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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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Marcelle<br />

<strong>Parce</strong> <strong>que</strong> nous<br />

sommes <strong>des</strong><br />

<strong>fille</strong>s<br />

Choix Réels, Vies Réelles<br />

Étude de Cohorte Mise à jour: Spécial: Bénin<br />

L’étude de cohorte ‘Choix réels, Vies réelles‘<br />

a été conçue pour suivre 135 <strong>fille</strong>s de leur<br />

naissance à leur neuvième anniversaire, en<br />

2015. Cha<strong>que</strong> année <strong>des</strong> chercheurs rendent<br />

visite aux <strong>fille</strong>s et à leurs familles pour<br />

s’entretenir avec elles sur leur santé, leur<br />

éducation et leur vie quotidienne. Avec le<br />

temps, cette étude représentera l’impact <strong>que</strong><br />

le fait qu’être <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s a sur leurs vies. Les<br />

<strong>fille</strong>s viennent de différents pays du monde –<br />

Brésil, El Salvador, Républi<strong>que</strong> Dominicaine,<br />

Bénin, Togo, Ouganda, Cambodge,<br />

Philippines et Vietnam. Cette année, nous<br />

nous concentrons particulièrement sur les<br />

<strong>fille</strong>s du petit état d’Afri<strong>que</strong> Occidentale du<br />

Bénin, actuellement classé par les Nations<br />

Unies au 163ème rang sur un total de 177 en<br />

termes de bien-être de sa population:<br />

Charnel • Consolata • Daki • Natacha<br />

Estelle • Chantal • Marcelle • Debora<br />

Judith • Emilienne • Huguette • Albine<br />

Chimene • Ange • Abiguelle<br />

Chantal a tout juste 19 mois; c’est la cadette<br />

de trois <strong>fille</strong>s d’<strong>une</strong> mère analphabète et d’un<br />

père qui a terminé l’école primaire et qui<br />

conduit un taxi.<br />

Huguette a 1 an; sa mère, adolescente, a<br />

du quitter l’école encore petite <strong>fille</strong> parce <strong>que</strong><br />

ses parents ne pouvaient pas se permettre de<br />

continuer de l’y envoyer.<br />

Judith, l’un <strong>des</strong> plus <strong>je</strong><strong>une</strong>s bébés <strong>fille</strong>s<br />

de l’étude, venait d’avoir un jour lors de la<br />

première visite <strong>des</strong> chercheuses.<br />

La bonne nouvelle est <strong>que</strong> tous les bébés<br />

<strong>fille</strong>s de notre étude ont survécu à leur<br />

première année dans un pays où le taux<br />

de mortalité <strong>des</strong> enfants de moins d’un an<br />

est de 89 pour 1.000 enfants. Bien <strong>que</strong><br />

l’obstacle de leur premier anniversaire soit<br />

dépassé, le défi suivant sera de survivre plus<br />

longtemps <strong>que</strong> 5 ans. Au Bénin, 150 enfants<br />

sur 1.000 sont appelés à mourir avant<br />

l’âge de cinq ans, de maladies la plupart<br />

du temps évitables. Ainsi <strong>que</strong> nous l’avions<br />

rapporté dans le premier rapport <strong>Parce</strong> <strong>que</strong><br />

<strong>je</strong> <strong>suis</strong> <strong>une</strong> <strong>fille</strong>, la <strong>que</strong>stion de savoir si <strong>une</strong><br />

<strong>fille</strong> parviendra à réaliser pleinement son<br />

potentiel dépend dans <strong>une</strong> large mesure de<br />

sa famille, de sa communauté et du pays<br />

dans le<strong>que</strong>l elle est née. La naissance de<br />

toutes les <strong>fille</strong>s participant à l’étude a eu<br />

lieu soit dans un centre de santé local soit<br />

en présence d’<strong>une</strong> assistante formée en<br />

obstétri<strong>que</strong>.<br />

Les premières années de la vie d’<strong>une</strong> petite<br />

<strong>fille</strong> sont cruciales pour son avenir – les trois<br />

premières années sont les plus importantes<br />

pour sa survie et son épanouissement. Ces<br />

bébés passent actuellement leurs journées<br />

près de leurs mères ou au sein de leurs<br />

familles élargies, entourés par d’autres<br />

enfants. Lorsqu’elles sont convenablement<br />

nourries et bien soignées dans leurs plus<br />

<strong>je</strong><strong>une</strong>s années, les <strong>fille</strong>s ont plus de chances<br />

Chantal<br />

Huguette<br />

Debora<br />

Charnel<br />

de survivre, de grandir d’<strong>une</strong> manière saine,<br />

de contracter moins de maladies et de<br />

développer pleinement leur intelligence, leur<br />

langage, leurs émotions et leurs compétences<br />

sociales. Si elles ont la possibilité d’aller à<br />

l’école, leurs perspectives de réussite sont<br />

meilleures. Et lorsqu’elles seront adolescentes,<br />

il y a de fortes chances pour qu’elles aient<br />

davantage d’estime d’elle-même, donnée<br />

essentielle pour <strong>des</strong> adolescentes si l’on<br />

veut qu’elles soient capables d’exiger <strong>une</strong><br />

protection contre le VIH, par exemple. Bien<br />

<strong>que</strong> les taux de prévalence du VIH soient<br />

relativement peu élevés au Bénin, 1,8 pour<br />

cent de la population totale, ce sont les <strong>fille</strong>s<br />

qui courent les plus grands ris<strong>que</strong>s d’infection<br />

lorsqu’elles parviennent à l’adolescence.<br />

Charnel<br />

La mère de Charnel, Joséphine est encore<br />

en colère contre son père qui ne l’a pas<br />

envoyée à l’école quand elle était petite.<br />

“Il disait <strong>que</strong> lorsqu’on envoyait <strong>des</strong><br />

femmes à l’école, elles l’abandonnent,<br />

elles sont gâtées”. Aujourd’hui, Joséphine<br />

ne sait ni lire ni écrire. Elle a quatre enfants<br />

à elle –deux <strong>fille</strong>s et deux garçons.“Elle<br />

est décidée à envoyer tous ses enfants à<br />

l’école, y compris la plus <strong>je</strong><strong>une</strong>, Charnel.<br />

