Parce que je suis une fille - Droits des filles
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empire – au Soudan méridional les <strong>fille</strong>s ont<br />
plus de chances de mourir en couches <strong>que</strong><br />
de terminer l’école primaire. 18<br />
Même si les <strong>fille</strong>s vont à l’école, il y a<br />
de nombreux moyens ‘cachés‘ pour <strong>que</strong><br />
l’enseignement qu’elles reçoivent préserve<br />
la domination et les valeurs masculines en<br />
dépit de l’engagement officiel pris en faveur<br />
de l’égalité entre les <strong>fille</strong>s et les garçons<br />
dans l’éducation. 19 Il est rare qu’un pays en<br />
proie à l’instabilité soit attaché à dispenser<br />
aux <strong>fille</strong>s le type d’enseignement dont elles<br />
ont besoin et qui les encouragerait à ne pas<br />
man<strong>que</strong>r l’école.<br />
LES FILLES AU BALOUTCHISTAN<br />
Amna, Qudsi et Areeba ne sont en<br />
rien différentes <strong>des</strong> autres écolières<br />
pakistanaises. Le trio de petites <strong>fille</strong>s de<br />
9 ans, aux cheveux soigneusement nattés<br />
et aux uniformes bien repassés rient à <strong>une</strong><br />
plaisanterie bien à elles en franchissant<br />
la grille de leur école, située dans la ville<br />
de Sibi dans la Province du Baloutchistan.<br />
Elles se remar<strong>que</strong>nt pourtant dans cette<br />
partie la moins développée du Pakistan.<br />
Le taux d’alphabétisation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s<br />
du Baloutchistan compte parmi les<br />
plus bas du monde et la majorité <strong>des</strong><br />
<strong>fille</strong>s ne sont pas scolarisées. Le niveau<br />
d’alphabétisation de la province – 37<br />
pour cent – s’inscrit loin derrière celui<br />
<strong>des</strong> trois autres provinces du Pakistan<br />
et la moyenne nationale est de 53 pour<br />
cent. Le taux d’alphabétisation <strong>des</strong><br />
femmes au Baloutchistan était estimé<br />
à 20 pour cent, dont 10 pour cent de<br />
femmes qui reçoivent <strong>une</strong> instruction<br />
dans les zones rurales.<br />
Dans certaines parties du<br />
Baloutchistan, on trouve les taux de<br />
scolarisation et d’alphabétisation les<br />
plus bas du monde et un chiffre record<br />
de 2 pour cent de scolarisation dans le<br />
primaire rapporté par Naveed Hassan<br />
Naqvi, économiste de l’éducation à la<br />
Ban<strong>que</strong> Mondiale, qui dirige le pro<strong>je</strong>t de<br />
l’éducation au Baloutchistan. Ce pro<strong>je</strong>t a<br />
permis d’obtenir un prêt de 22 millions<br />
de dollars US pour la création d’écoles<br />
communautaires de <strong>fille</strong>s.<br />
De nombreux défis subsistent pour<br />
l’avancement de ce pro<strong>je</strong>t. Les attitu<strong>des</strong><br />
sociales sont certes <strong>une</strong> difficulté mais<br />
Lorna Roach<br />
les conflits incessants qui opposent les<br />
militaires et les tribus locales ne sont<br />
guère propices non plus.<br />
Les combats qui ont éclaté dans les<br />
districts de Dera Bugti et de Kohlu au<br />
sud-est de la capitale provinciale de<br />
Quetta, ont fait près de 300 morts en<br />
2006 et forcé <strong>des</strong> milliers de personnes<br />
à fuir. L’éducation <strong>des</strong> enfants a été<br />
interrompue pendant six mois au moins.<br />
“Nous sommes partis nous installer à<br />
Sibi il y a huit ans parce qu’il n’y avait<br />
plus d’école dans notre village du district<br />
de Dera Bugti et nous voulions <strong>que</strong> nos<br />
enfants reçoivent <strong>une</strong> éducation,” dit<br />
Ahmed, 34 ans, dont les trois enfants<br />
vont à l’école de la ville. 20<br />
5 Sécurité économi<strong>que</strong><br />
Dans la période qui précède le conflit, mais<br />
également pendant et après, il devient de<br />
plus en plus difficile pour les familles de<br />
trouver <strong>des</strong> moyens pour subvenir à leurs<br />
besoins. Les denrées alimentaires et d’autres<br />
produits se font rares et les prix grimpent.<br />
Non seulement les services de base ne sont<br />
plus assurés mais la crainte de la violence<br />
empêche les gens de se rendre au marché,<br />
de cultiver leurs champs et en général<br />
de mener <strong>une</strong> vie normale. Les parents<br />
Filles dans<br />
<strong>une</strong> école<br />
sous la tente<br />
au Pakistan.<br />
préfèrent garder leurs <strong>fille</strong>s à la maison de<br />
peur de les voir agressées. Les <strong>fille</strong>s peuvent<br />
aussi être obligées de consacrer plus de<br />
temps et d’énergie aux tâches ménagères.<br />
En tout état de cause, les routes peuvent<br />
devenir impraticables, les transports publics<br />
s’interrompre, ce qui rend les déplacements<br />
difficiles, voire impossibles. Dans de telles<br />
circonstances, les possibilités de gagner sa<br />
vie sont très limités. Ceux qui avaient de<br />
quoi vivre, deviennent pauvres et les pauvres<br />
deviennent encore plus pauvres.<br />
Lors<strong>que</strong> les familles n’arrivent plus à<br />
