Parce que je suis une fille - Droits des filles

Unies fut ternie par les allégations confirmées
d’abus sexuels perpétrés sur les filles et les
jeunes femmes d’Haïti et de prostitution de
très jeunes filles.
Les infrastructures se sont quasiment
effondrées à Haïti et on y trouve les plus
mauvais indicateurs de santé des Amériques,
y compris les taux de mortalité maternelle
et infantile, les taux de malnutrition et
le nombre le plus élevé de personnes
contaminées par le VIH 1 . Soixante pour
cent de la population, dans les zones
rurales surtout, n’a pas accès aux services
de base en matière de santé. Près de 5,6
pour cent des individus âgés de 15 à 49 ans
sont atteints par le VIH 1 , 19.000 d’entre
eux sont des enfants. Les médicaments
antirétroviraux sont rares. Ces facteurs ont
un impact dramatique sur la santé des filles
et sur leurs possibilités d’accès à des services
de santé appropriés. 2
Un grand nombre d’écoles et d’hôpitaux
ont fermé leurs portes ces dernières années
car les enseignants, les travailleurs sociaux et
les prestataires de santé craignent la violence
dans leur travail. La violence endémique
qui prévaut à des degrés divers touche
gravement l’accès des filles à l’éducation. À
peine un peu plus de la moitié des enfants en
âge d’aller à l’école sont scolarisés et moins
de deux pour cent des élèves terminent le
cycle secondaire.
De 2004 à 2006, la violence armée dans
les rues a installé un environnement dans
lequel des gangs de délinquants, dont
beaucoup avaient apparemment des liens
avec des partis politiques, s’attaquaient
systématiquement aux enfants. Ces gangs
contrôlaient fréquemment des territoires
et recrutaient parmi les enfants des
combattants, des espions, des informateurs
ou des porteurs d’armes ou de drogue. Les
enfants étaient assassinés, amputés, violés et
enlevés par les gangs. 3
Filles et femmes haïtiennes sont
confrontées à l’escalade d’une violence basée
sur le genre et une coercition sexuelle. Les
organisations haïtiennes de défense des
droits, telles l’initiative FONKOZE – conçue
pour soutenir les activités économiques des
femmes – disent que la pauvreté chronique
place un nombre croissant de femmes
dans des situations de vulnérabilité et de
compromission pouvant aller jusqu’au
rapport sexuel forcé. 4 La Confédération des
Travailleurs Haïtiens affirme que davantage
de femmes sont actuellement obligées de
devenir des travailleuses du sexe.
Le gouvernement a complètement échoué
dans sa lutte contre la violence commise à
l’encontre des filles et des femmes et leur
vulnérabilité est encore plus accusée. 5
L’augmentation du nombre des viols
apparemment dus à des motifs politiques
montre que les filles et les femmes sont
victimes d’abus sexuels à cause de l’insécurité
généralisée croissante. Les témoignages des
femmes violées font apparaître des schémas
dans ces actes prémédités où l’on voit que
leurs auteurs sont masqués, lourdement
armés, battant fréquemment les femmes
pour les réduire à la soumission et portant
leurs coups sur les yeux pour qu’elles ne
puissent pas les identifier. Les enfants issus
de viols sont gravement stigmatisés à Haïti.
Accablés de sarcasmes et de brutalités, ils
sont quelques fois surnommés ‘petit viol’
par les autres enfants. Il n’y a presque aucun
soutien institutionnel pour les victimes de
viols et leurs familles.
En raison de la crise économique chronique
qui perdure à Haïti, les filles se trouvent
souvent dans l’obligation de subvenir aux
besoins de leurs familles. On estime à
400.000 le nombre d’enfants ‘restavek’
employés comme domestiques à Haïti. La
plupart sont des fillettes de neuf ans ou
moins. 6 En outre 2.000 enfants font l’objet
d’un trafic vers la République Dominicaine,
souvent avec l’aide de leurs parents. Un
risque grave d’abus sexuel pèse sur les filles
dans ce trafic.
44 La Situation des filles dans le monde 45