Parce que je suis une fille - Droits des filles

souffrance et de la stigmatisation
En triomphe
Vous êtes quelqu’un!
Pensez-la, voyez-la, rêvez-la, devenez-la
Vous êtes quelqu’un!
Définissez-la pour vous-même.
4 Les filles mises à l’écart:
Démilitarisation, Démobilisation,
Réhabilitation et Réintégration
Janah Ncube
“Dans l’ensemble, les opérations
d’assistance internationale continuent à
négliger les besoins spécifiques des femmes
et des filles dans les mouvements armés
dans le cadre du processus DDRR.”
Noleen Heyzer, Directeur exécutif,
UNIFEM 160
“La plupart des filles capturées par des
forces armées et détenues à des fins
sexuelles ont été exclues des programmes
de réintégration… Ces filles ont été
abandonnées et ont du se battre pour
survivre. Beaucoup d’entre elles ont été
exposées à des violations supplémentaires
et continuent à souffrir.”
Rapport sur la jeunesse de la Commission
Vérité et Réconciliation de Sierra Leone
Après un conflit, de nombreuses
organisations financent et organisent
des programmes que l’on appelle DDRR
(Démilitarisation, Démobilisation,
Réhabilitation et Réintégration). Les
programmes DDRR sont prévus pour la
démobilisation des soldats, pour retirer les
armes de la circulation et aider les anciens
combattants à retourner à la vie civile au
moyen, par exemple, de programmes de
formation et de programmes d’attribution
de crédits. Parfois, les combattants qui
rentrent reçoivent une somme d’argent,
mais le plus souvent, les filles qui ont
combattu ne figurent pas dans ces
programmes. C’est en partie du au fait
qu’elles ne souhaitent pas être inclues par
crainte de stigmatisation; parfois parce
que leurs commandants les en empêchent
et parfois parce que les programmes sont
conçus seulement pour les garçons.
DEFINITION DES DDRR
Le Désarmement est la collecte d’armes
petites, légères et lourdes dans une zone
de conflit. Il implique fréquemment le
rassemblement et le cantonnement des
combattants; il devrait également inclure
l’élaboration de programmes de gestion
des armes, y compris leur stockage en
lieu sûr et leur élimination définitive,
voire leur destruction. Le déminage peut
également faire partie de ce processus.
La Démobilisation fait référence au
processus par lequel les parties à un
conflit commencent à démanteler
leurs installations militaires et où les
combattants commencent à retourner
à la vie civile. Il implique généralement
l’immatriculation des anciens
combattants, une forme d’assistance pour
leur permettre de répondre à leurs besoins
de base immédiats, la fin de service et le
transport vers leur communauté d’origine.
La Réhabilitation et la Réintégration
fait référence au processus qui
permet aux ex-combattants et à leurs
familles de s’adapter économiquement
et socialement, à une vie civile
productive. Il comprend l’éducation
formelle, la formation professionnelle
et la réinsertion sociale. Il implique
généralement l’octroi d’une indemnité en
espèces ou en nature. Pour être efficaces,
ces mesures dépendent fréquemment
des engagements plus vastes: aide au
retour pour les réfugiés et les personnes
déplacées; développement économique
au niveau national et communautaire;
remise en état des infrastructures; les
efforts de vérité et de réconciliation;
réforme des institutions. L’amélioration
des capacités locales est souvent
essentielle pour le succès à long terme de
161, 162
la réintégration.
La plupart des programmes de DDRR
supposent que les combattants soient
des hommes. Parfois, des programmes
distincts sont élaborés pour les enfants et
les adolescents, souvent sans préciser leur
spécificité de genre. Les programmes de
DDRR prennent rarement en compte les filles
mamans quand bien même elles pourraient
avoir été combattantes.
En tant qu’enfants, elles sont souvent
omises dans les programmes de DDRR, ainsi
en Guinée-Bissau, 119 enfants seulement
ont été officiellement démobilisés sur les
milliers de ceux qui se trouvaient dans les
conflits armés de 1998-99. Après la fin de
la guerre en Guinée Papouasie en 1997,
des milliers d’enfants qui avaient combattu
avec les forces gouvernementales et, dans
l’opposition, avec l’Armée Révolutionnaire
de Bougainville. En Colombie, 10 pour cent
du nombre total estimé d’enfant soldats ont
été démobilisés depuis 1999. En Angola, les
autorités n’ont pas classé les moins de 18
ans dans les forces combattantes en tant
que soldats, et ils se sont trouvés exclus de
l’aide offerte aux adultes. 163 Les filles ont été
doublement exclues: une fois parce qu’elles
étaient des enfants, et une deuxième parce
qu’elles n’étaient pas de sexe masculin.
• Au Timor-Leste – Plus de 10.000
combattants masculins ont été enregistrés
comme demandeurs d’aide mais les
femmes étaient exclues. 164
• En Angola – les femmes qui
n’accomplissaient pas de tâches militaires
dans les armées n’avaient droit à aucun
appui au titre du programme de DDRR. 165
• En Sierra Leone – seulement 513 des 6.774
enfants démobilisés étaient des filles. 166
• Au Mozambique – à l’exception d’un
nombre limité de jeunes femmes,
officiellement démobilisées de la force
gouvernementale du FRELIMO, les filles
n’ont pas pris part aux processus officiels
de démobilisation et seuls les garçons
ont été intégrés dans des programmes de
réhabilitation d’enfants soldats. 167
Les conséquences sont terribles pour
les filles soldates, qui représentent dans
plusieurs pays un effectif militaire supérieur
aux estimations initiales. Un grand nombre
d’anciennes combattantes risquent d’être
obligées de s’adonner au crime ou à la
prostitution pour pouvoir survivre.
DES FILLES LAISSÉES POUR COMPTE
En Sierra Leone, beaucoup de filles qui
avaient combattu n’ont pas bénéficié
du processus de démobilisation et de
réintégration. Près de 60 pour cent de
ces filles avaient été enlevées. Un projet
spécial a été mis sur pied pour identifier
et venir en aide à 3.000 filles. En 2003,
724 filles s’étaient inscrites, 110 ont été
réunies avec leurs familles et 460 ont
participé à des formations destinées à
acquérir des compétences et/ou à des
programmes destinés à générer des
revenus. En 2004, l’UNICEF a lancé le
projet des ‘Filles laissées pour compte‘
qui proposait à des filles ou à des
jeunes femmes une éducation de base
et une formation courte d’acquisition de
compétences accompagnées de soutien
psychosocial et de soins de santé primaire
de base.
Le projet visait les filles et les femmes
qui vivaient encore avec leurs ravisseurs,
ou bien celles qui avaient été enlevées,
ou qui avaient été libérées ou bien qui
s’étaient enfuies.
Au début, la plupart des filles et des
jeunes femmes disaient avoir le sentiment
d’être des parias, mais à la fin de l’atelier,
elles se sentaient plus assurées, plus
respectées, plus capables de régler des
conflits et plus heureuses. 168
Pourquoi ne fait-on pas participer les filles?
“Pourquoi un si grand nombre de filles
sont-elles laissées de côté? Beaucoup
Reuters/ Radu Sigheti, courtesy www.alertnet.org
Rêvant de
l’avenir en
Éthiopie.
100 L a Situation des filles dans le monde 101