thèse Mme Zouiten - Toubkal
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UNIVERSITÉ MOHAMMED V – AGDAL<br />
FACULTÉ DES SCIENCES<br />
Rabat<br />
Nom et Prénom : ZOUITEN Habiba<br />
THÈSE DE DOCTORAT D’ETAT<br />
Présentée par<br />
Discipline : Biologie<br />
Spécialité : Immunologie-Parasitologie<br />
N° d’ordre : 2312<br />
Titre :<br />
Résistance aux anthelminthiques des nématodes parasites du tube<br />
digestif chez les ovins et les équidés au Maroc<br />
Soutenue le 20 Juillet 2006 , Devant le jury<br />
Président :<br />
Mr. Cabaret J.<br />
Directeur de recherche de première classe à l’INRA de Tours, France<br />
Examinateurs :<br />
Mr. Saddak A.<br />
Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat<br />
Mr. Berrag B.<br />
Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’IAV Hassan II de Rabat<br />
<strong>Mme</strong>. Atay Kadiri Z.<br />
Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat<br />
Mr. Benhoussa A.<br />
Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat<br />
Mr. Oukassou M.<br />
Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’IAV Hassan II de Rabat<br />
Faculté des Sciences, 4 Avenue Ibn Battouta B.P. 1014 RP, Rabat – Maroc<br />
Tel +212 (0) 37 77 18 34/35/38, Fax : +212 (0) 37 77 42 61, http://www.fsr.ac.ma
Le présent travail a été réalisé sous la codirection de Messieurs Abderrahim Sadak, Professeur au<br />
département de Biologie de la Faculté des Sciences de Rabat, et Boumadiane Berrag, Professeur de<br />
Parasitologie à l’Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat. C’est le fruit d’une étroite<br />
collaboration entre les deux départements avec l’aide des projets de recherche : PARS (Agro 011),<br />
PRAD (coopération Maroc-France) et le PRFI (1006).<br />
Au terme de ce travail, il m’est très agréable d’évoquer l’appui intellectuel, moral et matériel dont<br />
j’ai pu bénéficier de la part de plusieurs personnes.<br />
Ma profonde gratitude va à Monsieur le Professeur Sadak A. du département de Biologie de la<br />
Faculté des Sciences de Rabat qui m’a proposé ce sujet de travail. Il n’a cessé de me soutenir tout le<br />
long de cette période en suivant pas à pas l’évolution de ce travail. J’espère n’avoir pas trahi cette<br />
confiance qu’il ma accordée.<br />
Je remercie Madame le Professeur Atay-Kadiri Z. du département de Biologie de la Faculté des<br />
sciences de Rabat qui m’a suivi de prés dans la réalisation de ce travail. Son expérience, sa<br />
compétence et ses conseils très enrichissants m’ont énormément facilité la tache.<br />
Je remercie également les professeurs qui ont bien voulu juger mon travail<br />
Monsieur Jacques Cabaret, directeur de recherche à l’INRA de tours et président du jury.<br />
Monsieur A. Sadak, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat<br />
Madame Z. Atay Kadiri, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat<br />
Monsieur A. Benhoussa, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat<br />
Monsieur B. Berrag, Professeur de l’enseignement supérieur à l’IAV Hassan II, Rabat<br />
Monsieur M. Oukessou, Professeur de l’enseignement supérieur à l’IAV Hassan II, Rabat<br />
Je tiens à témoigner ma plus vive reconnaissance à Monsieur le Professeur Berrag B. qui m’a<br />
accueillie au sein du département de Parasitologie de L’I.A.V. Hassan II. Il m’a aidé à réaliser toute<br />
la partie expérimentale du travail avec une grande patience et une maîtrise professionnelle. Il m’a<br />
offert des conditions de travail très favorables au sein de son laboratoire. Qu’il accepte ici,<br />
l’hommage de ma gratitude, qui si grande qu’elle puisse être, ne sera jamais à la hauteur de son<br />
dévouement.<br />
Mes plus vifs remerciements vont à Monsieur Cabaret J., directeur de recherche à l’Institut<br />
National Agronomique et responsable de l’équipe Ecologie et Génétique des parasites à l’INRA de<br />
Tours, qui a su montrer une très grande disponibilité à mon égard lors de ses missions au Maroc ou<br />
par courrier. Je n’ai jamais hésité à le solliciter à chaque problème si minime soit il. Ses conseils et<br />
ses réponses instantanés m’ont toujours procuré soulagement et réconfort. Qu’il accepte ici ma<br />
profonde gratitude,<br />
Ma plus grande estime va à Monsieur le Professeur Oukessou M., chef du département de<br />
physiologie et thérapeutique de l’IVA Hassan II pour m’avoir aider puis autoriser à travailler au<br />
sein de son laboratoire, notamment dans la préparation des gammes de concentrations des<br />
anthelminthiques utilisées dans les tests in vitro. Je voudrais remercier aussi Monsieur Ablouh du<br />
même département.<br />
1
J’adresse mes vifs remerciements à toutes les personnes de la garde Royale pour leurs aides<br />
précieuses lors des prélèvements effectués sur les chevaux de la Garde Royale ainsi que leurs<br />
renseignements relatifs à l’élevage des chevaux au sein de leur établissement. Je pense<br />
particulièrement au Vétérinaire Commandant J. Chakir, au Vétérinaire Colonel-Major E.H. Marzak<br />
et au Vétérinaire Capitaine A. Bouchiba. .Par la même occasion, je ne pourrais omettre de remercier<br />
tous les responsables et techniciens des haras nationaux, des centres d’élevages et de l’ANOC.<br />
Je voudrais également remercier les étudiants de 6 ième année vétérinaire pour leur aide lors des<br />
sorties. Je pense notamment à Chaib A., Sellak M., Jait A., Boukhris R., Nouhi A., Quefsaoui M.<br />
Un merci chaleureux va à mes collègues et amis du département de Biologie de la faculté des<br />
Sciences ; Benazzou L., Chraibi N., Yassine F., Ennya A., Fassi Fihri A., Ettaouil S. et tous ceux<br />
que j’ai oublié et qui ont su m’écouter et me réconforter à chaque fois que ceci a été nécessaire.<br />
Je tiens enfin à remercier tous les membres enseignants, chercheurs et techniciens du département<br />
de Biologie de la faculté des sciences de Rabat et du département de Parasitologie et de Physiologie<br />
de l’IAV Hassan II qui ont participé de prés ou de loin à la réalisation de ce travail.<br />
Je ne pourrais jamais remercier assez mes parents pour l’appui moral qu’ils m’ont procuré, ainsi que<br />
mon époux Rachid Tazi, mes enfants ; Amine, Youssef et Aida qui ont été très patients pendant ces<br />
longues années de recherches. Des années qui ont pris de mon temps et de ma disponibilité à leur<br />
égard. Avec toute mon affection.<br />
2
SOMMAIRE<br />
Introduction……………………………………………………..……...5<br />
Chapitre I : Revue bibliographique…….……………………….……...7<br />
I. Présentation des parasites…………...………………..……….……………8<br />
I.1. Les strongles digestifs………..……………………................…8<br />
a- Chez les petits ruminants<br />
b- Chez les Équidés<br />
I.2. Cycle biologique……………………………………………….16<br />
II. Lutte contre les strongles……….………………………………….……..16<br />
II.1. Action sur la phase libre.………………………….....………..16<br />
a- lutte biologique<br />
b- Gestion des pâturages<br />
II.2. Action sur la phase parasitaire……………………...…………17<br />
a- Sélection d’hôtes résistants<br />
b- Vaccination<br />
c- Nutrition complémentée<br />
III. Les anthelminthiques…………………………………………………….19<br />
III.1. Historique ………………………………….………………...19<br />
III.2. Les Benzimidazoles (BZs) ...………………………………...19<br />
III.2.1. Structure des BZs………………………...............….19<br />
III.2.2. Mode d’action des BZ…..............…………………...25<br />
a- Effet ovicide des BZs<br />
b- Qu’est ce que les microtubules ?<br />
c- Qu’est ce que la tubuline ?<br />
d- Relation tubuline-BZs<br />
IV. La résistance aux anthelminthiques……………………………………...26<br />
IV.1. Définition de la résistance.…………………………………...26<br />
IV.2. Situation de la résistance dans le monde…....…...…………...26<br />
a- Chez les Ovins<br />
b- Chez les Équidés<br />
c- Conclusion<br />
IV.3. Espèces touchées par la résistance…….….…………………..27<br />
1
IV.4. Déterminisme génétique de la résistance………..…….………28<br />
IV.4.1. Mécanismes qui régissent la résistance aux BZs …….29<br />
IV.4.2. Comment peut-on expliquer génétiquement cette<br />
résistance………………………………………………………………………….29<br />
IV.5. Techniques de détection de la résistance..…………………….30<br />
IV.5.1. Tests in vivo…………………….….………………….30<br />
a- Bilan parasitaire<br />
b- Test de réduction fécal des œufs (FECRT)<br />
c- Test d’identification des larves L3 après coproculture<br />
IV.5.2. Tests in vitro………………………………………..…33<br />
a- Test d’inhibition d’éclosion des œufs (EHT)<br />
b- Test de développement larvaire des L1<br />
c- Test de paralysie des larves L3.<br />
IV.5.3. Diagnostic moléculaire………………………..………34<br />
IV.6. Comment peut on éviter le développement de la résistance ….35<br />
IV.6.1. En évitant de traiter trop fréquemment avec la même<br />
molécule<br />
IV.6.2. En traitant au bon moment tout en tenant compte de la zone<br />
refuge<br />
IV.6.3. En traitant à la bonne dose en évitant le sous dosage.<br />
Problématique………………………………………………………..…39<br />
Chapitre II : Résistance aux anthelminthiques des nématodes<br />
gastro-intestinaux chez les ovins………………………………….……41<br />
I.Introduction……………………………………………………..………….42<br />
II.Utilisation des anthelminthiques chez les ruminants au Maroc……..…….42<br />
II.1. LCMV et firmes pharmaceutiques……………………………...42<br />
II.2. Vétérinaires privés……………………………………………...45<br />
II.3. Conclusion de l’enquête………………………………………..46<br />
III. Evaluation de l’efficacité des anthelminthiques chez les ovins…………48<br />
III.1. Matériel et méthodes…………………………………………..48<br />
III.1.1. Présentation des régions d’étude……………………...48<br />
III.1.2. Infestations expérimentales…………………………...53<br />
III.1.2.1. Parasites<br />
III.1.2.2. Animaux<br />
III.1.2.3. Infestations<br />
III.1.2.4. Traitement<br />
III.1.2.5. Test d’inhibition d’éclosion des œufs (EHT)<br />
2
III.1.2.6. Bilan parasitaire<br />
III.1.2.7. Test de paralysie des larves (L3<br />
III.1.3. Test de réduction fécale des œufs (FECRT)……...…..58<br />
III.1.3.1. Choix des animaux et anthelminthiques utilisés<br />
III.1.3.2. Protocole expérimental<br />
a. Coproscopie<br />
b. Interprétation des résultats<br />
III.2. Résultats………………………………………………………..60<br />
III.2.1. infestations expérimentales<br />
III.2.1.1. Résultat du EHT<br />
III.2.1.2. Résultat du bilan parasitaire<br />
III.2.1.3. Résultat du test de paralysie des larves L3<br />
III.2.2. FECRT………………………………………………...64<br />
IV. Discussion et conclusion……………………………………………....…66<br />
Chapitre III : Résistance aux anthelminthiques des nématodes<br />
gastro-intestinaux chez les équidés…………………………………..…68<br />
I. Introduction……………………….………………………………………...69<br />
II. Parasitisme des chevaux au Maroc ……………………………………….70<br />
II.1. les écuries de courses…………...……………………………………..71<br />
II.2. Les haras nationaux……………………………………………….…..71<br />
II.3. Les Forces Armées Royales (FAR)…………………………………...71<br />
II.4. Conclusion…………………………………………………………….75<br />
III. Efficacité des anthelminthiques à utilisation courante contre les strongles<br />
gastro-intestinaux chez le cheval………………………………………………….76<br />
III.1. Matériel et méthodes…...…………………………………………….76<br />
III.1.1. Les sites<br />
III.1.2. Molécules testées et choix des animaux<br />
III.1.3. Evaluation de la résistance<br />
III.2.Résultat…………………………………………………………………79<br />
III.2.1. Au niveau des haras nationaux<br />
III.2.2. Au niveau de l’unité 1 des FAR<br />
III.2.3. Au niveau de l’unité 2 des FAR<br />
3
IV. Diagnostic de la résistance aux BZs chez le cheval de selle………..……82<br />
IV.1. Matériel et méthodes…………………………………………..……..82<br />
IV.1.1. Choix des animaux<br />
IV.1.2. Choix de l’anthelminthique<br />
IV.1.3. Protocole expérimental<br />
IV.2. Résultats………………………………………………………………94<br />
IV.2.1. FECRT<br />
IV.2.2. EHT<br />
IV.2.3. Détermination des larves L3<br />
IV.2.4. Bilan parasitaire<br />
V. Parasitisme chez des équidés non traités : les asins……………….……...100<br />
V.1. Enquête………………………………………………….….…...100<br />
V.2. Matériel et méthodes…………………………………………….101<br />
V.2.1. Animaux<br />
V.2.2. Coproscopies<br />
V.2.3. Test d’inhibition des œufs<br />
V.2.4. Coproculture<br />
V.2.5. Traitement des ânes<br />
V.3. Résultats…………………………………………………………..101<br />
V.3.1. EHT<br />
V.3.2. FECRT<br />
V.3.3. Charge parasitaire<br />
V.3.4. Détermination des parasites<br />
VI. Discussion et conclusion……………………………...………………….106<br />
Discussion générale et conclusion………………………………………………….109<br />
Perspectives…………………………………………………………….…………..113<br />
Références bibliographiques………………………………………………………..115<br />
Annexes…………………………………………………………………………….127<br />
Résumé.…………………………………………………………………………….138<br />
4
La chimiorésistance est un mécanisme biologique universel, décrit dans tout le règne vivant,<br />
allant des virus aux mammifères. Ce phénomène est trés préoccupant, car les parasites, face aux<br />
anthelminthiques s’adaptent en développant une résistance. C’est ainsi que Darwin définit pour la<br />
première fois la notion de sélection naturelle qui est le processus conduisant à une meilleure<br />
adaptation des organismes à leur environnement. Le développement de la génétique a ensuite<br />
montré que ces adaptations ne pouvaient survenir que grâce à l’existence dans les populations,<br />
d’une variabilité générée par les processus de mutation. C’est donc une lutte permanente entre le<br />
parasite et l’hôte pour la survie. Vers la fin des années 40, les premiers cas de résistance, chez<br />
certaines bactéries pour un groupe d’antibiotiques, les sulphonamides (Towner, 1995), et chez les<br />
insectes pour le DTT (Dichloro-Diphényl-Trichloréthane) (Roush, 1993), furent signalés.<br />
La résistance aux anthelminthiques chez les parasites des mammifères est de plus en plus<br />
répandue, notamment pour les nématodes parasites du tube digestif des ruminants et des équidés. En<br />
1957, Drudge et al signale l’apparition du premier cas de résistance d’un isolat d’Haemonchus<br />
contortus isolé sur des ovins soumis depuis 10 ans à des traitements intensifs à base de<br />
phénotiazine, alors que chez les équidés, le premier cas de résistance des petits strongles vis-à-vis<br />
de la même molécule a été signalé en 1960 par Gibson. Rapidement, cette molécule a été remplacée<br />
par le premier anthelminthique de la famille des benzimidazoles : le thiabendazole.<br />
Malheureusement, à peine 3 années après, une résistance à cette molécule apparaît chez les<br />
ruminants et les équidés (Drudge et al., 1964, 1965). Ensuite, sont apparues d’autres molécules, à<br />
spectre d’activité plus général, à dose thérapeutique plus faible et sans danger pour la plupart des<br />
animaux domestiques. Mais depuis une trentaine d’années, aucun nouveau produit n’est apparu<br />
