BOUTTE transmission du savoir faire d expert a novice - these.pdf
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7.4.3.3.5 Une dimension sociale des connaissances<br />
Nous nous efforçons de donner au Savoir-Faire <strong>du</strong> Professionnel Expérimenté,<br />
manifestation de ses connaissances une lecture la plus large possible, pour tenter de<br />
rendre compte de sa complexité. Nous avons abordé plus haut l’étude <strong>du</strong> Professionnel<br />
Expérimenté en commentant ces deux qualificatifs. Or, chacun d’entre eux la<br />
« Professionnalité » d’une part et « l’Expérience » d’autre part nous ont renvoyé de<br />
manière différente au rapport à l’autre, aux autres et donc à l’entreprise vue comme<br />
groupe social. Ceci nous con<strong>du</strong>it à évoquer la dimension culturelle des connaissances <strong>du</strong><br />
Professionnel Expérimenté. Bastien nous a confirmé que les connaissances de celui-ci<br />
se construisent dans ces interactions sociales, elles gardent pour partie au moins cette<br />
dimension commune au groupe social.<br />
Nous conservons l’approche systémique pour aborder l’Entreprise, groupe social<br />
organisé, en forte interaction avec son environnement. Le système entreprise est autoéco-organisé,<br />
il est plus et moins que la somme des personnes qui le constitue. Chacune<br />
d’entre elles n’est pas déterminée par le système, elle est à la fois élément qui construit<br />
le système, et construite par lui, il y a une récursivité.<br />
Suivant cette approche systémique, la sociologie des organisations d’une part, et<br />
l’ethnologie d’autre part nous éclairent sur les dimensions culturelles <strong>du</strong> groupe social<br />
qu’est l’entreprise. En effet, depuis Crozier et Freidberg (1981), nous pouvons<br />
considérer l’entreprise comme un système social et la personne comme un « acteur ».<br />
Le rapport de l’acteur au système fait l’objet de débats nombreux et fournis comme le<br />
montre Dubet (1994). Les acteurs sont porteurs de stratégies propres, explorant des<br />
« zones d’incertitude » que génère inévitablement l’organisation. Les relations entre<br />
acteurs sont faites de jeux de pouvoir et d’alliances tacites. Stroobants (1993) donne à<br />
ce propos une lecture riche d’exemples concrets en entreprises, d’alliances tacites entre<br />
des ouvriers et des techniciens de maintenance. L’organisation elle-même génère des<br />
modes de relation et des comportements (Bournonville, 1998, Livian, 2000, Mintzberg,<br />
1990).<br />
Cette approche sociologique nous con<strong>du</strong>it à penser que l’expérience <strong>du</strong> Professionnel<br />
Expérimenté lui a permis aussi de « construire » des relations, des collaborations tacites,<br />
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