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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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multiples effets qui se manifestent entre la<br />

période de l’immédiat après-guerre et celle<br />

pendant la<strong>que</strong>lle un pays s’efforce de se<br />

reconstruire. Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes peuvent être<br />

autant en danger aussitôt après <strong>une</strong> guerre<br />

<strong>que</strong> pendant celle-ci. Les soldats démobilisés<br />

peuvent vagabonder dans le pays sans <strong>que</strong> la<br />

police ou d’autres services de sécurité légaux<br />

aient repris leur travail.<br />

Le processus d’effondrement ou<br />

d’affaiblissement <strong>des</strong> institutions étati<strong>que</strong>s<br />

sous le coup <strong>des</strong> violences prend en général<br />

plusieurs années: la pauvreté aggrave les<br />

choses, les infrastructures sont détruites<br />

et la cohésion sociale continue de se<br />

défaire. Certaines formes de coopération<br />

communautaire peuvent survivre au conflit<br />

mais il est naturel qu’elles soient affaiblies.<br />

D’autres sont complètement détruites et,<br />

de ce fait, la capacité de ces institutions à<br />

apporter <strong>une</strong> contribution à la reconstruction<br />

est limitée. Des organisations ou <strong>des</strong><br />

activités au niveau communautaire sont<br />

souvent possibles, toutefois <strong>des</strong> plaidoyers<br />

de haut niveau ou <strong>des</strong> changements à<br />

<strong>des</strong> systèmes ou à <strong>des</strong> structures peuvent<br />

dépasser leurs capacités. Le besoin d’agir<br />

est habituellement grand, sans pour autant<br />

<strong>que</strong> les nouveaux gouvernements soient<br />

en mesure d’établir <strong>une</strong> administration<br />

légitime et d’assurer <strong>des</strong> services efficaces à<br />

la population. D’autres institutions publi<strong>que</strong>s<br />

ou privées peuvent aussi être affaiblies<br />

au point de ne pas pouvoir combler les<br />

man<strong>que</strong>s qui apparaissent dans l’offre de<br />

services. Les gouvernements donateurs ou<br />

autres institutions internationales peuvent<br />

être tellement axées sur l’apport d’<strong>une</strong> aide<br />

humanitaire et sur la réponse aux besoins<br />

immédiats <strong>des</strong> personnes touchées par le<br />

conflit, <strong>que</strong> la reconstitution <strong>des</strong> sources de<br />

revenus ou du tissu social <strong>des</strong> communautés,<br />

ou encore la transformation <strong>des</strong> relations<br />

de genre - qui ont <strong>des</strong> consé<strong>que</strong>nces<br />

particulières pour les <strong>fille</strong>s - semblent de<br />

moindre importance.<br />

2 Panser les plaies – les <strong>fille</strong>s agissent<br />

en faveur du changement<br />

“Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s peuvent promouvoir un<br />

dialogue entre les deux parties à un conflit<br />

; on devrait leur permettre de participer aux<br />

conférences de paix et ils devraient avoir<br />

<strong>des</strong> occasions de travailler avec <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

‘de l’autre bord’ dans le cadre de pro<strong>je</strong>ts<br />

sociaux et culturel.”<br />

Je<strong>une</strong> <strong>fille</strong> (19 ans) de Roumanie 123<br />

“Négliger les <strong>fille</strong>s et les femmes dans<br />

les crises n’a pas de sens sous l’angle du<br />

développement. Car cela ne reviendrait<br />

pas seulement à occulter les besoins de<br />

la moitié de la population mais encore à<br />

nous priver de sa perspicacité et de son<br />

ingéniosité dans les étapes criti<strong>que</strong>s du<br />

processus de rétablissement.”<br />

Kathleen Cravero, Programme <strong>des</strong><br />

Nations-Unies pour le Développement. 124<br />

Durant les conflits, les <strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