malgré le signalement d’une résistance de plus en plus importante à presque toutes les molécules<br />
dans le monde.<br />
Le nombre de familles chimiques étant limité, et compte tenu des coûts très élevés pour le<br />
développement de molécules originales, les possibilités d’extension de la pharmacopée<br />
antiparasitaire sont restreintes. Il paraît donc indispensable de mieux comprendre l’apparition et le<br />
développement de la résistance afin de tenter de la prévenir lorsque cela est encore possible,<br />
d’essayer de la gérer lorsqu’elle est déjà installée ou mieux encore l’éviter en conservant les<br />
molécules qui sont encore efficaces. Devant cette effervescence de tous les parasitologistes<br />
vétérinaires pour lutter contre ce fléau économique d’une part, le nombre restreint des travaux<br />
5
éalisés sur la résistance des nématodes gastro-intestinaux des herbivores au Maroc d’autre part,<br />
nous avons voulu à travers cette étude, faire tout d’abord un constat de la situation sanitaire des<br />
ovins et des équidés au Maroc, vérifier l’efficacité des anthelminthiques à usage courant contre les<br />
strongles digestifs et déterminer les espèces de nématodes qui ont développé une résistance à ces<br />
produits.<br />
Avant de préciser la problématique de notre travail, nous présenterons rapidement dans un premier<br />
temps la morphologie, l’écologie et l’épidémiologie des strongles digestifs. Nous exposerons<br />
ensuite les différents moyens de lutte contre ces nématodes. La résistance aux anthelminthiques sera<br />
ensuite abordée par une description de la situation dans le monde et par la présentation de quelques<br />
mécanismes ainsi que les techniques de détection de cette résistance. Nous terminerons enfin cette<br />
revue bibliographique en essayant de recenser les moyens qui permettent de limiter le<br />
développement de cette résistance.<br />
6
I : PRESENTATION DES PARASITES<br />
I.1 : Les strongles digestifs<br />
Les nématodes parasites du tube digestif appelés strongles digestifs ou strongles gastro-intestinaux<br />
appartiennent à l’ordre des Strongylida. Ils se caractérisent par la présence chez le mâle, de deux<br />
spicules et d’une bourse copulatrice soutenue par des côtes musculeuses (fig.1). Ce sont les agents<br />
responsables des strongyloses.<br />
a- Chez les petits ruminants<br />
Les parasites des petits ruminants et spécialement des ovins (fig.2) qui nous intéressent dans cette<br />
étude appartiennent à la famille des Trichostrongylidés. Ils se caractérisent par une capsule buccale<br />
absente ou rudimentaire et un cycle monoxène. Ces helminthoses digestives évoluent généralement<br />
pendant la période de pâture et se traduisent essentiellement par des troubles gastro-entéritiques<br />
avec diarrhée rebelle ou par l’évolution d’un syndrome anémique. Les principales caractéristiques<br />
des différents genres sont résumés dans le tableau 1.<br />
b- Chez les équidés<br />
Les espèces hébergées par les équidés (fig.3) appartiennent essentiellement à la super-famille des<br />
Strongyloidea et la famille des Strongylidae. Elles sont localisées dans le gros intestin et se<br />
traduisent par une anémie accompagnée parfois de troubles digestifs pouvant évoluer vers la<br />
cachéxie. Elles se caractérisent morphologiquement par la présence d’une capsule buccale dont la<br />
morphologie détermine 2 sous familles :<br />
° Sous famille des Strongylinae appelés aussi « grands strongles » présentent une capsule buccale<br />
globuleuse (fig.4). Les larves L3 après ingestion par l’animal, vont migrer dans différents organes<br />
de l’hôte selon les espèces et provoquer des lésions plus ou moins graves allant jusqu’à la mort de<br />
l’animal (Tableau 2).<br />
° Sous famille des Cyathostominae, appelés aussi Trichonèmes ou « petits strongles » à cause de<br />
leur petite taille par rapport aux strongylinés. Ces parasites présentent une capsule buccale annulaire<br />
(fig.5). Leur cycle de vie est direct, se fait sans migration larvaire. De ce fait la période prépatente<br />
est plus courte que chez les grands strongles. Ce sont les plus nombreux : 13 genres et une<br />
quarantaine d’espèces.<br />
8
Remarque<br />
Bien que les nématodes parasitant le tube digestif des ruminants et des équidés appartiennent au<br />
même ordre des Strongylida, ils se différencient de point de vue fonctionnel puisqu’ils n’affectent<br />
pas le même organe du tube digestif, ne présentent pas le même cycle de développement et ne<br />
provoquent pas les mêmes lésions et donc pas les mêmes symptômes.<br />
9
Spicules<br />
Teladorsagia circumcincta<br />
Haemonchus contortus<br />
Spicules<br />
Côtes<br />
Bourse<br />
Trichostrongylus axei (x 375).<br />
Figure 1 : Photos de l’extrémité postérieure des strongylides mâles (Euzeby, 1981)<br />
10
Trichostrongylus axei, T. vitrinus<br />
Figure 2 : Parasites internes du mouton ainsi que leurs organes cibles<br />
Figure 3 : Parasites internes du cheval ainsi que leurs organes cibles<br />
11
Capsule buccale<br />
Strongylus vulgaris x72 S. equinus x40 S. edentatus x33<br />
Figure 4 : Photo de la capsule buccale des strongylinés (grands strongles). (Bowman, 1999)<br />
cc<br />
Capsule<br />
buccale<br />
Face Dorsoventrale<br />
Face latérale<br />
Figure 5 : Photo de la capsule buccale des Cyathostominés (petits strongles)<br />
Cylicocyclus leptostomum x283 (Bowman, 1999)<br />
12
Tableau 1 : Caractéristiques des principaux genres de parasites du tractus digestif chez les ovins,<br />
bovins et caprins.<br />
Genres Description Organe<br />
infecté<br />
Haemonchus<br />
Teladorsagia<br />
Trichostrongylus<br />
Cooperia<br />
Oesophagostomum<br />
Chabertia<br />
M : 10-20 mm<br />
F : 18-30 mm<br />
M : 6-9 mm<br />
F : 8-12 mm<br />
M: 4 - 5.5 mm<br />
F : 5-7 mm<br />
M : 5-7 mm<br />
F :6-9 mm<br />
M :12-17 mm<br />
F : 15-22 mm<br />
M : 13-14 mm<br />
F : 17-20 mm<br />
Caillette<br />
Caillette<br />
Caillette,<br />
Intestin grêle<br />
Intestin grêle<br />
Gros intestin<br />
Gros intestin<br />
Cycle de vie<br />
PL : 4-6 jours<br />
PP : 3 semaines<br />
PL : 4-6 jours<br />
PP : 3 semaines<br />
PL : 3-4jours<br />
PP : 2-3 semaines<br />
PL : 5-6 jours<br />
PP : 2-3 semaines<br />
PL : 6-7 jours<br />
PP : 41-45 jours<br />
PL : 5-6 jours<br />
PP : 42 jours<br />
Symptômes<br />
Anémie<br />
Œdèmes<br />
Affaiblissement<br />
Pas de gain de poids<br />
Œdèmes<br />
Affaiblissement<br />
Pas de gain de poids<br />
Inappétence et diarrhée<br />
Œdèmes<br />
Affaiblissement<br />
Perte de poids<br />
Œdèmes<br />
Affaiblissement<br />
Pas de gain de poids<br />
Diarrhée vert foncé.<br />
Oedèmes<br />
Anémie, Diarrhée avec<br />
sang<br />
Légende : M = Mâles ; F = Femelles.<br />
PL = Période libre : nombre de jours minimal pour que le parasite atteigne le stade larvaire<br />
infectieux (L3) après l’éclosion de l’œuf.<br />
PP : Période prépatente : temps qui s’écoule entre l’ingestion des L3 par l’hôte et le moment ou<br />
apparaissent les premiers œufs dans les matières fécales.<br />
Tableau 2 : Caractéristiques des grands strongles chez le cheval (Euzeby, 1981 et Bussieras, 1995)<br />
Espèces<br />
Strongylus<br />
vulgaris<br />
S. edentatus<br />
S. equinus<br />
Taille<br />
M :15 mm<br />
F. 20 – 25mm<br />
M : 25 mm<br />
F : 35 – 45mm<br />
M : 25 – 35<br />
F : 35 – 45mm<br />
Site migratoire<br />
des L3<br />
Vx sanguins du<br />
Tube digestif<br />
Foie, Cavité<br />
abdominale<br />
Foie<br />
Pancréas.<br />
Symptômes<br />
Diarrhées/<br />
constipations<br />
Coliques. Mort.<br />
Hépatite<br />
Peritonite.<br />
Hépatite<br />
Peritonite.<br />
Période prépatente<br />
6 à 7 mois<br />
9 à 10 mois<br />
8 à 9 mois<br />
13
I.2. Cycle biologique<br />
Sauf pour les grands strongles, le cycle de développement des strongles gastro-intestinaux chez les<br />
ovins et les équidés est direct sans migration des larves L3 (Fig.6). Il est monoxène et se divise en<br />
deux phases :<br />
→ La phase parasitaire se déroule à l’intérieur de l’hôte. Elle commence par l’ingestion<br />
d’herbe contenant des larves du stade 3 (L3) dites larves infestantes. Ces larves pénètrent dans la<br />
muqueuse de l’organe cible du tube digestif, subissent un dégainement et muent en L4. Elles<br />
quittent ensuite la muqueuse et passent dans la lumière du tube digestif où elles muent en L5, stade<br />
appelé préadulte. Cinq jours après, elles acquièrent la maturité sexuelle. Après accouplement, les<br />
femelles libèrent leurs œufs dans la lumière du tube digestif qui seront rejetés à l’extérieur avec les<br />
matières fécales de l’hôte. Commence alors la deuxième phase du cycle.<br />
→ La phase libre : Les œufs se trouvant sur le sol éclosent en donnant des larves du<br />
premier stade (L1) qui subissent deux mues successives pour évoluer en L3.<br />
La durée du cycle de vie des strongles digestifs varie selon les conditions climatiques. Par exemple<br />
la température optimale pour la survie des L3 se situe entre 10 et 30°C chez les cyathostomes.<br />
D’autre part, la durée de la période prépatente (de l’ingestion des L3 jusqu’au développement des<br />
adultes) dépend du phénomène de l’hypobiose. En effet, quand les conditions climatiques sont<br />
défavorables à un bon déroulement de la phase libre, on assiste chez quelques espèces à un<br />
enkystement des L4 dans la muqueuse du tube digestif , ce qui assure la survie de la population en<br />
évitant la maturation des adultes et donc une émission des œufs à une période où les conditions<br />
climatiques externes sont défavorables pour la poursuite du cycle. Ce phénomène (hypobiose) peut<br />
avoir comme conséquence une diminution de l’efficacité des anthelminthiques. Il a été bien étudié<br />
chez les strongles digestifs des ruminants (Cabaret, 1977) et chez les équidés (Love et Ducan,<br />
1988). En climat tempéré l’hypobiose se produit en hiver (période froide) alors qu’en climat<br />
tropical, elle est induite par la saison sèche (Reid et Armour, 1972).<br />
14
Figure 6 : Cycles biologiques des nématodes parasites du tractus du tube digestif.<br />
a) Chez les ruminants.<br />
Exemple : Teladorsagia sp. (Bussieras et Chermette 1995)<br />
Sol<br />
b) Chez les chevaux.<br />
Exemple 1 : Cyathostominés<br />
(Petits strongles)<br />
Exemple 2 : Strongylus vulgaris<br />
(Grand strongle)<br />
15
II. LUTTE CONTRE LES STRONGLES<br />
Les parasites internes du tube digestif constituent un problème qui revient périodiquement dans<br />
presque tous les élevages. D’ailleurs, on peut se demander à quel point les parasites peuvent jouer<br />
un rôle puisque l’exposition des animaux à un faible parasitisme peut leur permettre de développer<br />
une certaine immunité protectrice. L'importance de ce phénomène conduit à la mise en place d'un<br />
plan de prophylaxie dont le but n’est pas d’éliminer le parasitisme mais de le maintenir à un niveau<br />
acceptable. Les moyens de lutte contre les strongles gastro-intestinaux peuvent intervenir sur la<br />
phase libre ou la phase parasitaire du cycle du nématode.<br />
II.1 Action sur la phase libre<br />
L’objectif principal à ce stade est de diminuer le niveau d’infestation de l’hôte en réduisant le<br />
nombre d’œufs et de larves L3 présents sur le pâturage, ce qui implique une grande connaissance<br />
des cycles de vie des parasites.<br />
a- Lutte biologique<br />
C’est un moyen fondé sur les propriétés nématophages des champignons. Faedo et al. en 1998 ont<br />
montré que les spores d’un champignon hyphomycète : Duddingtonia flagrans pouvaient réduire la<br />
taille des populations de larves L3 des strongles infectant les ovins. Ensuite, Larsen et al. en 1998<br />
ont administré oralement les spores de ce champignon microscopique à des ovins infestés<br />
expérimentalement par Trichostrongylus colubriformis. Résistants à leur passage dans le tube<br />
digestif, ces spores vont se multiplier lorsque les fèces sont rejetées au champ où ils piègent et<br />
détruisent les larves en développement. Les résultats sont prometteurs mais pour obtenir une action<br />
prolongée il faut maintenir un fort niveau des spores de ce champignon prédateur dans les fèces, ce<br />
qui limite l’intêret de cette technique. Plus récemment, Chauhan et son équipe en 2005 ont montré<br />
l’efficacité d’un autre champignon (Arthrobotrys musiformis) sur les larves d’ Haemonchus<br />
contortus. Les spores de ce champignons peuvent être utilisés seuls ou en association avec ceux de<br />
Duddingtonia flagrans (Chauhan et al., 2005). D’autres tests ont été réalisés sur Muellerius<br />
capillaris, un parasite pulmonaire des petits ruminants. Les résultats ont montré clairement que<br />
Duddingtonia flagrans n’avait aucun effet sur les stades L1 du parasite (Paraud et al., 2005).<br />
b- Gestion des pâturages.<br />
C’est l’un des moyens le plus important et le plus utilisé pour limiter le parasitisme chez les ovins<br />
en élevage biologique. La transmission et la multiplication des parasites impliquent le passage au<br />
pâturage. La technique consiste à utiliser des parcelles saines pour les troupeaux :<br />
16
- L’utilisation de pâtures saines c’est à dire non pâturées par la même espèce d’hôte depuis au<br />
moins un an est conseillée surtout pour les jeunes animaux après sevrage.<br />
- La technique de rotation des pâturages consiste à limiter le contact entre les L3 et leurs hôtes. Les<br />
parcelles, indemnes de parasites sont divisées en bandes et les animaux passent de l’une à l’autre.<br />
La durée pendant laquelle une parcelle est mise au repos permet sa décontamination. Cette stratégie<br />
est limitée car selon les conditions climatiques (particulièrement en climat tempéré) les L3 peuvent<br />
survivre longtemps.<br />
- De même, la création d’un système de pâturage mixte ou alterné par plusieurs espèces d’hôtes<br />
lorsqu’ils cohabitent permet de limiter l’infestation des pâturages. La surface réservée aux ovins la<br />
première année, sera, par exemple, pâturée par les bovins ou les équidés la deuxième année.<br />
Malheureusement certaines espèces de strongles infestent tous les ruminants domestiques ainsi que<br />
les équidés, tel que Trichostrongylus axei. Cette technique est très utilisée dans les régions<br />
nordiques de la France dans les élevages biologiques (Cabaret et al., 2002). Le même principe de<br />
pâturage mixte peut être proposé pour une seule espèce d’hôte à condition de placer des jeunes<br />
animaux avant les adultes, car les jeunes sont généralement plus sensibles aux parasites que les<br />
adultes (Baudena et al., 2003). Cette immunité acquise chez les femelles adultes ne se transfert<br />
malheureusement pas chez leurs petits.<br />
