Parce que je suis une fille - Droits des filles
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participer au processus politi<strong>que</strong>, voire d’aller<br />
à l’école ou d’être immatriculés dans les<br />
services de santé. 8 “Ce n’est qu’un petit bout<br />
de papier,” déclare l’archevê<strong>que</strong> sud-africain<br />
Desmond Tutu, “mais il établit de fait qui<br />
vous êtes et vous ouvre l’accès aux droits,<br />
aux privilèges et également aux obligations<br />
de citoyen.” 9<br />
“C’est la raison pour la<strong>que</strong>lle <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s<br />
<strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s se découragent et abandonnent<br />
l’école dans les premières classes primaires<br />
parce qu’elles ne peuvent pas s’inscrire<br />
au certificat d’étu<strong>des</strong> du fait qu’elles ne<br />
possèdent pas de certificat de naissance.<br />
Elles choisissent alors d’accompagner leurs<br />
mères dans les travaux <strong>des</strong> champs ou de<br />
se marier. Quel est le sort réservé à ces<br />
<strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s obligées de quitter l’école à<br />
cause d’un certificat de naissance absent?<br />
Sachant qu’édu<strong>que</strong>r <strong>une</strong> <strong>fille</strong> c’est édu<strong>que</strong>r<br />
<strong>une</strong> nation, <strong>que</strong>lle sorte de nation auronsnous<br />
si cette <strong>je</strong><strong>une</strong> <strong>fille</strong> ne reçoit pas<br />
d’éducation”<br />
Nan (15 ans), Cameroun. 10<br />
L’État<br />
Selon les accords internationaux, les législations<br />
nationales et régionales, les gouvernements<br />
ont pour responsabilité première de veiller<br />
à l’exécution <strong>des</strong> engagements pris envers<br />
les enfants en leur assurant <strong>une</strong> protection<br />
juridi<strong>que</strong> et un recours légal en cas de violation<br />
de leurs droits.<br />
Mais là encore, dans les états qui<br />
connaissent l’instabilité ou qui sont au bord<br />
de la guerre, le gouvernement peut être<br />
débordé par <strong>des</strong> institutions publi<strong>que</strong>s faibles,<br />
<strong>une</strong> mauvaise gouvernance, la corruption<br />
et/ou l’absence de volonté ou de possibilité<br />
de fournir <strong>des</strong> services de base tels <strong>que</strong><br />
l’éducation et la santé. Ce sont précisément<br />
les services qui protègent et soutiennent les<br />
<strong>fille</strong>s et les <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes. Les institutions<br />
publi<strong>que</strong>s entretiennent souvent <strong>des</strong> préjugés<br />
contre les femmes et les <strong>fille</strong>s. Même en<br />
temps de paix, beaucoup de femmes n’ont<br />
pas accès au système judiciaire en raison<br />
de discrimination de genre, ce qui ne laisse<br />
aucun recours aux femmes et aux <strong>fille</strong>s dans<br />
les affaires de divorce, d’héritage ou de frais<br />
de garde <strong>des</strong> enfants. Les préjugés s’affirment<br />
encore davantage dans les pério<strong>des</strong> qui<br />
précèdent les conflits. Les lois régissant le<br />
mariage, l’héritage et la nationalité peuvent<br />
introduire <strong>des</strong> limites considérables aux droits<br />
<strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s. Les conflits ont<br />
également <strong>une</strong> incidence défavorable sur le<br />
fonctionnement d‘institutions informelles<br />
telle <strong>que</strong> l’organisation familiale ou de la<br />
société civile. Lors<strong>que</strong> l’état de droit et la<br />
police et le système judiciaire responsables<br />
de l’application <strong>des</strong> lois commencent à<br />
s’effondrer, les <strong>fille</strong>s et les femmes sont<br />
particulièrement vulnérables. 11<br />
LA BIRMANIE<br />
En Birmanie, le gouvernement militaire<br />
n’a pas été en mesure de protéger les<br />
<strong>fille</strong>s. Cela a conduit au trafic humain<br />
attesté comme problème ma<strong>je</strong>ur pour<br />
les <strong>fille</strong>s et les femmes. Les principales<br />
causes du trafic humain qui sévit Birmanie<br />
sont les politi<strong>que</strong>s économi<strong>que</strong>s du<br />
gouvernement, ses nombreuses violations<br />
<strong>des</strong> droits humains ainsi <strong>que</strong> ses<br />
politi<strong>que</strong>s de travail forcé.<br />
L’absence d’emploi pousse les Birmans<br />
à chercher du travail dans l’un <strong>des</strong> cinq<br />
pays voisins. Les trafiquants trouvent<br />
ainsi <strong>des</strong> occasions d’attirer <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />
<strong>fille</strong>s par <strong>des</strong> promesses fallacieuses de<br />
travail et de bon salaire. L’interdiction<br />
officielle faite à la plupart <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />
<strong>fille</strong>s d’émigrer par voie terrestre, met<br />
celles qui souhaitent quitter le pays à la<br />
merci de ‘facilitateurs de voyage’ souvent<br />
en relation avec <strong>des</strong> trafiquants. Des<br />
rapports mentionnent <strong>des</strong> fonctionnaires<br />
civils ou militaires complices de trafic<br />
d’enfants <strong>des</strong>tinés à devenir enfantssoldats.<br />
Certaines organisations nongouvernementales<br />
