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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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décrire, dans <strong>des</strong> témoignages personnels, la<br />

manière dont la violence <strong>des</strong> rues a détruit<br />

leurs petites entreprises et a obligé les <strong>fille</strong>s et<br />

les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes à chercher du travail pour<br />

nourrir leurs familles démunies.<br />

Nelia (17 ans) a décrit l’impact sur sa<br />

propre famille aux fins de l’enquête:<br />

“Avant la crise, nous avions un peu<br />

d’argent parce <strong>que</strong> nous cueillions le café<br />

dans le district d’Ermera, nous pouvions<br />

faire <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s achats. Mais après la crise,<br />

nous vivions dans le camp de personnes<br />

déplacées de Jardim Borja. Nous ne pouvions<br />

plus cueillir le café, donc papa a du partir<br />

chercher du travail à Dili (la capitale) –<br />

ramasser du sable dans la rivière Comoro –<br />

pour gagner de l’argent.”<br />

Une autre, Sophia, 17 ans a dit <strong>que</strong> la<br />

petite entreprise familiale avait été détruite:<br />

“Ma famille avait ouvert un restaurant<br />

avant la crise. Mais après nous l’avons fermé<br />

parce <strong>que</strong> les gens brûlaient et détruisaient.”<br />

Malgré les difficultés économi<strong>que</strong>s<br />

ma<strong>je</strong>ures aux<strong>que</strong>lles les personnes<br />

interrogées ont du faire face, elles ont cité<br />

<strong>des</strong> exemples positifs de la façon dont elles<br />

subvenaient actuellement à leurs besoins et à<br />

ceux de leurs familles:<br />

“Avant, c’était mes parents qui<br />

m’entretenaient financièrement. Mais<br />

depuis la crise, j’ai fait <strong>des</strong> choses comme<br />

le ‘tebedai‘ (danse traditionnelle), pour<br />

financer mes propres activités. Dans mon<br />

école, on peut gagner <strong>des</strong> bourses si on a<br />

<strong>des</strong> bonnes notes. Je travaille dur pour <strong>que</strong><br />

ma famille n’ait pas à payer mes étu<strong>des</strong>.”<br />

Fatia<br />

Une autre personne du groupe, Romenia,<br />

15 ans, a expliqué comment elle soutient sa<br />

famille par <strong>des</strong> activités à l’école et à l’église:<br />

“Nous sommes un groupe de chanteurs<br />

qui reçoivent un soutien financier<br />

d’<strong>une</strong> église. Les gens nous donne de<br />

l’argent [pour chanter] et nous nous le<br />

répartissons,” dit-elle. “Il y a également<br />

les activités de l’école. Je fais du basketball,<br />

et lors<strong>que</strong> nous gagnons de l’argent,<br />

nous le partageons entre nous. J’économise<br />

cet argent pour le donner à ma famille<br />

de sorte <strong>que</strong> lors<strong>que</strong> mes petits frères et<br />

sœurs veulent manger du pain, <strong>je</strong> puisse en<br />

acheter pour le leur donner.”<br />

Isaura, 16 ans, travaille comme ramasseuse<br />

de balles au tennis pour soutenir sa famille.<br />

Elle propose également <strong>des</strong> cours de tennis<br />

informels à <strong>des</strong> étrangers qui travaillent à<br />

Timor-Leste. Et Nelia, 17 ans, qui vit dans le<br />

camp de Jardim Borja, est devenue danseuse<br />

folklori<strong>que</strong> traditionnelle à temps partiel:<br />

“Lorsqu’il y a un festival et <strong>que</strong> <strong>des</strong><br />

gens importants viennent rendre visite à<br />

notre communauté, nous donnons <strong>une</strong><br />

représentation pour les visiteurs et ils mettent<br />

de l’argent dans le luhu (boîte artisanale<br />

traditionnelle),” dit-elle. “Quand nous avons<br />

fini, notre groupe se partage l’argent. Alors,<br />

nous achetons du savon pour donner un bain à<br />

nos petits frères et sœurs.”<br />

Cha<strong>que</strong> personne interrogée qui fait un<br />

apport aux revenus de sa famille a dit <strong>que</strong><br />

cela leur donnait <strong>une</strong> image positive en tant<br />

<strong>que</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>je</strong><strong>une</strong> femmes. L’<strong>une</strong> d’elles dit:<br />

