Parce que je suis une fille - Droits des filles

jeunesse dans des instances internationales
après avoir traversé des guerres.
“ÊTRE UNE FEMME N’EST PAS
UNE MALÉDICTION” – LE PROJET
DE PROTECTION DES FILLES AU
PAKISTAN
Le Projet de Protection des Filles
autonomise les filles au sein de leurs
familles et de leurs communautés.
Il porte sur 500 villages et villes du
Pakistan. Les filles assistent à des
ateliers d’orientation de cinq jours où
leur est dispensée une information
sur la santé, l’hygiène et la nutrition
dont elles pourront faire bénéficier
toute leur famille. Les filles qui ont
reçu quelques éléments d’instruction
formelle, reçoivent des kits d’école à
la maison comprenant un tableau noir,
de la craie et des posters muraux. Cela
permet à un grand nombre d’entre
elles d’organiser des mini-écoles
pour les filles non scolarisées; elles
pourront ainsi relayer des informations
essentielles en confortant leur estime
d’elle même et, parfois, en gagnant
un petit revenu. Elles peuvent de cette
manière pousser l’autonomisation dans
la communauté. D’autres optent pour
une formation de secouriste ou pour
une formation génératrice de revenus.
La réussite la plus satisfaisante de ce
programme réside dans le fait que les
filles y découvrent leurs propres atouts
et de nouvelles possibilités dans la
vie; elles deviennent des modèles pour
les autres et entament ainsi le long
et difficile chemin de l’abaissement
des barrières traditionnelles à la
participation des femmes.
“Je n’étais pas comme ça,” nous dit
Sumera Zafar, 20 ans. “J’étais gauche
et extrêmement timide… Mais les
gens ont maintenant confiance en mon
jugement. Des filles viennent de tout le
voisinage pour discuter avec moi et me
demandent de les aider à résoudre des
problèmes domestiques graves. Le Projet
de Protection des Filles a vraiment aidé
des filles comme moi à avoir confiance
en elles-mêmes. Il nous a permis de
comprendre qu’être une femme n’était
pas une malédiction ou un mal. Il nous a
enseigné à nous aimer et à être fières de
nous. Je sens aujourd’hui que les femmes
sont aussi bien que les hommes…”
Son message personnel aux filles et
aux femmes du Pakistan est: “Cessez de
dépendre des autres et croyez en vousmêmes.
Soyez fermes dans vos positions,
car c’est la seule façon d’améliorer vos
vies et d’aller de l’avant.” 24
Plan a récemment publié une étude basée
sur des recherches menées dans huit pays
différents, en interrogeant des groupes
d’enfants pauvres et marginalisés sur la
notion de résilience. 25 Des discussions
avec des enfants des rues de Manille ont
montré que la résilience était fonction des
caractères suivants:
Traits personnels de résilience:
• Force intérieure: confiance en soi, foi en
soi, surveillance de soi, contrôle de soi,
tempérament facile.
• Traits marquant l’ouverture au monde
extérieur, compétences de leadership,
altruisme, empathie, bonne entente avec
le groupe.
• Quelque chose qui vous dépasse:
morale, religion.
Facteurs internes de protection de la famille
et des pairs:
• Responsabilités familiales, traditions et
relations positives et encourageantes avec
les parents et dans la fratrie.
• Modèles positifs d’adultes, relations
positives avec les pairs.
Facteurs externes de protection:
• Participation à l’école, dans la
Photo de
Kim Phuc, 9
ans, fuyant
terrorisée.
Nick Ut / AP/ PA Photos
communauté, assistance d’une agence.
L’étude a relevé que: “les sentiments de
confiance et d’estime de soi chez les enfants
sont particulièrement renforcés par les
occasions de se rencontrer et de développer
une solidarité avec d’autres enfants.
Toutefois les enfants recherchent également
le soutien des adultes.”
