BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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7.4.3.3.5.4 Des représentations symboliques Nous considérons les dimensions collectives des connaissances du Professionnel Expérimenté. Pour cela nous avons considéré l’entreprise comme un système social, une société au sens de la sociologie, lieu de constructions de représentations sociales, de cultures et d’identités professionnelles. Or cette dimension sociétale nous conduit aussi à évoquer ce que l’ethnologie nous propose. En effet, l’ethnologie généralement considérée comme la science des sociétés exotiques ou primitives, s’intéresse aussi aux groupes sociaux contemporains, constitutifs de notre société, certains pourraient ajouter en les « tribalisant ». Or l’ethnologie 55 met en avant le « mythe », un type de récit particulier qui présente deux traits essentiels, d’une part son caractère fondateur qui porte sur le sens ou l’origine des choses et d’autre part son caractère symbolique, il est impossible d’interpréter ses éléments par les seules données empiriques. Le caractère symbolique tend à le rapprocher d’une croyance religieuse. Les ethnologues ne sont pas tous d’accord sur la distinction entre le mythe, le conte et la légende, distinction qu’il semble délicat de poser à partir de critères objectivables, en particulier pour un observateur extérieur. Aussi nous ne nous attarderons pas sur ce point. Nous retenons cependant que les ethnologues distinguent principalement les mythes d’origine, cosmologique, eschatologique, messianique, politique, philosophique, suivant le temps dans lequel ils s’inscrivent (passé, présent, avenir), et l’aspect de la société qu’ils idéalisent ou remettent en question. Suivant les courants de l’ethnologie, les mythes sont analysés de manière différente. C’est sans doute Levi-Strauss (1980) qui, dans le prolongement de Malinowski, formalise la conception fonctionnaliste du mythe. En effet, Levi-Strauss attribue au mythe une fonction qui est de garantir la stabilité de l’organisation sociale. Il se transmet, de génération en génération, et véhicule des valeurs et des normes. Certains ethnologues, plus particulièrement ceux dont l’approche se situe dans l’anthropologie psychanalytique cherchent à analyser la symbolisation de fantasmes inconscients. Levi- Strauss, quant à lui privilégie une approche structuraliste, et propose une « pensée 55 Copans J., 1996, Introduction à l’ethnologie et à l’anthropologie, Collection 128, Paris, Nathan 134
mythique » qui procède par « l’entendement ». A ce point de notre développement, nous ne sommes pas en mesure de privilégier l’une ou l’autre des dimensions. Dans l’entreprise, dans le groupe socioprofessionnel considéré, nous pouvons penser que les deux dimensions sont à l’œuvre. Il semble clair que notre société dite moderne, moins « archaïque » est moins porteuse de mythes, ou tout au moins que ses mythes sont moins présents, notre société étant plus complexe. Nous pourrions cependant nous poser la question de savoir si elle n’en construit pas de nouveaux tout aussi agissant. Le monde du travail, bien qu’inscrit dans la modernité est nous semble-t-il porteur de ses mythes d’origine, inscrits dans l’histoire, l’origine de la profession. L’entreprise, en tant que groupe social organisé porte ainsi des mythes fondateurs que proposent de considérer des auteurs comme Enriquez (1992). Pour nous en donner un aperçu, il nous semble incontournable de faire référence ici à deux ouvrages faisant état de racines profondes qui influencent les représentations symboliques liées au métier. Le premier, celui de Eliade (1977) traite de la tradition des « forgerons et des alchimistes ». Ces figures mythiques sont sans doute repérables chez les sidérurgistes et les chimistes contemporains par exemple. Le deuxième, celui Jacq (1991) évoque « le message des constructeurs de cathédrales ». Ces figures mythiques peuvent sans doute se repérer dans les métiers du bâtiment, de la construction, des Travaux Publics, et peut-être même chez les architectes. Ces deux ouvrages, d’autres pourraient aussi étayer cette approche, donnent à penser que les professionnels quels que soient leurs statuts, leurs qualifications, leurs domaines d’activité sont porteurs de mythes inscrits dans une tradition, une histoire du groupe d’appartenance, même si la transposition est vertigineuse. Cette présence symbolique, mythique est aussi confirmée par les différents ethnologues qui ont contribué à l’ouvrage coordonné par Chevallier (1991). Pour compléter ce tour d’horizon, nous pouvons aussi faire référence à l’ouvrage déjà cité de Guédez (1994), qui décrit de manière très fine les représentations symboliques, repérables dans les différents rites très actifs chez les Compagnons du Devoir. Ce développement avait pour but de donner au Savoir-Faire du Professionnel Expérimenté, une dimension à la fois individuelle et collective, culturelle et identitaire que nous ne pouvons pas ignorer. Ce Savoir-faire est une manifestation en contexte de connaissances, de représentations construites dans, par, avec son activité professionnelle et ailleurs, dans, par, avec le groupe social, les groupes sociaux aux quels appartient le 135
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deux dimensions sont à l’œuvre. Il semble clair que notre société dite moderne, moins<br />
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moins présents, notre société étant plus complexe. Nous pourrions cependant nous poser<br />
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Le monde <strong>du</strong> travail, bien qu’inscrit dans la modernité est nous semble-t-il porteur de<br />
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semble incontournable de <strong>faire</strong> référence ici à deux ouvrages faisant état de racines<br />
profondes qui influencent les représentations symboliques liées au métier. Le premier,<br />
celui de Eliade (1977) traite de la tradition des « forgerons et des alchimistes ». Ces<br />
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contemporains par exemple. Le deuxième, celui Jacq (1991) évoque « le message des<br />
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chez les architectes. Ces deux ouvrages, d’autres pourraient aussi étayer cette approche,<br />
donnent à penser que les professionnels quels que soient leurs statuts, leurs<br />
qualifications, leurs domaines d’activité sont porteurs de mythes inscrits dans une<br />
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vertigineuse. Cette présence symbolique, mythique est aussi confirmée par les différents<br />
ethnologues qui ont contribué à l’ouvrage coordonné par Chevallier (1991). Pour<br />
compléter ce tour d’horizon, nous pouvons aussi <strong>faire</strong> référence à l’ouvrage déjà cité de<br />
Guédez (1994), qui décrit de manière très fine les représentations symboliques,<br />
repérables dans les différents rites très actifs chez les Compagnons <strong>du</strong> Devoir.<br />
Ce développement avait pour but de donner au Savoir-Faire <strong>du</strong> Professionnel<br />
Expérimenté, une dimension à la fois indivi<strong>du</strong>elle et collective, culturelle et identitaire<br />
que nous ne pouvons pas ignorer. Ce Savoir-<strong>faire</strong> est une manifestation en contexte de<br />
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