28.02.2015 Views

Parce que je suis une fille - Droits des filles

Parce que je suis une fille - Droits des filles

Parce que je suis une fille - Droits des filles

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Le contexte<br />

Le Liberia est la plus ancienne Républi<strong>que</strong><br />

d’Afri<strong>que</strong> – fondée par <strong>des</strong> esclaves<br />

affranchis en 1847. Il a lutté pour s’affirmer<br />

en tant <strong>que</strong> nation indépendante, et son<br />

premier Président, William Tubman, était<br />

répressif et impopulaire. Après <strong>une</strong> lutte<br />

pour le pouvoir politi<strong>que</strong> et <strong>des</strong> émeutes<br />

de la faim étendues, Samuel Doe prend le<br />

pouvoir en 1980, mais il s’avère un tyran<br />

impitoyable et un grand nombre de Libériens<br />

se réfugient au-delà de la frontière chez leur<br />

voisin de Côte d’Ivoire. À la fin <strong>des</strong> années<br />

1980, venant de Côte d’Ivoire, le dirigeant<br />

rebelle, Charles Taylor, entre au Liberia à la<br />

tête de ses troupes, déclenchant <strong>une</strong> guerre<br />

civile ma<strong>je</strong>ure.<br />

Pour les <strong>fille</strong>s et les femmes libériennes<br />

les treize années de guerre civile ont été un<br />

enfer. Des atrocités furent commises de tous<br />

côtés et elles en ont supporté tout le poids.<br />

Elles ont subi les viols collectifs, et ont été<br />

asservies par <strong>des</strong> unités combattantes et<br />

forcées de se battre comme combattantes.<br />

Celles qui étaient enceintes suite à un viol<br />

ont parfois été tuées par éventration. Les<br />

survivantes étaient traumatisées et souvent<br />

physi<strong>que</strong>ment blessées ou rendues invali<strong>des</strong>.<br />

Soixante quinze pour cent <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>des</strong><br />

femmes qui se sont présentées dans le cadre<br />

de programmes de désarmement et de<br />

démobilisation ont déclaré avoir été victimes<br />

de viols. 1<br />

Le Groupe de Monitoring de la<br />

Communauté Économi<strong>que</strong> <strong>des</strong> États de<br />

l’Afri<strong>que</strong> de l’Ouest (ECOMOG) plaça <strong>des</strong><br />

forces de maintien de la paix au Liberia<br />

pour suivre la guerre civile mais ils firent<br />

leurs proies <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes<br />

qu’ils étaient venus aider. Le gouvernement<br />

libérien a enregistré 6.000 enfants engendrés<br />

par les forces de maintien de la paix de<br />

l’ECOMOG. Beaucoup de ces enfants ont<br />

par la suite été abandonnés et livrés à la rue. 2<br />

Selon <strong>des</strong> rapports du HCR, les <strong>fille</strong>s et<br />

les femmes connurent <strong>des</strong> niveaux très<br />

élevés de violences sexistes, y compris la<br />

prostitution forcée, dans les camps créés<br />

pour les réfugiés et les personnes déplacées<br />

pendant la guerre civile. Certains de ces abus<br />

sont le fait <strong>des</strong> membres du personnel de<br />

l’ONU eux-mêmes. 3 En 2003, les forces de<br />

maintien de la paix de la Mission <strong>des</strong> Nations<br />

Unies pour le Liberia (UNIMIL) arrivèrent au<br />

Liberia. A la suite de nombreuses allégations<br />

selon les<strong>que</strong>lles <strong>des</strong> soldats de l’UNIMIL et<br />

<strong>des</strong> humanitaires abusaient de petites <strong>fille</strong>s<br />

aussi <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>que</strong> huit ans, les Nations Unies<br />

furent obligées de diligenter <strong>une</strong> enquête<br />

d’envergure qui confirma les accusations et<br />

entacha l’ensemble de la mission. La culture<br />

de violence sexiste, répandue dans les camps<br />

souvent sordi<strong>des</strong> du Liberia, exposa les <strong>fille</strong>s<br />

et les femmes aux maladies sexuellement<br />

transmissibles et au VIH.<br />

Après <strong>une</strong> guerre civile qui a coûté la vie à<br />

plus de 250.000 civils, le Liberia jouit enfin<br />

d’<strong>une</strong> paix relative, sous un gouvernement<br />

démocrati<strong>que</strong>ment élu, dirigé par Ellen<br />

Johnson Sirleaf – la première femme chef<br />

d’État d’Afri<strong>que</strong>. Sous son administration,<br />

l’économie libérienne se rétablit<br />

progressivement et les services sociaux<br />

sont remis en place. Les organisations<br />

humanitaires et d’autres groupes issus de<br />

la vie civile s’emploient énergi<strong>que</strong>ment à<br />

montrer comment les <strong>fille</strong>s et les femmes<br />

luttent pour se remettre <strong>des</strong> effets à long<br />

terme de la guerre civile – et ont lancé <strong>des</strong><br />

campagnes passionnées de sensibilisation<br />

à la violence sexiste et aux autres abus <strong>des</strong><br />

droits <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s et <strong>des</strong> femmes.<br />

En dépit de ce vibrant plaidoyer, d’énormes<br />

défis se posent aux <strong>fille</strong>s et aux femmes du<br />

Liberia après les conflits. On estime <strong>que</strong> 60<br />

à 70 pour cent de la population a souffert<br />

de violence sexuelle, sous <strong>une</strong> forme ou <strong>une</strong><br />

autre. Dans ce chiffre, les <strong>fille</strong>s et les femmes<br />

prédominent, bien qu’on ait pu montrer qu’un<br />

certain nombre de garçons et d’hommes ont<br />

été victimes d’abus similaires. 4<br />

Le Liberia demeure l’un <strong>des</strong> pays les plus<br />

pauvres du monde avec un PIB par habitant<br />

d’à peine US$ 185,50, 5 par rapport à US$<br />

37.023 au Royaume Uni. Plus de trois<br />

quarts, 86 pour cent de la population adulte<br />

est officiellement au chômage et dans de<br />

nombreuses zones rurales, il n’existe qu’un<br />

accès de base à l’éducation, aux soins de<br />

santé et à l’eau potable. 6<br />

Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s, les <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

femmes surtout, sont systémati<strong>que</strong>ment<br />

exclus de la pleine participation à la vie<br />

économi<strong>que</strong>, sociale et politi<strong>que</strong> du Liberia.<br />

Les <strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes continuent<br />

à souffrir d’<strong>une</strong> discrimination de genre<br />

omniprésente et institutionnalisée, qui se<br />

reflète tant dans le droit coutumier <strong>que</strong><br />

dans le droit écrit. Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s émigrent en<br />

nombre croissant <strong>des</strong> campagnes vers les<br />

cités et les villes à la recherche d’un niveau<br />

de vie plus élevé et d’opportunités. Si<br />

certaines <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes s’en sortent très<br />

bien, elles demeurent en majorité dans le<br />

piège d’un cycle de pauvreté urbaine et<br />

de violence et continuent à lutter pour la<br />

maîtrise de leur vie.<br />

82 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 83

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!