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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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paix, <strong>des</strong> niveaux élevés de violence<br />

demeurent latents dans l’ensemble de la<br />

société.. Les hommes habitués à se battre<br />

rentrent chez eux et ont <strong>des</strong> difficultés<br />

à trouver un travail convenable pouvant<br />

assurer un revenu raisonnable. Certains<br />

d’entre eux peuvent transformer leur<br />

colère en violence contre ceux qui leur<br />

sont le plus proches et le plus vulnérables.<br />

Les <strong>fille</strong>s et leur mère peuvent également<br />

souffrir d’<strong>une</strong> augmentation générale de la<br />

violence de la société résultant du conflit,<br />

ce qui se répercute directement sur le foyer.<br />

Les changements de perceptions, de la<br />

féminité et de la masculinité, intervenus<br />

pendant la guerre, peuvent à présent créer<br />

<strong>des</strong> tensions et <strong>des</strong> conflits avec les valeurs<br />

traditionnelles et les comportements. En<br />

dépit <strong>des</strong> programmes de désarmement, les<br />

armes sont toujours omniprésentes.<br />

• Aux Etats-Unis en 2002, en six<br />

semaines, quatre soldats <strong>des</strong> Forces<br />

Spéciales de Fort Bragg de Caroline du<br />

Nord ont tué leur femme. Trois de ces<br />

quatre venaient de rentrer récemment<br />

de mission en Afghanistan. 213<br />

• En Ouganda, <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s<br />

<strong>des</strong> camps de personnes déplacées<br />

sont exposées à un ris<strong>que</strong> élevé de<br />

violence domesti<strong>que</strong> et d’agressions<br />

lors de l’accomplissement de tâches<br />

quotidiennes, telles <strong>que</strong> le ramassage du<br />

bois. La police a déclaré qu’au moins 989<br />

<strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s avaient été violées dans les<br />

camps de personnes déplacées, situés<br />

dans les cinq districts du Nord, entre<br />

janvier et juillet 2006. 214<br />

• Au milieu <strong>des</strong> années 1990, <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />

sur le Cambodge ont indiqué <strong>que</strong> de<br />

nombreuses femmes – 75 pour cent<br />

dans <strong>une</strong> étude – ont été victimes de<br />

violence domesti<strong>que</strong>, souvent de la<br />

part d’hommes qui avaient conservé<br />

les petites armes légères qu’ils avaient<br />

utilisées pendant la guerre.<br />

• Au Timor-Leste, les statisti<strong>que</strong>s officielles<br />

de décembre 2002 ont montré <strong>que</strong><br />

pres<strong>que</strong> 40 pour cent <strong>des</strong> crimes signalés<br />

étaient <strong>des</strong> cas de violence domesti<strong>que</strong><br />

ou de violence contre les femmes, tels<br />

<strong>que</strong> viols et agressions sexuelles. Alors<br />

qu’on observe <strong>une</strong> réduction générale<br />

de la criminalité, la violence domesti<strong>que</strong><br />

continue d’augmenter. Le précédent<br />

représentant spécial du Secrétaire Général<br />

<strong>des</strong> Nations Unies, Sergio Vieira de Mello,<br />

a déclaré <strong>que</strong> la violence domesti<strong>que</strong> était<br />

devenue un cancer de la société au Timor,<br />

et a lancé <strong>une</strong> campagne nationale contre<br />

celle-ci. 215<br />

La transformation <strong>des</strong> rôles de genre<br />

dans la société est essentielle à la guérison<br />

du traumatisme engendré par les conflits<br />

violents et à la reconstitution <strong>des</strong> réseaux<br />

sociaux et <strong>des</strong> communautés affaiblis par<br />

les combats.<br />

VIOLENCE DOMESTIQUE EN<br />

CISJORDANIE ET A GAZA<br />

En Cisjordanie et à Gaza, l’augmentation<br />

de la violence domesti<strong>que</strong> est un effet<br />

secondaire de l’accroissement <strong>des</strong><br />

niveaux de tension, de violence, de<br />

chômage, de pauvreté, d’insécurité, <strong>des</strong><br />

couvre-feux et de la surpopulation dus à<br />

la <strong>des</strong>truction au bulldozer <strong>des</strong> maisons<br />

par l’armée israélienne. Une étude<br />

conduite dans le cadre du Pro<strong>je</strong>t pour<br />

l’Autonomisation <strong>des</strong> Femmes à Gaza<br />

indi<strong>que</strong> <strong>que</strong> 60 pour cent <strong>des</strong> femmes<br />

