinière. Oriounga<br />

s’était arrêté. Il ramena son bouclier contre lui et poussa un cri dont la stri<strong>de</strong>nce me parut aller<br />

jusqu’au ciel.<br />

- King, non ! King, ne bouge pas, murmura Patricia. King obéit encore.<br />

Oriounga rejeta une épaule en arrière et leva le bras dans le geste éternel <strong>de</strong>s lanceurs <strong>de</strong><br />

javelot. La longue tige <strong>de</strong> métal étincelant, à la pointe effilée, prit son vol. Alors, à la même secon<strong>de</strong><br />

où le fer entra dans la chair <strong>de</strong> King et juste à l’instant où le sang parut, Patricia hurla comme s’il<br />

s’était agi <strong>de</strong> sa propre chair et <strong>de</strong> son propre sang. Et au lieu <strong>de</strong> retenir King <strong>de</strong> toutes ses forces, <strong>de</strong><br />

toute son âme comme elle l’avait fait jusque-là, elle le lâcha, le poussa, le jeta droit sur l’homme noir.<br />

Le lion s’éleva avec une légèreté prodigieuse et sa masse hérissée, rugissante, retomba d’un seul coup<br />

sur Oriounga. Les <strong>de</strong>ux crinières, la morte et la vivante, n’en firent qu’une. Patricia criait au lion, sans<br />

mesurer la portée <strong>de</strong> son cri :<br />

-Tue, King, tue !<br />

Déjà le bouclier, malgré la triple épaisseur du cuir, s’ouvrait sous les griffes tranchantes et déjà la<br />

misérable et sombre quenille 7 humaine dépouillée <strong>de</strong> sa carapace dérisoire 8 se tordait, se débattait,<br />

sous la gueule du trépas 9 .


45<br />

50<br />

55<br />

60<br />

Je fermai les yeux, mais les rouvris aussitôt. Un gron<strong>de</strong>ment mécanique avait soudain couvert le<br />

gron<strong>de</strong>ment animal. Un tourbillon <strong>de</strong> poussière s’éleva <strong>de</strong> la savane. De son sein, la Land Rover surgit,<br />

lancée à la limite <strong>de</strong> sa puissance. Bull Bullit était au volant. Arrivé à la hauteur d’un fourré proche, il<br />

freina <strong>de</strong> telle manière que la voiture hurla. À l’instant où King allait saisir le cou du guerrier entre ses<br />

crocs, une balle, puis une autre l’atteignirent là où il le fallait, droit au cœur. Il fut soulevé, rejeté par<br />

le choc et rugit <strong>de</strong> surprise plus encore que <strong>de</strong> colère.<br />

Et tout à coup ce fut le silence. Et tout à coup, à l’ombre <strong>de</strong>s longues branches chargées<br />

d’épines, il y eut, couronnées <strong>de</strong>ux crinières, <strong>de</strong>ux formes inertes : le corps d’un homme et le corps<br />

d’un lion. À leur côté une petite fille se tenait sans mouvement. Patricia regardait King.<br />

Le lion gisait sur le flanc, les yeux ouverts, la tête appuyée contre l’herbe. Il semblait attendre<br />

que Patricia vînt s’allonger contre lui une fois <strong>de</strong> plus. Et Patricia, qui n’avait pas encore compris qu’il<br />

existait une fin aux jeux les plus beaux, à l’être le plus précieux, Patricia se pencha sur King et tendit<br />

alors une main vers les yeux d’or, vers celui qui, à l’ordinaire, semblait rire et cligner. L’expression du<br />

regard n’avait plus <strong>de</strong> sens, plus <strong>de</strong> nom. Patricia appuya ses paumes contre ses tempes.<br />

- King, cria-t-elle d’une voix épouvantable, King, réveille-toi !<br />

Une espèce <strong>de</strong> voile vitrifié 10 commençait à recouvrir les yeux du lion. Patricia agrippa<br />

furieusement, sauvagement la crinière <strong>de</strong> King pour le secouer, le forcer à gron<strong>de</strong>r ou à rire. La tête<br />

du lion ne bougea pas. La gueule resta béante 11 , mais inerte 12 . Le regard était <strong>de</strong> verre. Patricia lâcha<br />

la toison et leva le visage vers le ciel, le soleil. (Elle vit <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s formes noires aux ailes déployées<br />

et à la tête chauve tournoyer au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’arbre <strong>de</strong> King). Étendu près d’elle, il s’éloignait chaque<br />

instant davantage et (Patricia se <strong>de</strong>mandait où il s’en allait), où il était déjà parti.<br />

Joseph KESSEL, Le Lion<br />

1 Personne qui assure l’organisation du parc.<br />

2 Etat <strong>de</strong> l’Afrique Orientale.<br />

3 Contrée sauvage <strong>de</strong>s régions tropicales couverte d’arbrisseaux et d’arbustes.<br />

4 Crinière d’un lion mort qui recouvre la tête du Masaï.<br />

5 L’étrange.<br />

6 Tige horizontale d’une balance aux extrémités <strong>de</strong> laquelle sont suspendus les plateaux. Dans le texte cela signifie que la queue<br />

