BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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que le Successeur construira sa motivation à apprendre. La motivation ne se décrète pas, elle n’est pas automatique, elle se construit et s’entretient. Là encore l’entreprise est sollicitée, elle a sa carte à jouer, des stratégies à déployer pour inciter et soutenir la motivation des acteurs concernés. 7.5.1.1 Un facteur agissant : l’âge Pour poursuivre sur sa motivation à transmettre, il nous semble pertinent de prendre en compte son âge, et pour ce faire d’évoquer ici la proposition de Riverin-Simard (1993). En effet, cet auteur propose une analyse du développement vocationnel suivant l’âge au travail. A partir d’une étude triennale menée au Québec, Riverin-Simard (1993) propose de considérer les étapes psychologiques de vie au travail sous la forme d’un voyage interplanétaire. Elle identifie une évolution de la trajectoire vocationnelle au travers de « trois circonvolutions orbitales », jalonnée de neuf tranches d’âge d’une durée approximative de cinq ans entre 23 et 67 ans. A chacune de ces étapes de vie au travail, segments de la trajectoire correspondent deux battements majeurs : une phase de questionnement et une phase de consolidation. Elle décrit pour chaque étape des modes de vie au travail, des aspirations et des significations différentes. Ainsi la période 23-27 ans est assimilée à un « atterrissage sur la planète du marché du travail », la période 28- 32 ans « à la recherche d’un chemin prometteur », la période 33-37 ans « aux prises avec une course occupationnelle ». Après, l’adulte de 38-52 ans entre dans une « circonvolution orbitale » faite de trois étapes 38-42 ans « essais de nouvelles lignes directrices », 43-47ans « en quête du fil conducteur de son histoire », puis 48-52 ans « modification de sa trajectoire ». La tranche d’âge 53-67 ans est décrite comme celle des « manœuvres de transfert interplanétaires » que l’Expert effectuera de « façon ardue et pénible ou complexe mais sereine » (p.87). Cette période se caractérise par des perceptions variées, ponctuées de remises en questions et de besoins divers, à la fois des questionnements sur la finalité de son parcours de vie, le besoin de faire un bilan de sa vie professionnelle, et de laisser un « message » de sa carrière, un besoin de reconnaissance de son utilité, une préparation à sa sortie prometteuse de fin de carrière. Pour Riverin-Simard ce long processus s’étale sur quasiment une dizaine d’années jusqu’au départ effectif, dont elle distingue trois périodes : « 1. la recherche d’une sortie prometteuse (53-57 ans) ; 2. le transfert de champ gravitationnel (58-62 ans) ; 3. aux 154
prises avec la gravité vocationnelle de la planète retraite (63-67 ans). » (Riverin-Simard, 1993, p.87) Parmi toutes les interrogations et perceptions diverses, Riverin-Simard nous précise que dès la tranche 53-57 ans, l’individu identifie la retraite annoncée à la mort (p.90), et : « …semble vouloir laisser à son milieu de travail, le message d’une carrière qui aura été remplie et utile pour l’organisme-employeur ».(p.89) Il nous faudra revenir plus loin sur cette idée de mort annoncée d’une part, et sur l’idée de laisser le « message ». Compte tenu du contexte que nous avons décrit dans notre problématique pratique, nous sommes conduit aussi à considérer l’âge relatif de notre Professionnel Expérimenté d’une part et du Successeur d’autre part. Nous pensons en effet que l’âge des deux protagonistes conditionne la relation éducative que nous verrons plus loin. Pour ce qui concerne le Professionnel Expérimenté, nous rappelons que notre contexte mettait en situation un expert en situation de quitter son poste (mutation) ou l’entreprise (préretraite ou retraite). La période 58-62 ans se caractérise par des « réflexionstestaments » (Riverin-Simard, 1993, p.107) et des états d’âme qui peuvent être différents. La période 63-67 ans se caractérise par un choix de vie après le travail, un choix de type de retraite. Cette dernière remarque sera développée plus loin. Si la description des états d’âme possibles autour de ces périodes est nous semble-t-il pertinente, nous ne sommes pas certain qu’il faille s’attacher strictement aux tranches d’âge et aux limites que propose l’auteur. En effet nous pensons que le contexte, et en l’occurrence le départ anticipé à 57 ans peut bousculer, modifier ces « limites », et chaque personne vit différemment ces événements, à son rythme. Par ailleurs, cette présentation n’est pas sans rappeler les stades de développement de Piaget, qui pourraient se voir ainsi prolongés à l’âge adulte, c’est d’ailleurs un parallèle que l’auteur fait aussi. Or comme chez Piaget, il n’est pas état de l’influence de l’environnement, en l’occurrence de l’entreprise, de sa culture, de son domaine d’activité… Cette conception nous apparaît certes plutôt mécaniste, et linéaire. Pour autant, elle a le mérite de pointer le fait qu’avec la différence d’expérience, est à prendre en compte la différence d’âge possible. Les aspirations et les états d’âme peuvent être très différents, cette différence possible est à souligner dans les mécanismes à l’œuvre dans la transmission. Ces considérations nous semblent importantes pour approcher la 155
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l’auteur fait aussi. Or comme chez Piaget, il n’est pas état de l’influence de<br />
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en compte la différence d’âge possible. Les aspirations et les états d’âme peuvent être<br />
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