femmes peuvent avoir été obligées d’assumer<br />

<strong>des</strong> rôles nouveaux exigeant un courage et<br />

<strong>une</strong> assurance qu’elles ne se connaissaient<br />

pas auparavant. Les conflits violents du<br />

passé abondent de tels exemples: <strong>des</strong><br />

femmes, <strong>je</strong><strong>une</strong>s ou vieilles, qui n’étaient<br />

jamais sorties de chez elles, travaillant dans<br />

<strong>des</strong> fabri<strong>que</strong>s de munitions durant la seconde<br />

guerre mondiale; <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s<br />

algériennes, passant clan<strong>des</strong>tinement <strong>des</strong><br />

armes et <strong>des</strong> messages lors<strong>que</strong> leur pays<br />

luttait contre l’occupation française; <strong>des</strong><br />

organisations féminines d’Irlande du Nord<br />

jouant un rôle essentiel dans l’édification<br />

de la paix. Dans certains cas, ces nouveaux<br />

rôles <strong>des</strong> femmes n’ont pas survécu au retour<br />

de la paix créant <strong>des</strong> frustrations chez les<br />

femmes; dans d’autres, ces nouveaux rôles<br />

ont apporté <strong>des</strong> changements fondamentaux<br />

dans la division du travail entre les hommes<br />

et les femmes.<br />

Une fois les traités signés et les armes<br />

rendues, on attend souvent <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et<br />

<strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes qu’elles reprennent les<br />

mêmes rôles <strong>que</strong> ceux qu’elles assumaient<br />

avant la guerre. Les voilà, <strong>une</strong> fois de plus,<br />

marginalisées pour <strong>des</strong> raisons d’âge ou de<br />

genre. Pendant cette période, les <strong>fille</strong>s sont<br />

vulnérables à cause de l’exacerbation <strong>des</strong><br />

inégalités existantes entre <strong>fille</strong>s et garçons<br />

au moment où les gens commencent à<br />

reconstruire leurs vies et leurs communautés.<br />

Les <strong>fille</strong>s peuvent constater qu’elles ne<br />

sont toujours pas en mesure d’accéder à<br />

<strong>des</strong> services désespérément nécessaires à<br />

leur santé et à leur éducation, ou encore,<br />

ce qui est plus important, d’assurer la<br />

survie et le bien-être de leurs familles sans<br />

s’exposer elles-mêmes à <strong>des</strong> ris<strong>que</strong>s. Elles<br />

restent souvent sans protection tant <strong>que</strong> les<br />

institutions ne sont pas reconstruites et le<br />

système légal remis sur pied.<br />

S’il est difficile pour les femmes de<br />

reconstruire <strong>des</strong> vies et <strong>des</strong> rôles nouveaux,<br />

c’est encore plus difficile pour <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s. Cela<br />

est en partie du au fait <strong>que</strong> les hommes et<br />

certaines femmes, qui ont gagné pendant<br />

le conflit un pouvoir militaire ou politi<strong>que</strong><br />

accru, ne permettent pas aux <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes<br />

de participer à la planification et à l’exécution<br />

d’activités d’édification de la paix et de<br />

reconstruction. En effet, certaines femmes ne<br />

reconnaissent pas <strong>que</strong> les <strong>fille</strong>s puissent avoir<br />

<strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong>, <strong>une</strong> expérience et <strong>des</strong> idées à<br />

apporter. Les adultes ne sont pas habitués à<br />

écouter les <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s, même s‘il s’agit de<br />

su<strong>je</strong>ts qui concernent la vie de celles-ci, sans<br />

parler de l’avenir de la nation. Là encore, les<br />

<strong>fille</strong>s deviennent invisibles.<br />

Dans la période d’après-conflit, l’impact<br />

<strong>des</strong> changements et l’incertitude varie<br />

énormément d’<strong>une</strong> personne à <strong>une</strong> autre<br />

et d’<strong>une</strong> situation à <strong>une</strong> autre. Cherchant<br />

désespérément à joindre les deux bouts,<br />

certaines <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes se vendent pour<br />

de l’argent ou de la nourriture. D’autres<br />

perdent tout espoir et tentent même de se<br />

suicider. Il y a pourtant aussi beaucoup de<br />

<strong>fille</strong>s qui trouvent <strong>une</strong> nouvelle confiance en<br />

elles et parviennent à rassembler d’autres<br />

<strong>fille</strong>s et <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s afin de travailler ensemble<br />