<strong>de</strong> King bougeait <strong>de</strong> droite à gauche comme le mouvement <strong>de</strong> la tige du fléau.<br />

7 Chose misérable, corps sans défense.<br />

8 Nom donné au bouclier qui sert à parer les coups mais qui est <strong>de</strong>venu ridicule et inutile car il n’a pas pu sauver le guerrier <strong>de</strong>s<br />

griffes du lion.<br />

9 La mort.<br />

10 Qui ressemble au verre, sans vie.<br />

11 Gran<strong>de</strong> ouverte.<br />

12 Inanimée, immobile.


QUESTIONS<br />

1. Quels sont les personnages principaux dont il est question dans cet extrait ? Quelle relation existe-t-il<br />

entre eux ?<br />

2. a) Relevez, entre les lignes 1 et 10, les termes qui renvoient au paysage.<br />

b) Quelle impression se dégage <strong>de</strong> cet endroit ?<br />

3. a) L. 1 à 8 : Relevez, dans ce passage, les expressions qui caractérisent les yeux du lion.<br />

- Sur quoi mettent-elles l’accent ?<br />

b) L. 51 à 60 : « Le lion gisait… <strong>de</strong> verre. »<br />

- Relevez les mots et expressions qui désignent le regard <strong>de</strong> King dans ce passage.<br />

- Que réalise Patricia à ce moment ? Comment réagit – elle ?<br />

4. a) L. (9 à 13) et (24 à 34) : « Quelques instants… Patricia » / »Un gron<strong>de</strong>ment… l’homme noir. »<br />

Relevez, dans un tableau à <strong>de</strong>ux entrées, d’une part, l’aspect physique du guerrier et, d‘autre part, ses<br />

actions.<br />

(L.9 à L.13) ASPECT PHYSIQUE<br />

(L.24 à L.34) ACTIONS<br />

b) - Quels sentiments inspire à Patricia le personnage ?<br />

- Relevez, dans les lignes 18 à 24, les <strong>de</strong>ux groupes nominaux qui justifient votre réponse.<br />

5. a) L. 24 à 38 : « Un gron<strong>de</strong>ment sourd… tue ! »<br />

Quelles ont été les réactions du lion et <strong>de</strong> Patricia à la vue du guerrier ? Relevez pour chacun une<br />

expression qui justifie votre réponse.<br />

b) L. 32 – 33 : « Patricia hurla…propre sang. »<br />

Nommez et interprétez la figure <strong>de</strong> rhétorique contenue dans la phrase ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

6. « Je compris qu’elle ordonnait à Oriounga <strong>de</strong> ne plus avancer.» (L.21-22)<br />

a) Donnez la nature et la fonction <strong>de</strong>s propositions dans cette phrase.<br />

b) Récrivez la phrase en remplaçant le verbe « comprendre » par le verbe « douter » au présent et faites<br />

les transformations qui s’imposent.<br />

c) Justifiez le mo<strong>de</strong> et le temps du verbe ainsi obtenu dans la proposition subordonnée.<br />

7. « À l’instant où King allait saisir le cou du guerrier entre ses crocs, une balle l’atteignit droit au cœur. »<br />

(L.45-46)<br />

a) Faites l’analyse <strong>de</strong>s propositions dans cette phrase.<br />

b) Récrivez la phrase en conjuguant le verbe « atteindre » au présent et en remplaçant « à l’instant où »<br />

par « avant que » et faites les modifications nécessaires.<br />

c) Justifiez le mo<strong>de</strong> et le temps du verbe ainsi obtenu dans la proposition subordonnée.<br />

8. Écrivez les verbes entre parenthèses au mo<strong>de</strong> et au temps convenables :<br />

La petite fille (comprendre) que c’était la fin du jeu. Elle réalisa que King ne (bouger) plus. Son père<br />

s’avance vers elle mais avant qu’il (pouvoir) la serrer dans ses bras, elle s’écrie : « Ne me touche pas, je ne<br />

peux plus te voir. »<br />

9. a) Analysez grammaticalement les mots et groupes <strong>de</strong> mots soulignés et en gras dans le texte :<br />

- L. 15 : « Par la crinière »<br />

- L. 33 : « De toutes ses forces »<br />

- L. 42 : « Aussitôt »<br />

b) L. 60 à 62 : « Elle vit… parti. »<br />

Analysez logiquement les propositions entre parenthèses et en gras dans le passage ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

10. Comment comprenez-vous la <strong>de</strong>rnière phrase du texte : « Étendu près d’elle, il s’éloignait chaque<br />

instant davantage et Patricia se <strong>de</strong>mandait où il s’en allait, où il était déjà parti. »


<strong>Collège</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Jamhour</strong><br />