rapportent aussi<br />
<strong>que</strong> certains fonctionnaires de police<br />
extor<strong>que</strong>nt de l’argent aux émigrants<br />
économi<strong>que</strong>s et à ceux qui veulent quitter<br />
le pays. Au cours de l’année 2006, le<br />
gouvernement birman n’a pris auc<strong>une</strong><br />
sanction à l’encontre de fonctionnaires<br />
pratiquant le travail forcé. 12<br />
C’est là où l’enseignement public et<br />
le système de santé sont faibles et ne<br />
répondent pas aux besoins <strong>que</strong> les <strong>fille</strong>s<br />
souffrent le plus. Elles sont généralement<br />
moins capables de couvrir de longues<br />
distances pour aller à l’école - surtout<br />
quand les chemins ne sont pas sûrs - et de<br />
ce fait elles n’acquièrent pas la maîtrise <strong>des</strong><br />
compétences de base: lire et compter.<br />
La faiblesse <strong>des</strong> institutions d’état dans<br />
les pério<strong>des</strong> de pré-conflit signifie <strong>que</strong> les<br />
programmes éducatifs <strong>des</strong>tinés à éviter ou<br />
à faire face aux consé<strong>que</strong>nces de la violence<br />
disposent de peu de moyens pour apporter<br />
<strong>une</strong> protection aux <strong>fille</strong>s. En même temps,<br />
la réponse aux besoins spécifi<strong>que</strong>s <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s<br />
et <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s femmes dans les services de<br />
base est susceptible d’être limitée du fait<br />
de la formation minime <strong>des</strong> personnels, <strong>des</strong><br />
restrictions, de surveillance et de la faiblesse<br />
<strong>des</strong> ressources affectées et de la charge de<br />
travail accrue.<br />
La communauté internationale<br />
Les institutions internationales, Nations<br />
Unies ou organisations internationales nongouvernementales<br />
(ONG), ont le devoir de<br />
veiller à la mise en place de mécanismes<br />
juridi<strong>que</strong>s et politi<strong>que</strong>s appropriés pour<br />
assurer la protection <strong>des</strong> droits et de la<br />
sécurité <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s, tout spécialement dans<br />
les zones su<strong>je</strong>ttes aux conflits. Les ONG ne<br />
sauraient se substituer aux gouvernements,<br />
toutefois, dans <strong>des</strong> temps troublés,<br />
certains états ne disposent pas <strong>des</strong> moyens<br />
nécessaires pour accomplir la mission qui<br />
leur est dévolue auprès de leurs citoyens.<br />
Dans de telles circonstances, il appartient<br />
aux organisations non-gouvernementales<br />
internationales de développer la capacité <strong>des</strong><br />
collectivités locales et <strong>des</strong> communautés à<br />
réclamer <strong>des</strong> ressources gouvernementales et<br />
également de fournir les services essentiels<br />
à la survie. Les ONG internationales<br />
peuvent aussi former <strong>des</strong> groupes de<br />
pression en faveur d’<strong>une</strong> aide humanitaire<br />
au développement plus effective et plus<br />
soucieuse <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> femmes ainsi <strong>que</strong><br />
<strong>des</strong> mécanismes de protection juridi<strong>que</strong><br />
favorables aux <strong>fille</strong>s. (Voir chapitre 4 pour<br />
<strong>des</strong> recommandations plus détaillées).<br />
LIGNES DIRECTRICES HUMANITAIRES<br />
Les lignes directrices de Sphère<br />
constituent <strong>une</strong> charte humanitaire<br />
définissant un ensemble de normes<br />
minimum aux<strong>que</strong>lles les ONG et les<br />
organismes d’aide humanitaire doivent<br />
obéir en cas de catastrophes. Les<br />
normes Sphère ont été élaborées à<br />
la fin <strong>des</strong> années 90 afin d’améliorer<br />
la qualité de l’aide apportée aux<br />
populations victimes d’un conflit<br />
ou d’<strong>une</strong> catastrophe. En dépit <strong>des</strong><br />
longues consultations menées à<br />
l’épo<strong>que</strong> au su<strong>je</strong>t de la manière de<br />
traiter les problèmes <strong>des</strong> femmes<br />
dans ces situations, il n’existe pas de<br />
dispositions suffisamment détaillées<br />
concernant les besoins spécifi<strong>que</strong>s <strong>des</strong><br />
<strong>fille</strong>s: les problèmes <strong>des</strong> nourrissons<br />
<strong>fille</strong>s dans certains contextes, par<br />
exemple, la préférence culturelle<br />
déclarée pour les garçons et les ris<strong>que</strong>s<br />
de malnutrition pour les bébés <strong>fille</strong>s.<br />
Les lignes directrices n’abordent pas<br />
non plus de manière suffisante les<br />
besoins immédiats et de long terme<br />
<strong>des</strong> <strong>fille</strong>s affectées par la guerre et les<br />
conflits, le soutien psychopédagogi<strong>que</strong><br />
aux <strong>fille</strong>s enceintes à la suite de viol,<br />
phénomène commun dans les pério<strong>des</strong><br />
de guerre et d’instabilité.<br />
3 Rôles et relations de genre<br />
“L’extrême violence <strong>que</strong> les femmes<br />
subissent durant les conflits n’est pas<br />
uni<strong>que</strong>ment due aux conditions de guerre;<br />
Tâches<br />
ménagères<br />
au Mali<br />
Jenny Matthews<br />
32 La Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 33