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Parce que je suis une fille - Droits des filles

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Marie et ses amies n’ont auc<strong>une</strong> chance<br />

de trouver du travail et elles n’ont pas<br />

de famille pour les aider, elle sont donc<br />

souvent obligées de se vendre pour avoir<br />

de l’argent, de la nourriture ou pour<br />

‘acheter’ la protection de chefs rebelles.<br />

Marie est embarrassée de parler de cela,<br />

mais pense qu’elle n’avait pas le choix.<br />

“Heureusement <strong>que</strong> mon père et ma mère<br />

ne sont pas là pour voir comment <strong>je</strong> vis<br />

aujourd’hui car ils ne m’ont pas appris<br />

à faire ces choses. Mais <strong>que</strong> pouvais<strong>je</strong><br />

faire d’autre? Il n’y a personne pour<br />

m’aider. Je dois élever mes enfants.”<br />

Marie sait qu’il peut être dangereux<br />

pour la santé d’avoir <strong>des</strong> rapports sexuels<br />

avec <strong>des</strong> partenaires multiples mais elle<br />

n’est pas au courant de tous les détails<br />

et n’a aucun moyen de s’informer au<br />

su<strong>je</strong>t <strong>des</strong> MST ou du VIH. Elle ne peut<br />

pas non plus se procurer <strong>des</strong> choses<br />

aussi fondamentales <strong>que</strong> <strong>des</strong> préservatifs<br />

ou <strong>des</strong> contraceptifs pour éviter les<br />

grossesses non désirées. Elle n’a aucun<br />

pouvoir pour négocier <strong>une</strong> protection avec<br />

les hommes qui viennent dans sa case.<br />

La chance n’est pas du tout du côté<br />

de Marie. Près d’ 1,3 millions d’adultes<br />

et d’enfants sont séropositifs dans la<br />

Républi<strong>que</strong> Démocrati<strong>que</strong> du Congo.<br />

Marie vivra sans doute assez longtemps<br />

pour voir son bébé mourir et peutêtre<br />

même pour enterrer son petit de<br />

deux ans. Mais il est pres<strong>que</strong> certain<br />

qu’elle souffrira d’<strong>une</strong> maladie longue<br />

et douloureuse et qu’elle mourra seule,<br />

sans personne de sa famille pour<br />

s’occuper d’elle. La cause immédiate<br />

de la mort de cette famille <strong>je</strong><strong>une</strong> et<br />

fragile est peut-être le SIDA, mais les<br />

causes véritables en sont la pauvreté, le<br />

man<strong>que</strong> de soins, la guerre, l’ignorance,<br />

la cupidité, la discrimination et<br />

l’exploitation. Et même si la paix arrive,<br />

le SIDA continuera à tuer. 74<br />

c) Voir le ciel : la santé mentale<br />

“Certains conflits laissent dans leur sillage<br />

d’atroces cauchemars qui persistent<br />

comme <strong>des</strong> cicatrices dans l’esprit de ceux<br />

qui les ont vécus et cela affecte par la<br />

suite la société dans la<strong>que</strong>lle vivent ces<br />

personnes terrifiées.”<br />

Adolescente (14 ans), Inde 75<br />

“Il y a <strong>une</strong> si grande proportion de <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

qui voient l’avenir comme <strong>que</strong>l<strong>que</strong> chose<br />

de sombre… Si vous entrouvrez la fenêtre<br />

afin qu’ils puissent apercevoir le ciel,<br />

cela représentera un immense levier de<br />

changement. Encore faut-il qu’ils soient<br />

capable de voir le ciel.”<br />

Mahmoud, animateur communautaire,<br />

Égypte 76<br />

Filles dans les forces armées en situation de conflit armé, 1990–2003 90<br />

Afri<strong>que</strong> Améri<strong>que</strong>s Asie Europe Moyen<br />

Orient<br />

Angola Colombie Birmanie Bosnie-Herzégovine Iraq<br />

Burundi El Salvador Cambodge Macédoine Israël<br />

Rép.Dém.Congo Guatemala Inde irlande du Nord Cisjordanie<br />

Eritrea Honduras Philippines Espagne turquie<br />

Érythrée Nicaragua Népal Liban<br />

Libéria Pérou Sri Lanka<br />

Mozambi<strong>que</strong> T timor Leste<br />

Rwanda<br />

Ouzbékistan<br />

Sierra Leone<br />

Somalie<br />

Afri<strong>que</strong> du Sud<br />

Soudan<br />

Ouganda<br />

http://www.ddrd.ca/site/_PDF/publications/women/girls_whereare.pdf Where Are The Girls?: Girls in fighting forces in Northern<br />

Uganda, Sierra Leone and Mozambi<strong>que</strong>: Their lives during and after war, Susan McKay and Dyan Mazurana, 2004<br />

Les conflits ont un effet énorme sur la<br />

santé mentale <strong>des</strong> enfants. S’ils n’en sont<br />

pas directement affectés physi<strong>que</strong>ment, ils<br />

peuvent avoir été témoins de choses terribles<br />

dont il est difficile de se remettre. 77 Bien <strong>que</strong><br />

nous manquions de résultats de recherche<br />

spécifi<strong>que</strong>s pour les <strong>fille</strong>s, nous savons <strong>que</strong>:<br />