Classe <strong>de</strong> 5ème<br />

Fabliau<br />

Le Curé qui mangea <strong>de</strong>s mûres !<br />

« Un curé voulait se rendre au marché. Il fit préparer sa mule et se mit en chemin. L’automne<br />

s’éternisait, il faisait beau, un délicieux parfum flottait dans la douceur <strong>de</strong> l’air et le curé sur sa bête<br />

parcourait les pages <strong>de</strong> son bréviaire1 en levant <strong>de</strong> temps à autre son regard sur la paisible<br />

campagne.<br />

Il s’approchait du village, quand il remarqua, surgissant du côté <strong>de</strong> la route, un étroit chemin,<br />

avec par <strong>de</strong>là le fossé une haie chargée <strong>de</strong> mûres brillantes.<br />

« Sainte Vierge, s’exclama l’homme, jamais je n’ai vu <strong>de</strong> tels fruits ! »<br />

Aussitôt, il s’engage sur le chemin. Il juge <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur du fossé, réfléchit un moment, mais il se<br />

déci<strong>de</strong> : il avance sa mule et atteint le buisson. Il cueille avec gourmandise les mûres fondantes. Elles<br />

sont délicieuses, sucrées et aigres à la fois. Il se pique la main mais, tout à son péché, il remarque à<br />

peine la brûlure <strong>de</strong>s épines. Il ne veut pas laisser perdre pareil trésor.<br />

Cependant, les fruits les plus gros couvrent le sommet <strong>de</strong> la haie. Ils luisent à la lumière brillante du<br />

soleil. Pour s’en saisir, le curé se dresse en équilibre sur la mule ; il se campe bien sur ses <strong>de</strong>ux<br />

jambes, et, comme un porc, s’engraissait, s’emplissait la panse en savourant les mûres offertes à la<br />

dérobée. La mule est patiente, elle n’esquisse pas le moindre mouvement.<br />

Satisfait et comblé, le curé contemple sa compagne. Il admire son air tranquille et ne peut<br />

s’empêcher <strong>de</strong> songer :<br />

« La brave bête que voici ! S’il arrivait qu’un farceur se mette à crier « Hue », je chuterai <strong>de</strong> tout mon<br />

long dans le fossé ! »<br />

Le maladroit ! Il avait songé à voix haute et avait dit « Hue ». La mule s’écarte du buisson, le curé<br />

perd l’équilibre et tombe à la renverse. Sa cheville s’est tordue et enfle, le fossé est glissant <strong>de</strong> terre<br />

humi<strong>de</strong>, il ne parvient pas à se redresser pris dans les plis <strong>de</strong> sa soutane2, il dérape3. Il souffre,<br />

impossible <strong>de</strong> tenir sur ses jambes, il retombe. La mule l’observe, elle regagne la route. Elle a faim<br />

elle aussi. Au petit trot, elle regagne le presbytère 4 sans plus attendre son infortuné maître.<br />

Quand ils la voient arriver, seule, les valets sont inquiets :<br />

« <strong>Notre</strong> curé a eu un malheur, disent-ils. Partons à sa recherche, sans doute est-il en bien mauvaise<br />

posture ».<br />

Ils se mettent en route aussi vite qu’ils peuvent et arrivent près du chemin. Le chapelain5 entend<br />

leurs pas précipités, il s’écrie :<br />

« Holà ! Je suis dans ici, dans le fossé. J’ai <strong>de</strong>s épines partout, portez moi ai<strong>de</strong> !<br />

Enfin, les valets tirent le curé hors du fossé. L’un d’eux lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :<br />

- Mais que faisiez vous en pareil lieu, monsieur le curé ? Tenez vous bien....Par quelle infortune êtes<br />

vous parvenu en cet endroit si misérable ? La route est loin d’ici.<br />

Il leur répondit :- Ah ! Le péché, le péché. Je suis un homme faible, j’avais beau me consacrer à la<br />

lecture <strong>de</strong> mon bréviaire, les mûres m’ont tenté. Je suis monté <strong>de</strong>bout sur la selle ! Ai<strong>de</strong>z moi à<br />

rentrer je vous en prie. Je suis épuisé <strong>de</strong> douleur.<br />

Il ne faut jamais penser tout haut, Messeigneurs. »<br />

1 Livre contenant <strong>de</strong>s prières et que l’on considère comme un gui<strong>de</strong>- Bible.<br />

2 Vêtement long en forme <strong>de</strong> robe.<br />

3 Glisse involontairement.<br />

4 Habitation du curé dans une paroisse<br />

5 Prêtre qui <strong>de</strong>ssert une chapelle privée.


Néanmoins, la mésaventure du curé rassure le public : l’histoire montre que les prêtres eux-mêmes<br />

peuvent succomber au plaisir coupable <strong>de</strong> fruits sucrés. Comme toute autre personne, ils doivent<br />

lutter contre les tentations <strong>de</strong> l’existence quotidienne et peuvent oublier à l’occasion les<br />

enseignements moraux qu’ils dispensent à leurs paroissiens.<br />

Questions<br />

1- À quel genre littéraire appartient ce texte ? Justifiez votre réponse à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

caractéristiques illustrées d’exemples.<br />

2- a) Délimitez la situation initiale et l’élément modificateur dans le texte. Justifiez votre réponse à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’indices précis illustrés d’exemples.<br />

b) Donnez un titre nominal et expressif à chaque partie.<br />

3- a) Repérez dans le texte toutes les expressions qui désignent le curé.<br />

b) À votre avis, lesquelles qualifient le mieux le personnage ? Expliquez pourquoi.<br />