et <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s interrogées ont subi <strong>une</strong><br />

violence physi<strong>que</strong> ou verbale dans leur<br />

foyer. 216 D’autres femmes ont déclaré à<br />

<strong>une</strong> équipe de l’UNIFEM <strong>que</strong> depuis <strong>que</strong><br />

<strong>des</strong> membres masculins de leur famille<br />

avaient été détenus par les Israéliens, ils<br />

commençaient à utiliser la même violence<br />

contre leurs épouses et leurs enfants <strong>que</strong><br />

celle qu’ils avaient subie. 217<br />

Le Centre féminin d’Assistance<br />

Juridi<strong>que</strong> et de Conseil note: “Avec<br />

un durcissement de la restriction de la<br />

liberté de mouvement <strong>des</strong> hommes, de<br />

plus en plus de femmes sont obligées<br />

de sortir du cocon protégé de leur foyer<br />

pour chercher un emploi de subsistance<br />

pour leur famille, alors <strong>que</strong> leurs maris<br />

chômeurs restent à la maison. Ce<br />

renversement soudain et involontaire <strong>des</strong><br />

rôles entre les hommes et les femmes<br />

perturbe la stabilité <strong>des</strong> relations<br />

intrafamiliales et place les femmes<br />

dans <strong>une</strong> position périlleuse. Beaucoup<br />

d’hommes ont recours à <strong>des</strong> moyens<br />

violents pour affirmer leur contrôle<br />

sur la famille, en raison de l’insécurité<br />

qu’ils ressentent au su<strong>je</strong>t de leur statut<br />

au sein de la famille et de frustrations<br />

dues à un sentiment d’impuissance. Il<br />

n’est pas surprenant <strong>que</strong> la frustration et<br />

l’insécurité <strong>des</strong> hommes se répercutent<br />

négativement sur les femmes. Elles<br />

deviennent alors les victimes de<br />

violences domesti<strong>que</strong>s accrues.“<br />

PROTEGER LES FILLES<br />

Les législations protégeant les femmes<br />

contre la violence domesti<strong>que</strong> n’existent<br />

<strong>que</strong> dans 45 pays. La Serbie est l’un<br />

<strong>des</strong> plus récents. Le 14 juin 2007, le<br />

Parlement serbe a adopté <strong>une</strong> nouvelle<br />

loi contre la violence domesti<strong>que</strong>, en<br />

même temps qu’elle définit les droits<br />

à l’héritage <strong>des</strong> femmes. D’après<br />

Brankica Grupkovic, Ministre Adjoint<br />

<strong>des</strong> Affaires Intérieures de Serbie,<br />

“récemment encore, notre législation ne<br />

contenait auc<strong>une</strong> disposition relative à<br />

la violence familiale, bien <strong>que</strong> les textes<br />

contiennent <strong>une</strong> déclaration d’égalité,<br />

mais rien n’avait été prévu pour sa<br />

mise en application. Maintenant, grâce<br />

aux groupes de pression féminins,<br />

<strong>des</strong> amendements au Code pénal<br />

traitant de la violence familiale ont<br />

été adoptés.” Au Cambodge, les<br />

organisations féminines ont aidé<br />

à informer les gens sur la violence<br />

domesti<strong>que</strong> et ses consé<strong>que</strong>nces et<br />

à militer pour <strong>des</strong> changements de la<br />

loi. “Après cinq années de travail, les<br />

gens ont commencé à comprendre <strong>que</strong><br />

la violence domesti<strong>que</strong> n’est pas <strong>une</strong><br />

<strong>que</strong>stion qui relève de la vie privée,” dit<br />

Hor Phally, directrice du Pro<strong>je</strong>t contre la<br />

