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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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en soi contribuer à l’insécurité.<br />

Exploitation sexuelle<br />

“Beaucoup de <strong>fille</strong>s se retrouvent à la rue,<br />

obligées à la prostitution à cause de la<br />

pauvreté, c’est vraiment terrible.”<br />

Je<strong>une</strong> femme, (18 ans), Burundi 185<br />

Si la sécurité économi<strong>que</strong> d’un ménage<br />

n’est pas assurée par <strong>des</strong> opportunités, la<br />

vulnérabilité <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s à la violence sexuelle<br />

ou à d’autres formes de violence est très<br />

grande. Les <strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes<br />

peuvent être obligées de vendre leur<br />

corps pour vivre. “L’exploitation sexuelle<br />

<strong>des</strong> <strong>fille</strong>s est aggravée dans <strong>des</strong> situations<br />

où il y a peu d’opportunités offertes aux<br />

populations déplacées ou réfugiées de<br />

trouver un moyen de subvenir à leurs<br />

besoins fondamentaux. Dans de tels cas,<br />

l’exploitation sexuelle ou commerciale peut<br />

figurer parmi les rares options ouvertes aux<br />

<strong>fille</strong>s pour avoir un revenu, ou acquérir <strong>des</strong><br />

biens afin d’assurer leur survie ou aider leur<br />

famille,” dit un rapport. 186<br />

Au Sud du Soudan, par exemple, où peu<br />

après l’accord de paix, la plupart <strong>des</strong> gens<br />

vivent encore dans <strong>une</strong> pauvreté extrême,<br />

les écoles ne peuvent fonctionner <strong>que</strong> si les<br />

élèves peuvent rémunérer les enseignants.<br />

Le résultat de cette situation est qu’échanger<br />

<strong>des</strong> services sexuels contre de l’argent<br />

devient le seul moyen pour les <strong>fille</strong>s d‘obtenir<br />

de quoi faire face aux frais scolaires, aux<br />

uniformes, aux fournitures et autres produits,<br />

tels du savon et <strong>des</strong> garnitures périodi<strong>que</strong>s. 187<br />

En Sierra Leone, un grand nombre<br />

d’anciennes combattantes se livrent à la<br />

petite délinquance, la toxicomanie ou à la<br />

prostitution pour survivre. 178 Les soldats<br />

disposent de revenus alors <strong>que</strong> la prostitution<br />

peut être la seule façon pour les <strong>fille</strong>s de<br />

gagner leur vie.<br />

Mais à <strong>que</strong>l prix! Beaucoup de <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

femmes sont contaminées par le VIH ou <strong>des</strong><br />

maladies sexuellement transmissibles. Le<br />

témoignage ci-<strong>des</strong>sous montre combien les<br />

pro<strong>je</strong>ts qui y sont décrits peuvent vraiment<br />

faire <strong>une</strong> différence dans la vie <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et<br />

méritent d’être multipliés.<br />

L’HISTOIRE DE MARY<br />

Marie (ce n’est pas son vrai nom) a<br />

commencé ses années d’adolescence en<br />

prenant soin de sa mère mourante. À l’âge<br />

de 14 ans, la <strong>je</strong><strong>une</strong> <strong>fille</strong> a vu <strong>des</strong>cendre<br />

le corps de sa mère dans <strong>une</strong> fosse<br />

comm<strong>une</strong>. Mary était devenue sans le<br />

savoir un <strong>des</strong> 880.000 enfants orphelins<br />

du SIDA de l’Ouganda.<br />

La grand-mère de Mary préparait<br />

clan<strong>des</strong>tinement de l’alcool qu’elle<br />

vendait à <strong>une</strong> clientèle masculine pour<br />

<strong>que</strong>l<strong>que</strong>s cents. Elle accepta de la prendre<br />

chez elle. Peu après, la grand-mère décida<br />

qu’il était plus rentable de racoler <strong>des</strong><br />

clients pour deux marchandises plutôt<br />

<strong>que</strong> pour <strong>une</strong> et elle commença à vendre<br />

Mary à <strong>des</strong> hommes pour 20 cents US<br />

la passe. N’ayant personne vers qui se<br />

tourner, Mary était prise au piège. Elle<br />

avait donné naissance à deux bébés à<br />

l’âge de 17 ans. Elle se mit à ressentir<br />

<strong>des</strong> douleurs abdominales aigües. Elle ne<br />

savait pas où elle pourrait se faire aider;<br />

<strong>une</strong> autre <strong>fille</strong> lui proposa d’aller voir<br />

Mama Joyce.<br />

Joyce Kintu, <strong>une</strong> infirmière qualifiée,<br />

avait fondé, trois ans plus tôt, le pro<strong>je</strong>t<br />

de l’AMREF pour les prostituées dans les<br />

bidonvilles de Makerere III à Kampala.<br />

Son travail consistait à encourager<br />

les 800 prostituées du bidonville à se<br />

faire dépister pour le VIH, à se faire<br />

suivre et à se former à l’usage de<br />

préservatifs pour <strong>des</strong> rapports sexuels<br />

protégés et enfin, à abandonner le<br />

commerce du sexe au bénéfice d’activités<br />

lucratives moins dangereuses. Sur le<br />

minuscule terrain fourni au centre par<br />

les collectivités locales, on trouve <strong>une</strong><br />

salle de consultation et <strong>une</strong> salle de<br />

réunion réservée aux discussions et<br />

aux échanges avec les femmes sur <strong>une</strong><br />

série de <strong>que</strong>stions relatives au VIH, au<br />

SIDA et aux droits <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong><br />

