BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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des évaluations régulations, des transactions, des négociations entre les deux acteurs, elle est aussi traversée, habitée de normes que porte le Tiers exclu, qui agit comme principe organisateur, un évaluateur, peut-être même un contrôleur. Mais au-delà de ces médiations opérationnelles, nous avons précisé plus haut que l’entreprise par ses interventions agit comme facteur extrinsèque de la motivation, tout particulièrement sur la reconnaissance et l’image de soi de l’un et de l’autre. L’entreprise peut formaliser la légitimité de la transmission, par la reconnaissance du Professionnel Expérimenté comme porteur d’une connaissance précieuse, et du Successeur comme capable d’occuper la fonction, capable d’être le légataire de l’Expert. Ces manifestations concrètes de reconnaissance de part et d’autre sont, nous semble-t-il influentes sur la reconnaissance mutuelle (Ricœur, 1969), nécessaire à la relation de transmission. Ainsi la situation de transmission que nous étudions s’inscrit dans un cadre institutionnel que nous ne pouvons ignorer tant il influence à de multiples niveaux la situation et les deux protagonistes de cette relation. Nous poursuivons notre développement en nous intéressant maintenant à l’articulation « relation-savoirs ». 9.3.1.3 Une articulation « relation-savoirs » Suivant Lerbet-Séréni (1997), nous avons adopté l’idée que la relation pédagogique entre le Professionnel Expérimenté et le Successeur, articule des représentations, des formes de savoir, dans un processus de communication. Dans la même perspective, Labelle (1996, p. 136) évoque aussi l’articulation entre savoir et relation, il propose de considérer le « double rapport de contiguïté », le premier, rapport de contiguïté didactique relie le savoir à l’expérience de l’apprenant, l’autre, rapport de contiguïté relationnelle relie l’apprenant aux autres sujets, dans notre cas le Professionnel Expérimenté. Pour confirmer encore cette articulation, Tochon (1993) consacre un chapitre à la connaissance de l’expert-enseignant. Il relève notamment le « double agenda » de l’enseignant (p.154), correspondant à une double fonction de gestion des contenus et de gestion de l’interaction, double fonction didactique et pédagogique. Il précise que l’enseignant situe son « attention focale » sur un « point de jonction » des deux pôles, des deux processus peu compatibles : anticiper et s’adapter. 204

9.3.1.4 La planification L’un des pôles renvoie à la planification des contenus, centre d’intérêt des didacticiens. Tochon (1993) explore cette planification, ce plan mental, ce modèle abstrait, « un modèle cognitif anticipateur et hiérarchisé » (p.155) qui correspondrait à une activité assez naturelle de l’homme « qui tend à prévoir, séquencer, choisir et hiérarchiser. ». Mais, s’attachant aux enseignants-experts, l’auteur précise que ces plans sont surtout prégnants chez le Novice, déssécurisé, l’enseignant chevronné quant à lui fonctionne en « pilote automatique », quitte à reconstruire le plan à posteriori, surtout pour justifier son action. Nous retrouvons là les routines de l’expert évoquées plus haut. Si l’on suit Tochon, peut-on considérer que le Professionnel Expérimenté, potentiellement Novice dans l’acte pédagogique s’attachera à la planification de ses interventions ? Il nous faut relativiser ce point de vue, le savoir-faire n'est pas forcément explicité, formalisé, comment pourrait-il être planifié ? Charlier (1988) nous apporte quelques éclairages complémentaires, en notant les deux temps forts : la phase de planification et la phase interactive, que nous retrouvons aussi chez Tochon (1993). Durant la phase de planification l’enseignant prévoie des « emboîtements automatisés d’activités » qu’elle appelle aussi activations de routine, et de décisions de planifications, traduites en comportements. La phase interactive met en interaction les comportements d’enseignement et les comportements des apprenants. A cette occasion les événements que l’enseignant perçoit le conduisent à poursuivre ses activités comme prévu ou à apporter des ajustements. Sa recherche consiste à identifier les relations entre les informations perçues et les décisions de planification. L’enseignant gère essentiellement ses comportements, moins souvent ceux des apprenants, et très rarement les relations entre les acteurs du processus éducatif « enseignant-apprenants, apprenants-apprenants ». Son analyse est centrée sur les types de « décisions » que prend l’enseignant en fonction des situations. En clair, Charlier (1988, p.128) montre que les enseignants sont essentiellement centrés sur leurs propres actions, la planification est à la fois régie par des décisions spécifiques et par d’autres, applicables à plusieurs chapitres. « Nos observations montrent que, généralement, les choix des contenus à enseigner et des méthodes d’enseignement sont spécifiques au chapitre. Par contre, les mêmes 205

des évaluations régulations, des transactions, des négociations entre les deux acteurs,<br />

elle est aussi traversée, habitée de normes que porte le Tiers exclu, qui agit comme<br />

principe organisateur, un évaluateur, peut-être même un contrôleur.<br />

Mais au-delà de ces médiations opérationnelles, nous avons précisé plus haut que<br />

l’entreprise par ses interventions agit comme facteur extrinsèque de la motivation, tout<br />

particulièrement sur la reconnaissance et l’image de soi de l’un et de l’autre.<br />

L’entreprise peut formaliser la légitimité de la <strong>transmission</strong>, par la reconnaissance <strong>du</strong><br />

Professionnel Expérimenté comme porteur d’une connaissance précieuse, et <strong>du</strong><br />

Successeur comme capable d’occuper la fonction, capable d’être le légataire de<br />

l’Expert. Ces manifestations concrètes de reconnaissance de part et d’autre sont, nous<br />

semble-t-il influentes sur la reconnaissance mutuelle (Ricœur, 1969), nécessaire à la<br />

relation de <strong>transmission</strong>.<br />

Ainsi la situation de <strong>transmission</strong> que nous étudions s’inscrit dans un cadre<br />

institutionnel que nous ne pouvons ignorer tant il influence à de multiples niveaux la<br />

situation et les deux protagonistes de cette relation. Nous poursuivons notre<br />

développement en nous intéressant maintenant à l’articulation « relation-<strong>savoir</strong>s ».<br />

9.3.1.3 Une articulation « relation-<strong>savoir</strong>s »<br />

Suivant Lerbet-Séréni (1997), nous avons adopté l’idée que la relation pédagogique<br />

entre le Professionnel Expérimenté et le Successeur, articule des représentations, des<br />

formes de <strong>savoir</strong>, dans un processus de communication. Dans la même perspective,<br />

Labelle (1996, p. 136) évoque aussi l’articulation entre <strong>savoir</strong> et relation, il propose de<br />

considérer le « double rapport de contiguïté », le premier, rapport de contiguïté<br />

didactique relie le <strong>savoir</strong> à l’expérience de l’apprenant, l’autre, rapport de contiguïté<br />

relationnelle relie l’apprenant aux autres sujets, dans notre cas le Professionnel<br />

Expérimenté. Pour confirmer encore cette articulation, Tochon (1993) consacre un<br />

chapitre à la connaissance de l’<strong>expert</strong>-enseignant. Il relève notamment le « double<br />

agenda » de l’enseignant (p.154), correspondant à une double fonction de gestion des<br />

contenus et de gestion de l’interaction, double fonction didactique et pédagogique. Il<br />

précise que l’enseignant situe son « attention focale » sur un « point de jonction » des<br />

deux pôles, des deux processus peu compatibles : anticiper et s’adapter.<br />

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