- L’état du pâturage est aussi très important. On peut limiter l’infestation par les L3 en empêchant<br />
les animaux de brouter dans les prairies ou l’herbe est courte car 80% des parasites se tiennent dans<br />
les cinq premiers centimètres du sol.<br />
II.2 Action sur la phase parasitaire.<br />
a- Sélection d’hôtes résistants.<br />
On trouve dans tous les troupeaux certains animaux qui sont naturellement plus résistants aux<br />
parasites que d’autres. Ils sont capables de limiter l’installation des parasites ou de provoquer leur<br />
élimination. La composante génétique de cette résistance (héritabilité) est estimée entre 20 et 30%<br />
(Leboeuf, 2003).<br />
L’utilisation d’animaux résistants permet une diminution progressive de la contamination des<br />
pâturages (Windon, 1990) ce qui nécessite la sélection d’animaux rejetant le moins d’œufs.<br />
En Australie et en Nouvelle Zélande où les troupeaux sont très largement dépendant du pâturage et<br />
où le phénomène de résistance aux vermifuges est problématique, la sélection pour des animaux<br />
résistants est la voie de l’avenir. En effet, chez les ruminants, des études faîtes à partir d’infestations<br />
naturelles et expérimentales inter-races et intra-races ont prouvé l’existence grâce à des mesures<br />
17
simples des OPG (nombre d’œufs rejetés par gramme de matière fécale de l’hôte) de races<br />
résistantes aux strongles gastro-intestinaux (Baker, 1997, Vercoe et Frish, 1992). Woolaston et al.<br />
en 1990 ont sélectionné des moutons de race Merinos présentant une résistance innée à l’<br />
Haemonchus contortus. L’héritabilité de ce caractère s’est révélé importante (0.41).<br />
Chez les chèvres par exemple, il a été montré que l’excrétion des œufs par des strongles digestifs<br />
était moins importante chez les animaux de race Alpine que chez ceux de race Saanen (Richard et<br />
al., 1990).<br />
b- Vaccination<br />
La vaccination pourrait aider à optimiser l’ immunité prorectrice et limiter le niveau d’infestation<br />
des animaux domestiques (Newton,1995). Malheureusement, le seul vaccin existant et<br />
commercialisé est celui contre la bronchite vermineuse due à Dityocrocaulus viviparus chez les<br />
bovins. Les problèmes rencontrés lors de la mise au point d’un vaccin contre les strongles gastrointestinaux<br />
sont importants car les infestations naturelles par ces derniers sont plurispécifiques.<br />
c- Nutrition complémentée<br />
Les strongles gastro-intestinaux provoquent chez l’hôte des modifications métaboliques et<br />
physiologiques importantes. Ainsi des apports nutritifs peuvent compenser par exemple les pertes<br />
en protéines en fin de gestation ainsi que de réduire l’amplitude de la hausse de ponte des parasites<br />
associée à l’agnelage (Leboeuf, 2003).<br />
d- Phytotérapie<br />
Il existe de nombreuses plantes qui sont recensées comme ayant des propriétés anthelminthiques.<br />
Leur utilisation faisait d’ailleurs partie des pratiques traditionnelles des éleveurs avant la<br />
généralisation des vermifuges de synthèse qui malheureusement a entraîné l’apparition de la<br />
résistance à certaines molécules. Plusieurs études ont été faites dans ce domaine, notamment celles<br />
des vertus de l’ail (Grieve, 1971), de l’Armoise (Idris et al. 1982), la sève résineuse du pin (Cabaret,<br />
1986) particulièrement efficace contre les strongyloses du cheval, les graines de certaines<br />
Cucurbitacées (Lys et al., 1955, Sharma et al., 1971, Forgacs et al.,1970).<br />
Toutes ces solutions proposées ne suffisent pas à gérer le parasitisme interne chez les ruminants et<br />
les équidés, et les éleveurs ont recours la plus part du temps aux traitements anthelminthiques. Ce<br />
moyen de lutte sera particulièrement développé dans le chapitre suivant.<br />
18
III. LES ANTHELMINTHIQUES<br />
III.1 : Historique<br />
Le premier produit découvert fut la phénotiazine en 1939, et les premiers résultats de son utilisation<br />
furent rapportés sur les parasites des ruminants et des chevaux (Roberson,1982 ; Lanusse et<br />
Prichard, 1993). Cette molécule fut ensuite remplacée par d’autres ayant un spectre d’action plus<br />
large : le premier produit synthétisé et commercialisé fut le thiabendazole (TBZ) appartenant à la<br />
grande famille des benzimidazoles (Brown et al.,1961). Parallèlement aux benzimidazoles(BZs),<br />
plusieurs autres anthelminthiques ont été découverts et mis sur le marché dont le dernier né est<br />
l’ivermectine. Le tableau 3 résume la classification des principaux anthelminthiques en fonction de<br />
leur mode d’action ainsi que leur cible. Leur structure est représentée sur les figures 7, 8, 9 et10.<br />
III.2 : Les Benzimidazoles (BZs)<br />
Ce sont les anthelminthiques les plus couramment utilisés chez les ruminants et les équidés car ils<br />
sont bon marché et présentent un indice thérapeutique élevé. Leur étude sera donc plus développée<br />
que les autres anthelminthiques.<br />
III.2.1 : Structure des BZs<br />
La structure de base des BZs est un cycle double correspondant à la fusion d’un noyau et d’un<br />
hétérocycle (tableau 4). Les substitutions des groupements fixés en position R1 et R2 de cette<br />
structure permettent d’obtenir les différents composés de cette famille (Towsend et al., 1990). Pour<br />
améliorer la solubilité des BZs dans l’eau ainsi que leur absorption, différentes prodogues ont été<br />
élaborées : ce sont les pro-benzimidazoles. Ces composés présentent en plus l’avantage d’être<br />
moins toxiques pour l’hôte (Horton, 1990). Les principaux pro-benzimidazoles sont : le<br />
thiophanate, le fébantel et le nétobimin (Tableau 3 et 5).<br />
19
Tableau 3 : Classification des anthelminthiques strongylicides utilisés chez les ruminants et les<br />
équidés<br />
Organophosphorés<br />
Benzimidazoles<br />
et<br />
Trichlorfon<br />
Dichlorvos<br />
Coumaphos<br />
Naphtalofos<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Fenbendazole<br />
Mebendazole<br />
Oxfendazole<br />
Oxibendazole<br />
Cambendazole<br />
Fébantel<br />
Pro-benzimidazoles Nétobimin<br />
Thiophanate<br />
Lévamisole<br />
Imidazothiazoles<br />
Tétramisole<br />
Tétrahydropyrimidines Morantel<br />
Pyrantel<br />
Closantel<br />
Salicylanides<br />
Nitroxinil<br />
Rafoxanide<br />
Ivermectine<br />
Avermectines<br />
Moxidectine<br />
Classes Nom générique Cible Mode d’action<br />
Phénothiazine Phénothiazine<br />
Action sur le<br />
métabolisme<br />
énergétique<br />
Récepteur à<br />
Pipérazine<br />
Pipérazine l’acide gamma-<br />
Hyperpolarisation<br />
diéthylcarbamazine<br />
neuro-musculaire<br />
amino-butyrique<br />
(GABA)<br />
Choline-estérase<br />
β tubuline<br />
Récepteur à<br />
l’acétylcholine<br />
Récepteur à<br />
l’acétylcholine<br />
Protons<br />
ionophores<br />
Canaux à chlore<br />
Anti<br />
cholinestérasiques<br />
Action sur le<br />
métabolisme<br />
énergétique par<br />
inhibition de la<br />
fumarate réductase<br />
Inhibiteur de la<br />
polymérisation de la<br />
β- tubuline<br />
Cholinomiméthiques<br />
Cholinomiméthiques<br />
Découpleur de la<br />
phosphorylation<br />
oxydative<br />
GABA-agoniste<br />
.<br />
20
Tableau 4 : Structure chimique des Benzimidazoles.<br />
21
Tableau 5 : Structure chimique des Pro-benzimidazoles<br />
22
Figure 7 : Structure chimique des Imidazothiazoles<br />
Figure 8 : Structure chimique des Tétrahydropyridines<br />
23
Figure 9 : Structure chimique des Salicylanides<br />
Figure 10 : Structure chimique des Avermectines<br />
24
III.2.2 : Mode d’action des BZs<br />
a- site d’action des BZs : Chez toutes les cellules eucaryotes, le cytosquelette est formé de<br />
plusieurs types de filaments dont les microtubules, leur rôle est d’assurer :<br />
- L’architecture de la cellule.<br />
- Les mouvements des vésicules excrétrices dans le cytoplasme cellulaire.<br />
- La formation des flagelles.<br />
- L’élongation des cellules nerveuses.<br />
- La formation du fuseau mitotique.<br />
Ce sont des tubes creux cylindriques de 24nm de diamètre et 5nm d’épaisseur formés par<br />
l’association de deux types de sous unités homologues d’α et de β-tubulines. Ces deux protéines<br />
présentent un poids moléculaire d’environ 50.000 daltons chacune et comprennent respectivement<br />
450 et 455 acides aminés. L’homologie entre les deux polypeptides est, selon les espèces, comprise<br />
entre 36 et 42% (Littel et Seehaus, 1988).<br />
La longueur des microtubules est déterminée par la polymérisation à l’un des pôles des dimères<br />
(pôle positif) de tubuline, pendant que l’extrémité inverse (pôle négatif) se dépolymérise. Cet<br />
équilibre peut être modifié par certains facteurs comme :<br />
* Le GTP (Guanosine Tri-Phosphate) et le magnésium qui favorisent la polymérisation.<br />
* Le Calcium qui augmente la dépolymérisation (Lacey, 1988).<br />
b- Effet ovicide des BZs : Le premier rôle suspecté de ces molécules fut une action sur la<br />
fumarate réductase, une enzyme du cycle de Krebs dans le métabolisme anaérobie du glucose<br />
(Prichard, 1973). Ensuite, d’autres travaux ont montré que les BZs sont surtout des antimitotiques<br />
qui détruisent le réseau de microtubules du parasite sans altérer celui de l’hôte (Lacey, 1988), ce qui<br />
explique l’effet ovicide de ces anthelminthiques.<br />
Le rôle des BZs comme inhibiteur de la synthèse des microtubules fût mis en évidence chez des<br />
levures par Clemons et Sisler en 1971 puis confirmé par Borgers et De Nollin en 1975 sur des<br />
cellules de l’Ascaris suum en présence du mébendazole.<br />
Les BZs se fixent sur le pôle positif de la β tubuline et bloque la polymérisation du microtubule ce<br />
qui diminue sa longueur et entraîne la destructuration du réseau. Cette liaison dépend de la<br />
température. Les BZs se lient à la tubuline des nématodes avec une grande affinité à 37°C, alors que<br />
les conditions optimales de cette liaison chez les mammifères est de 4°C (Russel et Lacey, 1992).<br />
Ces résultats pourraient expliquer l’efficacité des BZs sur les nématodes et l’absence de toxicité<br />
chez leurs hôtes : les mammifères.<br />
25
IV. LA RESISTANCE AUX ANTHELMINTHIQUES<br />
IV.1. Définition<br />
La résistance à une substance a été définie comme étant le développement de la capacité<br />
d’individus à tolérer des doses de toxique qui seraient mortelles pour la majorité des individus<br />
d’une population normale de la même espèce (FAO 2004). Il s’agit d’une préadaptation par<br />
mutation dont le déterminisme est génétique et la transmission héréditaire. Elle peut concerner une<br />
seule molécule, on parle alors de résistance simple, ou deux, voir plusieurs molécules apparentées<br />
ou non : c’est la résistance multiple.<br />
IV.2. Situation de la résistance dans le monde<br />
La résistance aux anthelminthiques enregistrée chez les ovins, caprins, bovins et équidés a fait<br />
l’objet de nombreuses études à travers le monde. Les plus importantes se rapportent aux ovins avec<br />
comme principale molécule incriminée celle des BZs, à cause probablement du fait qu’ils soient les<br />
premiers anthelminthiques à large spectre d’action contre les strongles digestifs et les moins chers,<br />
ce qui peut influencer les éleveurs dans leur utilisation exclusive et abusive. Le premier cas de<br />
résistance a été enregistré vis-à-vis de la phénothiazine chez les ruminants (Drudge et al., 1964), et<br />
chez les chevaux en Ukraine (Poynter, 1958) et aux USA (Drudge, 1961).<br />
a- Chez les ovins.<br />
Les populations de nématodes parasites résistants aux anthelminthiques sont tout d’abord apparues<br />
dans les pays tropicaux (Van Wyck,1990 ; Maciel, 1996 ; Waller, 1997). Les conditions climatiques<br />
dans ces pays sont favorables au maintien du cycle de développement des strongles digestifs, en<br />
plus de la taille importante des élevages et de l’utilisation fréquente des anthelminthiques. Tous ces<br />
éléments sont favorables pour le développement de la résistance. Le phénomène a été également<br />
signalé en France (Chartier, 1997), au Royaume-Uni (Hong et al., 1992), puis dans d’autres pays<br />
européens. Le cas le plus catastrophique enregistré jusqu’à ce jour est celui de l’Afrique du Sud où<br />
toutes les molécules d’anthelminthiques sont devenues inefficaces contre les strongles gastrointestinaux<br />
des ovins et dans certains cas, les éleveurs ont été obligés d’abandonner leur activité<br />
(Van Wyck, 1990). Les autres molécules impliquées dans cette résistance mais à un moindre degré<br />
sont le lévamisole ( Kerbœuf et al 1988 ; Varady et al 1996 et Hoekstra et al., 1997) le pyrantel<br />
(Kerbœuf et al., 1988 ; Varady et al., 1996) et l’ivermectine chez les ovins (Gill et al.,1991) et les<br />
caprins (Barré et al., 1997).<br />
26
- Chez les équidés, les traitements anthelminthiques, utilisés à l’origine pour contrôler<br />
Strongylus vulgaris (grand strongle), ont été extrêmement efficaces contre les maladies parasitaires.<br />
Malheureusement, ils ont eu pour conséquence la sélection de cyathostomes (petits strongles)<br />
résistants aux anthelminthiques, qui sont désormais considérés comme les principaux agents<br />
pathogènes parasitaires chez les chevaux. La résistance au thiabendazole a été raportée pour la<br />
première fois par Drudge (Dudge, 1965).<br />
Parmi toutes les classes d’anthelminthiques, la résistance aux BZs reste la plus répandue. Elle a été<br />
observée initialement dans quelques haras ou aires géographiques isolées, puis mentionnée dans<br />
plus de 21 pays (Kaplan, 2002). Plusieurs fermes ont été étudiées en Europe et aux USA et la<br />
prévalence de cette résistance a été estimée à 75% et plus (Fisher et al., 1992 ; Craven et al., 1998 ;<br />
Wood et al.,1998 ; Tarigo-Martinie et al., 2001).<br />
D’autres molécules ont remplacé progressivement les BZs tel que le pyrantel. Des résistances à ce<br />
principe actif ont été mentionnées (Chapman et al., 1996 ; Lyons et al., 2001). Certaines<br />
populations de cyathostomes sont même multirésistantes aux BZs et au pyrantel (Chapman et al.,<br />
1996). Aux USA, la prévalence de la résistance à ce produit est estimée approximativement à 40%<br />
(in Kaplan 2002). Kaplan en 2003 a montré à travers une étude faite sur 44 fermes situées dans des<br />
régions différentes que la prévalence de la résistance était respectivement de 100%, 67%, 48% et<br />
0% pour le fenbendazole, l’oxibendazole, le pamoate de pyrantel et l’ivermectine.<br />
c- Conclusion<br />
Si les BZs posent le plus grand problème parce que ce sont les molécules les plus anciennes, les<br />
plus utilisées et celles qui sont utilisables chez les femelles laitières en raison de faibles résidus dans<br />
