BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf

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particulières qui génèrent des comportements communs, sans exclure les comportements individuels. Là encore on peut concevoir le Professionnel Expérimenté, caractérisé par une longue expérience professionnelle au sein de l’entreprise, du groupe social, comme porteur de cette forme identitaire, caractéristique de sa profession, de son secteur d’activité, de son entreprise. Pour le dire comme Sainsaulieu (1987, p.183) : « On ne vit pas impunément des journées, des mois et des années de relations stratégiques répétitives sans être profondément marqué jusque dans sa façon de voir le monde et de juger soi-même et les autres. » ou encore : « C’est le travail de ce façonnement vers plus ou moins d’acteurs, et plus ou moins de complexité individuelle et collective dans leurs solidarités internes qui sera, en définitive, le résultat de la fonction Identitaire de l’entreprise. » (p.212) Cette identité est construite, intégrée, et génère des comportements que les sociologues mettent en évidence. A ce titre, l’identité professionnelle est une connaissance construite par le Professionnel Expérimenté, dont le savoir-faire est aussi une manifestation en actes. 7.4.3.3.5.3 L’ « acteur – ailleurs » Invoquant l’implication de l’acteur au sein de l’entreprise, Sainsaulieu (1987, p.191- 192) met en évidence la démultiplication potentielle de comportements des acteurs au travail, sous l’effet des évolutions culturelles, et en particulier le retrait et les affinités. Il propose une typologie d’acteurs, suivant l’organisation des identités au travail. L’acteur d’action de masse, caractérisé par une identité de type fusionnel, explique les revendications collectives, L’acteur stratégique, caractérisé par une fonction professionnelle reconnue et un rôle social, agissant lors de négociations, d’oppositions, de quêtes d’alliances ou de coalitions en vue de conflit, L’acteur de soi, caractérisé par une motivation centrée sur l’intégration sociale, une reconnaissance personnelle, une promotion technicienne et hiérarchique, L’acteur ailleurs, caractérisé par un retrait en situation professionnelle, des appartenances culturelles à d’autres scènes sociales. 132

Comme toute typologie, celle-ci est forcément réductrice et ne peut rendre compte de manière exhaustive de toutes les formes identitaires, et des implications possibles. Non seulement nous n’excluons pas la possibilité que le Professionnel Expérimenté se comporte comme un des quatre types d’acteurs, mais nous pensons aussi qu’il peut présenter des caractéristiques de plusieurs d’entre eux. Cependant, Sainsaulieu a le mérite de nous montrer que cette identité professionnelle n’est ni uniforme, ni figée. La diversité des contextes, dans leur nature et dans le temps peut faire évoluer les manifestations culturelles et identitaires du Professionnel Expérimenté. A titre d’exemple, Linhart (2003) montre comment, face à un événement majeur qu’est le plan social, les acteurs concernés ou épargnés par ce plan, puis plus tard par la fermeture de l’entreprise, vivent cet événement de manière très différente. Les uns restent prostrés, attachés à cette entreprise, à leur emploi et leur identité professionnelle, les autres rebondissent, s’impliquent sur d’autres projets. Mais au-delà, cette typologie et notamment l’acteur ailleurs nous permet aussi de prendre en compte le fait que le Professionnel Expérimenté construit des connaissances individuelles et collectives, ailleurs qu’au sein de l’entreprise. Il est porteur de représentations individuelles, sociales, et d’identités diverses, consécutives « de ses appartenances multiples sur plusieurs scènes sociales » (Sainsaulieu, 1987, p.192). Et lui seul articule et mobilise en situation ces diverses représentations, lui seul leur donne du sens en situation. L’acteur ailleurs est pour nous intéressant puisqu’il ouvre la possibilité de considérer le Professionnel Expérimenté, actif aussi dans d’autres sphères que celle du travail, de l’entreprise. Il est membre d’une association caritative ou sportive, en assure la présidence ou gère la trésorerie, entraîneur des jeunes, musicien et/ou mélomane, il voyage à l’étranger, il est philatéliste, amateur d’ornithologie, d’histoire, d’art… Peutêtre même est-il « tout simplement » père ou mère de famille ! A tous ces titres, peutêtre plusieurs en même temps, il construit des connaissances, il entretient des relations sociales dans ces autres sphères, il est aussi porteur aussi de ces identités là, de ces cultures là. Lui seul articule ces connaissances construites ailleurs, lui seul les active dans son contexte professionnel et l’on ne peut éluder ces dimensions du savoir-faire. 133

Comme toute typologie, celle-ci est forcément ré<strong>du</strong>ctrice et ne peut rendre compte de<br />

manière exhaustive de toutes les formes identitaires, et des implications possibles. Non<br />

seulement nous n’excluons pas la possibilité que le Professionnel Expérimenté se<br />

comporte comme un des quatre types d’acteurs, mais nous pensons aussi qu’il peut<br />

présenter des caractéristiques de plusieurs d’entre eux. Cependant, Sainsaulieu a le<br />

mérite de nous montrer que cette identité professionnelle n’est ni uniforme, ni figée. La<br />

diversité des contextes, dans leur nature et dans le temps peut <strong>faire</strong> évoluer les<br />

manifestations culturelles et identitaires <strong>du</strong> Professionnel Expérimenté. A titre<br />

d’exemple, Linhart (2003) montre comment, face à un événement majeur qu’est le plan<br />

social, les acteurs concernés ou épargnés par ce plan, puis plus tard par la fermeture de<br />

l’entreprise, vivent cet événement de manière très différente. Les uns restent prostrés,<br />

attachés à cette entreprise, à leur emploi et leur identité professionnelle, les autres<br />

rebondissent, s’impliquent sur d’autres projets.<br />

Mais au-delà, cette typologie et notamment l’acteur ailleurs nous permet aussi de<br />

prendre en compte le fait que le Professionnel Expérimenté construit des connaissances<br />

indivi<strong>du</strong>elles et collectives, ailleurs qu’au sein de l’entreprise. Il est porteur de<br />

représentations indivi<strong>du</strong>elles, sociales, et d’identités diverses, consécutives « de ses<br />

appartenances multiples sur plusieurs scènes sociales » (Sainsaulieu, 1987, p.192). Et<br />

lui seul articule et mobilise en situation ces diverses représentations, lui seul leur donne<br />

<strong>du</strong> sens en situation.<br />

L’acteur ailleurs est pour nous intéressant puisqu’il ouvre la possibilité de considérer le<br />

Professionnel Expérimenté, actif aussi dans d’autres sphères que celle <strong>du</strong> travail, de<br />

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présidence ou gère la trésorerie, entraîneur des jeunes, musicien et/ou mélomane, il<br />

voyage à l’étranger, il est philatéliste, amateur d’ornithologie, d’histoire, d’art… Peutêtre<br />

même est-il « tout simplement » père ou mère de famille ! A tous ces titres, peutêtre<br />

plusieurs en même temps, il construit des connaissances, il entretient des relations<br />

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cultures là. Lui seul articule ces connaissances construites ailleurs, lui seul les active<br />

dans son contexte professionnel et l’on ne peut éluder ces dimensions <strong>du</strong> <strong>savoir</strong>-<strong>faire</strong>.<br />

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