BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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27.02.2015 Views

ésonnent-ils dans son parcours ? Mais ceci nous entraînerait trop loin de notre objet de recherche. Peut-être est-ce là une nouvelle aventure possible, une prochaine étude à proposer ? Tous ces exemples, et particulièrement ce dernier nous confirment qu’il se « transmet quelque chose » dans cette relation entre un individu « expérimenté » et un autre « débutant », quel que soit le domaine considéré. Nous sommes tenté de penser que cette transmission est une pratique sociale largement présente et « naturelle ». Il nous semble que cette transmission est un fondement du processus de socialisation. Il nous faut poursuivre notre revue d’exemple, mais pour ce faire nous recentrons notre regard sur le monde professionnel. 2.6 Un recentrage sur un cadre professionnel Cependant une transposition s’impose, dans le temps et l’espace. Quittons le XIVème siècle et l’Eglise, le sport, la musique pour nous rapprocher de notre objet. Pour compléter notre exploration et recentrer notre propos sur notre champ de recherche, il nous paraît ici nécessaire d’évoquer le travail comme activité humaine, porteuse de cette forme de « transmission horizontale et verticale » que nous essayons d’illustrer par notre série d’exemples. La forme artisanale d’organisation du travail est sans doute la forme la plus ancienne, qui perdure aujourd’hui. Nous irons même jusqu’à dire que l’artisanat montre une surprenante vivacité face aux autres formes d’entreprise. Les métiers traditionnels, artisanaux sont eux aussi exemplaires. Certains d’entre eux sont connus pour détenir une technicité teintée d’une dimension artistique, qui se transmet « naturellement » depuis des décennies, parfois depuis des siècles, par différentes formes de compagnonnage plus ou moins institutionnalisées. Les ethnologues se sont largement intéressés aux spécificités de ces métiers inscrits dans une historicité certaine, aux techniques qui leurs sont propres, aux dimensions culturelles qu’ils véhiculent, aux rites qui les habitent et aux modes de transmission. Chevalier et Chiva (1991) synthétisent les nombreuses études ethnologiques sur les métiers de verriers, de tailleurs de pierre, des faïenciers entre autres. Ils annoncent les thèmes majeurs de l’ouvrage, centrés sur ce qu’ils appellent « L’introuvable objet de la transmission », traité différemment, sous plusieurs angles, par plusieurs auteurs. Cet ouvrage sera sans doute au cœur de notre travail, comme un fil rouge de nos développements ultérieurs. 22

2.7 Le Compagnonnage La transmission du savoir-faire dans le champ professionnel est souvent présentée comme un « Compagnonnage ». Nous trouvons ce terme largement utilisé chez les ethnologues (Chevallier, 1991) mais aussi chez des sociologues. Par exemple Stroobants (1993) nous confirme la direction à explorer, elle cite Yvette Lucas et dit : “ L’essentiel du savoir-faire professionnel, “ la véritable maîtrise du travail concret ” se transmettent sur le mode “ compagnonnique ”, par contact et par échange ” (Stroobants, 1993, p. 83) D’après le Petit Robert, le « compagnonnage » est une association entre ouvriers d’une même profession à des fins d’instruction professionnelle et d’assistance mutuelle, c’est aussi le temps pendant lequel l’ouvrier, sorti d’apprentissage, travaillait comme compagnon chez son patron, chez son maître 6 . Ardoino (1978) lui aussi nous confirme cette transmission et la position relative du « maître » et de « l’apprenti » : « Dans notre périmètre culturel, les traditions alchimistes, le « compagnonnage » et certaines coutumes corporatives jouaient un rôle en mêlant intimement la formation morale à l’apprentissage du métier. Le grade de « maître » signifiait la maturité professionnelle, avec tout ce que cela devait comporter sur le plan humain » 7 Pour compléter l’approche du compagnonnage, il nous faut faire référence aux Compagnons du Devoir. Les Compagnons du Devoir, incarnent tout à la fois une référence technique dans chacun des métiers, que nous pourrions qualifier de « manuels » et pour nous un exemple archétypique de cette transmission, un modèle de référence de tout ce qui est assimilé aujourd’hui à une forme de « compagnonnage ». Ils nous donnent à penser une forme de transmission trans-générationnelle qui inclue non seulement des compétences techniques mais aussi des règles, des valeurs, des dimensions symboliques. Guédez (1994) nous donne une lecture très complète et détaillée de ce modèle de référence qu’est le mouvement compagnonnique. Si son origine officielle est datée à 1941, ce mouvement revendique ses origines à la 6 Notons aussi que le Compagnon est celui avec qui on partage le pain. 7 Ardoino, 1978, p.53 23

2.7 Le Compagnonnage<br />

La <strong>transmission</strong> <strong>du</strong> <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong> dans le champ professionnel est souvent présentée<br />

comme un « Compagnonnage ». Nous trouvons ce terme largement utilisé chez les<br />

ethnologues (Chevallier, 1991) mais aussi chez des sociologues. Par exemple<br />

Stroobants (1993) nous confirme la direction à explorer, elle cite Yvette Lucas et dit :<br />

“ L’essentiel <strong>du</strong> <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong> professionnel, “ la véritable<br />

maîtrise <strong>du</strong> travail concret ” se transmettent sur le mode<br />

“ compagnonnique ”, par contact et par échange ”<br />

(Stroobants, 1993, p. 83)<br />

D’après le Petit Robert, le « compagnonnage » est une association entre ouvriers d’une<br />

même profession à des fins d’instruction professionnelle et d’assistance mutuelle, c’est<br />

aussi le temps pendant lequel l’ouvrier, sorti d’apprentissage, travaillait comme<br />

compagnon chez son patron, chez son maître 6 . Ardoino (1978) lui aussi nous confirme<br />

cette <strong>transmission</strong> et la position relative <strong>du</strong> « maître » et de « l’apprenti » :<br />

« Dans notre périmètre culturel, les traditions alchimistes,<br />

le « compagnonnage » et certaines coutumes corporatives<br />

jouaient un rôle en mêlant intimement la formation morale<br />

à l’apprentissage <strong>du</strong> métier. Le grade de « maître »<br />

signifiait la maturité professionnelle, avec tout ce que cela<br />

devait comporter sur le plan humain » 7<br />

Pour compléter l’approche <strong>du</strong> compagnonnage, il nous faut <strong>faire</strong> référence aux<br />

Compagnons <strong>du</strong> Devoir. Les Compagnons <strong>du</strong> Devoir, incarnent tout à la fois une<br />

référence technique dans chacun des métiers, que nous pourrions qualifier de<br />

« manuels » et pour nous un exemple archétypique de cette <strong>transmission</strong>, un modèle de<br />

référence de tout ce qui est assimilé aujourd’hui à une forme de « compagnonnage ». Ils<br />

nous donnent à penser une forme de <strong>transmission</strong> trans-générationnelle qui inclue non<br />

seulement des compétences techniques mais aussi des règles, des valeurs, des<br />

dimensions symboliques. Guédez (1994) nous donne une lecture très complète et<br />

détaillée de ce modèle de référence qu’est le mouvement compagnonnique. Si son<br />

origine officielle est datée à 1941, ce mouvement revendique ses origines à la<br />

6 Notons aussi que le Compagnon est celui avec qui on partage le pain.<br />

7 Ardoino, 1978, p.53<br />

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