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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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Les effets <strong>des</strong> conflits sur les moyens d’existence <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s 177<br />

Ressources en moyens<br />

d’existence<br />

Ressources naturelles<br />

Terres agricoles, pâturages,<br />

eau, bois, poisson<br />

Ressources physi<strong>que</strong>s<br />

Equipements agricoles,<br />

graines, outils, machines à<br />

coudre, véhicules, bétail,<br />

maisons<br />

Ressources humaines<br />

Main-d’œuvre au sein<br />

du ménage, éducation,<br />

compétences et formation<br />

professionnelle<br />

Ressources financières<br />

Salaires, accès au crédit,<br />

épargne<br />

Ressources sociales<br />

structures tribales, groupes<br />

religieux, associations de<br />

voisinage<br />

Ressources politi<strong>que</strong>s<br />

citoyennetés, accession au<br />

leadership politi<strong>que</strong>, recours<br />

à un système juridi<strong>que</strong><br />

opérationnel<br />

d’entre elles avaient peur de se montrer.<br />

Nous savions <strong>que</strong> nous atta<strong>que</strong>r était aussi<br />

atta<strong>que</strong>r nos communautés et nous avions<br />

peur <strong>que</strong> nos familles nous re<strong>je</strong>ttent et nous<br />

blâment pour ce qui est arrivé. Ce n’était<br />

pas de notre faute.”<br />

Rapport sur la <strong>je</strong><strong>une</strong>sse de Sierra Leone de<br />

la Commission Vérité et Réconciliation<br />

Un certain nombre de raisons expli<strong>que</strong>nt<br />

Chocs induits<br />

par les conflits<br />

Pillage ou <strong>des</strong>truction<br />

Incendie, déplacement<br />

perte d’accès aux<br />

pâturages<br />

Décès, perte de<br />

productivité, invalidité,<br />

fermetures <strong>des</strong> écoles et<br />

<strong>des</strong> lieux de travail<br />

Effondrement du<br />

système bancaire,<br />

déplacement, cause de<br />

chômage<br />

Déplacement, lutte<br />

entre les groupes<br />

Dégradation de l’état,<br />

perte du système<br />

juridi<strong>que</strong><br />

Effets sur les <strong>fille</strong>s<br />

Mêmes effets <strong>que</strong> sur les autres membres du<br />

foyer mais vulnérabilité accrue au viol ou à la<br />

violence sexuelle survenant souvent en cherchant<br />

de l’eau, donc l’absence de ressources en eau<br />

peut avoir <strong>des</strong> consé<strong>que</strong>nces ma<strong>je</strong>ures<br />

Les <strong>fille</strong>s sont vulnérables au viol et à la violence<br />

physi<strong>que</strong><br />

Les <strong>fille</strong>s sont susceptibles de devenir chefs de<br />

famille et de perdre l’accès aux soins de santé<br />

vitaux et à l’éducation<br />

Les <strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes peuvent avoir peu<br />

de ressources financières propres et, de ce fait,<br />

beaucoup dépendent <strong>des</strong> autres<br />

Les structures sociales peuvent soutenir les<br />

<strong>fille</strong>s mais également travailler contre elles<br />

et restreindre leur liberté. La perte de tels<br />

systèmes peut agir contre les <strong>fille</strong>s mais peut<br />

également travailler en leur faveur et leur donner<br />

davantage de choix dans leurs vies<br />

Les systèmes politi<strong>que</strong>s et juridi<strong>que</strong>s peuvent<br />

déjà avoir introduit <strong>une</strong> discrimination <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s,<br />

ce qui signifie qu’elles ne sont pas en mesure de<br />

participer à l’emploi ou à l’économie formelle.<br />

Cette situation est exacerbée durant le conflit. Les<br />

droits à la terre et à l’héritage <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s peuvent<br />