le lait, la résistance au pyrantel est entrain de s’installer chez les ruminants et les équidés.<br />
Cependant, la résistance à l’ivermectine, déjà mentionnée chez les ruminants, n’a jamais été<br />
rapportée chez les chevaux malgré plus de 20 ans d’utilisation. Mais étant donné que c’est<br />
l’anthelmintique le plus utilisé actuellement contre les cyathostomes, le potentiel que ces parasites<br />
développent une résistance est grand.<br />
Comme l’indiquent Llyod et Soulsby en 1998, l’émergence des résistances est inévitable et la<br />
question n’est pas de savoir si la résistance va se développer mais quand ?<br />
IV. 3. Espèces parasites touchées par la résistance.<br />
Elle s’étend de plus en plus à toutes les espèces de nématodes parasites du tractus digestif des<br />
ruminants et des équidés. (Tableau 6).<br />
27
En effet, chez les chevaux, les espèces les plus impliquées sont essentiellement les cyathostominés.<br />
Ce fait est à mettre probablement en relation avec une période prépatente plus courte que chez les<br />
grands strongles (1 à 2 mois contre 6 à 11 mois). Il y a donc un écart plus bref entre les générations.<br />
Dans les conditions optimales, 2 à 3 générations de cyathostomes peuvent se succéder dans l’année,<br />
alors qu’il ne se développera qu’une génération de Strongylus vulgaris. Le nombre de parasites<br />
soumis à la pression de sélection de la résistance est donc plus important chez les cyathostomes,<br />
favorisant une sélection rapide.<br />
Parmi les 40 espèces recensées de cyathostomes, 12 présentent une résistance aux BZs ou (et) au<br />
pyrantel appartenant aux genres : Cylicocyclus, Cyathostomum, Cylicostephanus,<br />
Cylicodontophorus, Poteriostomum et Gyalocephalus. Ce sont en fait les genres les plus fréquents<br />
et par conséquent les plus soumis au processus de sélection (Reinemeyer et al., 1984).<br />
Chez les petits ruminants, Haemonchus contortus est l’une des espèces la plus incriminée. Il peut<br />
avoir une prédisposition particulière pour acquérir des caractères de résistance ou à cause peut être<br />
de sa grande prolificité. La deuxième espèce touchée par cette résistance est Teladorsogia spp et<br />
elle suit le même schéma de distribution qu’ H. contortus. Les espèces des genres Teladorsagia et<br />
Trrichostrongylus sont aussi souvent reconnues comme résistantes aux benzimidazoles (Cabaret<br />
2000.)<br />
Tableau 6 : Résistance des espèces de nématodes parasites<br />
d’anthelminthiques (Sangster 2001)<br />
aux principales classes<br />
Hôtes Parasites Benzimidazoles Imidazothiazoles.<br />
Avermectines Salicynilides Organophosphorés<br />
H. contortus + + (rare) + + +<br />
ovins<br />
Teladorsagia + + + -<br />
et<br />
Trichost. spp + + + (rare) -<br />
caprins Nematodirus + -<br />
Cooperia spp + + - -<br />
bovins<br />
H. placei + + -<br />
Teladorsagia + + - -<br />
Trichost. axei + - -<br />
équidés Cyathostomes + + (rare) -<br />
IV. 4. Déterminisme génétique de la résistance<br />
Comme nous l’avons déjà mentionné, plusieurs méthodes de lutte contre les parasites gastrointestinaux<br />
dîtes alternatives existent mais malheureusement l’utilisation des anthelminthiques reste<br />
la méthode la plus utilisée pour contrôler ces populations de strongles ce qui entraîne l’apparition et<br />
28
le maintien d’une résistance. Pour éviter cette chimiorésistance, une bonne compréhension des<br />
mécanismes biochimiques et génétiques de ce phénomène s’impose.<br />
IV.4.1. Quels sont les mécanismes qui régissent la résistance aux BZs ?<br />
C’est la résistance la plus ancienne et la plus répandue donc la plus étudiée. Chez les parasites<br />
résistants, le système fumarate-réductase ainsi que l’équilibre tubuline/microtubules sont moins<br />
soumis à l’action inhibitrice des BZs que chez les parasites sensibles. Différents mécanismes<br />
peuvent intervenir :<br />
- Diminution de l’absorption de la molécule toxique chez les souches résistantes des nématodes.<br />
Ce mécanisme a été mis en évidence, chez H. contortus, grâce à des molécules marquées de<br />
thiabendazole et de fenbendazole (Prichard, 1981).<br />
- Destruction du réseau des microtubules des cellules intestinales chez la souche sensible de<br />
Trichostrongylus colubriformis lors d’une exposition au thiabendazole. Le réseau reste intact<br />
chez les vers de la souche résistante (Sangster et al., 1985).<br />
- Production accrue d’enzymes de détoxification : Chez une souche résistante au cambendazole<br />
d’H. contortus, l’activité de la Glutathion-S-Transférase est 1,5 à 1,8 fois supérieure à celle de<br />
cette enzyme chez une souche sensible (Kawalek et al., 1984).<br />
- Altération de la cible : Lacey en 1988 a montré que les BZs se fixent sur la tubuline d’H.<br />
contortus résistants avec une affinité bien plus faible que celle observée avec une souche<br />
sensible.<br />
IV.4.2.Comment peut-on expliquer génétiquement cette résistance ?<br />
L’apport des techniques de la biologie moléculaire a permis une connaissance plus approfondie des<br />
mécanismes génétiques de la résistance aux Benzimidazoles (BZs). La première approche fut<br />
réalisée chez un nématode libre : Caenorhabditis elegans (Driscoll et al., 1989) : 28 mutations ont<br />
été identifiées dans le gène de la β-tubuline et qui confèrent la résistance aux BZs.<br />
Ensuite Kwa et al en 1994 puis Elard et al en 1996 ont montré respectivement que cette résistance<br />
chez H. contortus et Teladorsagia circumcincta était déterminée par une mutation ponctuelle :<br />
substitution d’une Phénylalanine par une Tyrosine en position 200 de l’isotype 1 du gène de la β-<br />
tubuline. Cette même mutation a été trouvée également chez deux champignons : Aspergillus<br />
nidulans (Jung et al., 1992) et Venturia inaequalis (Koenraadt et al., 1992). Chez les équidés, des<br />
résultats similaires ont été mentionnés et le seul gène de beta-tubuline séquencé jusqu’à présent est<br />
29
celui de Cylicocyclus nassatus. C. nassatus et H. contortus partagent plus de 98% de l’identité de<br />
séquence de protéine (Kaplan et al., 1999).<br />
Le fait de retrouver la même mutation associée à la résistance aux BZs chez des organismes aussi<br />
différents prouve que cette mutation a un rôle fonctionnel dans la résistance aux BZS.<br />
Plus récemment, une autre mutation de la Phénylalanine en Tyrosine de l’isotype 1 du gène de la β-<br />
tubuline a été observée, mais en position 167 : chez deux lignées résistantes d’H. contortus<br />
(Prichard et al., 2000) , une lignée de Cyathostomes chez les équidés (Kaplan et al., 2000) et chez<br />
Neurospora crassa (Orbach et al., 1986). Cette mutation 167 est plus rare dans les conditions<br />
naturelles, mais elle peut expliquer la survie des vers Phe/Phe en position 200 après traitement<br />
(Silvestre et Cabaret, 2001). Kaplan en 2002 rapporte que les deux mutations (200 et 167) ne se<br />
produisent jamais en même temps.<br />
Ces mutations sont récessives puisque seuls les individus homozygotes (Tyr/Tyr) survivent aux<br />
traitements. En plus Elard et al en 1998 ont montré qu’il n’y a aucune différence significative au<br />
niveau de la fitness entre les individus des trois génotypes :<br />
- rr, qui sont les homozygotes mutants et donc résistants.<br />
- SS, qui sont homozygotes sensibles<br />
- rS, qui sont les hétérozygotes et donc sensibles.<br />
Au vue de ces travaux, les mêmes auteurs pensent qu’aucune réversion de la résistance n’est<br />
possible même lorsque les BZs ne sont plus utilisés; les rares observations sur le terrain le<br />
confirment.<br />
La résistance peut donc apparaître par mutation spontanée ou correspondre à l’existence d’allèles<br />
de résistance au BZs qui sont présents depuis longtemps dans les populations parasites sous formes<br />
d’allèles rares et qui peuvent se multiplier suite à une pression de la sélection ( Silvestre et<br />
Humbert, 2002).<br />
IV.5. Techniques de détection de la résistance<br />
IV.5.1. Tests in vivo<br />
Ces tests réalisés in vivo, permettent d’estimer l’effet du produit administré à l’animal dans les<br />
conditions pratiques de l’emploi. Ils tiennent compte en particulier de la métabolisation du produit<br />
et peuvent être appliqués à tous les anthelminthiques.<br />
a- Bilan parasitaire<br />
Ce test est fondé sur la comparaison des charges parasitaires observées après autopsie de deux lots<br />
d’animaux :<br />
30
• 1 lot d’animaux infestés expérimentalement par la souche de parasites suspects et traités.<br />
• 1 lot d’animaux témoins, infesté dans les mêmes conditions, et non traités.<br />
C’est la méthode la plus informative puisqu’elle permet l’identification des espèces parasites<br />
résistantes. Cependant elle est très coûteuse car elle nécessite l’abattage des animaux et sa<br />
réalisation est longue.<br />
b- Test de réduction fécale des œufs (FECRT = Faecal Egg Count Reduction Test)<br />
Il permet d’estimer indirectement la charge parasitaire à l’intérieur du tube digestif de l’hôte en<br />
comptant le nombre d’œufs rejeté par gramme de matière fécale (OPG). Cabaret et al. en 1998, ont<br />
montré qu’il existe une bonne corrélation entre l’excrétion des œufs et la charge parasitaire chez les<br />
strongles digestifs des ovins et des caprins.<br />
Sur des animaux infestés naturellement ou expérimentalement, des coproscopies individuelles sont<br />
réalisées en considérant un lot d’animaux témoins non traités depuis au moins un mois, et un lot<br />
d’animaux, 11 à 14 jours après traitement à l’anthelminthique à tester. C’est le temps nécessaire<br />
pour une expulsion totale des vers tués. Au dela de cette période, il y a risque d’une nouvelle<br />
réinfestation (Coles et al., 1992).<br />
Le pourcentage de réduction du taux d’excrétion des œufs se calcule le plus souvent selon la<br />
formule suivante :<br />
FECR % = OPG avant traitement – OPG après traitement x100<br />
OPG avant traitement<br />
D’autres formules mathématiques ont ensuite été proposées avec ou sans les valeurs des OPG du<br />
lot témoin, comme elles peuvent inclure les moyennes arithmétiques ou géométriques des OPG.<br />
1 : Coles 1992 :<br />
*FECR = 100 (1- (T2/C2))<br />
T2 = moyenne arithmétique des OPG d’animaux traités.<br />
C2 = moyenne arithmétique des OPG d’animaux témoins<br />
2 : Dash 1988 (in Mejia et al., 2003):<br />
*FECR = 100 (1- (T2/T1) x (C1/C2)) ; C1 et C2 sont les moyennes arithmétiques des OPG<br />
avant et après traitement chez les témoins.<br />
31
3 : Présidente 1985 (in Mejia et al., 2003)<br />
*La formule est la même que celle de Dash mais l’auteur utilise les moyennes géométriques.<br />
4 : Modèle linéaire généralisé (GLM : General linear model) = Les OPG après traitement<br />
dépendent des OPG initiaux et du traitement. Cette méthode est basée sur la transformation<br />
logarithmique des données ce qui stabilise davantage la variance.<br />
La valeur du seuil du FECR à partir de laquelle on considère qu’il y a résistance est variable selon<br />
les auteurs et se situe entre 80 et 95%. Sangster en 1996 propose les valeurs suivantes :<br />
FECR > 95% ⇒ la population est sensible<br />
80% < FECR < 95% ⇒ la résistance est suspectée<br />
FECR< 80% ⇒ la population est résistante.<br />
Sur recommandation de L’WAAVP (World Association for the Advancement of Veterinary<br />
Parasitology) la valeur limite est fixée actuellement à 90% (Coles et al., 1992), valeur qui notons le<br />
a toujours été utilisée chez les chevaux (Wood et al., 1995). Vu le grand nombre de formules<br />
proposées pour calculer le FECR, cette valeur reste arbitraire.<br />
Le FECRT est un test bon marché et bien adapté aux enquêtes épidémiologiques. Il ne nécessite ni<br />
personnel qualifié, ni matériel sophistiqué. Cependant il reste peu fiable si l’excrétion des œufs est<br />
faible. D’autre part, sachant que la fécondité varie d’une espèce à l’autre, l’interprétation est<br />
délicate lorsque les hôtes hébergent plusieurs espèces ce qui est le cas chez les chevaux. Le résultat<br />
du test dépend essentiellement des espèces prolifiques. Ainsi, par exemple, H. contortus est<br />
beaucoup plus prolifique (1000 à 10000 œufs / jour) que Trichostrongylus (100 à 200 œufs / jour).<br />
Enfin ce test ne détecte la résistance que lorsque la fréquence des allèles de résistance dépasse<br />
environ 25% (Sangster, 2001).<br />
Le FECRT est donc un test adapté essentiellement aux cas de résistance avancée. Il peut permettre<br />
dans un premier temps la suspicion de la résistance, mais des tests plus performants sont<br />
indispensables pour déterminer le niveau de la résistance ainsi que les espèces impliquées.<br />
c- Identification des larves (L3)<br />
Bien que très peu utilisé dans la pratique, ce test présente au moins deux avantages :<br />
- L’étude morphologique des L3 obtenue par coproculture chez les ruminants et les équidés<br />
permet d’estimer l’abondance relative des différentes espèces composant la faune parasitaire. Les<br />
L3 étant plus faciles à déterminer que les œufs de strongles.<br />
- L’analyse des L3 obtenues par coproculture de matières fécales prélevées sur des animaux<br />
avant et après traitement permet de déterminer les espèces résistantes à l’anthelminthique utilisé.<br />
32
IV.5. 2. Tests in vitro<br />
Ces tests biologiques sont des mesures indirectes de la résistance, ils portent sur les stades libres<br />
(œufs et larves).<br />
a-Test d’inhibition d’éclosion des oeufs (EHT = Egg Hatch Test)<br />
Il est utilisé pour tester les BZs car il est fondé sur l’activité ovicide de cette famille. Généralement<br />
c’est le TBZ qui est utilisé dans ces tests à cause de sa plus grande solubilité dans l’eau.<br />
Ce test, mis au point initialement par Le Jambre en 1976 puis modifié par Beaumont-Schwartz en<br />
1987, consiste à incuber des œufs de strongles à 25°c dans des concentrations croissantes de TBZ.<br />
48h après, on dénombre les œufs qui n’ont pas éclos et on calcule le pourcentage d’inhibition<br />
d’éclosion. Un témoin est prévu qui consiste à incuber des œufs dans de l’eau distillée. La courbe<br />
dose/effet permet de calculer la DL50 (concentration du TBZ qui entraîne 50% de mortalité des<br />
œufs). Le rapport de cette DL50 sur celle d’une souche sensible de référence du même parasite et<br />
provenant de la même espèce d’hôte détermine le facteur de résistance (FR). Si le FR est supérieur à<br />
3, la population est considérée comme résistante. Dans les mêmes conditions expérimentales et chez<br />
les mêmes espèces plusieurs auteurs ont montré qu’il y avait des variations dans les résultats, ce qui<br />
montre que ce test manque de strandardisation. Néanmoins et selon Whittlock et al. en 1980, les<br />