4- a) Dégagez les trois traits <strong>de</strong> caractère du curé. Justifiez votre réponse dans chaque cas.<br />

b) « Il se campe bien sur ses <strong>de</strong>ux jambes, et, comme un porc, s’engraissait, s’emplissait la panse en<br />

savourant les mûres offertes à la dérobée. »<br />

I<strong>de</strong>ntifiez et interprétez la figure <strong>de</strong> style présente dans cette phrase.<br />

5- Etablissez le schéma actanciel <strong>de</strong> ce fabliau en prenant pour sujet le curé.<br />

6- Relisez le <strong>de</strong>rnier paragraphe du texte. Que résume-t-il ? Expliquez-le en <strong>de</strong>ux ou trois phrases.<br />

7- Précisez le mo<strong>de</strong>, le temps et la valeur <strong>de</strong>s verbes soulignés.<br />

8- Réécrivez le passage en gras en conjuguant les verbes aux temps convenables du système du<br />

passé.<br />

9-« La mésaventure du curé rassure les femmes du village. »<br />

a) Remplacez le groupe <strong>de</strong> mots souligné par le pronom convenable et précisez sa classe<br />

grammaticale et sa fonction.<br />

b) Réécrivez cette phrase en conjuguant le verbe au plus-que parfait et justifiez l’accord du participe<br />

passé.


1<br />

<strong>Collège</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Jamhour</strong><br />

Classe <strong>de</strong> 5 ème<br />

Récit d’aventures<br />

L’île perdue<br />

Dans ce célèbre roman édité en 1883, le docteur Livesey, qui a découvert une carte indiquant<br />

l’emplacement d’un trésor <strong>de</strong> pirates, monte une expédition pour le retrouver. Le jeune mousse, Jim,<br />

raconte leur arrivée à l’île au trésor et leur abordage.<br />

1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

30<br />

35<br />

Nous nous arrêtâmes à l’endroit même où une ancre était marquée sur la carte, à un tiers <strong>de</strong><br />

mille environ <strong>de</strong> la côte, entre la terre et l’île du Squelette. Le fond était <strong>de</strong> sable fin. La chute <strong>de</strong> notre<br />

ancre mit en rumeur <strong>de</strong>s milliers d’oiseaux qui s’élevèrent en tournoyant au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s bois. Mais ils<br />

re<strong>de</strong>scendirent en moins <strong>de</strong> quatre ou cinq minutes, et tout retomba dans le silence.<br />

Cette petite ra<strong>de</strong> 1 était complètement entourée <strong>de</strong> terres, perdue dans les bois, en quelque<br />

sorte, car les arbres venaient jusqu’à la ligne <strong>de</strong>s hautes marées, sur une plage très basse, et les<br />

collines se trouvaient à une assez gran<strong>de</strong> distance. Deux ruisseaux marécageux 2 se déversaient dans<br />

cette espèce d’étang 3 . Aussi la végétation, sur cette partie <strong>de</strong> la côte, avait-elle une sorte d’éclat<br />

empoisonné. On n’entendait ni un souffle <strong>de</strong> vent ni un bruit quelconque, hors le ressac 4 <strong>de</strong>s vagues<br />

sur les brisants 5 , à plus d’un mille <strong>de</strong> distance. Il y avait dans l’air une o<strong>de</strong>ur toute spéciale d’eau<br />

stagnante, <strong>de</strong> feuilles et <strong>de</strong> troncs pourris. Je remarquai que le docteur en était désagréablement<br />

impressionné et faisait la grimace, comme s’il avait senti un œuf gâté.<br />

« Je doute qu’il y ait <strong>de</strong>s trésors ici, dit-il, mais je crois bien qu’il y a quelque danger. »<br />

À peine eut-il prononcé ces mots que j’entrevis une forme qui, d’un bond rapi<strong>de</strong>, s’abritait par<strong>de</strong>rrière<br />

le tronc d’un pin. Était-ce un ours, un homme ou un singe ? il m’était impossible <strong>de</strong> le<br />

<strong>de</strong>viner. L’être semblait noir et velu : je n’en savais pas davantage. Mais dans l’effroi <strong>de</strong> cette nouvelle<br />

apparition, je m’immobilisai.<br />

Aussitôt, la forme reparut et, faisant un grand détour, parut s’appliquer à me couper la retraite.<br />

