BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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La situation de transmission de savoir-faire que nous étudions est une relation de communication dans le sens où les deux partenaires sont actifs, réactifs. Le Successeur est ici apprenant, et nous l’avons vu plus haut il est actif, voire réactif, il a ses propres connaissances déjà là, et il a ses propres besoins. Nous avons précisé plus haut que le Successeur était adulte, et en cela il revendique son expérience (Labelle, 1996). Le Professionnel Expérimenté doit lui faire prendre conscience des manques et en même temps reconnaître cette expérience déjà là, il ajuste son action en fonction des précurseurs (Bastien, 1997) du Successeur, invite à une progression avec une zone proximale de développement (Vygotski (1985), il accompagne, aide et étaye (Winnykamen, 1990, Bruner, 1983). La relation est aussi traversée de conflits sociocognitifs (Bandura, 1980, Winnykamen, 1990). On peut supposer que si l’Expert a planifié son action en séquences, en objectifs et qu’il s’appuie sur la formalisation de son savoir-faire, et des formalisations existantes, la relation comme communication peut mettre à mal la planification anticipée. C’est aussi ce que nous permet de penser Tochon (1993, p.88). Il nous explique que la planification des objectifs, ne peut pas être un cadre rigoureux et limité, la planification, processus cyclique, non linéaire, est modifiée par l’interaction, le contexte d’enseignement, les besoins et attentes des apprenants. La planification doit être adaptative. On comprend mieux aussi que le curriculum réel peut différer du curriculum formel (Perrenoud, 1994), il en est une « interprétation pragmatique » parce que remis en cause par la relation à l’autre, cette relation étant une communication et non une information (Ardoino, 1993). Nous pouvons revenir à l’articulation Relation-Savoir que nous propose de considérer Lerbet-Séréni (1994). L’articulation relation-savoir est une des préoccupations majeures des pédagogues et des didacticiens, abordant cette articulation sous un angle préférentiel, de la relation pour les uns, des savoirs pour les autres. Postic (1988b, p.34- 35) insiste sur le « pouvoir interne de variabilité » des pratiques pédagogiques, de la relation pédagogique. Elle peut prendre des formes très diverses. Parallèlement, nous retrouvons cette diversité chez Galatanu (1998) qui traite de la « communication didactique » dans une approche qu’elle qualifie de « pragamalinguistique ». Cette diversité des pratiques justifie la grande variété des courants pédagogiques. Pour tenter de rendre compte de cette diversité des courants pédagogiques, De Peretti (1991, p.40) propose la « grenade des méthodes en pédagogies ». Chaque courant pédagogique 210
est positionné sur cette grenade de manière à signifier la prédominance du ou des paradigme (s) qui fonde (ent) ce courant, parmi les huit identifiés et reliés (représentations, expression, culture, savoirs, technologie, opérations, actions, relations). Cette représentation nous éloigne encore davantage de la représentation triangulaire de Houssaye (2000). Elle donne aussi à penser l’extrême diversité des pratiques et des processus relationnels résultant de cette articulation. Mais au-delà d’un repérage formel, certes utile pour rendre intelligible cette diversité, il semble aussi que cette représentation nous permet de penser à une évolution de la relation. En effet, le Successeur a des attentes et des besoins différents au fur et à mesure de ses apprentissages, de la construction de son expérience, de ses connaissances. Nous avons vu avec Winnykamen (1990) que la dyade pouvait évoluer de dissymétrique à faiblement dissymétrique voire symétrique. Parallèlement, le Professionnel Expérimenté est lui aussi altéré par la relation, nous avons dit que cette relation était une communication. Suivant Lerbet-Séréni (1994, 1997) le système relationnel s’auto-écoorganise dans le temps, et les relations-savoirs se régulent au sens où l’entend Lerbet- Séréni. On peut penser que le Professionnel Expérimenté, Novice en formation a peu de latitude pour « choisir » une méthode pédagogique a priori. En revanche, on peut penser comme Tochon (1993, p.95), qu’il aura tendance à reproduire un modèle connu. Puis la relation, avec toutes les régulations que nous supposons, lui donne aussi l’occasion d’expérimenter, d’apprendre, donc de transformer sa posture de formateur. 