Parce que je suis une fille - Droits des filles

elles ont un lien direct avec la violence
qui existe dans la vie des femmes en
temps de paix.”
UNIFEM 13
Ce qui arrive aux filles dans les périodes
de conflit et les rôles qu’elles jouent font
partie intégrante de leur vie avant, pendant
et après les combats. Il peut y avoir une
violence dirigée contre les femmes, le trafic
et les attitudes négatives envers l’activité
sexuelle des filles et des jeunes femmes, ce
qui Chapter limite 2, leur page accès 2 aux mesures préventives
et aux services de santé. La violence envers
les filles et les femmes est une de leurs
préoccupations majeures dans les pays en
risque de conflit. Cette violence est souvent
de nature sexuelle, entraînant des Total effets
néfastes à long terme, qui ne sont population pas
seulement physiques mais également d’ordre
psychologique et social. Plus un pays ou une
communauté deviennent instables et plus les
risques de violence augmentent pour les filles
et les jeunes femmes. Lors de la mobilisation
de forces armées pendant la période
L’HISTOIRE DE PRINCESSE
Princesse a 19 ans et trois enfants. Son
père est décédé lorsqu’elle avait trois ans,
sa mère s’est remariée avec un homme
qui ne s’est occupé ni du bien-être ni
de l’éducation de Princesse. Princesse
fut envoyée vivre chez sa grand-mère
où elle se sentait bien et allait à l’école.
Lorsqu’elle arriva en 7 ème pour passer
l’Examen National de fin d’Études
Primaires, sa mère et sa grand-mère
n’avaient pas les moyens de payer les
frais d’inscription, elle n’a donc pas passé
l’examen. Elle a quitté l’école et épousé un
homme qu’elle fréquentait déjà. Elle a mis
au monde son premier enfant à l’âge de
Regional distribution of youth, 2000 (in millions)
14 ans et a maintenant 3 enfants qu’elle et
Youth as son Youth mari ont % beaucoup of world de mal à élever.
% of total Récit (15-24) de Konima youth total C. Kpanabom , 18 ans,
Asia 3,672 17.8% Sierra 654 Leone 61.5%
Africa 793 20.3% 161 15.1%
Europe 727 13.8% Dans les 100 temps d’incertitude 9.4% politique,
économique et sociale, on assiste à un fort
Latin America & the Caribbean 519 19.5% 101 9.5%
retour aux valeurs traditionnelles qui semblent
Northern America 314 13.5% 42 4.0%
assurer une protection aux femmes et aux
d’instabilité
Oceania
de pré-conflit, on constate,
31
par
15.6%
filles. Le
5
purdah est
0.5%
par exemple une pratique
exemple, Total une recrudescence des relations 6,056
sexuelles commerciales entre les filles ou les
jeunes femmes et les militaires. 14
Quelques filles choisissent de rallier les
forces armées pour se protéger. Rejoindre
une unité combattante peut leur permettre
17.6% qui exclut 1,063 les femmes 100.0% et les filles des lieux
publics mais il peut également les écarter
de toute activité extérieure: rencontrer des
amies, se rendre dans des clubs ou même
aller à l’école. Les traditions religieuses,
judiciaires ou laïques peuvent institutionnaliser
d’obtenir une certaine forme de protection et
un statut social mais aussi de survivre. Pour
des inégalités du système juridique qui sont
discriminatoires pour les filles.
certaines, porter un fusil semble être la seule En outre, la conduite des conflits est
Chapter 2, page 5
façon d’accéder à la sécurité, la nourriture et traditionnellement une affaire d’homme: les
la protection. 15
hommes et les jeunes gens se bousculent
Niveaux de violence
Variation de la violence aux différents stades d’un conflit
Moyen Élevé Extrême
Violence ’privée’
(société, communauté,
famille)
Violence ‘publique’
(attaques d’hommes
armés)
De base Pré-conflit Durant un conflit armé Post-conflit
pour défendre leurs revendications ou leur
communauté dans un monde dominé par
les hommes. Ce qui ne veut pas dire que les
hommes soient intrinsèquement violents,
mais ce que l’on attend du comportement
des hommes et de celui des femmes est
imposé par la société et souvent utilisé par
les gouvernements à des fins politiques
propres. 16 On trouve souvent les stéréotypes
de genre dans la propagande destinée
à ‘faire gober’ au public un conflit armé
ou une mesure donnée. On sollicitera les
femmes pour qu’elles permettent à leurs fils
de s’engager dans les rangs de l’armée et
pour qu’elles veillent à ce qu’ils soient bien
nourris en prévision de la guerre. On peut
même les inciter à avoir davantage d’enfants
pour ‘remplacer les héros tombés au champ
d’honneur‘. Ce genre de messages renforcent
les stéréotypes de genre, - ce qu’être un
garçon ou être une fille signifie dans la
tradition - et les définitions de la masculinité
et de la féminité.
4 Accès aux services de base
“Je n’ai pas d’avenir… je ne sais ni lire ni
écrire. Si j’avais eu la chance de savoir lire
et écrire et de faire des études, j’aurais
pu devenir enseignante pour éduquer les
générations à venir. J’aimerais envoyer mes
enfants à l’école, même pendant la guerre,
même en des temps difficiles. Je voudrais
que l’Irak soit comme les autres pays, que
les enfants puissent vivre comme les autres
enfants… et que la guerre finisse.”
Jeune fille kurde de 14 ans, Irak. Sa famille
est déplacée depuis la guerre Iran-Irak, il y a
vingt ans. Elle ne peut pas aller à l’école. 17
Dans les états fragiles, l’accès aux services
de base tels que la santé et l’éducation est
souvent médiocre même avant le début
d’un conflit. Les résultats des recherches
récentes montrent que plus de la moitié
des enfants non scolarisés dans le monde
vivent dans des états fragiles. Le précédent
rapport sur la Situation des Filles dans le
Monde souligne que la dégradation de ces
services a un impact particulier sur les filles
et les jeunes femmes.
Quand bien même les infrastructures
ne sont pas dégradées par la violence
montante, elles pâtissent du manque de
financements pour les réparations. La
préférence des gouvernements en mal de
sécurité qui redoutent ou préparent un
conflit, va aux dépenses militaires plutôt
qu’aux services de base. Les enseignants
et les travailleurs de santé abandonnent
leurs postes parce qu’ils ne sont plus
payés, qu’ils se sentent menacés par la
violence ou pour cause de rupture des
approvisionnements. La défaillance des
systèmes d’assainissement contraint les
filles et les jeunes femmes à faire chaque
jour des kilomètres à pied pour chercher
l’eau nécessaire à leur foyer. Les risques
de contaminations et de maladies graves
s’accroissent. La pénurie de ressources
pour les soins de santé féminine, y
compris ceux qui concernent la santé
reproductive et les maladies sexuellement
transmissibles, ou le traitement des effets
de la violence, alourdit encore le poids de
l‘impact physique et psychologique de ces
problèmes. (voir chapitre 3)
L’éducation constitue un facteur
déterminant pour autonomiser les filles.
Dans les états fragiles, en effet, moins
de filles que de garçons vont à l’école et,
en temps de guerre, cet état des choses
Enfant
malade
au Liberia
déchiré par
la guerre
Reuters/ Luc Gnago, courtesy www.alertnet.org
34 La Situation des filles dans le monde 35