J’étais las, certes, mais eussé-je été aussi frais qu’à mon lever, je vis bien qu’il me serait impossible <strong>de</strong><br />

lutter <strong>de</strong> vitesse avec un tel adversaire. Passant d’un tronc à l’autre, la mystérieuse créature filait<br />

comme un daim. Elle se tenait sur <strong>de</strong>ux jambes, à la manière <strong>de</strong>s hommes, elle courait presque pliée<br />

en <strong>de</strong>ux. Et malgré cela, je n’en pouvais plus douter, c’était un homme.<br />

Il venait <strong>de</strong> se dissimuler <strong>de</strong>rrière un tronc d’arbre ; mais il me surveillait attentivement car, au<br />

premier geste que je risquai dans sa direction, il reparut et fit un pas à ma rencontre. Puis il se ravisa,<br />

recula, s’avança <strong>de</strong>rechef, et enfin, à mon étonnement et à ma confusion, se jeta à genoux et tendit<br />

vers moi <strong>de</strong>s mains suppliantes.<br />

Je m’arrêtai <strong>de</strong> nouveau et lui <strong>de</strong>mandai :<br />

- Qui êtes-vous ?<br />

- Ben Gunn, me répondit-il, d’une voix rauque et embarrassée comme le grincement d’une<br />

serrure rouillée. Je suis le pauvre Ben Gunn, oui, et <strong>de</strong>puis trois ans je n’ai pas parlé à un chrétien.<br />

Je m’aperçus alors que c’était un Blanc comme moi, et qu’il avait <strong>de</strong>s traits assez agréables. Sa<br />

peau, partout où on la voyait, était brûlée du soleil ; ses lèvres mêmes étaient noircies, et ses yeux<br />

bleus surprenaient tout à fait, dans un si sombre visage. De tous les mendiants que j’avais vus ou<br />

imaginés, c’était le maître en fait <strong>de</strong> haillons. Des lambeaux <strong>de</strong> vieille toile à voile et <strong>de</strong> vieux cirés le<br />

vêtaient ; autour <strong>de</strong> sa taille, il portait un vieux ceinturon <strong>de</strong> cuir à boucle <strong>de</strong> cuivre, qui était la seule<br />

partie soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout son accoutrement 6 .<br />

1 Petit bassin naturel comportant une libre issue (ouverture) vers la mer où les navires peuvent trouver un bon mouillage.<br />

2 Petits cours d’eau dormante peu profon<strong>de</strong>.<br />

3 Etendue d’eau profon<strong>de</strong> et stagnante ; marais.<br />

4 Retour <strong>de</strong>s vagues sur elles-mêmes après avoir frappé un obstacle ou le rivage.<br />

5 Rocher ou banc <strong>de</strong> sable où les vagues viennent mourir.


2<br />

40<br />

45<br />

- Trois ans ! m’écriai-je. Vous avez fait naufrage ?<br />

- Non, camara<strong>de</strong>, répondit-il, marronné.<br />

Je connaissais le terme et savais qu’il désignait un <strong>de</strong> ces horribles châtiments usités chez les<br />

flibustiers 7 , qui consiste à déposer le coupable, avec un peu <strong>de</strong> poudre et quelques balles, sur une île<br />

déserte et lointaine.<br />

Marronné <strong>de</strong>puis trois ans, continua-t-il, et pendant ce temps j’ai vécu <strong>de</strong> chèvres, <strong>de</strong> fruits et <strong>de</strong><br />

coquillages. À mon avis, n’importe où l’on se trouve, on peut se tirer d’affaire. Mais, camara<strong>de</strong>, mon<br />

cœur aspire à une nourriture <strong>de</strong> chrétien. Dis, n’aurais-tu pas sur toi, par hasard, un morceau <strong>de</strong><br />

fromage ? Non ? Ah ! c’est qu’il y a <strong>de</strong>s nuits et <strong>de</strong>s nuits que je rêve <strong>de</strong> fromage… grillé, surtout… et<br />

puis je me réveille, et je me retrouve ici.<br />

- Dès que je pourrai retourner à bord, répliquai-je, vous aurez du fromage, au quintal 8 .<br />

Robert-Louis STEVENSON, L’île au trésor.<br />

6 Habillement étrange ou grotesque.<br />

7 Pirates <strong>de</strong>s mers américaines au 17 e et au 18 e siècles<br />

8 Cent kilogrammes.<br />

Questions :<br />

-I- a- Précisez en <strong>de</strong>ux ou trois lignes ce dont il s’agit dans cet extrait.<br />

b- A quels types <strong>de</strong> textes appartient dans cet extrait ? Justifiez votre réponse à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux critères<br />

illustrés d’exemples.<br />

-II - Lignes 5 à 12 :<br />

a- Relevez tous les termes appartenant au champ lexical <strong>de</strong> la nature (végétation et relief).<br />

b- Quelles sensations sont-elles mises en valeur ? Justifiez votre réponse à l’ai<strong>de</strong> d’expressions tirées du<br />

texte.<br />

c- Quelle impression se dégage donc <strong>de</strong> cet endroit ?<br />

d- Relevez les <strong>de</strong>ux phrases qui justifient votre réponse.<br />

-III- « Je doute (qu’il y ait <strong>de</strong>s trésors ici) mais je crois bien (qu’il y a quelque danger »).<br />

a- I<strong>de</strong>ntifiez la nature et la fonction <strong>de</strong>s propositions entre parenthèses.<br />

b- Précisez et justifiez le mo<strong>de</strong> et le temps du verbe, dans chacune <strong>de</strong>s propositions.<br />