“Avant [la crise] il fallait toujours <strong>que</strong> <strong>je</strong><br />

demande de l’argent à ma mère ou à mon<br />

père pour mes activités. Mais maintenant,<br />

j’utilise mon propre argent. Ce n’est <strong>que</strong><br />

quand <strong>je</strong> n’ai pas du tout d’argent <strong>que</strong> <strong>je</strong><br />

leur demande de m’aider.”<br />

Romenia, 15 ans, acquiesce: “Mes parents<br />

disent, ‘‘Pourquoi ne nous deman<strong>des</strong>tu<br />

jamais de l’argent?’ Avant, <strong>je</strong> leur en<br />

demandais tout le temps. Maintenant, j’ai de<br />

l’argent et <strong>je</strong> n’ai plus besoin de demander.”<br />

D’autres membres du groupe, tels Sophia,<br />

17 ans, a dit <strong>que</strong> contribuer à la sécurité<br />

économi<strong>que</strong> de leur famille avait changé la<br />

perception qu’elles avaient d’elles-mêmes, en<br />

tant qu’adolescentes:<br />

“Mes parents disent <strong>que</strong> <strong>je</strong> <strong>suis</strong> capable de<br />

m’en sortir toute seule et <strong>que</strong> <strong>je</strong> peux payer<br />

ma scolarité moi-même. Je peux aussi aider<br />

mes parents.”<br />

Mais les <strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes sont<br />

encore confrontées à de grands défis pour<br />

venir en aide à leurs familles et à leurs<br />

familles élargies. Une <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes<br />

du groupe a expliqué comment sa famille<br />

proche avait rejoint <strong>des</strong> parents:<br />

“Nous avions l’habitude d’avoir <strong>des</strong><br />

revenus suffisants. Mais à présent <strong>que</strong> nous<br />

devons vivre avec <strong>des</strong> parents, l’argent<br />

<strong>que</strong> nous gagnons n’est pas suffisant pour<br />

subvenir aux besoins de tous parce qu’il<br />

faut maintenant <strong>que</strong> nous payions l’école<br />

de leurs enfants et <strong>que</strong> nous leur achetions<br />

à manger.”<br />

LA FONDATION ALOLA<br />

ALOLA est le surnom d’<strong>une</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong> <strong>fille</strong> du<br />

