Parce que je suis une fille - Droits des filles

PLAN INTERNATIONAL, ÉGALITÉ DE GENRE ET DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE CENTRÉ SUR
L’ENFANT (CCCD)
Créée il y a plus de 70 ans, Plan est une des plus grandes organisations humanitaires internationales de
développement communautaire centré sur l’enfant. Plan est présent dans 66 pays et travaille sur des
programmes et des initiatives traitant des causes de la pauvreté et de ses conséquences sur les droits et la
vie des enfants.
L’approche de Plan du développement est fondée sur le renforcement des capacités des communautés,
des familles et des enfants afin que ceux-ci deviennent des citoyens plus actifs et soient à même de prendre
en charge leurs propres besoins. Cette démarche se nomme ‘Développement communautaire centré sur
l’enfant‘(CCCD).
Notre travail est, à tous les niveaux, basé sur la reconnaissance fondamentale du lien qui existe entre
l’égalité des sexes et les droits des enfants. Filles et garçons ont les mêmes droits mais on observe différents
obstacles liés aux inégalités de genre dans l’accès à ces droits. Nous constatons, dans notre travail quotidien,
l’impact négatif sur les filles et les garçons de la discrimination des femmes, des relations de pouvoir lié
au genre et au déni des droits des femmes. C’est la raison pour laquelle, dans ses programmes, Plan a
érigé en principe l’égalité de genre, car elle est centrale pour asseoir les fondements d’un développement
communautaire centré sur l’enfant.
Au moyen du développement communautaire centré sur l’enfant, Plan encourage activement les filles
et les garçons à analyser leurs propres situations en les sensibilisant aux droits fondamentaux qui sont
les leurs. Nous soutenons alors les communautés dans leurs efforts pour élaborer les compétences et
accéder aux ressources nécessaires pour faire changer la vie des enfants. Dans une telle approche, Plan a
un rôle d’accompagnateur, les communautés demeurant propriétaires des programmes. Cela permet aux
communautés d’interpeller plus aisément les structures de pouvoir et de ‘rompre le silence‘ qui est à l’origine
de l’inégalité de genre et d’autres formes d’inégalité.
Par la mise en œuvre du développement communautaire centré sur l’enfant, Plan est bien placé pour
reconnaître que les filles et les garçons connaissent des réalités, des intérêts et des perspectives qui leur sont
propres. C’est pourquoi l’analyse de genre est au cœur de notre analyse de la pauvreté et c’est pourquoi
Plan est engagé dans la promotion active de l’égalité de genre afin que tous les enfants parviennent au plein
développement de leur potentiel.
sont des jeunes femmes. De 1990
à 2003, des filles ont fait partie de
milices gouvernementales, de forces
d’opposition paramilitaires et/ou
armées dans 55 pays et, dans 38
d’entre eux, elles ont pris part aux
conflits armés. 26
• Des milliers de filles et de jeunes femmes
– personne ne possède de chiffre exact
– ont subi des violences liées au genre
en temps de guerre et celles-ci sont
souvent considérées comme une tactique
délibérée dans certains conflits ethniques
ou religieux
• Plus de 39 millions d’enfants n’ont pas
accès à l’éducation dans les pays où
sévissent des conflits. Plus de la moitié
d’entre eux sont des filles. 27
4 ‘Souvenez-vous de cette fille’
“Vous vous souviendrez que j’ai commencé
mon allocution par une référence à la petite
fille d’Afghanistan qui vient de naître. Même
si sa mère fait tout ce qui est en son pouvoir
pour la protéger et la faire vivre, elle a un
risque sur quatre de ne pas parvenir à son
cinquième anniversaire. Qu’elle y parvienne
est un test pour l’ensemble de l’humanité
– pour notre foi en notre responsabilité
individuelle envers chacun de nos frères et
sœurs humains, pour autrui. C’est la seule
épreuve qui importe.