œufs des souches sensibles éclosent rarement à des concentrations supérieures à 0,1µg de TBZ/ml.<br />
Cette valeur peut être retenue pour évaluer le degré de résistance dans une population de nématodes<br />
parasites.<br />
Ce test long et onéreux (150 euros par test), nécessite des œufs fraîchement prélevés du rectum<br />
(conditions d’anaérobie) ou conservés à 4° pendant une durée inférieure à 72 heures.<br />
L’interprétation de ce test est rendue difficile comme pour le FECRT lorsque plusieurs espèces sont<br />
incriminées. Ce test est donc davantage destiné à la recherche qu’à une utilisation pratique dans les<br />
élevages.<br />
b – Test de développement larvaire (L1)<br />
C’est un test qui peut être réalisé avec tous les anthelminthiques.<br />
Dans un milieu de culture donné (plaques de gélose par exemple) des larves (L1) de<br />
Trichostrongylides sont placées à 27°c en rajoutant l’anthelminthique à concentrations croissantes.<br />
Le développement de ces larves est observé au bout de 7 jours. Les souches résistantes sont<br />
capables de se développer à des concentrations d’anthelminthique létales pour une souche sensible<br />
de référence (Coles et al., 1988).<br />
Il s’agit d’un test intéressant car facile à réaliser. Il ne nécessite pas des œufs frais comme le EHT.<br />
33
c – Test de paralysie des Larves (L3)<br />
Il n’est réalisé que pour tester l’effet paralysant du lévamisole (parfois aussi le morantel ou le<br />
pyrantel). Il a été mis au point en 1979 par Martin et le Jambre.<br />
Des larves (L3), obtenues par coproculture, sont mises à incuber à 25°c dans le lévamisole à<br />
différentes concentrations. Après 24 heures, les larves sont observées et classées en normales<br />
(mobiles) et paralysées (aucun mouvement pendant 5 secondes). Le pourcentage de larves<br />
paralysées est ensuite calculé pour chaque concentration.<br />
Ce test s’est révélé très peu efficace à cause notamment de la difficulté de sa lecture : comment<br />
différencier une larve paralysée d’une larve uniquement immobile ? Plusieurs auteurs ont essayé de<br />
trouver une solution telle que l’utilisation d’appareil de mesure qui pourrait apprécier la mobilité<br />
des larves ou l’excitation des larves après une sollicitation directe par contact.<br />
Devant ces difficultés, un autre test a été mis en place par Dobson en 1986, il consiste à rajouter le<br />
lévamisole sur les larves (L1) à l’intérieur de l’œuf. C’est un test plus objectif que le précédent<br />
présentant une bonne sensibilité mais le moment de l’ajout de l’anthelminthique est crucial pour un<br />
bon déroulement du test. Il doit correspondre à l’instant où le développement embryonnaire est très<br />
avancé, mais le processus d’éclosion pas encore amorcé.<br />
IV. 5. 3. Diagnostic moléculaire de la résistance aux BZs<br />
Une nouvelle technique de typage moléculaire par PCR (réaction de polymérisation en chaîne) a<br />
été mise au point par Humbert et Elard en 1997. Elle a permis la détection d’une mutation<br />
ponctuelle : substitution de la Phénylalanine (TTC) par une tyrosine (TAC) en position 200 de<br />
l’isotype 1du gène de la β – tubuline. Ensuite et grâce à cette technique, Elard et son équipe en 1999<br />
ont montré l’existence d’une forte corrélation positive entre la valeur de la DL50 calculée par les<br />
tests classiques et la proportion de nématodes homozygotes mutants (TYR/TYR), ce qui confirme<br />
l’importance de cette mutation dans la résistance aux BZs.<br />
Plus récemment, Silvestre et Humbert en 2002 ont appliqué la même méthode sur des larves<br />
infestantes de nématodes trichostrongles. Le but était d’une part de déterminer l’espèce parasite et<br />
d’autre part le génotype vis-à-vis de la résistance :<br />
• individus homozygotes mutants : TAC/TAC = Résistants<br />
• individus homozygotes non mutants : TTC/TTC = Sensibles<br />
• individus hétérozygotes : TAC/TTC = Sensibles.<br />
Chez les chevaux, Von Samson-Hammelstjerna et son équipe ont montré, en 2003, que sur 102 L3<br />
de petits strongles supposés résistants, 7,8% uniquement sont homozygotes recessifs rr. Les<br />
pourcentages des homozygotes TTC et des hétérozygotes étaient respectivement de 41,3 et 50,9%.<br />
34
Ils concluent que le polymorphisme du codon 200 de la β–tubuline n’est pas le seul mécanisme<br />
impliqué à la résistance aux BZs chez les petits strongles. Drogemuller et al. en 2004 ont confirmé<br />
ce résultat malgré une augmentation du dosage du fenbendazole.<br />
Au Maroc, une étude similaire a été réalisée sur Teladorsagia circumcincta : Le génotypage de<br />
cette espèce après traitement à l’albendazole et le fenbendazole a révélé que 13% présentaient le<br />
génotype résistant (rr), 32% le génotype rS du phénotype sensible et 55% le génotype sensible (SS)<br />
(Berrag et al., 2002) (tableau 7).<br />
L’avantage de ces tests moléculaires c’est la détection très précoce de la résistance. En effet, le<br />
génotypage permet de déceler une résistance dès que la fréquence de l’allèle de résistance est de<br />
4%, et de démontrer qu’une fraction des nématodes sensibles peut survivre au traitement par un<br />
phénomène appelé d’échappement.<br />
Bien que ce soit la méthode de choix, le génotypage reste néanmoins limité à quelques<br />
laboratoires spécialisés.<br />
IV.6. Comment peut on éviter le développement de cette résistance ?<br />
IV. 6. 1. En évitant de traiter trop fréquemment avec la même molécule<br />
Comme nous l’avions déjà mentionné auparavant, il est clairement admis actuellement que les<br />
gènes de résistance peuvent préexister sous forme d’allèles rares dans les populations des<br />
parasites avant toute exposition à la molécule. L’usage répété d’un anthelminthique sélectionne<br />
progressivement les individus porteurs d’allèles de résistance. Quand l’intervalle entre deux<br />
traitements par le même anthelminthique est trop court, seul les vers résistants qui ont survécu<br />
au traitement se reproduisent, alors que les vers sensibles n’ont pas eu le temps d’atteindre leur<br />
maturité sexuelle et donc ne participe pas à la formation de la génération suivante. Barton en<br />
1983, suite à des traitements au lévamisole, a montré que les animaux les plus fréquemment<br />
traités (entre 1 et 49 traitements par an) sont ceux qui présentent le plus grand OPG.<br />
Chez les chevaux, Kaplan en 2002, rapporte que plusieurs parasitologistes sont d’accord pour<br />
ne traiter les animaux que lorsque le nombre moyen d’œufs par gramme de matière fécale se<br />
situe entre 100 et 200. Les traitements curatifs sont donc préférés aux traitements préventifs qui<br />
eux, en sélectionnant les parasites résistants, sont plus rentables pour les éleveurs à court terme.<br />
Drogemuller et al. en 2004 ont montré que des traitements répétés avec une augmentation<br />
progressive du dosage du fenbendazole chez les souches de cyathostomes résistantes au<br />
benzimidazole, n’avait ancune modification sur le phénotype et le génotype de ces populations<br />
(FECR
Tableau 7 : Résultats du génotypage réalisé sur des vers parasites des ovins, caprins et équidés<br />
après leur traitement aux BZs.<br />
rr (TAC/TAC)<br />
homozygotes<br />
mutants, résistants<br />
Sr (TAC/TTC)<br />
hétérogygotes,<br />
sensibles<br />
SS (TTC/TTC)<br />
homozygotes,<br />
sensibles<br />
Ovins 13 % 32 % 55 %<br />
Caprins 35 % 22 % 43 %<br />
Berrag et al.<br />
2002<br />
(Maroc)<br />
Équidés<br />
7,8 % 50.9 % 41,3 %<br />
8 % 60 % 32 %<br />
Samson et al.<br />
2003<br />
(Allemagne)<br />
Drogemuller<br />
et al. 2004<br />
(Allemagne)<br />
Pour contrecarrer ce phénomène, les scientifiques proposent des associations<br />
d’anthelminthiques à mode d’action différents, chacun utilisé à sa dose maximale (Anderson et<br />
al., 1988 ; Van Wyk, 2001).<br />
Chez les chevaux plusieurs essais ont été entrepris dans ce domaine et ont donné de bons<br />
résultats. Notons entre autres l’association de la moxidectine avec l’avermectine (Starovir,<br />
2003), l’ivermectine avec le praziquantel (Squires et al., 2003). Avec des doses bien ajustées,<br />
aucun effet secondaire de ces drogues n’a été enregistré, notamment sur les juments gestantes<br />
ainsi que leurs nouveaux-nés, la croissance des poulains et la performance de reproduction<br />
chez les étalons.<br />
Notons également que le choix de la forme du produit à administrer est très important. C’est<br />
ainsi que Alka et al. en 2004 ont montré que l’abamectine à la même dose était plus efficace<br />
par injection que par voie orale chez une lignée résistante de Trichostrongylus colubriformis<br />
chez le mouton (tableau 8).<br />
36
Tableau 8 : Efficacité de l’abamectine en fonction de la forme du produit chez<br />
Trichostrongylus colubriformis. (Alka et al., 2004)<br />
Réduction de<br />
l’excrétion des œufs<br />
(FECR)<br />
Réduction de la<br />
charge parasitaire<br />
(vers adultes)<br />
Ivermectine orale<br />
(0.2mg/Kg de PV)<br />
Abamectine orale<br />
(0.2mg/Kg de PV)<br />
Abamectine<br />
injectable<br />
(0.2mg/Kg de PV)<br />
66% 76% 98%<br />
63% 74% 97%<br />
IV. 6. 2. En traitant au bon moment et en tenant compte de la « zone de refuge »<br />
Dans l’écosystème que constitue une population de strongles, seule une proportion des<br />
individus est parasite et vit dans l’hôte, le reste vit sous forme libre dans le milieu extérieur.<br />
Lorsque les animaux sont traités, les stades libres (œufs et larves) présents sur le pâturage<br />
échappent à l’action de l’anthelminthique. Ces localisations particulières du parasite à l’abri du<br />
toxique, sont appelées zones de refuge. Les stades libres représentent 90% de la population<br />
totale des nématodes gastro-intestinaux chez les ruminants (in Silvestre et al., 2002).<br />
Quand un animal est traité, les parasites résistants sont sélectionnés et leurs descendants<br />
passent dans la phase libre. Si à ce moment, le pourcentage de larves L3 est élevé et sont<br />
sensibles, la descendance des vers résistants est diluée. Si au contraire une faible proportion de<br />
L3 est présente dans la zone refuge, les descendants des vers résistants sont plus nombreux et la<br />
résistance se développera plus rapidement (Taylor, 1989).<br />
La taille de la population en refuge, en temps de traitement, contribue à la survie des vers des<br />
générations suivantes (Van Wyk, 2001). Il faut donc traiter l’hôte et les pâturages en même<br />
temps ou traiter les animaux avant leur retour au pâturage pour ne pas contaminer les parcelles<br />
saines (Silvestre et al., 2002) pour réduire les réinfestations. Ce point de vue est important car il<br />
peut influencer le taux de développement de la résistance.<br />
IV. 6. 3. En traitant avec la bonne dose.<br />
Le sous dosage, c’est à dire l’administration d’un anthelminthique à une dose subthérapeutique<br />
est impliquée dans la sélection de la résistance. Les causes de ce sous dosage sont des erreurs<br />
commises par les éleveurs et qui peuvent avoir comme origine, une sous estimation du poids de<br />
l’animal, l’extrapolation abusive d’une espèce à une autre tel le cas des caprins qui ont été<br />
37
longtemps traités en France à la dose thérapeuthique préconisée pour les ovins (Cabaret, 2000)<br />
ou alors une erreur technique.<br />
Le sous dosage peut induire à une mauvaise interprétation des résultats (fausse résistance)<br />
comme l’exemple signalé au Maroc dans la région du Moyen-Atlas : Pendant plus de 15 ans,<br />
les éleveurs de cette région traitaient leurs moutons au tétramisole à la dose de 10mg/Kg de<br />
P.V. Suite à la constatation de l’échec du traitement à cette dose dans une ferme, Berrag et<br />
Cabaret en 2000 ont testé expérimentalement cette molécule à 10 et 15 mg/Kg. Les FECR sont<br />
passés de 40 à 80% et les réductions des vers adultes, de 63 à 85%. Il s’agit donc là d’une<br />
erreur de dosage et non pas d’une résistance au tétramisole. Pour les imidazothiazoles,le sous<br />
dosage ne semble pas jouer un rôle important dans l’accroissement de la résistance.<br />
Les effets du sous dosage dépendent de la fréquence initiale de l’allèle de résistance et de la<br />
dose utilisée (Smith et al., 1999). Ces auteurs proposent trois paliers de doses : à faible dose,<br />
une partie seulement des individus sensibles homozygotes SS est éliminée, le deuxième palier<br />
est la dose qui élimine tous les SS et une fraction des Sr, ce qui sélectionne la résistance qui<br />
apparaîtra d’autant plus vite que l’allèle de résistance est rare. Enfin la troisième dose, est celle<br />
qui élimine tous les SS, les Sr et une fraction des rr va immédiatement sélectionner la<br />
résistance. A la dose thérapeuthique, seul les homozygotes mutants rr survivent au traitement.<br />
Silvestre et al.en 2001, ont fait une simulation de l’évolution de la fréquence de l’allèle de<br />
résistance chez T. circumcincta soumis à deux traitements par an au fenbendazole pendant 10<br />
ans. Ces simulations indiquent que le moindre avantage sélectif des individus hétérozygotes sur<br />
les individus homozygotes sensibles favorise le développement de la résistance au sein d’une<br />
population. Cet avantage sélectif accordé aux hétérozygotes est 4,5 fois supérieur à celui des<br />
individus homozygotes sensibles. Malgré cet avantage des hétérozygotes, l’évolution de la<br />
résistance n’était pas modifiée de manière très importante, et le sous-dosage ne semble pas être<br />
impliquer réellement dans la génèse de la résistance aux benzimidazoles.<br />
Toutes ces propositions nécessitent une bonne connaissance de la biologie du parasite ce qui<br />
implique une participation obligatoire d’un personnel qualifié. Nous pensons particulièrement<br />
aux vétérinaires à qui leur revient la tache de choisir le moment ainsi que la dose optimale du<br />
traitement (Abbot, 2003). Malheureusement ce n’est pas toujours le cas : au Maroc, suite à une<br />
enquête, la majorité des éleveurs font de l’automédication (Chapitre II). En France, le même<br />
problème se pose. Les agriculteurs, par manque d’information, ne s’interressent qu’aux<br />
problèmes liés directement à la consommation (production de lait et de viande). Quelques<br />
fermes en agriculture biologique font face à ces problèmes sans bons résultats (Cabaret, 2003).<br />
38
Il ressort de l’étude bibliographique précédente que le phénomène de la résistance aux<br />
anthelminthiques chez les herbivores est très préoccupant car il se propage de plus en plus à travers<br />
le monde et se généralise progressivement à presque toutes les familles d’anthelmintiques.<br />
Néanmoins, les mécanismes qui régissent cette résistance sont actuellement bien connus, au moins<br />