• À Sara<strong>je</strong>vo, en Bosnie et en Herzégovine,<br />

55 pour cent <strong>des</strong> enfants ont été fusillés,<br />

60 pour cent se sont trouvés dans <strong>des</strong><br />

situations où ils s’attendaient à mourir,<br />

et 29 pour cent ont ressenti “un chagrin<br />

insupportable”. 78<br />

• Au Rwanda, 56 pour cent de la population<br />

avait vu <strong>des</strong> enfants tuer <strong>des</strong> gens, près<br />

de 80 pour cent avait perdu <strong>des</strong> membres<br />

proches de leur famille et 16 pour cent<br />

ont été contraints à se cacher sous <strong>des</strong><br />

cadavres. Plus de 60 pour cent <strong>des</strong> enfants<br />

rwandais interviewés ont déclaré <strong>que</strong> ça ne<br />

les intéressait pas de grandir. 79<br />

• Au Darfour, <strong>une</strong> étude a rapporté <strong>que</strong> les<br />

<strong>fille</strong>s et les femmes avaient indiqué qu’à<br />

leurs yeux les consé<strong>que</strong>nces psychosociales<br />

de la violence sexuelle comprenaient:<br />

“honte, dépression, stigmatisation,<br />

maladie, difficulté de faire face, et au<br />

pire, suicide. Outre les atteintes physi<strong>que</strong>s<br />

directes dont peuvent souffrir les femmes<br />

et les <strong>fille</strong>s dans les pério<strong>des</strong> de conflit, les<br />

recherches ont mis en évidence le lien qui<br />

existe entre un événement traumatisant et<br />

le moins bon fonctionnement quotidien,<br />

les limitations matérielles et les affections<br />

médicales chroni<strong>que</strong>s.” 80<br />

• En Iraq, l’Association <strong>des</strong> Psychologues<br />

Iraquiens a estimé en 2007 <strong>que</strong> plus<br />

de 90 pour cent <strong>des</strong> 1.000 enfants<br />

étudiés présentaient <strong>des</strong> difficultés<br />

d’apprentissage essentiellement dues<br />

au climat de peur et d’insécurité qui<br />

règnent actuellement. 81<br />

• En Cisjordanie, de 2002 à 2003, si l’on<br />

compare un groupe de <strong>fille</strong>s et de garçons<br />

de moins de 16 ans, les <strong>fille</strong>s sont plus<br />

atteintes <strong>que</strong> les garçons et 58 pour cent<br />

présentent <strong>des</strong> troubles graves de stress<br />

post traumati<strong>que</strong>. 82<br />

On ne possède <strong>que</strong> peu d’éléments au<br />

su<strong>je</strong>t <strong>des</strong> effets psychologi<strong>que</strong>s à long<br />

terme induits directement ou indirectement<br />

par les conflits violents sur les <strong>fille</strong>s. Les<br />

adolescentes peuvent voir se développer<br />

<strong>des</strong> sentiments de honte ou d’impuissance<br />

à la suite de violence ou d’abus sexuels et<br />

parfois se sentir re<strong>je</strong>tées par leur famille<br />

à cause de cela. Un rapport de Sierra<br />

Leone note <strong>que</strong>: “Les <strong>fille</strong>s connaissent<br />

<strong>des</strong> angoisses, <strong>des</strong> flash back, <strong>des</strong> craintes<br />

tenaces, <strong>des</strong> difficultés de rétablissement<br />

<strong>des</strong> relations intimes, <strong>une</strong> diminution de<br />

leur joie de vivre, la honte et l’incapacité à<br />

vivre <strong>des</strong> expériences sexuelles normales<br />

et à avoir <strong>des</strong> enfants. Les <strong>fille</strong>s obligées de<br />

porter et de mettre au monde les enfants de<br />

leurs agresseurs souffrent parfois d’atteintes<br />

mentales, physi<strong>que</strong>s et spirituelles graves.” 83<br />

À plus long terme, les <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s signalent<br />

<strong>des</strong> dépressions, <strong>des</strong> anxiétés, <strong>une</strong> médiocre<br />

estime de soi et de la colère. Une <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />

<strong>fille</strong>s dit: “La plupart du temps, <strong>je</strong> <strong>suis</strong><br />

déprimée. J’ai l’impression qu’il n’y a aucun<br />

espoir pour moi… Je ne pense qu’à mettre<br />

fin à mes jours.” 84<br />

La vie <strong>des</strong> adolescents en Irlande du Nord<br />

Outre les récits de violence sexuelle et<br />

de viol, on ne saurait sous estimer les<br />

effets d’<strong>une</strong> vie qui se déroule dans <strong>une</strong><br />

zone de conflit sur le vécu quotidien <strong>des</strong><br />

adolescents. Voici l’histoire de Mary.<br />

“I Je ne l’oublierai jamais, Sammy et ses<br />

cheveux couleur de sable, ses grands<br />

yeux bleus et ses fossettes. Nous nous<br />

sommes rencontrés dans le bus de l’école.<br />

Nous fré<strong>que</strong>ntions l’uni<strong>que</strong> école ‘mixte’<br />

(catholi<strong>que</strong> et protestante) de la région.<br />

Nous avions l’habitude de dé<strong>je</strong><strong>une</strong>r<br />

ensemble cha<strong>que</strong> jour; on pouvait<br />

bavarder en toute sécurité dans l’enceinte<br />

de l’école. À l’occasion nous nous<br />

retrouvions après l’école pour aller au<br />

Le quartier<br />

de Bogside<br />

de de<br />

Londonderry<br />

PA/ PA Archive/ PA Photos<br />

60 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 61

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