BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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des Compétences, les Retours d’expérience sont autant de réflexions-formalisations de l’action. La sociologie des organisations, la psychologie du travail et l’ergonomie étudient l’activité salariée. Pour exemple, Bernoux (1985, p.151), Clot (1999), Stroobants (1993), donnent à penser l’activité autrement que sous la forme d’une gestuelle routinisée et normée par une suite de procédures pré-écrites, écrites par d’autres. Penser l’activité du sujet comme une simple reproduction à l’identique de procédures ou des recettes comme le dit Mialaret (1998), nous renverrait à un taylorisme le plus dur. Or, De Montmoulin (1998, p.192) nous confirme que l’activité du sujet ne peut être réduite à un « travail prescrit », le « travail réel » est inscrit dans des contraintes opérationnelles, dans le cours temporel de l’action. Le sujet au travail se trouve dans « des situations toujours un peu nouvelles, et parfois surprenantes ». L’activité réelle est aussi traversée de « transgression des règles de travail » (Girin et Grosjean, 1996). Ceci nous éloigne du film de Charlie Chaplin « les temps modernes » 51 . L’activité du salarié est un complexe d’actions mêlant des actes physiques, concrets et des actes cognitifs, des relations avec les autres, avec les pairs, les supérieurs, les collaborateurs, les clients ou fournisseurs. Ce faisant, De Montmoulin nous précise que : « l’analyse du travail des opérateurs montre que les savoirs théoriques et savoirs d’action se retrouvent tous deux, d’une part dans les savoirs nécessaires, et en général prescrits, pour comprendre et agir, d’autre part dans leur mise en œuvre dans l’action, par des opérateurs en situations réelles. » (De Montmoulin, 1998, p.193) Nous pouvons considérer que l’expérience professionnelle peut être porteuse d’apprentissage. Ainsi, quels que soient la nature de son l’emploi et le niveau de ses responsabilités, le Professionnel Expérimenté a construit et articulé dans son activité des connaissances déjà là par sa professionnalisation et son expérience professionnelle. Au 51 Il est à noter d’ailleurs que dans ce film, Chaplin incarne l’ouvrier sur travaillant à la chaîne, il essaie de rattraper son retard en regard du tapis roulant et des pièces qui avancent, et se retrouve pris dans des engrenages de « la machine ». Preuve que dans les organisations les plus tayloriennes, les incidents, les problèmes viennent contredire la belle mécanique, et par là-meme que l’homme n’est pas un robot. 96

fil de ces expériences il a articulé réflexion et action, construit et reconstruit ces connaissances. En d’autres termes et suivant la pensée de Dewey (1947) et Kolb (1984) nous caractérisons notre Professionnel Expérimenté comme étant d’une part professionnel, c’est-à-dire porteur d’une qualification reconnue au sein de l’entreprise, en regard d’un référentiel formalisé, des savoirs identifiés, voire théoriques. Et au-delà de cette professionnalité, il est par ailleurs porteur d’une expérience professionnelle, et d’une expérience de vie, qui lui confèrent des savoirs et des comportements moins ou pas reconnus parce que typiquement subjectifs. Lui seul a articulé les théories, les procédures, les « bonnes pratiques » que lui proposent (ou lui imposent) la formation initiale, la formation continue, l’entreprise d’une part, et d’autre part ses expériences vécues dans l’entreprise et ailleurs. Lui seul en a reconstruit le sens, dans, par et pour l’action, dans toutes ces situations concrètes et dans son rapport aux autres, dans les réflexions et formalisations a priori ou a posteriori. Nous noterons à ce propos que les diverses réorganisations, mutations, re-qualifications, ré-orientations, lot de la plupart des entreprises et depuis plusieurs années, rendent délicate et disons le, naïve une association linéaire, cohérente du cursus de formation et de l’expérience professionnelle. Ou pour le dire comme Stroobants (1993, p. 83) : « Alors que la recherche du GLYSI (Bernoux et al., 1984) inviterait à creuser la corrélation entre le titre scolaire et les connaissances implicites, le diplôme apparaît comme un attribut, une condition nécessaire mais non structurante des acquis ultérieurs. Parce que la formation scolaire précède l’insertion professionnelle, parce qu’elle est, par définition, “ de base ”, elle ne semble plus guère jouer de rôle ensuite. De fait, l’expérience commune du marché du travail et des critères d’embauche confirme cette représentation du diplôme comme tremplin. Après quoi, c’est en forgeant qu’on devient... » Ainsi, nous avons essayé d’esquisser ce qu’un Professionnel Expérimenté peut être au sein de l’entreprise, à l’annonce de son départ en préretraite ou de sa mutation. Si nous tenons le fait que sa qualification et son expérience sont autant de situations 97

fil de ces expériences il a articulé réflexion et action, construit et reconstruit ces<br />

connaissances.<br />

En d’autres termes et suivant la pensée de Dewey (1947) et Kolb (1984) nous<br />

caractérisons notre Professionnel Expérimenté comme étant d’une part professionnel,<br />

c’est-à-dire porteur d’une qualification reconnue au sein de l’entreprise, en regard d’un<br />

référentiel formalisé, des <strong>savoir</strong>s identifiés, voire théoriques. Et au-delà de cette<br />

professionnalité, il est par ailleurs porteur d’une expérience professionnelle, et d’une<br />

expérience de vie, qui lui confèrent des <strong>savoir</strong>s et des comportements moins ou pas<br />

reconnus parce que typiquement subjectifs. Lui seul a articulé les théories, les<br />

procé<strong>du</strong>res, les « bonnes pratiques » que lui proposent (ou lui imposent) la formation<br />

initiale, la formation continue, l’entreprise d’une part, et d’autre part ses expériences<br />

vécues dans l’entreprise et ailleurs. Lui seul en a reconstruit le sens, dans, par et pour<br />

l’action, dans toutes ces situations concrètes et dans son rapport aux autres, dans les<br />

réflexions et formalisations a priori ou a posteriori.<br />

Nous noterons à ce propos que les diverses réorganisations, mutations, re-qualifications,<br />

ré-orientations, lot de la plupart des entreprises et depuis plusieurs années, rendent<br />

délicate et disons le, naïve une association linéaire, cohérente <strong>du</strong> cursus de formation et<br />

de l’expérience professionnelle. Ou pour le dire comme Stroobants (1993, p. 83) :<br />

« Alors que la recherche <strong>du</strong> GLYSI (Bernoux et al., 1984)<br />

inviterait à creuser la corrélation entre le titre scolaire et<br />

les connaissances implicites, le diplôme apparaît comme<br />

un attribut, une condition nécessaire mais non structurante<br />

des acquis ultérieurs. Parce que la formation scolaire<br />

précède l’insertion professionnelle, parce qu’elle est, par<br />

définition, “ de base ”, elle ne semble plus guère jouer de<br />

rôle ensuite. De fait, l’expérience commune <strong>du</strong> marché <strong>du</strong><br />

travail et des critères d’embauche confirme cette<br />

représentation <strong>du</strong> diplôme comme tremplin. Après quoi,<br />

c’est en forgeant qu’on devient... »<br />

Ainsi, nous avons essayé d’esquisser ce qu’un Professionnel Expérimenté peut être au<br />

sein de l’entreprise, à l’annonce de son départ en préretraite ou de sa mutation. Si nous<br />

tenons le fait que sa qualification et son expérience sont autant de situations<br />

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