-IV- Retrouvez aux lignes 29-30 une figure <strong>de</strong> style. I<strong>de</strong>ntifiez-la et expliquez-la.<br />

-V- Relevez, entre les lignes 14 et 22, tous les GN qui désignent la créature qui apparaît tout à coup. Que<br />

remarquez-vous ?<br />

-VI- a- Dégagez toutes les expressions qui décrivent Ben Gun dans le passage compris entre les lignes 31<br />

et<br />

36, puis complétez le tableau suivant :<br />

Portrait physique<br />

Tenue vestimentaire<br />

b- Quels sont les sentiments que vous inspire le portrait <strong>de</strong> cet homme ? (1 pt)<br />

c- Pourquoi, à votre avis, Ben Gun est-il dans cet état déplorable ? Justifiez votre réponse (1 pt)<br />

d-Repérez, dans le passage allant <strong>de</strong> la ligne 34 à 36 (« Des lambeaux….accoutrement »), trois<br />

expansions du nom <strong>de</strong> nature et <strong>de</strong> fonction différentes que vous précisez. (3pts)


3<br />

-VII- « Dès que je pourrai retourner à bord, vous aurez du fromage au quintal. »<br />

a- Trouvez la nature et la fonction <strong>de</strong>s propositions subordonnées dans cette phrase.<br />

b- Précisez si l’action <strong>de</strong> la subordonnée est postérieure, antérieure ou simultanée à celle <strong>de</strong> la<br />

principale.<br />

Justifiez votre réponse.<br />

-VIII- Dans les phrases qui suivent, conjuguez au mo<strong>de</strong> et au temps convenables les verbes entre<br />

parenthèses :<br />

a- Que cette créature (être) inoffensive étonne Jim.<br />

b- La créature se faufile <strong>de</strong>rrière les arbres avant que Jim (avoir) la possibilité <strong>de</strong> la voir.<br />

c- Jim sait bien que l’expédition (s’annoncer) dangereuse mais il n’y renoncera pas.<br />

d- Jim souhaite que la forme (reparaître) pour qu’il (pouvoir) l’i<strong>de</strong>ntifier.<br />

e- Il éprouve une gran<strong>de</strong> peur en attendant qu’il (savoir) qui est la mystérieuse forme.<br />

f- Ben Gun espère que Jim lui (offrir) un peu <strong>de</strong> fromage.


<strong>Collège</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Jamhour</strong><br />

Classe <strong>de</strong> 5 ème<br />

Renart vole les bacons d’Ysengrin<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

25<br />

30<br />

35<br />

40<br />

45<br />

Mala<strong>de</strong> et tout couvert <strong>de</strong> boutons, Renart arriva un jour chez son oncle.<br />

- Beau neveu qu’as-tu ? lui dit Ysengrin. Tu me sembles bien mal en point.<br />

- Je suis mala<strong>de</strong>, répondit Renart.<br />

- Vraiment ! As-tu déjeuné aujourd’hui ?<br />

- Non, sire, et je n’en ai pas envie.<br />

- <strong>Dame</strong> Hersent, levez-vous vite et préparez-lui <strong>de</strong>ux rognons avec une rate.<br />

Renart se taisait, la tête baissée ; il pensait avoir <strong>de</strong>s bacons. C’était leur fumet qui l’avait attiré.<br />

Trois beaux bacons étaient en effet suspendus au faîte <strong>de</strong> la salle. En souriant, il s’adressa aux<br />

bacons :<br />

- Il faut qu’il soit bien fou celui qui vous a suspendus là-haut ! Savez-vous, mon bel oncle, qu’il existe<br />

<strong>de</strong>s mauvais voisins qui pourraient voir vos bacons et en vouloir leur part ? À votre place, je ne<br />

perdrais pas une minute pour les détacher et dire qu’on me les a volés.<br />

- Bah ! répondit Ysengrin, tel peut les voir qui n’en aura jamais.<br />

Renart se mit à rire et ajouta :<br />

- Vous ne pourrez pas toujours refuser à ceux qui pourraient vous en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r.<br />

- Laissez cela, reprit Ysengrin. Je n’en donnerais pas même un morceau à mon frère, à mon neveu<br />

ou à ma nièce ; pas plus qu’à leur père, leur femme ou leur oncle.<br />

Renart n’insista pas ; il prit congé. Mais, à la nuit, il revint tout doucement <strong>de</strong>vant la maison<br />

d’Ysengrin. Tout le mon<strong>de</strong> dormait. Il monta sur le toit, creusa une ouverture, passa, arriva aux<br />

bacons, les emporta, revint chez lui, les coupa en morceaux et les cacha dans la paille <strong>de</strong> son lit.<br />