gagner de quoi vivre, les <strong>fille</strong>s peuvent<br />
être forcées de chercher du travail. Cela<br />
signifie éventuellement un travail rémunéré<br />
dangereux, vendre son corps ou s’engager<br />
dans les forces armées. (voir chapitre 2)<br />
Elles peuvent être obligées d’assumer <strong>des</strong><br />
tâches supplémentaires à la maison tandis<br />
<strong>que</strong> d’autres membres du foyer cherchent<br />
un emploi ou vont travailler. Elles peuvent<br />
également être forcées de s’engager dans un<br />
mariage précoce pour garantir le paiement<br />
de leur dot et/ou pour alléger le fardeau<br />
économi<strong>que</strong> qu’elles représentent pour<br />
leur famille. Cela conduit souvent à <strong>des</strong><br />
problèmes de santé lors<strong>que</strong>, trop <strong>je</strong><strong>une</strong>s,<br />
leurs corps immatures doivent supporter <strong>des</strong><br />
grossesses. Cela veut également dire qu’elles<br />
abandonneront probablement l’école.<br />
DES FILLES VIVANT DANS LA<br />
PAUVRETÉ<br />
Les <strong>fille</strong>s qui vivent dans la pauvreté<br />
courent <strong>des</strong> ris<strong>que</strong>s en temps de paix,<br />
encore multipliés dans les pério<strong>des</strong><br />
d’instabilité. Si nous ne connaissons<br />
pas le nombre exact de <strong>fille</strong>s qui vivent<br />
dans la pauvreté, <strong>une</strong> étude demandée<br />
par l’UNICEF, estime <strong>que</strong> plus de la<br />
moitié de tous les enfants <strong>des</strong> pays<br />
en développement connaissent <strong>des</strong><br />
privations graves et qu’un tiers d’entre<br />
eux, soit 674 millions, vivent dans <strong>une</strong><br />
misère absolue. 21 Plus de 200 millions de<br />
<strong>je</strong><strong>une</strong>s, soit 18 pour cent du total, vivent<br />
de moins d’un dollar par jour et 515<br />
millions de moins de 2 dollars par jour. 22<br />
6 Participation et autonomisation<br />
Il n’est pas facile pour <strong>une</strong> <strong>fille</strong> ou <strong>une</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong><br />
femme de participer à la vie en dehors de<br />
la maison, même dans <strong>une</strong> société stable.<br />
C’est encore plus difficile dans <strong>des</strong> sociétés<br />
instables car les institutions tendent à se<br />
dégager de leur responsabilité publi<strong>que</strong> et<br />
le gouvernement qui dispose de moyens<br />
réduits pour consulter les citoyens adultes<br />
en a encore moins pour consulter <strong>des</strong><br />
adolescentes. En outre, les institutions de<br />
niveau communautaire, y compris les clubs<br />
d’enfants et les activités spécialement<br />
conçues pour les <strong>fille</strong>s, peuvent avoir cessé<br />
de fonctionner, privant de ce fait les <strong>fille</strong>s<br />
d’<strong>une</strong> occasion de participer, d’acquérir de<br />
nouvelles compétences de leadership et de se<br />
faire entendre dans leur communauté.<br />
De nombreuses <strong>fille</strong>s ont le sentiment<br />
d’avoir peu de latitude pour choisir ce<br />
qu’elles veulent faire de leur vie comme le<br />
montre le tableau de la page 35. Dans les<br />
initiatives d’alerte et de prévention <strong>des</strong> conflits<br />
impliquant les femmes, on tend à ignorer la<br />
contribution potentielle <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s. 23 L’exclusion<br />
<strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans la surveillance <strong>des</strong> conflits<br />
signifie également <strong>que</strong> l’on ne tient pas<br />
compte du caractère spécifi<strong>que</strong> <strong>des</strong> problèmes<br />
qui les concernent. De plus, dans les pério<strong>des</strong><br />
de reconstruction de l’après-conflit, les<br />
activités conçues pour les <strong>je</strong><strong>une</strong>s semblent<br />
centrées sur le chômage <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s hommes.<br />
Le silence <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s a <strong>des</strong> consé<strong>que</strong>nces<br />
graves car elles sont celles qui connaissent<br />
le mieux les ris<strong>que</strong>s aux<strong>que</strong>ls elles sont<br />
exposées dans les pério<strong>des</strong> d’instabilité<br />
et ont <strong>des</strong> idées sur la meilleure manière<br />
de se protéger. Familles, communautés,<br />
agences et gouvernements, devraient les<br />
écouter et agir en fonction de ce qu’elles<br />
ont à dire. Ce rapport est plein d’histoires<br />
de <strong>fille</strong>s qui ont survécu, géré <strong>des</strong><br />
maisonnées entières, acquis de nouvelles<br />
compétences et même représenté la<br />
Pourcentage <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes âgées de 15 à 25 ans qui<br />
pensent pouvoir influencer leurs vies par elles-mêmes<br />
Travail École Mariage<br />
Albanie 60 82 77<br />
Bangla<strong>des</strong>h 50 18 4<br />
Éthiopie 79 39 55<br />
Iraq 43 52 65<br />
Malaisie 89 82 82<br />
Roumanie 84 65 96<br />
Tadjikistan 53 32 25<br />
36 La Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 37