à un monde sans violence. Un rapport<br />

de l’UNICEF cite: “Filles et garçons… ont<br />

réussi à conduire <strong>des</strong> discussions et <strong>des</strong><br />

débats politi<strong>que</strong>s qui attestent <strong>des</strong> processus<br />

de réconciliation véritable; ils donnent<br />

un soutien psycho social à <strong>des</strong> enfants<br />

plus <strong>je</strong><strong>une</strong>s et sensibilisent au VIH/SIDA.<br />

L’énergie, l’enthousiasme, la résilience ainsi<br />

<strong>que</strong> le profond désir de justice et de paix<br />

qui les anime peut servir de catalyseur à<br />

l’édification de la paix dans leurs familles et<br />

leurs communautés.” 125<br />

GERMES DE PAIX<br />

À 13 ans, Bushra Jawabri a commencé<br />

à représenter <strong>des</strong> écoles du camp<br />

de réfugiés d’Arroub, en Cisjordanie<br />

occupée, à l’occasion de réunions<br />

avec <strong>des</strong> Israéliens devant les<strong>que</strong>ls ils<br />

présentaient le point de vue palestinien<br />

sur divers su<strong>je</strong>ts relatifs au conflit. Julia<br />

Resnitsky a quitté la Russie à l’âge de<br />

sept ans lors<strong>que</strong> sa famille est venue en<br />

tant <strong>que</strong> réfugiés à Jérusalem.<br />

En terminale, elle organise <strong>des</strong> ateliers<br />

de résolution de conflits pour <strong>des</strong> élèves<br />

de collège.<br />

Bushra et Julia ont participé à<br />

l’organisation internationale ‘Seeds of<br />

Peace’ (Germes de Paix) qui aide <strong>des</strong><br />

adolescents appartenant à <strong>des</strong> régions<br />

en conflit à acquérir <strong>des</strong> compétences<br />

en matière d’instauration de la paix. En<br />

novembre 2001, Bushra faisait partie de<br />

la délégation officielle palestinienne à la<br />

Conférence Internationale de la Je<strong>une</strong>sse<br />

de New York City, <strong>des</strong>tinée à éradi<strong>que</strong>r<br />

les causes de la haine et de la terreur et<br />

organisée en réponse aux attentats du 11<br />

septembre. Le leadership de Julia sur les<br />

<strong>que</strong>stions de paix est mis en <strong>que</strong>stion au<br />

sein de sa communauté, chez ses amis et<br />

dans sa famille qui ne partagent pas ses<br />

convictions. Malgré cela, elle continue<br />

à faire du bénévolat auprès de <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

palestiniens et israéliens défavorisés<br />

et incite ses amis à travailler pour la<br />

coexistence pacifi<strong>que</strong>, ce <strong>que</strong>ls <strong>que</strong> soient<br />

les obstacles rencontrés.<br />

Les deux <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s ont été parmi les<br />

lauréates du ‘Prix <strong>des</strong> Voix du Courage’,<br />

décerné en 2002 par la Commission<br />

<strong>des</strong> Femmes pour les Femmes et les<br />

Enfants Réfugiés. En recevant son prix,<br />

Bushra a déclaré: “continuer à croire<br />

en la paix et rester optimiste n’a pas<br />

été facile. Mais ce qui a véritablement<br />

Je<strong>une</strong>s<br />

sensibilisant<br />

au VIH/SIDA<br />

en Ouganda.<br />

D. Watts<br />

86 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 87

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