Dans la période de gestation d’un
conflit, les filles ont peu d’occasions de
pouvoir s’appuyer sur un soutien ou sur
une solidarité. Les adultes qui les entourent
se trouvent soit indirectement mêlés à la
guerre soit eux-mêmes impliqués dans les
combats et dans ce cas ils peuvent avoir
été tués ou s’être enfuis. Ils peuvent aussi
simplement tenter de survivre. Et lorsqu’ils
ont de jeunes enfants, ils peuvent privilégier
de sauver et de protéger les garçons – qui
assurent la continuité de la lignée familiale
– plutôt que les filles. Dans les périodes de
conflit en particulier, les besoins des enfants
viennent après ceux des adultes et les filles
ont de bonnes chances de se trouver au bas
de l’échelle des priorités. Avec un soutien,
on a constaté que les filles sont capables de
s’en sortir avec plus de force et d’assurance.
Kim Phuc, la petite fille de la photo
La photo de Kim Phuc, courant nue sur
une route, couverte de brûlures au napalm
le 8 juin 1972 est devenue le symbole de
l’horreur de la guerre du Vietnam.
“Sur cette photo j’étais une petite fille.
J’avais neuf ans et je courais le long de
la route pour échapper aux incendies des
bombes au napalm au Vietnam. De ce jour,
ma vie a été bouleversée pour toujours
d’une manière que personne n’aurait pu
prévoir. J’avais des brûlures sur tout le
corps et on s’attendait à me voir mourir. J’ai
passé 14 longs mois à l’hôpital et subi 17
interventions chirurgicales. Finalement, j’ai
pu rentrer à la maison.
Mon corps a été lent à guérir et mon
esprit encore plus. Je priais beaucoup. Je
passais mon temps à lire des livres sur les
religions mais personne ne pouvait soulager
ma souffrance. À la fin, j’ai compris que
c’était le feu d’une bombe qui avait brûlé
mon corps et la compétence des médecins
qui avait réparé ma peau mais il a fallu
l’amour de Dieu pour guérir mon cœur. J’ai
laissé le pardon grandir dans mon cœur
jusqu’à ce qu’une immense paix intérieure
m’envahisse.
Je voudrais aujourd’hui encourager les
gens à s’aimer et à s’aider les uns les autres.
Il faut apprendre à devenir plus tolérant,
mieux regarder chacun, écouter, aider les
autres au lieu de se laisser emporter par la
colère et la haine porteuses de vengeance et
de violence… La guerre apporte d’infinies
souffrances. C’est pourquoi je montre la
petite fille de la photo. Elle raconte mon
histoire et les conséquences que la guerre
a eu sur ma vie. Aucune mère ni aucun
père au monde n’aurait voulu que ce que
raconte cette photo puisse se produire. Je
voudrais donner un autre regard à ceux qui
contemplent ma photo. Que ce ne soit pas
un cri de douleur mais un cri d’amour, de
paix et de pardon.”
Kim Phuc a créé sa propre organisation
en faveur des enfants et est devenue
Ambassadrice de Bonne Volonté des
Nations Unies. 26
7 Les voix des filles
“Je pense que les filles devraient se révolter
afin d’obtenir les changements réels
qu’elles espèrent. Les législateurs devraient
travailler dans ce sens.”
Amédée (19 ans), Haiti
“Dès que nous saurons ce dont notre
esprit a besoin, nous trouverons le
chemin dans nos cœurs, car c’est ce qui
endommage le cœur qui détruit le plus.
Pour se remettre, il faut plus de temps que
pour réparer n’importe quel dommage de
la société. Une fois que nos cœurs auront
récupéré, le temps sera venu pour nous de
reconstruire l’autre.”
Jeune fille (19 ans), Vietnam 27
“Enseigner aux femmes des compétences
de leadership est très important car elles
constituent le fondement sur lequel une
société est bâtie. On voit un nombre
croissant de filles et de jeunes femmes
mener de front des études et un travail tout
en s’occupant de leur maison. Leur réussite
dans les domaines qu’elles ont choisi sera la
réussite de leur société.”
Ruchira, jeune femme du Sri Lanka 28
38 La Situation des filles dans le monde 39