BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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la relation, la reconnaissance concrète de la « socialité autonomisante » qu’évoque Lerbet-Séréni (1997), en clair la reconnaissance d’une certaine autonomie acquise, construite et réciproque, le fils symbolique est devenu adulte, et reconnu comme tel par le père symbolique, et par l’entreprise. L’approche de Labelle nous semble cohérente avec les développements précédents que nous avons faits quant au système relationnel, et à la spécificité de chacun des protagonistes de cette relation. La relation Professionnel Expérimenté - Successeur a été abordée sous l’angle d’un processus communicationnel, supposant la réciprocité des échanges. Si la transmission de Savoir-Faire a pour but affiché l’apprentissage par le Successeur de quelque chose de l’expérience du Professionnel Expérimenté, on peut s’attendre à ce que cette relation transforme l’un et l’autre des acteurs. Dans notre développement, nous avons considéré le Successeur comme apprenant, dans la relation au Professionnel Expérimenté. Nous avons considéré cette situation d’apprentissage sous l’angle de « l’imitation modélisation interactive » que propose Winnykamen (1990), ainsi la dyade Professionnel expérimenté – Successeur comme évoluant de dissymétrique à faiblement dissymétrique, voire symétrique. En suivant Labelle, le Professionnel Expérimenté apprend aussi dans cette relation. L’auteur propose des apprentissages possibles, par lesquels « l’éducateur tire, de l’éduqué, un bénéfice éducatif pour lui-même » (Labelle, 1996, p.145). Nous retrouvons aussi ce que nous avons développé précédemment. En effet nous avons considéré l’explicitation du savoir-faire (Vermerch, 1996), par la mise en mots et en geste par une action circulaire du langage et du geste sur les représentations (Vygotski, 1985, Wallon, 1970). Nous avons vu aussi comment l’Expert chargé d’expliciter, puis de planifier son savoir-faire, et enfin de questionner son plan et son savoir-faire dans la relation pédagogique pouvait apprendre ou re-apprendre dans cette relation à l’Autre. Labelle nous confirme que les deux protagonistes apprennent, se transforment dans cette relation. Les deux protagonistes sont en relation paradoxale avec l’Alter et l’Ego, et dans cette relation paradoxale, les deux se transforment, tant par des connaissances nouvelles ou reconstruites, mais aussi dans leur relation à l’Autre. Nous retrouvons chez Labelle (1996) un processus dialectique de dépendance/autonomisation, la relation tend à favoriser, préparer la séparation, l’autonomisation du Successeur. En cela, nous retrouvons bien la construction d’ipseités, comme avènement d’une identité qui par le 238

passage assumé d’idem et d’alter peut se reconnaître ipse, à la fois « soi-même » et « soi-autre » (Ricoeur, 1990, Lerbet-Séréni, 1994, 1997). 10 Hypothèse 10.1 Une synthèse de notre problématique Notre problématisation nous a conduit à explorer la situation de transmission de savoirfaire mettant en scène un Professionnel Expérimenté, porteur d’une expérience professionnelle confortable qui lui confère des connaissances construites et un Successeur chargé d’acquérir tout ou partie du savoir-faire. Nous avons abordé la relation duelle, la situation de transmission, dans une approche systémique (Lerbet- Séréni, 1994, 1997), notre développement nous a conduit à explorer ce que pouvait être la relation de transmission entre les deux acteurs. Nous avons considéré cette relation comme une action de communication, finalisée vers le but annoncé, vers l’apprentissage du Successeur. En fait la relation dyadique est peuplée d’activités pédagogiques de l’Expert, et d’activités d’apprentissage du Successeur, comme autant d’actes de communication verbale et non verbale (Postic, 1988a). Notre problématisation nous a permis de penser à une évolution, une auto-eco-organisation de cette relation, résultante des processus d’apprentissage et relationnels, la dyade évoluant de dissymétrique vers plus de symétrie (Winnykamen, 1990). Nous appuyant sur Winnykamen (1990) et Aumont et Mesnier (1992), nous pensons que deux situations extrêmes, théoriques, nous permettent de penser à l’évolution fonctionnelle de cette relation. A une extrémité, la dyade est fortement dissymétrique Expert-Novice, à l’autre extrémité la dyade symétrique ou faiblement dissymétrique Expert-Expert. Les besoins du Successeur apprenant sont très différents suivant qu’il est Successeur-Novice ou Successeur-Expert (Dreyfus, Tochon). Dans chacun de ces cas les modes d’interaction sont différents, passant d’un mode guidage tutelle à un mode de co-élaboration (Winnykamen, Lerbet- Séréni). Cette évolution est repérable par les actes de communication, les échanges au cœur de cette relation. L’évolution n’est pas linéaire, elle se fait par ruptures (Postic, 1988a), des passages qui doivent se manifester dans la relation et dans les perceptions relatives des acteurs. 239

passage assumé d’idem et d’alter peut se reconnaître ipse, à la fois « soi-même » et<br />

« soi-autre » (Ricoeur, 1990, Lerbet-Séréni, 1994, 1997).<br />

10 Hypothèse<br />

10.1 Une synthèse de notre problématique<br />

Notre problématisation nous a con<strong>du</strong>it à explorer la situation de <strong>transmission</strong> de <strong>savoir</strong><strong>faire</strong><br />

mettant en scène un Professionnel Expérimenté, porteur d’une expérience<br />

professionnelle confortable qui lui confère des connaissances construites et un<br />

Successeur chargé d’acquérir tout ou partie <strong>du</strong> <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong>. Nous avons abordé la<br />

relation <strong>du</strong>elle, la situation de <strong>transmission</strong>, dans une approche systémique (Lerbet-<br />

Séréni, 1994, 1997), notre développement nous a con<strong>du</strong>it à explorer ce que pouvait être<br />

la relation de <strong>transmission</strong> entre les deux acteurs. Nous avons considéré cette relation<br />

comme une action de communication, finalisée vers le but annoncé, vers l’apprentissage<br />

<strong>du</strong> Successeur. En fait la relation dyadique est peuplée d’activités pédagogiques de<br />

l’Expert, et d’activités d’apprentissage <strong>du</strong> Successeur, comme autant d’actes de<br />

communication verbale et non verbale (Postic, 1988a). Notre problématisation nous a<br />

permis de penser à une évolution, une auto-eco-organisation de cette relation, résultante<br />

des processus d’apprentissage et relationnels, la dyade évoluant de dissymétrique vers<br />

plus de symétrie (Winnykamen, 1990). Nous appuyant sur Winnykamen (1990) et<br />

Aumont et Mesnier (1992), nous pensons que deux situations extrêmes, théoriques,<br />

nous permettent de penser à l’évolution fonctionnelle de cette relation. A une extrémité,<br />

la dyade est fortement dissymétrique Expert-Novice, à l’autre extrémité la dyade<br />

symétrique ou faiblement dissymétrique Expert-Expert. Les besoins <strong>du</strong> Successeur<br />

apprenant sont très différents suivant qu’il est Successeur-Novice ou Successeur-Expert<br />

(Dreyfus, Tochon). Dans chacun de ces cas les modes d’interaction sont différents,<br />

passant d’un mode guidage tutelle à un mode de co-élaboration (Winnykamen, Lerbet-<br />

Séréni). Cette évolution est repérable par les actes de communication, les échanges au<br />

cœur de cette relation. L’évolution n’est pas linéaire, elle se fait par ruptures (Postic,<br />

1988a), des passages qui doivent se manifester dans la relation et dans les perceptions<br />

relatives des acteurs.<br />

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