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2 > A L A U N E LE LIEN Yacine Chabi Des vertes et des pas mûres La septième édition du Salon International de l'agriculture d'Alger fut une occasion en or pour les responsables et professionnels algériens, de comparer le secteur agricole algérien à celui d'un pays voisin. Entre “renouveau agricole” et “renouveau vert”, les deux pays aspirent pourtant à un seul objectif, celui de réussir le défi de l'autosuffisance pour garantir la sécurité alimentaire dont dépend la sécurité des pays. Cela dit, les deux pays ont choisi deux voies totalement différentes. L'Algérie, profitant de son aisance financière, a lancé ces deux dernières décennies de grands programmes à coups de milliards de dollars pour développer un secteur laissé à l'abandon et au diktat de “l'assistanat” étatique. Il aura fallu plus de vingt-cinq ans pour régler l'épineux problème du foncier agricole. Entretemps, aucun bilan n'a été établi sur le fameux programme “PNDRA”. Les performances quantitatives enregistrées en 2010 dans le domaine des céréales se sont vite estompées et furent réduites à néant par les chiffres des importations massives de blés enregistrées cette année. L'Algérie a tenté de redynamiser un secteur par l'argent et les gros moyens. De l'autre côté de nos frontières ouest, l'agriculture n'a pas eu autant de chance que chez nous. Les agriculteurs marocains bénéficiaient d'un centième de l'aide octroyée à leurs homologues algériens. Et pourtant, les résultats sont là, bien visibles aux Pins maritimes. Avec des ressources financières limitées, les Marocains ont misé sur la recherche, la technicité, la diversification et l'ouverture aux investissements étrangers. Avec moins de superficies, ils ont privilégié le rendement. Pourtant, il ne faut pas croire que cet essor agricole a pu profiter aux petits agriculteurs. Dans un pays où la mentalité “féodale” résiste encore, les disparités sociales se manifestent au grand jour dans le milieu agricole. D'un côté, les riches propriétaires terriens, souvent associés à des étrangers, qui arrivent même à exporter leurs surplus vers l'Europe et de l’autre, les “ouvriers agricoles”, salariés misérables, qui ne peuvent prétendre à la croissance de leur agriculture. Voilà donc deux modèles agricoles qui se sont côtoyés pendant quatre jours, le temps d'un salon. Entre les deux, un modèle espagnol qui risque l'asphyxie, et qui n'a d'autre choix que de se tourner vers d'autres marchés, plus au Sud. Clôture du 7 e Salon de l’agriculture Le stand marocain sauve l’honneur La 7 e édition du Salon international de l’agriculture a clôturé ses portes jeudi après quatre jours d’exposition à la Safex d’Alger. Cette année, la manifestation a été dédiée au Maroc qui était l’invité d’honneur. Pour tous ceux qui ont eu l’occasion de se déplacer à la Safex et de visiter ce Salon, le Maroc a vraiment illuminé le lieu flattant plus d’un. Environ une trentaine d’entreprises du secteur regroupées dans un seul endroit, c'est-à-dire dans un très grand stand qui leur a été réservé. Mais quel stand. Toute personne qui entre dans le pavillon, se dirige automatiquement vers le Maroc. D’abord, le plus attirant, ce sont les hôtesses d’accueil, non pas parce qu’elles sont belles et jeunes, mais surtout parce qu’elles étaient toutes habillées de tenues traditionnelles. Ensuite, c’est le bistrot réalisé au niveau du stand qui servait du thé et des amuses gueules gratuitement aux visiteurs qui sortait de l’ordinaire. Les serveurs, vêtus aussi de tenues traditionnelles, tous souriant, ne se laçaient pas de servir, encore et encore, du thé aux Algériens. Des petites tables et chaises dressées sur le stand étaient à la disposition de ces personnes. Une manière d’attirer l’attention des visiteurs sur les entreprises exposantes qui étaient juste derrière ce beau décor. Des entreprises agroalimentaires et celles spécialisées dans les équipements agricoles étaient là pour présenter leur produits aux Algériens. «Du jamais vu», lance un visiteur en poursuivant «ils ont réellement la culture du tourisme». Un autre s’interroge «vous êtes sûr que c’est un Salon de l’agriculture et pas du tourisme ?». Une question légitime puisque le stand marocain était très bien organisé sur tous les plans. Il était plutôt le meilleur dans cette édition. Alliant authenticité et modernité, le pavillon du Maroc comporte les stands du ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime, de l'Agence pour le développement agricole, de coopératives et d'une trentaine d'entreprises spécialisées dans les conserves, huilerie, produits laitiers, la fabrication de jus, laproduction d'agrumes et des olives, ainsi que d'autres domaines de la filière agricole et agroalimentaire. Quelque 150 professionnels marocains dans la filière agricole ont fait le déplacement à Alger à l'occasion de ce Salon qui sera rehaussé par la signature de conventions inter-professions entre opérateurs marocains et algériens du secteur. Et le plus étonnant c’est que l’organisateur, Mahdi, est un jeune ne dépassant pas les 28 ans. Dynamique, Dejean, basket, teeshirt et gilet simple, il ne s’absentait pas une minute du stand. Il va vers les exposants, ensuite vers les visiteurs pour voir s’ils ne manquent de rien, un vrai gentleman et businessman. «M’rahba khouya, Ahla Kheïti, Djouzi», lanc-t-il pour chaque visiteur. Et la cerise sur le gâteau, c’est la Même les représentants des stands des autres pays comme l’Espagne, l’Italie et la France ne manquaient pas d’occasion pour faire un tour au stand marocain. musique marocaine qui donnait au Salon un air de fête. «Quelle ambiance, c’est sublime !», lance l’un des exposants. En fait, même les représentants des stands des autres pays comme l’Espagne, l’Italie et la France ne manquaient pas d’occasion pour faire un tour au stand marocain. En parlant de la France, cette année, la participation est très timide à en croire les représentants d’Ubifrance, la mission économique française en Algérie. «Nous avons invité dix entreprises ALGERIE NEWS Dimanche 27 novembre 2011 du domaine agricole, seules cinq sont venues», nous a déclaré une représentante. Pourquoi ? Lui a-ton posé la question. Elle répond : «ça il faut voir du côté des entreprises qui ont refusé de venir ou bien du côté de l’ambassade de France en Algérie». Bref, en tous les cas, personne n’a dû remarquer ce fait, sauf peut être les hommes d’affaires les plus habitués du Salon. Placée sous le signe «la continuité de la consolidation de l'économie agricole et rurale», cette 7e édition du Salon a accueilli plus de 180 exposants sur une superficie de 9 880 m 2 . Plus de 1 500 visiteurs professionnels du secteur venus du Maghreb, d'Europe et d'autres pays participent à ce Salon qui verra la participation de 18 pays étrangers. Au menu de cette édition, figuraient notamment des forums interprofessionnels sur l'oléiculture, la santé et la nutrition végétale, l'eau et l'agriculture et les fruits et légumes. Le Salon a connu en fait du succès auprès des visiteurs entre universitaires, hommes d’affaires, agriculteurs et curieux qui étaient très nombreux à se déplacer sur le lieu. Reportage réalisé par Fatiha Amalou-Aïd
A L A U N E 3 Pedro Rojo Olalla, directeur de l’entreprise espagnole «Rafia industrial» «Des produits algériens intéressent les Espagnols, mais...» Les entreprises espagnoles spécialisées ont tenu à être présentes en force pour le Salon de l’agriculture d’Alger. Un pays considéré comme la «serre de l’Europe» et qui fait face à une crise économique sans précédent. Le marché et l’investissement dans l’agriculture algérienne intéresse les opérateurs espagnols, mais oseront-ils dépasser l’aspect commercial et franchir le cap de l’investissement direct ? Algérie News : D’abord, comment vous évaluez votre participation à cette édition? M. Olalla : C’est notre première participation à ce Salon et c’est une occasion pour nous de connaître le marché algérien et ses besoins, d’avoir également plus de renseignement sur le climat des affaires dans votre pays. Algérie News : On sait que cette année le Maroc est l’invité d’honneur de la 7 e édition du Salon international de l’agriculture, comment évaluez-vous cette expérience ? M. Bouzelmat : C’est une expérience très riche où il y a beaucoup d’exposants; les meilleures boîtes au Maroc dans le domaine agricole, c’est une participation de qualité. Pouvez-vous nous dresser en quelques mots et chiffres la situation du secteur au Maroc ? Je vais essayer de vous donner quelques chiffres clés. Au Maroc, il y a un effectif de 1,5 million d’exploitations, pour une superficie agricole utile de 8,7 millions d’hectares, soit Nous ne connaissons l’Algérie qu’à travers nos clients qui sont basés à Oran. Qu’est-ce que vous produisez ? Notre société produit l’emballage. Des sacs pour emballer la semoule, la