pour les benzimidazoles, ce qui pourrait permettre aux instances concernées de mieux cerner ce<br />
phénomène afin de bien le gérer ou mieux encore de l’éviter en conservant les molécules qui sont<br />
encore efficaces en les utilisant d’une façon raisonnée.<br />
Parmi les familles qui semblent poser le plus de problèmes, les benzimidazoles pour qui la plupart<br />
des espèces de nématodes gastro-intestinaux ont déjà développé une résistance.<br />
C’est pour cette raison et à cause de plusieurs échecs thérapeutiques mentionnés chez les ruminants<br />
et les chevaux au Maroc, que nous avons entrepris ces travaux qui consistent à comparer la<br />
résistance aux anthelminthiques des nématodes gastro-intestinaux chez deux mammifères<br />
différents : le mouton et le cheval. Le choix de ces deux animaux comme modèle d’étude est basé<br />
sur le fait qu’ils occupent une place très importante dans l’économie marocaine, en plus ce sont des<br />
animaux dont les parasites développent une résistance de plus en plus grande vis-à-vis des<br />
anthelminthiques dans le monde.<br />
Dans plusieurs régions du Maroc, les habitants vivent exclusivement de l’élevage. Celui des ovins<br />
occupe la première place suivie des bovins puis des caprins. Ceci nous a mené à évaluer tout<br />
d’abord l’efficacité des anthelminthiques les plus utilisés contre les nématodes gastro-intestinaux<br />
des ovins dans deux régions agricoles différentes du Maroc : le Moyen Atlas et la Chaouia. Ces<br />
deux régions se différencient non seulement par leurs caractéristiques climatologiques, mais aussi<br />
par leur type d’élevage et de pâturage. Ces moutons vivant sous des conditions différentes,<br />
hébergeront-ils les mêmes espèces de nématodes ? leurs parasites se comporteront-ils de la même<br />
manière vis-à-vis d’une même molécule d’anthelminthique ? Quel anthelminthique utiliser ? A<br />
quelle période ? et à quelle dose ?<br />
Dans le deuxième volet de notre thèse, nous comparerons cette résistance éventuelle à celle des<br />
strongles chez le cheval : animal en qui on voit un symbole de prestige et de culture araboislamique.<br />
L’importance des traditions équestres, l’attachement populaire pour le cheval, font de<br />
celui-ci un objet de respect et d’amour. Il est élevé avant tout pour les loisirs : la fantasia, les<br />
39
courses et les sports équestres, secondairement pour les travaux agricoles. C’est une véritable<br />
industrie qui participe aux recettes de l’état. Le cheval a donc besoin d’être nourri, logé et soigné<br />
correctement. L’expansion de ce secteur économique a conduit l’état marocain a importé des<br />
chevaux de course de races différentes à partir de quelques pays, notemment de l’Argentine, la<br />
France, l’Espagne (Slimani, 1995). Ces importations massives de l’étranger, plus le déplacement<br />
des chevaux lors des compétitions à l’intérieur du pays entraînent un brassage national et<br />
international de leurs parasites.<br />
Toujours dans ce même volet, nous terminerons par comparer l’efficacité du TBZ chez un équidé<br />
n’ayant jamais été traité contre les strongles digestifs : l’âne. Bien qu’il occupe encore une très<br />
grande place socio-économique dans le milieu rural, il n’est pas aussi bien soigné que son cousin: le<br />
cheval.<br />
40
I. Introduction<br />
Les stongles gastro-intestinaux, nématodes parasites des ovins et caprins constituent un frein<br />
majeur au développement de l’élevage des ruminants à travers le monde. Les infestations des<br />
animaux au pâturage, mode d’alimentation le plus répandu dans les élevages des ruminants, sont<br />
très fréquentes et induisent des pertes économiques importantes par morbidité, mortalité ou par<br />
baisse dans la production du lait, de la viande et de la laine (Berrag et Cabaret, 1998, Chartier et<br />
Horst, 1994).<br />
Pour lutter contre ces parasites indésirables, les éleveurs ont eu recours, le plus souvent, à<br />
l’utilisation de substances chimiques : les anthelminthiques. Malheureusement leur utilisation<br />
répétée à long terme a permis aux parasites de s’adapter en développant une résistance irréversible<br />
à la majorité des familles des molécules. Ce phénomène s’étend de plus en plus à l’ensemble des<br />
régions du monde (Conder et Campbell, 1995) et touche presque toutes les espèces de strongles<br />
(Chartier et al., 1997).<br />
Le Maroc n’a pas échappé à ce fléau : le constat d’échecs thérapeutiques dans plusieurs régions<br />
agricoles a permis de soupçonner l’existence d’une résistance aux anthelminthiques chez les ovins.<br />
Suite à des enquêtes réalisées sur l’utilisation des anthelminthiques au Maroc, nous avons essayé de<br />
mesurer l’ampleur de ce phénomène pour les anthelminthiques les plus utilisés dans deux régions à<br />
caractéristiques climatiques et pastorales différentes : Le Moyen Atlas et la Chaouia.<br />
II. Utilisation des anthelminthiques chez les ruminants au Maroc.<br />
Avant de commencer le travail, des enquêtes préliminaires ont été réalisées à travers le pays visant<br />
à analyser la gamme d’anthelminthiques commercialisés contre les nématodes gastro-intestinaux<br />
chez les ovins et de faire le point sur leur utilisation au Maroc. Ces enquêtes ont été réalisées auprès<br />
des Laboratoires Nationales de Contrôle des Médicaments Vétérinaires (LCMV), des firmes<br />
pharmaceutiques et auprès des vétérinaires privés.<br />
II.1. LCMV et firmes pharmaceutiques.<br />
Cette partie de l’enquête nous a permis de dresser la liste des spécialités anthelminthiques<br />
réellement commercialisées. A partir de 13 sociétés qui commercialisent les anthelminthiques au<br />
Maroc, 3 spécialités ont été recensées sous forme d’association de 2 principes actifs (5%)<br />
(Tableau 9), et 54 à base d’un seul principe actif (95%) (Tableau 10).<br />
42
L’analyse de ces tableaux montre que :<br />
→ 80% des spécialités disponibles sont administrées par voie orale (46% en<br />
suspension orale, 39% en solution orale et 15% en poudre orale), Ce qui encourage les éleveurs à<br />
réaliser les traitements eux-mêmes.<br />
→ 51% des spécialités commercialisées sur le marché marocain sont importées (I),<br />
contre 49% qui sont fabriquées localement (F).<br />
Tableau 9 : Spécialités des Anthelminthiques à deux principes actifs commercialisées au Maroc.<br />
Nom commercial Principe actif 1 Principe actif 2 Présentation F / I<br />
Ranidazole Rafoxanide Thiabendazole Suspension orale F<br />
Ivomec D Ivermectine Clorsulon Solution orale I<br />
Sodiazole Levamisole Bithionol<br />
sulfoxyde<br />
Solution orale I<br />
Tableau 10 : Spécialités des Anthelminthiques à un seul principe actif commercialisées au Maroc.<br />
43
Anthelminthique Principe actif Nom commercial Présentation F / I<br />
Atlasol Suspension orale F<br />
Alben+1.9 Suspension orale F<br />
Dalben 1.9% Suspension orale F<br />
Bovizol Suspension orale I<br />
Albendazole Ovizol Suspension orale I<br />
Vermidazole Suspension orale I<br />
Zodalben Suspension orale I<br />
Benzimidazoles<br />
Novalben Suspension orale F<br />
Valbazen Suspension orale I<br />
(n = 17)<br />
Panacur 2.5% Suspension orale F<br />
Fenbendazole Fencare 2.5% Suspension orale I<br />
Raibur 2.5% Suspension orale F<br />
Mebendazole Multispec 5% Suspension orale F<br />
Thiabendazole thiabendazole Poudre orale F<br />
Nétobimin Hapadex 5,10 et15% Suspension orale I<br />
Imidazothiazoles<br />
(n = 17)<br />
Avermectines<br />
(n = 14)<br />
Salicylanilides<br />
(n = 5)<br />
Halogénophénoles<br />
(n = 1)<br />
Oxfendazole Synanthic Suspension orale I<br />
Febantel Rintal 2.5% Suspension orale I<br />
Polystrongle Poudre orale I<br />
Vermisol-L Sol. injectable F<br />
Ivecide buvable Solution orale F<br />
Novamisol Solution orale F<br />
Levamisole<br />
Tetramisole<br />
Ivermectine<br />
Altamisol 20% Poudre orale F<br />
Vermicur Poudre orale F<br />
Actamisole Solution orale F<br />
Caliermisol Solution orale I<br />
AnthelminticideNF15 Solution orale I<br />
Biaminthic 5% Solution orale I<br />
Polystrongle buvable Solution orale I<br />
Anthelvet Solution orale F<br />
Atlaterasol-P Poudre orale F<br />
Atlaterasol-L Solution orale F<br />
Vadefen Poudre orale F<br />
Venosil Poudre orale I<br />
Lobiavers-6% Solution orale I<br />
Ivertin Sol. injectable I<br />
Novimec Solution orale F<br />
Atlamec Solution orale F<br />
Virbamec Sol. injectable I<br />
Iverhipra-I Sol. injectable I<br />
Bucamec Solution orale F<br />
Lhivermectin Sol. injectable I<br />
Ivomec ovin Sol. injectable I<br />
Oramec Solution orale I<br />
Betamec Solution orale F<br />
Iver 0.088% Solution orale F<br />
Cevamec Sol. injectable I<br />
Doramectine Dectomax Sol. injectable I<br />
Moxidectine Cydectine Sol. injectable I<br />
Closantel<br />
Flukiver Suspension orale F<br />
Caliersantel Sol. injectable I<br />
Rafoxanide Atlaxanide Suspension orale F<br />
Rafoxanide Suspension orale F<br />
Ranigel 3% Suspension orale F<br />
Nitroxinyl dovenix Sol. injectable I<br />
II.2. Vétérinaires privés<br />
44
Un questionnaire a été envoyé à 100 vétérinaires exerçant essentiellement la médecine<br />
vétérinaire des ruminants dans plusieurs régions du Maroc (Moyen-Atlas, l’Oriental, Rabat, et El<br />
Gharb). 40% uniquement des vétérinaires ont répondu à notre questionnaire.<br />
Cette partie de l’enquête nous a permis de :<br />
a- Dresser une liste de la fréquence d’utilisation des anthelminthiques employés chez les<br />
ruminants :<br />
L’enquête a révélé que les benzimidazoles sont les anthelminthiques les plus utilisés contre les<br />
strongles gastro-intestinaux avec comme anthelminthique de choix l’albendazole (92%) suivi du<br />
fenbendazole (47%) et le closantel (45%). Les avermectines et les imidazothiazoles sont les<br />
moins utilisés (9%) (Fig.11).<br />
b- Avoir une idée sur les programmes prophylactiques des anthelminthiques<br />
Parmi les vétérinaires enquêtés, 42.5% uniquement adoptent un programme annuel de lutte<br />
antiparasitaire, et la proportion des élevages concernés par cette stratégie est faible car la majorité<br />
des éleveurs ignorent ce programme ou sont découragés par le coût de ces traitements.<br />
c- Evaluer les critères de choix d’un anthelminthique.<br />
Pour choisir un anthelminthique, les vétérinaires se basent essentiellement sur son efficacité<br />
clinique, son coût et son spectre d’action, beaucoup moins sur la rémanence et la toxicité du<br />
produit.<br />
d- Connaître le déroulement des traitements<br />
Les traitements anthelminthiques sont généralement des traitements de masse réalisés dans 90%<br />
des cas par les éleveurs. Quand les traitements sont réalisés par les vétérinaires (10%), 90% de<br />
ceux-ci se basent sur une estimation visuelle du poids des animaux pour calculer la dose à<br />
administrer qui dépasse dans 75% des cas la dose recommandée par le fabricant. Ceci a été<br />
remarqué surtout pour l’albendazole qui reste l’anthelminthique le plus utilisé. Par contre, les<br />
vétérinaires sont plus vigilants concernant le lévamisole injectable à cause probablement des<br />
effets toxiques chez l’animal suite à un surdosage.<br />
Nous avons dans quelques cas relevé que les vétérinaires se basaient sur l’âge pour déterminer la<br />
dose à administrer. Ainsi deux cas sont considérés : les jeunes et les adultes.<br />
e- Evaluer l’efficacité des anthelminthiques ainsi que le phénomène de résistance.<br />
45
Plus de 80% des vétérinaires suspectent une résistance des helminthes aux anthelminthiques<br />
avec comme molécules concernées les benzimidazoles et surtout l’albendazole et le<br />
fenbendazole. Malheureusement pour évaluer l’efficacité d’un produit, les vétérinaires pensent<br />
que les examens coproscopiques peuvent être utiles mais pas nécessaires pour diagnostiquer des<br />
maladies parasitaires.<br />
f- Avis des vétérinaires sur les causes de l’apparition de la résistance<br />
53% des vétérinaires considèrent que le sous dosage (Ss) pourrait être un facteur favorisant<br />
l’apparition de la résistance, (Fig.12) à cause probablement de la sous estimation fréquente du<br />
poids de l’animal.<br />
Suite à des échecs thérapeutiques constatés dans les élevages utilisant un seul anthelminthique,<br />
37.5% des vétérinaires pensent que la première cause du développement d’une résistance<br />
provient du manque de rotation des molécules (R).<br />
34% des vétérinaires incriminent l’auto-prescription (A.P.). L’éleveur se base sur sa propre<br />
expérience et sur sa situation financière pour choisir l’anthelminthique et ses doses.<br />
31% relient ce phénomène à l’usage abusif des traitements (Tr) : le nombre moyen de<br />
traitements annuel varie entre 2 et 3, mais dans certains cas, il atteint jusqu’à 8 traitements par an.<br />
II.3. Conclusion de l’enquête<br />
Au terme de cette enquête, nous pouvons conclure que la gamme des anthelminthiques<br />
commercialisés au Maroc est complète avec comme principales familles les benzimidazoles,<br />
suivis des imidazothiazoles et des avermectines. Cependant la résistance aux BZs est fortement<br />
suspectée par les vétérinaires (80%). Ce soupçon est d’autant plus fondé que les traitements sont<br />
exécutés en majeur partie par les éleveurs d’une manière anarchique et aléatoire : fréquence de<br />
traitement, absence totale de rotation des molécules, utilisation abusive d’un seul produit. C’est le<br />
cas par exemple de l’albendazole qui reste l’anthelminthique le plus utilisé par les éleveurs parce<br />
qu’il est probablement l’un des produits les moins chers sur le marché marocain présentant un<br />
large spectre d’action. Au contraire, les avermectines sont meilleurs mais beaucoup plus chers.<br />
46
% d'utilisation<br />
100<br />
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Alb Fbz Clos Rafox Lev Oxf Tetra Iver Tbz<br />
Anthelminthiques<br />
Figure 11 : Fréquence d'utilisation des anthelminthiques<br />
par les vétérinaires<br />
%<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Ss R A.P. Tr. Causes<br />
Figure 12 : Causes de la résistance<br />
Ss = Sous dosage<br />
R = Rotation des molécules<br />
AP = Auto-prescription<br />
Tr = Usage abusif des traitements<br />
47
III. Evaluation de l’efficacité des anthelminthiques chez les ovins<br />
L’efficacité des anthelminthiques les plus utilisés a été évaluée tout d’abord grâce à des<br />
infestations expérimentales puis confirmée par des tests de réduction fécale des œufs sur le<br />
terrain.<br />
III.1. Matériel et méthodes<br />
III.1.1. Présentation des régions d’étude<br />
→Labrouj :<br />
C’est une commune rurale dans la province de Settat, région de la Chaouia, retombée sud du<br />
