BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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prégnante de l'entreprise. La contrainte démographique des grandes entreprises annonce<br />
une nouvelle secousse, qui, combinée aux autres mutations, mettra en évidence la<br />
nécessité de dépasser cette logique. Le contexte de l’entreprise dans lequel nous<br />
inscrivons notre recherche présente donc cette particularité, d’un coté l’oubli d’une<br />
pratique de <strong>transmission</strong> considérée incompatible avec la logique dominante<br />
rationalisante, de l’autre la nécessaire évolution de pensée et d’action vers une nouvelle<br />
dynamique dans laquelle ce type de <strong>transmission</strong> trouve sa place. Nous pensons relever<br />
là une tension dialectique entre deux logiques que l’entreprise devra dépasser.<br />
En effet, dans ce paradigme dominant, la grande entreprise a écarté de ses pratiques la<br />
reconnaissance explicite de l’expérience, et par voie de conséquence la <strong>transmission</strong> de<br />
<strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong>, que nous avons présentée comme une forme de compagnonnage. Ainsi, il<br />
est aisé de constater que la <strong>transmission</strong> de <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong> telle que nous venons d’en<br />
tracer le contexte provoque des réactions diverses. Suivant le cas on est tenté de nier<br />
l’existence d’une <strong>transmission</strong>, il n’y a pas de « passage de relais », l’expérience étant<br />
alors assimilée à une suite d’essais-erreurs au cours de laquelle l’indivi<strong>du</strong> s’est forgé ses<br />
propres connaissances. « C’est la tête sous l’eau que l’on apprend à nager ».<br />
Parallèlement, la normalité de la compétence, l’adéquation à un référentiel, à un<br />
ensemble de procé<strong>du</strong>res transcrites est la seule garantie de performance. Celle-ci n’est<br />
acquise que lorsque l’indivi<strong>du</strong> agit en conformité avec ce qui est prescrit. La gestion des<br />
compétences sous-tend une mise en forme, une mise à la norme que la DRH maîtrise,<br />
gère et contrôle, les diplômes et les parcours formalisés et validés relèguent le<br />
compagnonnage à la tradition.<br />
Or, si les budgets de formation ont considérablement augmenté, si la rationalisation des<br />
dépenses de formation est réelle avec de nouvelles méthodes et de nouveaux supports,<br />
l’insuffisance <strong>du</strong> budget de formation pour répondre au besoin de réactivité, devient<br />
criante. Les entreprises se trouvent réellement confrontées à des besoins de performance<br />
et de réactivité, leur imposant des compétences multiples, nouvelles et partagées,<br />
mobiles et rapidement transférables. Les changements organisationnels et les départs en<br />
retraite déjà amorcés nécessitent des transferts de compétences, voire des<br />
développements rapides de nouvelles compétences. Dans le même temps il s’agit aussi<br />
de valoriser et partager les connaissances internes, isolées, parfois confinées dans des<br />
« gisements » complètement ignorés jusqu’à ce qu’un départ ou une mutation les révèle<br />
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