Les trois frères et sœurs de Charnel vont<br />

à l’école, y compris l’aînée de 12 ans. Tant<br />

<strong>que</strong> la famille aura les moyens financiers<br />

de le faire, tous les enfants iront à l’école<br />

et Charnel apprendra à lire et à écrire.<br />

Joséphine dit.” Je vois ce <strong>que</strong> font les<br />

femmes qui savent lire et écrire. Elles ont<br />

un avenir meilleur“.<br />

Le père de Charnel, Jonas, gagne sa vie<br />

avec sa machine à coudre. Il veut lui aussi<br />

absolument <strong>que</strong> ses <strong>fille</strong>s aillent à l’école :<br />

“Je serai très heureux <strong>que</strong> mes <strong>fille</strong>s aient<br />

le niveau d’éducation le plus élevé possible<br />

quand elles seront gran<strong>des</strong>”. Jonas passe<br />

<strong>une</strong> grande partie de la journée avec<br />

Charnel à côté de lui pendant qu’il coud et<br />

fait <strong>des</strong> retouches dans la pièce principale<br />

de son mo<strong>des</strong>te logement. Jonas prévient<br />

<strong>que</strong> la lutte pour l’éducation sera dure<br />

pour beaucoup <strong>des</strong> petites <strong>fille</strong>s du Bénin.<br />

Il sait <strong>que</strong> c’est aussi payant d’envoyer les<br />

<strong>fille</strong>s <strong>que</strong> les garçons à l’école.” Les autres<br />

hommes ne pensent pas comme cela. Ce<br />

sont <strong>des</strong> ignorants.”<br />

Dans les premières années de la vie,<br />

le contexte stimulant d’un cadre<br />

communautaire peut donner aux enfants,<br />

aux <strong>fille</strong>s en particulier un tremplin<br />

pour l’avenir. Les <strong>fille</strong>s vivant dans<br />

<strong>des</strong> sociétés dans les<strong>que</strong>lles elles sont<br />

particulièrement désavantagées sont<br />

susceptibles de bénéficier davantage <strong>que</strong><br />

les garçons d’interventions favorisant leur<br />

développement physi<strong>que</strong>, émotionnel et<br />

cognitif. Au Népal, par exemple, les enfants<br />

de familles désavantagées qui ont eu<br />

l’opportunité de fré<strong>que</strong>nter <strong>une</strong> institution<br />

préscolaire non formelle avaient 20 pour cent<br />

plus de chances de fré<strong>que</strong>nter l’école <strong>que</strong><br />

ceux qui n’avaient pas eu cette possibilité.<br />

Mais pour les <strong>fille</strong>s, l’effet était encore<br />

plus grand: elles avaient 36 pour cent de<br />

chances en plus d’entrer à l’école. Il n’y a<br />

actuellement aucun cadre préscolaire dans la<br />

communauté où vivent ces petites <strong>fille</strong>s.<br />

AbigUELLE<br />

Boaz, 14 ans, est fier de sa petite sœur,<br />

Abigail, un bébé de 12 mois. Il est<br />

vraiment persuadé qu’elle arrivera à faire<br />

tout ce qu’elle aura envie de faire quand<br />

elle sera grande. Mais Boaz sait aussi<br />

<strong>que</strong> ce ne sera pas facile. Dans sa classe<br />

de 55 enfants il n’y a <strong>que</strong> 14 <strong>fille</strong>s. “La<br />

vie de ma sœur sera différente de celles<br />

<strong>des</strong> autres <strong>fille</strong>s”, dit Boaz, ajoutant qu’il<br />

a <strong>une</strong> autre sœur qui va déjà à l’école.<br />

Les parents commencent à comprendre<br />

l’importance de permettre aux <strong>fille</strong>s<br />

d’aller à l’école, dit Robert, le père<br />

d’Abiguelle. Dans les plus petites classes,<br />

il y a plus de <strong>fille</strong>s <strong>que</strong> de garçons.”<br />

Debora<br />

Debora n’a même pas deux ans, mais si<br />

elle suit le chemin de sa sœur, elle sera<br />

mariée à 13 ans. Victorine, la mère de<br />

Debora, a six enfants – trois garçons,<br />

et trois <strong>fille</strong>s. À 26 ans, elle dit qu’elle<br />

regrette la décision de donner sa <strong>fille</strong><br />

aînée en mariage tellement <strong>je</strong><strong>une</strong>. Debora<br />

ne se mariera pas si tôt, promet Victorine.<br />

Les mariages précoces ne volent pas<br />

seulement aux <strong>fille</strong>s leur enfance mais<br />

ils limitent également leur avenir. Si elles<br />

ont <strong>des</strong> bébés et qu’il leur faut s’occuper<br />

de la famille, elles n’ont plus le temps<br />

pour l’école. “Je ne l’avais pas apprécié.<br />

Abiguelle<br />

Natacha<br />

Judith<br />

168 La Situation <strong>des</strong> Filles dans le Monde SECTION 2 169

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