plateau des phosphates. Cette région est une vaste plaine rocheuse ou limoneuse du Maroc<br />
occidental en arrière du grand Casablanca (Fig.13a). Elle s’étend sur une superficie de<br />
16.760Km2 soit 2.4% du territoire national et comprend 3 provinces : Settat, Khouribga et<br />
Benslimane subdivisées en plusieurs communes urbaines et rurales.<br />
Le climat dans la région est de type aride à semi aride à hiver chaud. Il se caractérise par une<br />
pluviométrie annuelle moyenne de 270 mm (Labrouj = 305mm/an mal répartie dans le temps et<br />
l’espace : automne : 86mm, hiver : 119mm, printemps : 86mm et été : 14mm avec uniquement 30<br />
à 50 jours pluvieux par an et un très fort degré d’insolation). Les températures connaissent de<br />
grandes fluctuations pouvant varier de 2°C en hiver (Janvier) à 49°C en été (Juillet).<br />
L’agriculture dans la province de Settat est la plus importante dans la région de Chaouia-<br />
Ouardigha (Fig.15). La superficie agricole utile représente 60% de la superficie régionale avec<br />
une prédominance des cultures en sec notamment la céréaliculture qui représente 13%. Ces terres<br />
agricoles sont bordées de forêts de reliefs accidentés qui constituent les parcours. L’effectif du<br />
cheptel est de l’ordre de 1.333.000 têtes à prédominance ovine (fig.16). Il représente 12.5% du<br />
total national est connue depuis longtemps par sa grande qualité liée aux races Sardi (fig.13b) et<br />
Boujâad (débat national sur l’aménagement du territoire, 2000)<br />
48
Figure 13a : Situation géographique de Labrouj (région de la Chaouia)<br />
Labrouj<br />
Fig. 13b : Bélier et brebis de race Sardi (Source ; ANOC, 2002)<br />
49
→ Aïn Leuh :<br />
C’est une commune rurale dans la province d’Ifrane au Moyen-Atlas central (Fig.14a). La<br />
région est caractérisée par des reliefs lourds avec des cônes volcaniques éteints. L’altitude à Aïn<br />
leuh atteint 1450m.<br />
Le moyen atlas central appartient à l’étage sub-humide tempéré à humide froid. Les<br />
précipitations abondantes (970mm à Aîn leuh) sont en partie neigeuses. La région présente de<br />
nombreuses sources ce qui lui confère une grande importance sur le plan des ressources<br />
hydriques. Ceci a permis de qualifier le Moyen-Atlas central de château d’eau du Maroc.<br />
Les inversions thermiques sont fréquentes, les températures en hiver sont souvent négatives<br />
(-4°C à Ifrane) alors qu’en été elles sont hautes (30°C). La combinaison des différences de la<br />
température et des précipitations explique le grand nombre de nuances dans les milieux moyen<br />
atlasiques.<br />
La rareté des sols cultivables (1/8 de la surface régionale) et la rudesse du climat d’hiver<br />
expliquent les anciens déplacements saisonniers des éleveurs de moutons vers les régions<br />
avoisinantes à la recherche de vastes terres, souvent collectives, qui assurent aux troupeaux de<br />
confortables prairies d’hiver. Le retour se fait en été vers les pâturages herbacés de montagne. La<br />
région possède une longue tradition d’élevage qui constitue l’activité dominante en milieu rural.<br />
Le cheptel ovin constitue le volet le plus important (fig.17), avec 1.925.400 têtes, soit 12.5% du<br />
cheptel national suivi de celui des caprins (563.100 têtes soit 11.8%) puis des bovins qui ne<br />
représentent que 181.100 têtes soit 7% du cheptel bovin marocain. La race ovine prédominante<br />
est Timahdite (Fig.14b). Les parcours de la région sont importants. Ils englobent des parcours<br />
collectifs et forestiers dont la surexploitation engendre une dégradation du tapis végétal.<br />
50
Figure 14a : Situation géographique de Ain Leuh (Région du Moyen-Atlas)<br />
Aïn Leuh<br />
Fig.14b : Bélier et brebis de race Timahdite (Source ; ANOC, 2002)<br />
51
Figure 15 : Culture des céréales par province : région CHAOUIA-OUARDIGHA<br />
Figure 16 : Effectif du cheptel par province : région CHAOUIA-OUARDIGHA<br />
Figure 17 : Effectif du cheptel par province : région MEKNES-TAFILALT<br />
52
III.1.2. Infestations expérimentales<br />
Le protocole expérimental adopté pour la réalisation des infestations expérimentales est<br />
représenté sur la figure 18.<br />
III.1.2.1. Parasites<br />
Des matières fécales prélevées sur des animaux infestés naturellement dans les deux régions<br />
d’étude précédentes (Moyen-Atlas et Chaouia) ont été ramenés au laboratoire et ont fait l’objet<br />
de coprocultures séparées : on garde ces matières fécales à une température qui avoisine les 25-<br />
27°c, on les arrose de temps en temps sans oublier de les dilacérer et de les remuer pour<br />
favoriser une oxygénation satisfaisante, ce qui permet aux œufs contenus dans les crottins de se<br />
développer et d’évoluer en larves infestantes (L3). 15 jours après, ces larves sont récupérées par<br />
la méthode de Baermann (Fig.19) : C’est une méthode qui est basée sur l’hygrotropisme et la<br />
mobilité des larves L3 : dans un entonnoir fixé sur une potence on dispose un tamis à mailles de<br />
600 à 700µm et une gaze. A la partie effilée de l’entonnoir, on adapte un tuyau en caoutchouc se<br />
terminant par un tube en verre. On place les excréments contenant des œufs dans l’entonnoir et<br />
on rempli le tout par de l’eau. 24 heures après, on libère le tube en verre, on élimine la majeur<br />
partie du surnageant et on garde le culot de sédimentation contenant les larves que l’on conserve<br />
à 4°c pour les infestations ultérieures ou pour la réalisation d’autres tests.<br />
III.1.2.2. Animaux<br />
10 brebis âgées de 3 mois et pesant entre 13 et 18 Kg ont été achetés et gardés dans des boxes à<br />
la clinique de parasitologie de l’IAV Hassan II. Ces animaux ont été traités simultanément, par<br />
voie orale à l’Ivermectine (0.2mg/Kg de PV) puis une semaine après au tétramisole (15mg/Kg de<br />
PV) pour les débarrasser de tous leurs parasites éventuels. Ces animaux ont reçu ensuite par<br />
injection de la Cortaméthasone à la dose de 1mg/Kg de PV afin de les immunodéprimer, ce qui<br />
favorisera l’installation et le développement des larves infestantes.<br />
A partir de ces 10 animaux, 2 lots ont été constitués :<br />
- Lot 1 : lot Moyen-Atlas : 4 brebis<br />
- Lot 2 : lot Chaouia : 6 brebis<br />
III.1.2.3. Infestation<br />
Des coproscopies individuelles ont été réalisées sur les 10 brebis pour s’assurer qu’elles se sont<br />
débarrassées de tous les strongles digestifs. Chaque brebis a été ensuite infestée par 4500 L3<br />
provenant des matières fécales des moutons du Moyen-Atlas ou de la Chaouia selon le lot<br />
considéré. Toutes les infestations sont réalisées en une seule fois à l’aide d’une sonde nasoœsophagienne<br />
qui permet de déposer la totalité des larves directement dans le rumen.<br />
53
Prélèvement des matières fécales sur des animaux infestés<br />
naturellement à<br />
Ain Leuh<br />
(Moyen-Atlas)<br />
Labrouj<br />
(Chaouia)<br />
Coprocultures séparées au laboratoire<br />
15 jours<br />
Récupération des larves L3 (Baermann)<br />
Test de<br />
paralysie des L3<br />
au Lév.<br />
Infestations expérimentales de<br />
4 brebis saines et<br />
immunodéprimées = lot 1<br />
(4500 L3 du MA / brebis)<br />
40 jours<br />
6 brebis saines et<br />
immunodéprimées = lot 2<br />
(4500 L3 de Ch./ brebis)<br />
G1=2 brebis<br />
témoins<br />
G2= 2 brebis<br />
traitées à Alb.<br />
G1’=3brebis<br />
témoins<br />
G2’= 3 brebis<br />
traitées à Alb<br />
EHT<br />
(TBZ)<br />
EHT<br />
(TBZ)<br />
10 jours<br />
Evolution des OPG dans le temps<br />
Autopsie des 10 brebis et récupération des parasites de la caillette, de<br />
l’intestin grêle et du gros intestin<br />
Comptage et identification des vers<br />
parasites<br />
Figure 18 : Protocole des infestations expérimentales des moutons du MA et de la Chaouia.<br />
54
Figure 19 : Schéma du dispositif de Baermann.<br />
55
III.1.2.4. Traitement.<br />
40 jours après cette infestation, et en fonction des coproscopies obtenues, chaque lot d’agneaux<br />
est réparti en 2 groupes homogènes ; un groupe témoin et un groupe d’animaux traités à<br />
l’albendazole (3.8mg/Kg de PV).<br />
III.1.2.5. Test d’inhibition d’éclosion des œufs : EHT<br />
Sur ces agneaux infestés expérimentalement, des coproscopies journalières ont été d’abord réalisées<br />
afin d’analyser l’évolution des OPG. Ensuite et à partir des matières fécales prélevées sur des<br />
animaux témoins des 2 lots : Moyen Atlas et Chaouia, une extraction des œufs a été réalisée selon<br />
la méthode mise au point initialement par Le Jambre en 1976 et révisée par Baumont en 1987 :<br />
* Triturer 40g de matières fécales fraîchement prélevées du rectum dans 100ml d’eau<br />
* Filtrer et centrifuger pendant 5mn à 1500 trs/mn<br />
* Enlever le surnageant<br />
* Remettre le culot en suspension dans une solution saturée de saccharose<br />
* Centrifuger pendant 5mn à 1000 trs/mn<br />
* Récupérer les œufs au niveau du ménisque supérieur des tubes.<br />
* Incuber ensuite ces œufs dans des concentrations croissantes de thiabendazole (effet<br />
ovicide) pendant 48h à 26°c à raison de 50µl de la solution contenant les œufs dans 50µl du<br />
thiabendazole. Le thiabendazole (99.9% de pureté) a été choisi à cause de sa plus grande<br />
solubilité dans l’eau.<br />
Pour une bonne réalisation de ce test, deux conditions sont à remplir :<br />
Il est très important de prélever les matières fécales directement du rectum car celles<br />
récoltées du sol peuvent contenir des œufs de nématodes libres, ce qui peut fausser la lecture<br />
ultérieure du test.<br />
Les œufs extraits doivent être incubés dans l’heure qui suit leur prélèvement, sinon<br />
l’embryogenèse est entamée en contact de l’air libre dans quel cas le TBZ n’est plus actif.<br />
Un témoin a été prévu qui consiste à incuber les œufs dans de l’eau distillée. Le taux d’éclosion<br />
pour chaque concentration du thiabendazole a été calculé puis corrigé en tenant compte des œufs<br />
stériles (% d’œufs non éclos chez les témoins). Ensuite le calcul de la DL50 (concentration du TBZ<br />
qui a entraîné 50% de la mortalité des œufs = œufs non éclos) a été effectué grâce au logiciel probit.<br />
III.1.2.6. Bilan parasitaire<br />
10 jours après le traitement à l’albendazole, nous avons procédé à une autopsie de tous les<br />
animaux. Puis, pour chaque mouton abattu, le contenu de la caillette, de l’intestin grêle et du gros<br />
intestin a été recueilli séparément, lavé à travers un tamis puis observé sous la loupe binoculaire.<br />
Les mêmes organes ont été raclés à l’aide d’une lame. Les muqueuses obtenues sont soumises à une<br />
56
digestion pepsique qui permet de récupérer les nématodes immatures. Tous les parasites trouvés<br />
sont comptés puis identifiés en se basant sur les clés de détermination proposées par Euzeby J.1982<br />
et Bussieras J. et al.,1995.<br />
III.1.2.7. Test de paralysie des larves L3<br />
Ce test a été réalisé sur des larves L3 obtenues par coproculture des matières fécales provenant des<br />
moutons des deux régions d’étude : le Moyen-Atlas et la Chaouia. Il s’agit d’incuber ces larves dans<br />
des concentrations croissantes d’un anthelmintique paralysant (le lévamisole par exemple), et de<br />
calculer la concentration qui a entraîné la paralysie de 50% de larves. Ce test comme nous l’avons<br />
déjà mentionné (chapitre I) présente quelques inconvénients à savoir la difficulté de lecture et la<br />
présence d’une gaine protectrice qui enveloppe les larves. Devant ces difficultés nous avons essayé<br />
de mettre au point une technique qui permettrait de rendre ce test plus objectif :<br />
a- Dégainage<br />
Afin de permettre un meilleur contact des larves avec l’anthelmintique, ces dernières sont d’abord<br />
dégainées en les trempant dans une solution d’hypochlorite de sodium (NaOCl) à 1.5% pendant<br />
15mn. On enlève ensuite le surnageant et on rajoute de l’eau distillée. On laisse décanter 10 mn et<br />
on répète cette opération de rinçage 2 fois. Les larves ainsi obtenues sont débarrassées de leur gaine<br />
mais gardent leur activité pendant au moins une semaine.<br />
b- Incubation<br />
Dans les puits d’une plaque Elisa on met 30µl de solution contenant les larves et 50µl de<br />
lévamisole à différentes concentrations pendant 24 heures à 25°c. Notons qu’au début, la même<br />
gamme de concentrations a été utilisée pour les deux régions, mais suite aux résultats obtenus, nous<br />
étions obligé de modifier la gamme pour les larves issues de Labrouj.<br />
Un témoin est prévu qui consiste à placer les larves dans de l’eau distillée dans les mêmes<br />
conditions.<br />
c- Coloration<br />
Passé ce délai, on rajoute aux larves 10µl d’un colorant enzymatique : le MTT (Diméthylthiazol)<br />
pendant 3 heures. L’avantage de cette étape c’est que le MTT va provoquer des réactions<br />
enzymatiques qui colorent l’œsophage des larves vivantes en bleu violacé. Les larves mortes restent<br />
incolores. Le comptage des larves paralysées apparaissant enroulées se fait ensuite sans difficultés.<br />
Ces essais préliminaires ayant donné de bons résultats au niveau de la lecture du test, nous<br />
essayons par des travaux en cours de vérifier la répétitivité de ce test afin de le standardiser.<br />
57
III.1.3. Test de réduction fécale des œufs (FECRT)<br />
III.1.3.1. Choix des animaux et anthelminthiques utilisés<br />
Pour chaque région, 10 élevages ont été choisis pour cette étude. Ils présentent tous un effectif<br />
d’animaux élevé, un parasitisme naturel important, un système extensif et empruntent souvent<br />
des parcours collectifs. Notons également que tous ces élevages appartiennent à des éleveurs<br />
adhérants à l’ANOC (Association Nationale Ovine et Caprine) et que tous les animaux n’ont pas<br />
été traités depuis au moins 4 semaines. Les anthelminthiques choisis pour cette étude sont les<br />
plus utilisés dans chaque région.<br />
Pour chaque élevage, des lots de 10 animaux ont été constitués (tableau 11).<br />
Tableau 11 : Lots d’animaux constitués pour le FECRT dans les deux régions d’étude.<br />
Lot n° 1<br />
Lot n° 2<br />
Lot n° 3<br />
Lot n° 4<br />
Lot n° 5<br />
Moyen-Atlas<br />
(Aïn Leuh)<br />
Témoin<br />
(non traités)<br />
Traitement à l’albendazole<br />
(5mg/Kg de P.V.)<br />
Fenbendazole<br />
(7mg/Kg de P.V.)<br />
Tétramisole<br />
(10mg/Kg de P.V)<br />
Non fait<br />
Chaouia<br />
( Labrouj)<br />
Témoin<br />
(non traités)<br />
Traitement à l’albendazole<br />
(5 mg/Kg de P.V.)<br />
Thiabendazole<br />
(46 mg/Kg de P.V.)<br />
Tétramisole<br />
(15 mg/Kg de P.V)<br />
Ivermectine<br />
(0.2 mg/Kg de P.V.)<br />
III.1.3.2. Protocole expérimental<br />
a- Coproscopies<br />