enfants entre autres. Au fond de l’arrièrecour,<br />

écrasée par le soleil, on peut voir<br />

<strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes penchées sur <strong>des</strong><br />

machines à coudre. Elles sont en train<br />

d’apprendre la couture.<br />

Au début, la stigmatisation attachée<br />

à ce dispensaire avait fait fuir les<br />

<strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes, mais Joyce a changé de<br />

tacti<strong>que</strong> en proposant <strong>des</strong> soins de santé<br />

maternelle et infantile. Rassurées par<br />

le caractère familial du centre, les <strong>fille</strong>s<br />

affluèrent par centaines.<br />

La première visite à Mama Joyce<br />

a confirmé à Mary sa crainte d’être<br />

séropositive, mais elle lui a également<br />

donné de l’espoir. Joyce aimerait installer<br />

Mary dans un commerce de vêtements<br />

de seconde main, mais <strong>que</strong>l <strong>que</strong> soit<br />

son choix, il faut <strong>que</strong> Mary gagne plus<br />

<strong>que</strong> ce qu’elle avait en se vendant car<br />

autrement elle ris<strong>que</strong> de retomber dans<br />

la prostitution. Pour le moment, elle a<br />

trouvé le centre chaleureux où elle trouve<br />

un traitement et <strong>une</strong> compagnie. 189<br />

Des <strong>fille</strong>s seules<br />

Tout enfant seul est de ce fait sans<br />

protection et en danger. Dans les<br />

circonstances d’incertitude et de violence<br />

latente caractéristi<strong>que</strong>s de la période<br />

de l’après conflit, les enfants sont<br />

particulièrement exposés. Selon l’UNICEF,<br />

dans les années 1990, plus d’un million<br />

d’enfants ont été séparés de leurs familles à<br />

cause de la guerre, Ces enfants, d’après Save<br />

the Children “courent <strong>des</strong> ris<strong>que</strong>s accrus<br />

d’exploitation, d’abus sexuels, de service<br />

militaire forcé, de maladie et de mort.” 190 De<br />

surcroît les <strong>fille</strong>s ne jouissent pas <strong>des</strong> mêmes<br />

droits d’héritage <strong>que</strong> les garçons et ris<strong>que</strong>nt<br />

de se voir confis<strong>que</strong>r leurs biens si elles<br />

deviennent orphelines.<br />

Au Rwanda, le génocide a laissé environ<br />

60.000 foyers dont les chefs de famille<br />

sont <strong>des</strong> enfants, dont 75 pourcent sont<br />

<strong>des</strong> <strong>fille</strong>s. 191<br />

Au Burundi, le nombre d’enfants de 7<br />

à 14 ans obligés de travailler pour assurer<br />

la subsistance de leurs frères et sœurs est<br />

monté à 30,6 pour cent. 192<br />

Un grand nombre de <strong>fille</strong>s sont orphelines à<br />

cause du SIDA ou d’autres facteurs liés à <strong>des</strong><br />

années de conflit. D’après l’UNICEF, 13 <strong>des</strong><br />

17 pays où l’on dénombre 100.000 orphelins<br />

pour cause de SIDA sont en proie à un conflit<br />

ou au bord d’<strong>une</strong> situation d’urgence.<br />

Les conflits affectent les <strong>fille</strong>s et les<br />

femmes d’<strong>une</strong> manière disproportionnée,<br />

mais c’est également d’<strong>une</strong> manière<br />

disproportionnée <strong>que</strong> les efforts de<br />

consolidation de la paix, orientés par les<br />

hommes, et le pouvoir d’apporter un<br />

changement, sont entre les mains <strong>des</strong><br />

hommes. Les programmes de création de<br />

revenus après les conflits sont souvent<br />

centrés sur la création d’emplois pour les<br />

<strong>je</strong><strong>une</strong>s gens afin qu’ils soient occupés et ne<br />

présentent pas <strong>une</strong> menace pour la sécurité.<br />

Une étude post-conflit <strong>des</strong> opportunités au<br />

Soudan fait nettement ressortir un traitement<br />

inéquitable <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s. Par exemple, le grand<br />

nombre d’opportunités offertes pour obtenir<br />

<strong>des</strong> compétences utiles et <strong>des</strong> emplois est<br />

principalement orienté vers les hommes.<br />

Lorsqu’on pourvoit les <strong>fille</strong>s d’opportunités<br />

de développement de compétences, celles-ci<br />

portent généralement sur <strong>des</strong> activités telles<br />

<strong>que</strong> la couture ou <strong>des</strong> activités ménagères<br />

renforçant les idéologies dominantes de<br />

genre et pas toujours très rentables.<br />

Alors <strong>que</strong> tant de <strong>fille</strong>s sont chefs de<br />

famille, les programmes financés pendant<br />

les pério<strong>des</strong> d’après conflit devraient se<br />

concentrer sur le droit <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>des</strong><br />

<strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes de trouver <strong>des</strong> moyens<br />

sûrs pour qu’elles puissent subvenir à leurs<br />

besoins et à ceux de leur famille. De tels<br />

programmes permettraient aux <strong>fille</strong>s non<br />

Se former<br />

pour <strong>une</strong> vie<br />

nouvelle au<br />

Liberia.<br />

Abbie Trayler-Smith/ Panos Pictures<br />

106 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 107

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