ne pas avoir été inscrits dans la loi<br />

pourquoi les <strong>fille</strong>s sont exclues <strong>des</strong><br />

programmes de DDRR, ou plus exactement<br />

pourquoi lorsqu’elles sont intégrées dans<br />

ces programmes, leurs besoins ne sont pris<br />

en compte <strong>que</strong> d’<strong>une</strong> façon médiocre. En<br />

premier lieu, on suppose, conformément<br />

aux stéréotypes, <strong>que</strong> les combattants sont<br />

<strong>des</strong> hommes.<br />

En second lieu, les combattants éligibles<br />

au titre du programme DDRR sont soit<br />

auto proclamés, soit désignés par leurs<br />

commandants. Ces deux cas de figure<br />

posent problème pour les <strong>fille</strong>s. Au Liberia,<br />

les commandants ont dressé les listes de<br />

ceux qui bénéficieraient <strong>des</strong> DDRR, et en<br />

ont exclu les <strong>fille</strong>s. En Sierra Leone, les<br />

commandants n’ont pas permis aux <strong>fille</strong>s de<br />

souscrire au programme. Dans certains cas,<br />

les commandants ont confisqué leurs armes<br />

aux <strong>fille</strong>s avant le désarmement: elles ne<br />

pouvaient donc plus prouver qu’elles avaient<br />

été soldates et ont été obligées de rester avec<br />

les soldats dont elles étaient les ‘épouses’.<br />

En troisième lieu, par crainte de<br />

stigmatisation, les <strong>fille</strong>s ne souhaitent<br />

pas être identifiées comme anciennes<br />

combattantes par leurs familles ou par<br />

leurs communautés. Un chercheur de Sierra<br />

Leone note: “Pour <strong>une</strong> large part, leur<br />

stratégie est celle du secret. Elles reviennent<br />

furtivement chez elles et veulent <strong>que</strong><br />

personne ne sache ce qui leur est arrivé…<br />

Elles examinent différentes stratégies<br />

d’intégration et celle qui leur semble la<br />

meilleure consiste tout simplement à<br />

retourner dans leurs villages en minimisant<br />

ce qui leur est arrivé. Elles commencent par<br />

retrouver leur famille, et quand cela marche,<br />

elles y restent. Mais souvent cela ne va pas<br />

et elles vont ailleurs.” 169<br />

Une ex combattante libérienne dit: “La<br />

plupart de mes amis ne savent pas <strong>que</strong> <strong>je</strong><br />

me <strong>suis</strong> battue et <strong>je</strong> préfère qu’on en reste<br />

là. Les gens n’aiment pas les anciennes<br />

combattantes. Après la guerre, <strong>je</strong> <strong>suis</strong> allée<br />

vivre chez ma tante ; elle est la seule à savoir<br />

et <strong>je</strong> ne veux pas <strong>que</strong> tous les autres soient<br />

au courant. S’ils le sont et <strong>que</strong> quoi <strong>que</strong> ce<br />

soit de mauvais arrive, ils me pointeront du<br />

doigt et diront <strong>que</strong> j’en <strong>suis</strong> la cause.” 170<br />

En quatrième lieu, les programmes DDRR<br />

sont fondés sur l’hypothèse <strong>que</strong> les <strong>fille</strong>s<br />

vont retourner au même endroit <strong>que</strong> celui<br />

dont elles sont parties. C’est faire peu de cas<br />

<strong>des</strong> raisons qui à l’origine les ont poussées à<br />

partir et à s’engager: échapper aux abus et<br />

aux violences domesti<strong>que</strong>s subis à la maison,<br />

ou la quête d’<strong>une</strong> vie moins contrainte.<br />

Afin de pouvoir bénéficier <strong>des</strong> mesures de<br />

démobilisation, il leur aura peut-être fallu<br />

restituer leur arme, qui n’est souvent pas en<br />

leur possession, et vivre dans un camp, où<br />

elles redoutent <strong>une</strong> violence supplémentaire.<br />

En cinquième lieu, les <strong>fille</strong>s qui ont<br />

combattu dans <strong>des</strong> forces armées, peuvent<br />

être perçues comme <strong>une</strong> menace aux<br />

yeux de leurs familles. À cause de tout<br />

ce qu’elles ont subi, leur comportement<br />

peut être devenu agressif et elles peuvent,<br />

“utiliser un langage grossier, consommer<br />

<strong>des</strong> drogues, fumer, ou tuer et manger <strong>des</strong><br />

bêtes qui ne leur appartiennent pas”. 171<br />

Il devient tout simplement trop difficile de<br />

redevenir celles qu’elles étaient et assumer<br />

leurs rôles traditionnels au sein de la famille<br />

et de la communauté.<br />

Enfin, les gouvernements sont trop<br />

embarrassés d’avoir à avouer qu’ils ont<br />

utilisé <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans leurs forces armées, en<br />

violation expresse de la Convention relative<br />

aux <strong>Droits</strong> <strong>des</strong> Enfants, ce qui les place en<br />

mauvaise posture face à leurs homologues<br />

dans l’arène internationale.<br />

CÉRÉMONIE<br />

Marie a de la chance. Âgée de 17 ans mais<br />

paraissant beaucoup plus <strong>je</strong><strong>une</strong>, elle a été<br />

enlevée de son école de <strong>fille</strong>s privée par<br />

l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA),<br />

en Ouganda. Elle dit qu’elle s’est montrée<br />

“très cruelle” lorsqu’elle était dans ses<br />

rangs, mais qu’elle n’a pas eu le choix.<br />

Pour fêter son retour, les gens ont chanté<br />

et dansé. Des leaders religieux sont venus<br />

la voir chez elle et lui ont dit: “Ne regarde<br />

pas en arrière, mais seulement devant toi.”<br />

Marie raconte comment le chef du clan<br />

lui a dit qu’elle était“… <strong>une</strong> <strong>fille</strong> utile qui<br />

devait servir d’exemple... et continuer à<br />

prier pour ceux qui étaient dans la brousse.<br />

Ils croyaient en moi.” Dans son village,<br />

seulement 27 <strong>des</strong> enfants enlevés sont<br />

rentrés; les autres sont restés dans la LRA,<br />

ou sont morts. Marie a l’intention de finir<br />

son éducation, de trouver un travail et<br />

d’aider financièrement sa famille. Elle ne<br />

veut pas se marier. 172<br />

5 L’impact économi<strong>que</strong> d’un<br />

conflit violent sur les <strong>fille</strong>s et les<br />

<strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes<br />

“La plupart <strong>des</strong> enfants d’Afghanistan<br />

travaillent dans la rue. À un âge où ils<br />

devraient s’occuper uni<strong>que</strong>ment d’étudier.<br />

On les force à travailler et à gagner la vie de<br />

leurs familles.”<br />

102 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 103

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