BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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adolescents, d’autre part les savoirs en question sont des savoirs professionnels et non des savoirs disciplinaires. Par ailleurs, l’institution dans laquelle se situe cette action est l’entreprise et non l’école, le collège ou le lycée. 6.1 Une première approche bipolaire La relation entre le professionnel expérimenté et son successeur est finalisée, elle a pour but l’apprentissage par le deuxième de quelque chose de l’expérience, du savoir-faire du premier. En première approximation, la situation que nous souhaitons étudier est une situation de communication interindividuelle dont l’objectif est l'apprentissage du Successeur. Une première lecture, sous l’angle de la communication pourrait nous conduire, suivant le modèle de Shannon 48 décrit par Abric, (1999, p.7-8) à centrer notre étude sur l’ « Emetteur », le « Récepteur », le codage et le décodage, le canal, le feed-back. Mais, comme le fait remarquer Abric, cette approche quelque peu mécaniste, voire cybernétique est réductrice, en regard des « filtres » et des facteurs déterminants de la communication. Il s’agirait alors d’évoquer la nature des informations échangées, des filtres personnels, des influences psychologiques réciproques. Cette lecture simpliste, mécaniste consisterait à penser cette relation comme l’action de verser un liquide contenu dans une carafe pleine dans un verre vide 49 . Cette vision mécaniste de la relation tend à considérer celle-ci comme une mise à la norme du Successeur, à une norme qu’incarnerait le Professionnel Expérimenté. Cette image réductrice est riche d’enseignement. Tout d’abord elle montre comment une approche rationnelle, simplifiante peut déformer, dénaturer, tronquer une réalité de manière dangereuse. Elle est simpliste pour trois raisons au moins, le Professionnel Expérimenté ne se « vide » pas en transmettant quelque chose de son expérience, le Successeur ne peut pas être considéré comme un « verre vide » que l’on remplirait, la transmission ne peut être assimilée à une « transfusion » de savoir-faire. Notre développement doit nous permettre d’adopter une lecture de la relation plus complète, plus complexe. 48 Shannon C.F., 1952. The mathematical Theory of Communication, University of Illinois, Press, Urbana 49 Anecdote relatée par Jean-Jacques Bonniol lors d’une conférence en 1997. Cette image semble-t-il a été utilisée par un ministre, qui joignant le geste à la parole versa une partie de l’eau à coté du verre. 70

Il s’agira sans doute d’étudier la relation sous l’angle de la communication, celle-ci étant fortement influencée par d’autres aspects qu’il faut tenter d’élucider. Nous ne pouvons pas adopter cette modélisation. 6.2 Une figure triangulaire Une figure triangulaire complète la première approche et fait apparaître avec les deux interlocuteurs un troisième terme : le savoir. Houssaye (2000) propose de considérer la situation pédagogique comme un « triangle pédagogique » fait de trois pôles : l’Enseignant, le Savoir et l’élève (ou les élèves) entre lesquels des processus sont à l’œuvre. Ce modèle, largement utilisé depuis a été repris par les pédagogues et les didacticiens. Il est intéressant de noter que Houssaye propose de considérer au travers de son modèle les types de pédagogie privilégiant des relations deux à deux, le troisième terme faisant alors figure de « fou » ou de « mort ». Bien que cette modélisation apparaisse comme « pratique », elle nous paraît là-aussi quelque peu simplifiante. En effet, cette vision ne rend pas compte de la dynamique relationnelle, ni de l’influence de l’environnement sur la situation pédagogique, elle ne rend pas compte non plus de l’évolution de cette situation, enfin nous ne pouvons considérer le Savoir- Faire comme « extérieur », Tiers exclu, objectivé, à l’instar d’un savoir disciplinaire. Or, nous le verrons, il nous paraît difficile de rapprocher le Savoir-Faire d’une, et d’une seule discipline, et par ailleurs, dans la relation éducative, le « curriculum réel » diffère du « curriculum prescrit », il existe aussi un « curriculum caché » (Perrenoud, 1994). A cette figure triangulaire, les didacticiens préfèrent la notion de « système didactique » faisant état des diverses interactions et médiations du milieu, de l’environnement, de l’institution (Chevallard, 1991, Raisky et Caillot, 1996). Du coup, à cette figure triangulaire Chevallard (1991) propose de considérer la relation ternaire R(E, S, e). Ce triangle pédagogique est certes incomplet, particulièrement dans notre contexte mais il a le mérite de nous permettre de repérer et orienter les termes que nous aurons à développer pour tenter d’éclaircir la complexité de la situation. Comme nous l’avons déjà dit notre milieu est le monde professionnel et plus particulièrement l’entreprise. Sa « présence » est influente, agissante non seulement sur 71

Il s’agira sans doute d’étudier la relation sous l’angle de la communication, celle-ci<br />

étant fortement influencée par d’autres aspects qu’il faut tenter d’élucider. Nous ne<br />

pouvons pas adopter cette modélisation.<br />

6.2 Une figure triangulaire<br />

Une figure triangulaire complète la première approche et fait apparaître avec les deux<br />

interlocuteurs un troisième terme : le <strong>savoir</strong>. Houssaye (2000) propose de considérer la<br />

situation pédagogique comme un « triangle pédagogique » fait de trois pôles :<br />

l’Enseignant, le Savoir et l’élève (ou les élèves) entre lesquels des processus sont à<br />

l’œuvre. Ce modèle, largement utilisé depuis a été repris par les pédagogues et les<br />

didacticiens. Il est intéressant de noter que Houssaye propose de considérer au travers<br />

de son modèle les types de pédagogie privilégiant des relations deux à deux, le<br />

troisième terme faisant alors figure de « fou » ou de « mort ». Bien que cette<br />

modélisation apparaisse comme « pratique », elle nous paraît là-aussi quelque peu<br />

simplifiante. En effet, cette vision ne rend pas compte de la dynamique relationnelle, ni<br />

de l’influence de l’environnement sur la situation pédagogique, elle ne rend pas compte<br />

non plus de l’évolution de cette situation, enfin nous ne pouvons considérer le Savoir-<br />

Faire comme « extérieur », Tiers exclu, objectivé, à l’instar d’un <strong>savoir</strong> disciplinaire.<br />

Or, nous le verrons, il nous paraît difficile de rapprocher le Savoir-Faire d’une, et d’une<br />

seule discipline, et par ailleurs, dans la relation é<strong>du</strong>cative, le « curriculum réel » diffère<br />

<strong>du</strong> « curriculum prescrit », il existe aussi un « curriculum caché » (Perrenoud, 1994).<br />

A cette figure triangulaire, les didacticiens préfèrent la notion de « système didactique »<br />

faisant état des diverses interactions et médiations <strong>du</strong> milieu, de l’environnement, de<br />

l’institution (Chevallard, 1991, Raisky et Caillot, 1996). Du coup, à cette figure<br />

triangulaire Chevallard (1991) propose de considérer la relation ternaire R(E, S, e). Ce<br />

triangle pédagogique est certes incomplet, particulièrement dans notre contexte mais il a<br />

le mérite de nous permettre de repérer et orienter les termes que nous aurons à<br />

développer pour tenter d’éclaircir la complexité de la situation.<br />

Comme nous l’avons déjà dit notre milieu est le monde professionnel et plus<br />

particulièrement l’entreprise. Sa « présence » est influente, agissante non seulement sur<br />

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