Violence Domesti<strong>que</strong>.<br />

Un rapport de 2005 relève <strong>que</strong>: “Les<br />

lois existantes n’offrent pas <strong>une</strong><br />

protection suffisante aux victimes de la<br />

violence familiale et dans certains cas,<br />

elles encouragent même ce type d’abus<br />

; même les dispositions qui prévoient<br />

<strong>une</strong> protection limitée aux femmes<br />

victimes, ne sont pas appliquées et il<br />

n’existe aucun mécanisme institutionnel<br />

pour faire appli<strong>que</strong>r la loi et protéger<br />

les droits <strong>des</strong> femmes.” 218<br />

d) À la recherche d’un refuge<br />

Selon les estimations, 20 millions d’enfants<br />

ont été forcés de fuir leurs foyers à cause<br />

d’un conflit et soit ils vivent comme réfugiés,<br />

soit ils sont déplacés à l’intérieur de leurs<br />

propres frontières nationales. 219<br />

Les <strong>fille</strong>s sont confrontées à <strong>des</strong> difficultés<br />

spécifi<strong>que</strong>s en tant <strong>que</strong> réfugiées ou<br />

personnes déplacées. Leur vie quotidienne<br />

est parsemée d’embûches. Les <strong>fille</strong>s sont<br />

celles qui ont le moins de chance de<br />

bénéficier d’un soutien ou d’<strong>une</strong> assistance,<br />

ou d’avoir accès à <strong>des</strong> soins de santé<br />

essentiels dans un camp de réfugiés ou de<br />

personnes déplacées en raison de barrières<br />

culturelles, de négligence ou d’absence de<br />

service approprié. Un <strong>des</strong> problèmes les<br />

plus ardus dans les camps de réfugiés et<br />

de personnes déplacées, est <strong>que</strong> les <strong>fille</strong>s<br />

peuvent être contraintes d’abandonner leur<br />

éducation à cause de l’absence de toilettes<br />

séparées et d’enseignantes féminines.<br />

LA VIE DANS<br />

LE CAMP DE<br />

PERSONNES<br />

DEPLACEES DE<br />

MOTAEL A DILI,<br />

TIMOR-LESTE<br />

“J’ai vécu dans<br />

le camp pendant<br />

environ deux ans<br />

avec ma mère, deux sœurs et trois frères.<br />

Auparavant, nous vivions dans notre<br />

maison à Dili. J’allais à l’école et jouais<br />

avec mes amis. Ce <strong>que</strong> <strong>je</strong> savais le mieux,<br />

c’était les mathémati<strong>que</strong>s, mais à présent,<br />

après notre déménagement, <strong>je</strong> ne peux<br />

plus aller à l’école. Un jour, notre maison<br />

a été incendiée et détruite. Les gens<br />

se battaient dans la rue et <strong>je</strong>taient <strong>des</strong><br />

pierres. J’ai eu vraiment peur. J’ai vu ma<br />

maison en feu et j’étais terrifiée.<br />

Maintenant, <strong>je</strong> ne vais plus à l’école.<br />

Dans le camp, j’aide ma maman au<br />

ménage. Je l’aide à nettoyer la tente, mes<br />

frères m’aident aussi. Ils portent l’eau<br />

et vont chercher le bois. Il y a déjà eu<br />

<strong>des</strong> combats dans le camp. Des groupes<br />

d’hommes sont venus dans le camp après<br />

avoir bu. Ils <strong>je</strong>ttent <strong>des</strong> pierres dans le<br />

camp et commencent à hurler. C’est<br />

dangereux et ça me fait peur.<br />

J’espère retourner à l’école pour<br />

pouvoir poursuivre mes cours et devenir<br />

professeur un jour.”<br />

Lucia (12 ans)<br />

Fabio De Paola<br />

114 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 115

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