BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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Bachelard (1987, p.16) propose de dépasser le débat entre objectivité et subjectivité, si la science cherche l’objectivité, celle-ci réside dans l’exposition, la justification de la méthode d’objectivation : « L’objectivité ne peut se détacher des caractères sociaux de la preuve. On ne peut arriver à l’objectivité qu’en exposant d’une manière discursive et détaillée une méthode d’objectivation » Il ne s’agit plus de choisir entre objectivité et subjectivité, la science dit exposer sa méthode d’objectivation, sans nier la subjectivité inhérente à son action. Pour aller dans le même sens, Ardoino (1993), évoquant « l’implication », nous dit que la neutralité, l’objectivité pure du chercheur n’existe pas. Le fait même que le chercheur est en interaction avec son objet, entraîne des influences de part et d’autre. Le chercheur et l’objet se trouvent altérés par la relation qui les unit, malgré le désir d’objectivité du chercheur. Si bien que l’auteur parle d’inter-subjectivité. Pour les sciences humaines, la subjectivité inhérente à l'objet de recherche, au chercheur, et à la relation qui les lie, conditionnent tout à la fois le choix de la méthode et la posture du chercheur. 11.3 Expérimentation / observation Dans cette « Querelle des méthodes », en corollaire du débat objectivité/subjectivité se trouve un autre débat entre expérimentation / observation. Nous l’avons dit plus haut, la recherche d’objectivité, la volonté de montrer la preuve, de démontrer, de chercher la raison causale a animé la science. Du coup, les méthodes expérimentales ont investi les méthodes de recherche, privilégiant l’expérimentation, expérience ordonnée et méthode a priori. Le chercheur conçoit les conditions d’expérimentation, formule les variables sur lesquelles il veut agir, la situation d’expérimentation est élaborée a priori, elle est réalisée en laboratoire cherchant à maîtriser les variables. L'observation quant à elle a acquis son statut de méthode scientifique dès lors qu'il s'est trouvé des chercheurs pour l'utiliser et la théoriser. Comme l’expérimentation, l’observation répond au souci d’objectivité, mais l’observation ne cherche pas à prouver une causalité. L’observation tente prendre en compte le réel, tel qu’il se présente, dans sa complexité. Massonat (1998) propose une définition de l'observation complétant, de 248

son point de vue les diverses définitions existantes depuis le Littré 59 jusqu'à la littérature contemporaine : « En résumé, l'observation est un mode d'élaboration des connaissances à partir de problèmes directement observables ou non, à des fins de culture, de formation professionnelle et de recherche. L'observation systématique se fait à partir d'un contact direct ou filmé avec des situations qui permettent l'étude de problèmes préalablement explicités. L'observateur construit seul ou en groupe des significations de plus en plus élaborées à partir d'une sélection d'informations par la vue et l'écoute. Les différentes opérations de sélection et de traitement mobilisées tout au long de l'acte d'observation sont fortement infléchies par le degré de précision du problème étudié ; ces opérations sont sollicitées également par les cadres d'analyse antérieurs de l'observateur, par ceux qui sont requis directement, et enfin par le dispositif construit pour produire des données. Tout ce travail se concrétise dans une description, à visée explicative ou compréhensive, communiquée à des interlocuteurs, selon des formes qui tiennent en partie à la relation contractuelle qui les lie à l'observateur. » (Massonat, 1998, p.26-27) L’observation se veut neutre et distante. Pour autant, ceci n'exclut pas les travers inhérents à toute méthode de recherche. Trognon (1998) met en regard l’expérimentation qui cherche à prouver une causalité, et l’observation qui se veut neutre et distante. En ce sens, l’observation et l’expérimentation semblent répondre au souci d’objectivation. Trognon attire notre attention sur le fait que l'observation comme l'expérimentation sont paradoxales, en ce sens qu'elles induisent des biais. L'observation sensée rendre compte d'un réel, des activités des acteurs observés dans leur cadre normal, induit le fait que ces acteurs se 59 Dictionnaire de la langue française en 4 volumes et 1 supplément (1863-1873), dont l’auteur est Emile Littré, lexicographe, positiviste, disciple d’A. Comte. 249

son point de vue les diverses définitions existantes depuis le Littré 59 jusqu'à la littérature<br />

contemporaine :<br />

« En résumé, l'observation est un mode d'élaboration des<br />

connaissances à partir de problèmes directement<br />

observables ou non, à des fins de culture, de formation<br />

professionnelle et de recherche. L'observation<br />

systématique se fait à partir d'un contact direct ou filmé<br />

avec des situations qui permettent l'étude de problèmes<br />

préalablement explicités. L'observateur construit seul ou<br />

en groupe des significations de plus en plus élaborées à<br />

partir d'une sélection d'informations par la vue et l'écoute.<br />

Les différentes opérations de sélection et de traitement<br />

mobilisées tout au long de l'acte d'observation sont<br />

fortement infléchies par le degré de précision <strong>du</strong> problème<br />

étudié ; ces opérations sont sollicitées également par les<br />

cadres d'analyse antérieurs de l'observateur, par ceux qui<br />

sont requis directement, et enfin par le dispositif construit<br />

pour pro<strong>du</strong>ire des données. Tout ce travail se concrétise<br />

dans une description, à visée explicative ou<br />

compréhensive, communiquée à des interlocuteurs, selon<br />

des formes qui tiennent en partie à la relation contractuelle<br />

qui les lie à l'observateur. » (Massonat, 1998, p.26-27)<br />

L’observation se veut neutre et distante. Pour autant, ceci n'exclut pas les travers<br />

inhérents à toute méthode de recherche.<br />

Trognon (1998) met en regard l’expérimentation qui cherche à prouver une causalité, et<br />

l’observation qui se veut neutre et distante. En ce sens, l’observation et<br />

l’expérimentation semblent répondre au souci d’objectivation. Trognon attire notre<br />

attention sur le fait que l'observation comme l'expérimentation sont paradoxales, en ce<br />

sens qu'elles in<strong>du</strong>isent des biais. L'observation sensée rendre compte d'un réel, des<br />

activités des acteurs observés dans leur cadre normal, in<strong>du</strong>it le fait que ces acteurs se<br />

59 Dictionnaire de la langue française en 4 volumes et 1 supplément (1863-1873), dont l’auteur est Emile<br />

Littré, lexicographe, positiviste, disciple d’A. Comte.<br />

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