farine, l’engrais et des produits chimiques et on fait aussi des plastiques pour les serres. Le plastique des serres marche très bien puisque nous le vendons au Maroc et en Tunisie. On fait aussi des ficelles agricoles pour les pailles. C’est notre produit que nous avons présenté pour la première fois dans ce Salon. L’Algérie est près de l’Espagne et notre usine se trouve à Valence et valence est très proche de l’Algérie. Il y a des bateaux qui viennent chaque semaine, à destination d’Arzew et d’Oran, donc les délais de transport, ce n’est pas un problème. C’est facile d’arriver chez vous alors que pour d’autres pays on passe des fois quatre à cinq semaines pour acheminer nos produits et c’est très long pour nous. pratiquement 12% de la superficie globale. Il y a 1,6 million d’hectares qui sont irrigués, pour ce qui est des assolements, les céréales occupent une place prépondérante avec un pourcentage d’environ 60% de la superficie suivie de la jachère qui constitue 13%, ensuite l’olivier qui occupe 150 000 hectares, soit 08% de la superficie ensuite les forages 8%, le maraîchage 4%, l’arboriculture fruitière 3%, les agrumes 1% et autres cultures 2%. Par rapport au cheptel, nous avons 17 millions de bovins 5,3 millions de caprins. Pour ce qui est de l’infrastructure, nous avons 18 barrages avec une capacité de 17 milliards des m 3 , 13 milliards de m 3 destinés à l’agriculture. Quels sont les produits que vous exportez en Algérie ? Nous avons des relations commerciales avec une entreprise espagnole installée à Oran avec laquelle nous traitons et nous vendons des sacs en plastique pour les engrais. C’est l’unique produit que nous exportons pour l’instant en Algérie. Nous vendons également et sans problème au Maroc, en Tunisie en Egypte en Libye et on verra si la situation change mais pour l’Algérie, notre proposition pour le futur est de voir si on peut commencer à vendre ici. Y a-t-il des produits qui intéressent les Espagnols ? Certainement. On sait que votre pays produit des dattes de haute qualité, ces derniers temps certains légumes comme l’oignon sont très demandés, donc les Espagnols commencent à apprécier les produits algériens. Par contre, Je ne suis pas au courant s’il y a des importations dans ce sens. Les céréales occupent la plus importante superficie. Justement, quelle a été leur production cette année ? En termes de production, nous avons réalisé 80 millions de quintaux. Nous avons pratiquement une moyenne de 60 millions de quintaux par an. Vers quels pays vous exportez vos produits agricoles ? Essentiellement vers l’Union européenne, et ce sont les fruits et légumes qui sont exportés, un peu d’huile d’olive et des produits du terroir comme le safran. Et en ce qui concerne l’Algérie, y a-t-il des ALGERIE NEWS Dimanche 27 novembre 2011 Comment vous vous positionnez par rapport à la crise financière en Europe ? La situation en Espagne en ce moment n’est pas la meilleure, donc pour nous, et comme notre société a plus de 25 ans d’exercice, on travaille beaucoup pour le marché des exports et notre situation n’est pas mal. C’est une situation correcte parce que nous vendons 55% à l’extérieur. On verra si les choses changent à partir de décembre. La semaine passée, il y a eu des élections générales en Espagne. Un nouveau gouvernement a été installé, donc on verra. Et concernant l’investissement en Algérie comment vous le voyez avec les nouvelles lois ? Je ne suis pas vraiment au courant, je sais seulement que pour envoyer de la marchandise, ici il y a des taxes d’importation pour dédouaner certains produits entre 10% et 30% plus la TVA, et pour nous c’est beaucoup. Entretien réalisé par F.A.A. Ahmed Bouzelmat, représentant de l’agence marocaine pour le développement agricole «L’ouverture des frontières boostera les échanges commerciaux» produits agricoles marocains qui sont exportés vers notre pays ? A ma connaissance non. Il y avait auparavant de petites quantités d’oranges qui étaient exportées vers l’Algérie mais ce n’est pas significatif. Et justement l’objectif de notre présence dans ce Salon est de promouvoir les échanges commerciaux dans ce domaine entre les deux pays. Et je pense même qu’avec l’ouverture des frontières, les choses seraient encore plus faciles. Ça va booster les échanges commerciaux. La fermeture décourage les exportateurs des deux côtés. Entretien réalisé par F.A.A.
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