Cependant, le jour se leva ; Ysengrin ouvrit les yeux. Qu’est-ce là ? Le toit ouvert, les bacons, ses<br />

chers bacons enlevés !<br />

- Au secours ! Au voleur ! Hersent ! Hersent ! Nous sommes perdus !<br />

Hersent, réveillée en sursaut, se lève, échevelée.<br />

- Qu’y a-t-il ? Quelle aventure ! Nous, dépouillés par les voleurs ! À qui nous plaindre ?<br />

Ils criaient à qui mieux mieux, mais ils ne savaient qui accuser ; ils faisaient d’inutiles efforts pour<br />

trouver l’auteur d’un pareil crime.<br />

Renart, après avoir bien mangé, s’en vint prendre du bon temps en la maison <strong>de</strong> son oncle qu’il<br />

trouva fort mal en point.<br />

- Bel oncle, dit-il, qu’avez-vous ? Vous me paraissez très en colère.<br />

- Beau neveu, répondit Ysengrin, j’ai <strong>de</strong> bonnes raisons. Mes trois beaux bacons ont été volés.<br />

- Bel oncle, c’est bien cela qu’il faut dire ! Criez dans toute la rue qu’on vous les a volés et ainsi<br />

personne ne vous ennuiera plus.<br />

- Beau neveu, je te dis la vérité ; on m’a pris mes bacons et j’enrage.<br />

- Allons, reprit Renart, ce n’est pas à moi qu’il faut dire cela.<br />

Tel se plaint qui n’a pas le moindre mal. Je sais bien que vous les avez mis en lieu sûr pour vos<br />

parents et vos amis.<br />

- Est-ce que tu te moques ? Par la foi que tu dois à l’âme <strong>de</strong> ton père, ne crois-tu pas ce que je dis ?<br />

- Dites, dites toujours.<br />

- Ce n’est pas bien, dit alors <strong>Dame</strong> Hersent, <strong>de</strong> ne pas nous croire. Si nous les avions, ce serait pour<br />

nous un plaisir <strong>de</strong> les partager.<br />

- <strong>Dame</strong>, je sais que vous connaissez toutes les ruses, poursuivit Renart. Pourtant vous avez<br />

beaucoup <strong>de</strong> perte : votre maison est trouée. C’est par là que les voleurs sont passés.<br />

- Mais oui, Renart, c’est la vérité.<br />

- Vous ne sauriez dire autre chose.<br />

- Renart, cela ne me fait pas rire, dit Ysengrin. Je suis furieux que mes bacons aient été volés ; c’est<br />

pour moi une gran<strong>de</strong> perte.<br />

Renart les quitta tout joyeux, tandis qu’Ysengrin et dame Hersent restèrent tristes et abattus.<br />

Le Roman <strong>de</strong> Renart, Branche XXIV, vers 213 à 314.


Questions (30 points)<br />

1. a. Qui sont les personnages présents dans ce texte ?<br />

b. Quel lien <strong>de</strong> parenté les unit ? Illustrez votre réponse par <strong>de</strong>s exemples tirés du texte.<br />

2. a. Observez le passage <strong>de</strong> la ligne 1 à 7 et relevez, dans un tableau à double entrée, d’une part le<br />

champ lexical <strong>de</strong> la maladie, et d’autre part celui <strong>de</strong> la nourriture.<br />

La maladie<br />

La nourriture<br />

b. Quelle rôle la maladie et la nourriture jouent-elles par rapport à Renart? (1 pt) Expliquez pourquoi.<br />

3. a. Relevez <strong>de</strong>ux indices qui montrent que Renart et Ysengrin sont personnifiés. Justifiez votre<br />

réponse en citant le texte.<br />

b. Pour quelle raison sont-ils présentés sous cet aspect ?<br />

4. a. Quelles sont les étapes du stratagème élaboré par Renart afin <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong>s bacons ?<br />

b. Que révèle ce stratagème quant au caractère <strong>de</strong> Renart ? Développez votre réponse.<br />

5. a. Observez les lignes 16 et 17 : Quelle forme <strong>de</strong> phrase est-elle utilisée dans le passage souligné ?<br />

b. Comment apparaît donc Ysengrin ?<br />

6. Sur quel trait <strong>de</strong> caractère d’Ysengrin le goupil s’appuie-t-il pour aboutir à ses fins ? Développez votre<br />

réponse.<br />

7. Observez la phrase : « Il monta sur le toit, creusa une ouverture, passa, arriva aux bacons, les<br />

emporta, revint chez lui, les coupa en morceaux et les cacha dans la paille <strong>de</strong> son lit. » (L. 19-20)<br />

a. Relevez les verbes conjugués et précisez-en le mo<strong>de</strong>, le temps et la valeur.<br />

b. Précisez le mo<strong>de</strong>, le temps et la valeur <strong>de</strong>s verbes « étaient » (l. 8) et « criaient » (l.26)<br />

