BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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que dans la relation de transmission qui le lie à son Successeur. En effet, le Professionnel Expérimenté n’a pas travaillé trente ans isolé sur une île déserte. Son activité est aussi faite de nombreuses intéractions, formelles ou informelles. Son expérience professionnelle est aussi faite de rapports aux autres, rapports que les sociologues analysent, l’entreprise dans laquelle il travaille est aussi un groupe social. L’exploration de la notion d’expérience nous conduit à penser la transformation de la personne, résultante des mises à l’épreuve, nombreuses durant la vie professionnelle. Dès lors il convient de s’interroger sur le fait que l’expérience puisse ou non être l’occasion d’apprentissage. 7.3 L’expérience source d’apprentissage Ces deux conceptions du terme « expérience » supposent deux orientations temporelles, la première vers l’avenir, la deuxième vers le passé. Pour qualifier notre Professionnel Expérimenté, il nous semble évident d’invoquer le deuxième sens, l’expérience comme résultante de l’épreuve et notamment des épreuves passées, au moment où s’engage la transmission il possède une grande expérience professionnelle, mais aussi une grande expérience de vie. Pour autant, il nous semble nécessaire aussi de prendre en compte la première acception dans la mesure où il nous faut tenter de répondre à la question : en quoi l’expérience présente-t-elle une plus value par rapport au professionnalisme, en quoi est-elle source d’apprentissage, en quoi elle participe à la construction du Savoir- Faire ? Notre question nous renvoie à l’approche épistémologique que nous avons abordée au début de notre problématique. 7.3.1 Rappel épistémologique Poser la question « en quoi l’expérience est-elle source d’apprentissage ? », pose à nouveau la question épistémologique, qu’est-ce que la pratique, la théorie, la connaissance. Nous avons vu avec De Villers (1991), que depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours, les courants philosophiques ont considéré la connaissance et en particulier la connaissance scientifique sous le rapport dialectique entre l’esprit et le rapport direct au réel. Mais au-delà, l’article de De Villers nous propose aussi de positionner le statut de l’expérience en regard de ces courants de pensée, une lecture historique des courants de pensée philosophique de l’expérience. Ces positionnements 90
philosophiques et épistémologiques proposent des statuts différents de l’expérience dans le rapport de l’homme au monde, mais en filigrane se pose la question de la validité de la connaissance issue de l’expérience en regard de celle de la connaissance scientifique, et les liens dialectiques qui les unissent ou les opposent, comme nous l’avions précédemment vu plus haut. De fait, la difficulté demeure tant qu’elle oppose d’un coté les savoirs de l’expérience et les savoirs dits savants, le praticien et le théoricien, la pratique et la théorie. Et suivant la position adoptée, on donnera le primat à l’un ou à l’autre, on attribuera « la vérité » d’un coté ou de l’autre. Cette opposition se retrouve aussi dans l’articulation formation/expérience que commente De Villers. Dans notre problématique, cette opposition pourrait trouver un prolongement dans l’opposition entre « professionnel », qui sous-tend comme nous l’avons dit plus haut une qualification reconnue, de savoirs formalisés, un parcours de formation professionnelle balisé, validé et « expérimenté » qui sous-tendrait des savoirs pratiques, non reconnus, contextualisés, localisés. De Villers nous a conduit à inscrire notre problématique dans une épistémologie constructiviste, proposée par Bachelard notamment. Cette épistémologie propose de dépasser le rapport dialectique entre esprit et réel, entre théorie et pratique et donc entre théorie et expérience. La théorie s’alimente du rapport au réel, celui-ci est alimenté par les théories déjà là, la connaissance se construit, se reconstruit dans ce rapport complexe, il s’agit d’un processus de construction permanente. Ainsi, il ne s’agit plus d’opposition mais d’alimentation mutuelle dans ce processus de construction. Pour qualifier la personne nous avons volontairement accolé les deux termes : « Professionnel Expérimenté ». Nous souhaitons justement prendre en compte le fait que la personne est à la fois qualifiée, porteuse d’une qualification reconnue dans un emploi et expérimentée c’est à dire qu’elle a vécu de multiples situations comme autant d’épreuves par lesquelles la personne s’est transformée. Mais De Villers (1991, p.19) rend plus complexe encore la question : « Pour nous résumer, nous dirons que, dans l’histoire d’une vie, l’expérience revêt des fonctions et prend des valeurs qu’il convient de distinguer selon que l’on 91
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sociologues analysent, l’entreprise dans laquelle il travaille est aussi un groupe social.<br />
L’exploration de la notion d’expérience nous con<strong>du</strong>it à penser la transformation de la<br />
personne, résultante des mises à l’épreuve, nombreuses <strong>du</strong>rant la vie professionnelle.<br />
Dès lors il convient de s’interroger sur le fait que l’expérience puisse ou non être<br />
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Ces deux conceptions <strong>du</strong> terme « expérience » supposent deux orientations temporelles,<br />
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Expérimenté, il nous semble évident d’invoquer le deuxième sens, l’expérience comme<br />
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quoi l’expérience présente-t-elle une plus value par rapport au professionnalisme, en<br />
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Faire ? Notre question nous renvoie à l’approche épistémologique que nous avons<br />
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7.3.1 Rappel épistémologique<br />
Poser la question « en quoi l’expérience est-elle source d’apprentissage ? », pose à<br />
nouveau la question épistémologique, qu’est-ce que la pratique, la théorie, la<br />
connaissance. Nous avons vu avec De Villers (1991), que depuis la Grèce antique<br />
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particulier la connaissance scientifique sous le rapport dialectique entre l’esprit et le<br />
rapport direct au réel. Mais au-delà, l’article de De Villers nous propose aussi de<br />
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