Souvenez-vous de cette petite fille,
et ensuite nos objectifs plus vastes
– combattre la pauvreté, prévenir les
conflits ou guérir la maladie – ne vous
paraîtront pas tellement hors de portée ou
impossibles. Ces objectifs vous sembleront
en fait très proches, très réalisables –
comme ils devraient l’être. Car derrière
les états et les nations, les idées et les
langues, on trouve le destin individuel d’un
être humain dans le besoin. Répondre à ce
besoin sera la mission des Nations Unies
dans le siècle à venir.”
Kofi Annan, Secrétaire-Général des Nations
Unies (1997-2006) Discours de réception du
Prix Nobel, Oslo, le 10, décembre, 2001 28
Le fait qu’elles soient jeunes et de sexe
féminin a une incidence sur la manière
dont les filles vivent les conflits ainsi que
sur les changements intervenus dans les
différents rôles qu’elles jouent avant,
pendant et après une guerre. Il est important
de bien comprendre cela afin de préparer
des programmes qui viennent à l’appui
des besoins spécifiques des filles et des
jeunes femmes. Cela implique de ne pas se
contenter d’examiner les effets évidents des
conflits sur les filles et les jeunes femmes,
mais d’en voir aussi les effets moins visibles,
tels que l’impact de la perte des soins de
santé ou de l’éducation sur le bien-être
physique et mental et sur le développement
des filles à un moment critique de leur vie.
Autrement, les filles et les jeunes femmes
risquent trop souvent de tomber entre les
mailles du filet : en effet, les programmes
visent les enfants sans prendre en compte
les différences entre les filles et les garçons,
ou bien visent les femmes sans prévoir les
besoins différents des femmes, plus âgées,
ou des fillettes, plus jeunes.
Les différents besoins des filles aux
différents stades de leurs vies ne sont pas
toujours pris en considération lorsque
des organisations ou des gouvernements
travaillant dans le domaine des conflits
et de la reconstruction élaborent leurs
politiques et leurs programmes. La plupart
des organisations se sont un peu familiarisées
avec l’analyse de genre. On constate
toutefois une tendance à adopter ce qu’une
étude a appelé la démarche ‘femmes-etfilles‘;
là, les différences dues à la fois à
l’âge et au genre et les besoins spécifiques
des filles et des jeunes femmes (surtout
non mariées) sont rendues invisibles. Cette
démarche pêche par une méconnaissance
de ce qui distingue les femmes des filles et
qui varie d’un contexte à un autre et par
l’absence d’une analyse par genre et par âge
qui se penche sur les expériences spécifiques
des filles, des adolescentes et des jeunes
femme et à leur impact sur ces dernières.
Le genre est rarement complètement
intégré dans les agendas de bonne
gouvernance des gouvernements donateurs.
Leurs politiques concernant les états fragiles
n’accordent qu’une attention limitée au genre
et ne fournissent presque aucun éclairage
sur le vécu des filles malgré la mise en place
de plans détaillés pour intégrer l’égalité des
genres dans d’autres domaines. Souvent
on ne reconnaît pas que les femmes et les
hommes ont des besoins différents dans
les situations de conflit, sans parler du fait
que les filles et les femmes ont besoin d’un
soutien particulier. Faute de quoi, l’actuelle
insuffisance de l’investissement dans la
cause des filles se perpétuera. Comme nous
l’avons démontré dans le premier Rapport
sur la situation des filles dans le monde,
ce sous investissement entrave les progrès
en vue de la réalisation des objectifs clés
du développement, tels la scolarisation de
tous les enfants au primaire, la réduction de
trois quarts du taux mondial de la mortalité
maternelle et la diminution de moitié du
nombre de familles vivant avec moins d’un
dollar par jour en 2015.
Les filles ne sont pas seulement des
‘femmes en attente’. Leur position sociale
particulière ainsi que leur vécu évoquent à la
fois la vulnérabilité et ce qui est possible.
26 La Situation des filles dans le monde INTRODUCTION 27