Timor-Leste – Juliana Dos Santos – qui<br />

a été enlevée par un chef de la milice en<br />

1999 et emmenée au Timor Occidental<br />

quand elle avait tout juste 15 ans.<br />

Juliana est toujours en Indonésie<br />

malgré l’immense campagne en faveur<br />

de sa libération qui a culminé par <strong>une</strong><br />

offre de retour sécurisée au Timor-<br />

Leste. Son cas est devenu <strong>une</strong> cause<br />

nationale et a incité les femmes locales à<br />

créer <strong>une</strong> fondation Alola pour soutenir<br />

l’autonomisation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

femmes du Timor-Leste.<br />

La fondation créée <strong>des</strong> opportunités<br />

de travail et éducation pour les <strong>fille</strong>s<br />

et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes en renforçant<br />

la participation de femmes dans<br />

leur communauté et en faisant <strong>des</strong><br />

campagnes pour le droit <strong>des</strong> femmes;<br />

elle fournit également <strong>une</strong> aide<br />

humanitaire. Ses programmes de santé<br />

maternelle et infantile privilégient<br />

l’allaitement, la bonne alimentation de la<br />

mère et de l’enfant et un suivi de santé<br />

pendant la grossesse.<br />

La fondation a un centre de ressources<br />

qui offre un soutien professionnel aux<br />

femmes dans leurs créations entreprises<br />

et qui assure la promotion <strong>des</strong> traditions<br />

culturelles dans l’artisanat.<br />

Pendant la crise, Alola a organisé pour<br />

les femmes <strong>des</strong> camps de personnes<br />

déplacées, la production de garnitures<br />

périodi<strong>que</strong>s lavables distribuées en<br />

même temps <strong>que</strong> du linge de corps, <strong>des</strong><br />

seaux et <strong>des</strong> produits détergents. Alola<br />

a également travaillé avec <strong>des</strong> groupes<br />

de femmes pour établir et soutenir <strong>des</strong><br />

comités de femmes dans les camps. La<br />

fondation continue à accorder un soutien<br />

aux veuves pendant les crises.<br />

www.alolafoundation.org<br />

Pour qu’ils puissent entendre nos voix<br />

“Le gouvernement n’écoute pas les voix<br />

<strong>des</strong> femmes.”<br />

Herminia (19 ans)<br />

En dépit <strong>des</strong> améliorations apportées à<br />

leur statut à la maison et aux nombreux<br />

exemples de <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s et de <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

femmes qui font <strong>des</strong> contributions<br />

économi<strong>que</strong>s positives à leurs familles, la<br />

grande majorité <strong>des</strong> personnes interrogées<br />

avait le sentiment <strong>que</strong> leurs voix n’étaient<br />

pas entendues au Timor-Leste:<br />

“Nous vivons dans <strong>une</strong> zone de troubles,<br />

dans un camp de personnes déplacées, il<br />

faut <strong>que</strong> les dirigeants nationaux viennent<br />

nous voir et engagent avec nous un<br />

dialogue pour résoudre les problèmes.”<br />

Nelia (17 ans)<br />

“Je ne pense pas <strong>que</strong> les populations du<br />

Timor aient déjà écouté les voix <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

femmes. D’abord <strong>je</strong> voudrais rencontrer<br />

d’autres <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes pour <strong>que</strong> nous<br />

puissions présenter nos opinions, nos<br />

idées, nos réflexions et nos exigences au<br />

gouvernement pour qu’il puisse entendre<br />

nos voix.”<br />

Claudia (23 ans)<br />

“Les gens n’ont pas encore écouté les voix<br />

<strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes. Comment pourraient-ils<br />

entendre nos voix alors <strong>que</strong> nous n’avons<br />

pas de groupes de <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes. Il faut<br />

qu’il y ait un groupe de <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes afin<br />

<strong>que</strong> nous puissions exprimer nos opinions.<br />

Pour <strong>que</strong> les gens puissent nous entendre et<br />

avoir foi en nous.”<br />

Saozinha (22 ans)<br />

Nous pouvons changer les choses<br />

“Si nous souhaitons apporter <strong>une</strong><br />

contribution, il faut d’abord nous améliorer<br />

nous-mêmes avant de pouvoir apporter <strong>une</strong><br />

contribution à la nation.”<br />

Isaura (16 ans)<br />

“Nous sommes tous Timorais sans faire de<br />

distinction entre ceux qui sont de l’Est et<br />

ceux qui viennent de l’Ouest du pays.”<br />

Agripina (15 ans)<br />

La grande majorité de celles qui<br />

ont répondu à l’enquête ont souligné<br />

l’importance de l’unité entre les habitants de<br />

l’est et ceux de l’ouest de Timor-Leste et de<br />

l’éducation afin <strong>que</strong> tous puissent apporter<br />

<strong>une</strong> contribution à la consolidation de la<br />

paix. Parmi elles, beaucoup ont souligné <strong>que</strong><br />

le gouvernement se doit d’être à l’écoute<br />

de l’ensemble <strong>des</strong> populations du Timor-<br />

Leste, surtout <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>des</strong> femmes et de<br />

répondre à leurs besoins.<br />

“Je voudrais vivre sans histoire et<br />

paisiblement avec tout ceux dont j’ai<br />

120 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 121

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