9.3.1.7 Des positions respectives Nous avons dit que dans ce processus relationnel complexe, les modalités relationnelles sont variables. La relation éducative peut adopter des modalités dans lesquelles les protagonistes occupent des positions différentes. Ainsi, pour Postic (1988a, p.159) la relation éducative fait apparaître un processus dialectique de dépendance/autonomie. L’autonomisation pour Postic passe par un affranchissement. En effet Postic nous dit « L’autonomie véritable passe par l’affranchissement, mais il s’agit d’une rupture consciente, consécutive à la prise de connaissance de la relativité des normes et à un choix délibéré parmi les valeurs »(Postic, 1988a, p.159) Ce processus dialectique de dépendance/autonomie peut nous semble-t-il être rapproché du paradoxe fusion-séparation de la relation repéré par Lerbet-Séréni (1994). Nous 211
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La situation de <strong>transmission</strong> de <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong> que nous étudions est une relation de<br />
communication dans le sens où les deux partenaires sont actifs, réactifs. Le Successeur<br />
est ici apprenant, et nous l’avons vu plus haut il est actif, voire réactif, il a ses propres<br />
connaissances déjà là, et il a ses propres besoins. Nous avons précisé plus haut que le<br />
Successeur était a<strong>du</strong>lte, et en cela il revendique son expérience (Labelle, 1996). Le<br />
Professionnel Expérimenté doit lui <strong>faire</strong> prendre conscience des manques et en même<br />
temps reconnaître cette expérience déjà là, il ajuste son action en fonction des<br />
précurseurs (Bastien, 1997) <strong>du</strong> Successeur, invite à une progression avec une zone<br />
proximale de développement (Vygotski (1985), il accompagne, aide et étaye<br />
(Winnykamen, 1990, Bruner, 1983). La relation est aussi traversée de conflits sociocognitifs<br />
(Ban<strong>du</strong>ra, 1980, Winnykamen, 1990). On peut supposer que si l’Expert a<br />
planifié son action en séquences, en objectifs et qu’il s’appuie sur la formalisation de<br />
son <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong>, et des formalisations existantes, la relation comme communication peut<br />
mettre à mal la planification anticipée. C’est aussi ce que nous permet de penser Tochon<br />
(1993, p.88). Il nous explique que la planification des objectifs, ne peut pas être un<br />
cadre rigoureux et limité, la planification, processus cyclique, non linéaire, est modifiée<br />
par l’interaction, le contexte d’enseignement, les besoins et attentes des apprenants. La<br />
planification doit être adaptative. On comprend mieux aussi que le curriculum réel peut<br />
différer <strong>du</strong> curriculum formel (Perrenoud, 1994), il en est une « interprétation<br />
pragmatique » parce que remis en cause par la relation à l’autre, cette relation étant une<br />
communication et non une information (Ardoino, 1993).<br />
Nous pouvons revenir à l’articulation Relation-Savoir que nous propose de considérer<br />
Lerbet-Séréni (1994). L’articulation relation-<strong>savoir</strong> est une des préoccupations majeures<br />
des pédagogues et des didacticiens, abordant cette articulation sous un angle<br />
préférentiel, de la relation pour les uns, des <strong>savoir</strong>s pour les autres. Postic (1988b, p.34-<br />
35) insiste sur le « pouvoir interne de variabilité » des pratiques pédagogiques, de la<br />
relation pédagogique. Elle peut prendre des formes très diverses. Parallèlement, nous<br />
retrouvons cette diversité chez Galatanu (1998) qui traite de la « communication<br />
didactique » dans une approche qu’elle qualifie de « pragamalinguistique ».<br />
Cette diversité des pratiques justifie la grande variété des courants pédagogiques. Pour<br />
tenter de rendre compte de cette diversité des courants pédagogiques, De Peretti (1991,<br />
p.40) propose la « grenade des méthodes en pédagogies ». Chaque courant pédagogique<br />
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