8. Comparez la situation initiale et la situation finale <strong>de</strong>s personnages. Quel changement constatezvous<br />

? Répon<strong>de</strong>z au moyen <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux phrases.<br />

9. « Il monta sur le toit, creusa une ouverture, passa, arriva aux bacons, les emporta, revint chez lui,<br />

les coupa en morceaux et les cacha dans la paille <strong>de</strong> sont lit. »<br />

- Mettez le pronom souligné au pluriel et conjuguez les verbes au plus-que-parfait en faisant les<br />

modifications nécessaires.<br />

10. a. Précisez la nature et la fonction <strong>de</strong>s quatre mots en gras et en italique dans le texte.<br />

b. Relevez dans la ligne 34 <strong>de</strong>ux COS et précisez leur nature commune.


<strong>Collège</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> <strong>Jamhour</strong><br />

Classe <strong>de</strong> 5 e<br />

Poème<br />

Hermina<br />

1<br />

5<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

2<br />

0<br />

J’atteignais l’âge austère 1 où l’on est fort en thème 2 ,<br />

Où l’on cherche, enivré d’on ne sait quel parfum,<br />

Afin <strong>de</strong> pouvoir dire éperdument Je t’aime !<br />

Quelqu’un 3 .<br />

J’entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes !<br />

Jardins ! croissance obscure et douce du printemps !<br />

Et j’aimais Hermina, dans l’ombre. Elle avait, certes,<br />

Huit ans.<br />

Parfois, bien qu’elle fût à jouer occupée,<br />

J’allais, muet, m’asseoir près d’elle, avec ferveur,<br />

Et je la regardais regar<strong>de</strong>r sa poupée,<br />

Rêveur.<br />

Il est une heure étrange où l’on sent l’âme naître ;<br />

Un jour, j’eus comme un chant d’aurore au fond du cœur,<br />

Soit, pensai-je, avançons, parlons ! c’est l’instant d’être<br />

Vainqueur !<br />

Je pris un air profond, et je lui dis : - Minette,<br />

Unissons nos <strong>de</strong>stins. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ta main 4 . –<br />

Elle me répondit par cette pichenette 5 :<br />

- Gamin !<br />

Victor HUGO, « Hermina », dans Toute La Lyre, 1888<br />

1 Dur, sévère, rigoureux.<br />

2 Un très bon élève.<br />

3 Complément d’objet direct du verbe cherche (v. 2)<br />

4 Je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en mariage.<br />

5 Petit coup donné avec le doigt ; une chiquenau<strong>de</strong>.


QUESTIONS<br />

-I- a) Combien y a-t-il <strong>de</strong> strophes dans ce poème ?<br />

b) Quels sont les mètres utilisés ?<br />

Comment sont-ils disposés ?<br />

-II- a) Relevez, dans un tableau à <strong>de</strong>ux entrées, les mots et expressions qui caractérisent chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

personnages (âge, occupations, préoccupations).<br />

b) Que remarquez-vous après les avoir comparés ?<br />

-III- a) Dans quel état d’esprit se trouve le poète ? Justifiez votre réponse à l’ai<strong>de</strong> d’une phrase tirée du<br />

texte.<br />

b) Nommez et repérez le champ lexical dominant dans les vers 5 et 6.<br />

Que symbolise la saison évoquée ?<br />

-IV- a) Quelle partie du schéma narratif annonce l’indice <strong>de</strong> temps « un jour » au vers 14 ?<br />

b) Quel changement constatez-vous au niveau du temps <strong>de</strong>s verbes ?<br />

Précisez la valeur du verbe conjugué dans ce même vers.<br />

c) I<strong>de</strong>ntifiez l’image contenue dans le vers 14 et expliquez-la.<br />

-V- a) Repérez tous les mots mis en valeur dans le quatrième vers <strong>de</strong> chaque strophe.<br />

b) En quoi constituent-ils les éléments essentiels du poème ?<br />

-VI- a) Quel personnage apparaît comme le plus fort au début du poème ? et à la fin ? Justifiez votre<br />

réponse.<br />

b) Quel rapport pouvez-vous établir entre le titre et le poème ?<br />

-VII- De qui se moque Victor Hugo dans son poème ? Expliquez pourquoi<br />

-VIII- Analysez grammaticalement les mots soulignés dans le poème :<br />

- On (V. 1) – Rêveur (V. 12) – La (V. 11) – Profond (V. 17) – Lui (V. 17) –<br />

-IX- Repérez, dans ce poème, un sujet inversé. Précisez sa nature et justifiez-en l’inversion.<br />

-X- Mettez les phrases suivantes à la voix active ou passive, selon le cas :<br />

a) Elle était occupée par ses jouets.<br />

b) Hermina n’aimait pas vraiment le jeune garçon.<br />

c) À cet âge, on recherche l’amour.

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