BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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antérieure. Pineau (1991, p. 30-31) précise que devant cet inattendu, expérience a priori ou a posteriori, la personne passe par quatre étapes successives : - l’étonnement, la surprise qui interrompt une logique, par rupture, par suspension d’automatismes, - une tentative d’analyse de l’événement, de la situation en « surbrillance », de ce qui est vécu, ressenti, observé, - une tentative d’interprétation par la médiation du langage, de mise en mots, pour les autres, - une tentative de potentialiser l’expérience vécue en la transposant dans d’autres contextes, en la rapprochant d’une série dont elle serait une variante, en constatant qu’elle inaugure une nouvelle série. Enfin, pour rester dans cette première acception, l’expérience comme « épreuve », porteuse de transformation de la personne, est commentée par Jorro (1991), elle distingue « expérience existentielle » et « apprentissage par l’expérience ». Le premier terme concerne le tout de la personne, son identité profonde. Le second terme concerne des transformations mineures dans le sens où la transformation des savoirs-faire, l’acquisition d’une compétence, ne métamorphose pas nécessairement l’être. Toutes ces précisions sont pertinentes pour notre problématique, nous pensons que le professionnel expérimenté, parce que justement il a été confronté au réel, à la pratique a eu l’occasion de « vivre » des expériences comme des épreuves de tous ordres, tant dans le domaine professionnel que dans le domaine extra-professionnel. On peut supposer qu’à cinquante sept ans, cas extrême du départ en préretraite, ou un peu plus jeune et muté, les occasions n’ont pas manqué à l’individu de se transformer, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, la vie professionnelle non plus. 7.2 L’expérience comme résultat des mises à l’épreuve La première acception tentait de montrer en quoi l’expérience comme mise à l’épreuve provoque une transformation mineure ou majeure de la personne, psychique et/ou corporelle. Dans la seconde acception, l’expérience est conçue comme résultante de mises à l’épreuve, celles-ci ayant eut lieu, nombreuses et variées. L’expérience est dans ce sens le moyen d’acquérir une connaissance, elle est aussi le résultat atteint, cette 88
connaissance elle-même. Dans la seconde acception, la mise à l’épreuve ayant eu lieu, et en l’occurrence plusieurs, l’expérience devient le résultat de ces transformations, on parle alors d’un homme d’expérience. C’est là, la troisième modalité que décrit Jorro (1991), à savoir non seulement un vécu particulier, mais un ensemble de vécus qui a travaillé au fur et à mesure la personne. La transformation de cette expérience consiste à réfléchir, par exemple par un travail biographique, mode d’élaboration de l’expérience qu’elle appelle « Penser ses expériences », certains pourraient aussi dire « Panser ses expériences » ! Nous notons au passage que dans les différentes modalités qu’elle développe - expérience comme épreuve, expérience a priori ou a posteriori, expérience comme résultat de la mise à l’épreuve - Jorro pose le rapport à autrui comme processus de transformation de l’expérience. Dans ce rapport réflexif à l’expérience, l’auteur voit un mouvement dialectique, d’une part une polarisation dans laquelle nous engageons notre propre interprétation, une auto-interprétation et d’autre part une co-interprétation dans le dialogue avec les autres. « C’est dans ce mouvement dialectique que nous nous formons en tant qu’humains, c’est à dire, sur le pole autointerprétation comme capable d’originalité, de créativité, de responsabilité, d’autonomisation, mais en même temps, sur le pole de la co-interprétation, comme partageant un destin commun dans notre appartenance à une communauté. C’est dans cette polarité que nous vivons pleinement notre humanité, dans ses dimensions individuelles et collectives. » (Jorro, 1991, p.197) Il nous semble qu’un rapprochement est possible avec les développements précédents. La relation duelle qu’étudie Lerbet-Séréni (1994) fait référence à la construction d’ipséités dans le rapport à l’autre (Ricœur, 1990). L’expérience vécue, provoquée ou subie est transformée dans le rapport à l’autre et ce faisant elle transforme celui qui a vécu l’expérience. Cette dimension sociale du processus de transformation par l’expérience est pour nous centrale, tant dans la construction même de l’expérience du Professionnel Expérimenté, 89
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- l’étonnement, la surprise qui interrompt une logique, par rupture, par suspension<br />
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- une tentative d’interprétation par la médiation <strong>du</strong> langage, de mise en mots, pour les<br />
autres,<br />
- une tentative de potentialiser l’expérience vécue en la transposant dans d’autres<br />
contextes, en la rapprochant d’une série dont elle serait une variante, en constatant<br />
qu’elle inaugure une nouvelle série.<br />
Enfin, pour rester dans cette première acception, l’expérience comme « épreuve »,<br />
porteuse de transformation de la personne, est commentée par Jorro (1991), elle<br />
distingue « expérience existentielle » et « apprentissage par l’expérience ». Le premier<br />
terme concerne le tout de la personne, son identité profonde. Le second terme concerne<br />
des transformations mineures dans le sens où la transformation des <strong>savoir</strong>s-<strong>faire</strong>,<br />
l’acquisition d’une compétence, ne métamorphose pas nécessairement l’être.<br />
Toutes ces précisions sont pertinentes pour notre problématique, nous pensons que le<br />
professionnel expérimenté, parce que justement il a été confronté au réel, à la pratique a<br />
eu l’occasion de « vivre » des expériences comme des épreuves de tous ordres, tant dans<br />
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qu’à cinquante sept ans, cas extrême <strong>du</strong> départ en préretraite, ou un peu plus jeune et<br />
muté, les occasions n’ont pas manqué à l’indivi<strong>du</strong> de se transformer, la vie n’est pas un<br />
long fleuve tranquille, la vie professionnelle non plus.<br />
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La première acception tentait de montrer en quoi l’expérience comme mise à l’épreuve<br />
provoque une transformation mineure ou majeure de la personne, psychique et/ou<br />
corporelle. Dans la seconde acception, l’expérience est conçue comme résultante de<br />
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ce sens le moyen d’acquérir une connaissance, elle est aussi le résultat atteint, cette<br />
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