→ J1 : premier jour. Tous les animaux (90) ont subi dans un premier temps une coproscopie.<br />
C’est une technique quantitative qui permet d’évaluer la charge parasitaire de chaque mouton. Le<br />
principe est simple : On écrase 4g de matiére fécale prélevés directement du rectum dans 56ml<br />
d’une solution saturée de NaCl qui permet la flottaison des œufs contenus dans les matières<br />
fécales, on filtre et on remplie les 2 cellules d’une lame spéciale appelée lame de Mc Master<br />
(Fig.20). Chaque cellule a un volume connu de 0.15ml donc, comme la solution est diluée au<br />
1/15, le nombre d’œufs compté est celui contenu dans un centième de gramme de fecès. Pour<br />
obtenir le nombre d’œufs par gramme, on multiplie le résultat obtenu lors du comptage sur un<br />
compartiment par 100 et pour les deux compartiments par 50. L’OPG de J1= OPG1.<br />
OPG = nombre d’œufs dans les deux compartiments x 50.<br />
58
Figure 20 : Schéma d’une lame de Mc-Master.<br />
Ce même jour, les animaux sont traités par l’anthelminthique à tester selon le lot et la région<br />
(Annexes 1 et2).<br />
→ J10 : Au 10 ième jour après traitement, une autre coproscopie est réalisée sur les mêmes<br />
animaux et le nombre d’œufs calculé par gramme de matière fécale constitue l’OPG2. Le délai de<br />
10 à 11 jours est juste suffisant pour l’expulsion des vers tués et avant une réinfestation de<br />
l’animal.<br />
b- Interprétation des résultats<br />
Le pourcentage de réduction fécale a été calculé selon 4 méthodes :<br />
* FECR1 = 100 (1-T2/C2) T2 et C2 sont les moyennes arithmétiques des OPG chez les<br />
témoins(C) et les traités (T) après traitement. Cette méthode a été proposée par WAAVP : World<br />
Association for the Advancement of Veterinary Parasitology (Coles, 1992).<br />
*FECR2 = 100 (1-T2/T1). L’évaluation du traitement se fait sans témoin. T2 et T1 sont des<br />
moyennes arithmétiques des OPG chez les traités avant et après traitement. (Mejia, 2003).<br />
* FECR3 = 100 (1-T2/T1 x C1/C2). La formule utilise les moyennes arithmétiques chez les<br />
groupes témoins et traités avant et après traitement (Dash, 1988 in Mejia, 2003).<br />
* FECR4 = Même formule que la précédente, mais les moyennes arithmétiques sont remplacées<br />
par des moyennes géométriques qui donnent une meilleure pondération à l’échantillonnage<br />
(Presidente, 1985 in Cabaret et Berrag, 2004).<br />
La valeur seuil au delà de laquelle on considère qu’il y a résistance est variable selon les auteurs.<br />
Elle se situe entre 80 et 95%. Sur recommandation de la WAAVP, la valeur limite de l’efficacité<br />
du traitement est actuellement fixée à 90% (Wood et al., 1995).<br />
59
III.2.Résultats<br />
III.2.1. Infestations expérimaentales<br />
Les figures 21 et 22 représentant l’évolution des OPG dans le temps et dans les deux régions<br />
montrent qu’au Moyen Atlas l’OPG chute spectaculairement dès le deuxième jour du traitement<br />
pour devenir nul. Par contre à la Chaouia l’OPG des agneaux traités baisse progressivement par<br />
rapport au témoin.<br />
III.2.1.1. EHT<br />
D’après la figure 23, nous remarquons que le taux d’inhibition de l’éclosion des œufs issus des<br />
deux régions augmente au fur et à mesure que la concentration du milieu d’incubation en<br />
thiabendazole croit. Nous remarquons toutefois que cette augmentation est beaucoup plus lente à la<br />
Chaouia et que les taux d’inhibition d’éclosion des œufs sont plus faibles qu’au Moyen-Atlas<br />
La DL50 des souches suspectées résistantes calculées grâce au logiciel Probit a été de 0.50µg de<br />
TBZ/ml pour les œufs issus de la Chaouia et de 0,10µg/ml au Moyen Atlas (Tableau12). Ce test in<br />
vitro montre que le traitement au Moyen Atlas est beaucoup plus efficace qu’à la Chaouia.<br />
(Annexes 3,4,5,6).<br />
Tableau 12 : Calcul des DL50 des souches de nématodes issues de la Chaouia et du Moyen-atlas<br />
(intervalle de confiance 95%).<br />
DL50 (µg/ml)<br />
Classes<br />
Chaouia 0,50932 µg/ml 0,35046
OPG moyen<br />
Témoins<br />
Traités<br />
500<br />
450<br />
400<br />
350<br />
300<br />
250<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
J0 J1 J2 J3 J4 J5 J6 J7 J8 J9 J10 Jours<br />
Figure 21 : Evolution des OPG à la Chaouia<br />
OPG moyen<br />
25000<br />
Témoins<br />
Traités<br />
20000<br />
15000<br />
10000<br />
5000<br />
0<br />
J0 J1 J3 J4 J5 J6 J7 J8 J9 J10<br />
Jours<br />
Figure 22 : Evolution des OPG au Moyen-Atlas<br />
% d'inhibition des<br />
oeufs<br />
120<br />
Chaouia<br />
MA<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
0 0,04 0,06 0,08 0,12 0,16 0,24 0,32 0,48 0,64 0,96 1,28 1,92<br />
Concentrations<br />
(µg/ml)<br />
Figure 23 : Inhibition d'éclosion des oeufs au MA et à la Chaouia<br />
61
III.2.1.2. Bilan parasitaire.<br />
D’après le tableau 13, il ressort très clairement que le taux d’infestation est plus élevé au Moyen-<br />
Atlas (1461 vers contre 510 à la Chaouia) dû probablement à la présence plus marquée<br />
d’Haemonchus contortus dans cette région (68.4%), par contre dans la Chaouia, c’est Teladorsagia<br />
circumcincta qui domine (80.3%) (Tableau 14). Le taux de réduction des vers adultes chez les<br />
moutons traités à l’albendazole au Moyen-Atlas dépasse les 90% alors qu’à la Chaouia il atteint à<br />
peine les 40% (Tableau 14). Ce résultat va dans le même sens que les résultats obtenus<br />
précédemment.<br />
Tableau 13 : Nombre moyen de nématodes trouvés dans la caillette des groupes de moutons<br />
témoins et traités à l’albendazole.<br />
Régions Caillette Témoins Traités Réduction (%)<br />
Contenu<br />
492.73 297.33<br />
(adultes)<br />
(416-565) (206-387)<br />
39.5 %<br />
Chaouia Muqueuse<br />
18<br />
6.67<br />
(immatures) (16-20) (3-11)<br />
63 %<br />
Total 510.73 304 40.5 %<br />
Contenu<br />
1449 132<br />
(adultes)<br />
(68-197)<br />
90 %<br />
Moyen-Atlas Muqueuse<br />
12 5.5<br />
(immatures)<br />
(2-9)<br />
54.2 %<br />
Total 1461 138 90.5 %<br />
Tableau 14 : Identification et fréquence des strongles, ainsi que leur taux de réduction après<br />
traitement à l’albendazole<br />
Chaouia<br />
Moyen Atlas<br />
Témoins Traités % réduction Témoins Traités % réduction<br />
H.contortus.<br />
97<br />
(19.7%)<br />
45<br />
(15.2%)<br />
53.6 %<br />
986<br />
(68.4%)<br />
36<br />
(27.3%)<br />
96.3 %<br />
T.axei. 00 (0%) 00 (0%) 0 29 (%) 00 (0%) 100 %<br />
T.circumcinta<br />
395<br />
(80.3%)<br />
251<br />
(84.8%)<br />
36.4 %<br />
427<br />
(29.6%)<br />
96<br />
(72.7 %)<br />
77.5 %<br />
Total<br />
492<br />
(100%)<br />
296<br />
(100%)<br />
42 %<br />
1442<br />
(100%)<br />
132<br />
(100%)<br />
90.9 %<br />
62
III.2.1.3. Test de paralysie des larves<br />
Les tableaux 15 et 17 résument les résultats obtenus par le logiciel probit de ce test dans la<br />
région du Moyen-Atlas et la Chaouia. Nous remarquons que les L3 issues de la Chaouia résistent<br />
beaucoup plus au lévamisole par rapport à celles qui le sont du Moyen-Atlas puisque la DL50 à<br />
Labrouj dépasse 280µg/ml alors qu’elle est atteinte à peine à 50µg/ml au Moyen-Atlas (Tableau<br />
16).<br />
Nous remarquons aussi que le pourcentage des larves paralysées est beaucoup plus élevé pour<br />
les larves issues du Moyen-Atlas. Il atteint les 100% à 120µg de lévamisole/ml d’eau, alors qu’à<br />
la Chaouia, il n’atteint que 74.2 à une concentration 5 fois plus grande (500µg/ml). Ce résultat est<br />
similaire à celui obtenu par l’effet du TBZ sur le taux d’inhibition d’éclosion des œufs.<br />
Tableau 15 : Taux de paralysie des larves L3 de nématodes issues du Moyen-Atlas en présence<br />
du lévamisole<br />
Concentration<br />
(µg/ml)<br />
Nombre<br />
de L3<br />
mobiles<br />
Nombre de<br />
L3<br />
paralysées<br />
Effectif<br />
total de L3<br />
% de L3<br />
paralysées<br />
% corrigé /<br />
témoin<br />
0 89 0 89 0<br />
5 110 6 116 5.2 5.22<br />
10 138 33 171 19.3 19.3<br />
20 133 26 159 16.4 16.4<br />
40 192 87 279 31.2 31.2<br />
60 51 104 156 66.7 66.7<br />
80 19 94 113 83.2 83.2<br />
100 2 112 114 98.2 98.2<br />
120 0 121 121 100 100<br />
140 0 130 130 100 100<br />
160 0 108 108 100 100<br />
180 0 99 99 100 100<br />
200 0 110 110 100 100<br />
Tableau 16 : Calcul des DL50 des Larves L3 issues de la Chaouia et du Moyen-Atlas<br />
(intetvalle de confiance 95%)<br />
DL50 (µg/ml)<br />
Classes<br />
Chaouia 282,00780 µg/ml 210,0858
Tableau 17 : Taux de paralysie des larves L3 de nématodes issues de la Chaouia en présence du<br />
lévamisole<br />
Concentration<br />
(µg/ml)<br />
Nombre de<br />
L3<br />
mobiles<br />
Nombre de<br />
L3<br />
paralysées<br />
Effectif total<br />
de L3<br />
% de L3<br />
paralysées<br />
% corrigé /<br />
témoin<br />
0 31 2 33 6.06<br />
5 35 1 36 2.8 0<br />
20 33 7 40 17.5 12.1<br />
60 27 11 38 28.9 24.3<br />
100 29 13 42 31 26.4<br />
140 19 16 35 45.7 42.2<br />
180 30 13 43 30.2 25.7<br />
200 33 14 47 29.8 25.2<br />
300 9 26 35 74.3 72.6<br />
350 9 23 31 74.2 72.5<br />
400 8 22 30 73.3 71.6<br />
500 8 25 33 75..8 74.2<br />
III.2.2. Résultat du test de réduction fécale des œufs (FECRT)<br />
Les tableaux 18 et 19 résument les résultats de la réduction fécale obtenus dans les deux régions<br />
d’études. Au Moyen Atlas, les benzimidazoles (fenbendazole et l’albendazole) sont efficaces<br />
(FECR > 90% quelque soit la méthode de calcul utilisée), ce qui n’est pas le cas à la Chaouia avec<br />
le thiabendazole et l’albendazole. Notons aussi dans cette région une meilleure efficacité de<br />
l’ivermectine et du tétramisole à 15mg/Kg de PV par rapport au thiabendazole et l’albendazole (74<br />
et 71 vs 47 et 54).<br />
L’effet du tétramisole ne peut pas être comparé dans les deux régions car les traitements n’ont pas<br />
été faits à la même dose. Berrag et al en 2000 ont repris cette étude et ont montré grâce à des<br />
infestations expérimentales que cette différence d’efficacité est due à un sous dosage. En éliminant<br />
donc l’effet du tétramisole, nous remarquons que le traitement, quelque soit la molécule utilisée, est<br />
plus efficace au Moyen Atlas.<br />
64
Tableau 18 : Moyennes arithmétiques et géométriques des OPG avant (J0) et après traitement (J10)<br />
ainsi que le taux de réduction fécale (FECR %) calculé selon quatre méthodes pour trois<br />
anthelminthiques testés sur 10 élevages d’ovins au Moyen Atlas<br />
OPG moyen Calcul des FECR %<br />
FECR 3 FECR 4<br />
FECR 1 FECR 2 100 (1- (T2/T1xC1/C2))<br />
J 1 J 10<br />
100(1-T2/C2) 100(1T2/T1) moy.arith. moy.géom<br />
Témoins<br />
n=45<br />
Tétramis.<br />
(10mg/Kg)<br />
n=73<br />
Fenbend.<br />
(7mg/Kg)<br />
n=64<br />
Albend.<br />
(5mg/Kg)<br />
n=67<br />
*747.77<br />
(200-2050)<br />
°608.41<br />
*558.21<br />
(100-2550)<br />
°425.31<br />
*745.31<br />
(150-2700)<br />
°542.61<br />
*478.35<br />
(100-1300)<br />
°377.14<br />
*788.88<br />
(100-3850)<br />
°579.08<br />
*264.38<br />
(0-1150)<br />
°220.65<br />
*15.62<br />
(0-200)<br />
°78.55<br />
*11.94<br />
(0-250)<br />
°99.08<br />
67 53 56 46<br />
98.1 98 98.1 97.8<br />
98.5 97.6 97.7 97.4<br />
Tableau 19 : Moyennes arithmétiques et géométriques des OPG avant (J0) et après traitement (J10)<br />
ainsi que le taux de réduction fécale (FECR %) calculé selon quatre méthodes pour quatre<br />
anthelminthiques testés sur 10 élevages d’ovins dans la région de la Chaouia :<br />
Témoins<br />
n= 81<br />
Ivermec.<br />
(0.2mg/Kg)<br />
n=66<br />
Tétramis.<br />
15mg/Kg)<br />
n=81<br />
Thiabend.<br />
46mg/Kg<br />
n=74<br />
Albend.<br />
5mg/Kg<br />
n=78<br />
OPG moyens Calcul des FECR %<br />
J 0 J 11 FECR 1 FECR 2 FECR 3 FECR 4<br />
*380.8<br />
(250-1050)<br />
°366.95<br />
*428.03<br />
(250-1150)<br />
°400.59<br />
*394.44<br />
(250-2200)<br />
°358.73<br />
*445.27<br />
(100-2000)<br />
°404.41<br />
*411.53<br />
(200-2000)<br />
°378.13<br />
*119.75<br />
(0-600)<br />
°131.03<br />
31.81<br />
(0-200)<br />
°74.91<br />
*35.80<br />
(0-250)<br />
°70.81<br />
*78.37<br />
(0-300)<br />
°93.69<br />
*55.12<br />
(0-300)<br />
°79.88<br />
74 92.6 77 48<br />
71 91 72 45<br />
47 83 45 36<br />
54 86.7 58 41<br />
* moyennes arithmétiques ° moyennes géométriques<br />
65
IV. Discussion et conclusion<br />
Cette étude relative à la résistance des nématodes gastro-intestinaux chez les ovins nous a permis<br />
de tirer certaines conclusions:<br />
Le calcul des DL50 a montré une valeur plus forte à la Chaouia (0.50µg de TBZ/ml vs 0.10 au<br />
Moyen-Atlas). Comme les espèces de strongles n’ont pas pu être déterminées à l’avance, le<br />
facteur de résistance n’a pas été calculé. Notons toutefois que les DL50 des souches sensibles de<br />
référence donnés par Coles et Simpkin en 1977 varient entre 0.03 et 0.08µg/ml selon l’espèce<br />
considérée, ce qui faible par rapport aux DL50 trouvés surtout à la Chaouia. Ce premier résultat<br />
nous laisse supposer que nous sommes en présence d’une résistance bien installée à la Chaouia,<br />
alors qu’au Moyen-Atlas, les souches de parasites peuvent être considérées comme un mélange<br />
d’individus sensibles et résistants ou alors tolérants et sont donc susceptibles d’évoluer vers le<br />
développement d’une résistance.<br />
Ces résultats seront ensuite confirmés par l’autopsie des animaux à savoir l’inefficacité des BZs à<br />
la Chaouia : 42% uniquement de réduction des vers adultes chez les moutons traités à<br />
l’albendazole contre plus de 90% au Moyen-Atlas. Le dénombrement des parasites montre un<br />
taux d’infestation plus élevé au MA (1461 vers vs 510 à la Chaouia). Ceci est probablement du à<br />
la présence marquée d’Haemonchus contortus dans cette région (986 / 97), espèce connue pour<br />
être très prolifique (Silvestre et al., 2002).<br />
Des différences de sensibilité ont également été observées entre des espèces de parasites issues<br />
des deux régions : au MA, il semblerait que c’est Teladorsagia circumcincta qui soit impliquée<br />
dans cette résistance (77.5% de réduction des vers adultes vs 96.3% pour H. contortus.), alors<br />
qu’à la Chaouia T.circumcincta et H. contortus sont fortement suspectés. Ces deux espèces ont<br />
fait l’objet de plusieurs études et ont été souvent incriminées dans la résistance aux<br />
anthelminthiques (Loic, 1998 ; Silvestre et Cabaret, 2001 par exemple).<br />
Le test de paralysie des larves L3, bien que réalisé par une autre molécule que les<br />
benzimidazoles : le lévamisole, a montré une grande différence de comportement des nématodes<br />
selon la région : 50% des larves issues de la Chaouia ont été paralysées en les incubant à la<br />
concentration de 280µg de lévamisole/ml d’eau, alors qu’au MA la DL50 est obtenue à la<br />
concentration d’à peine 50µg/ml.<br />
Ensuite, le FECRT réalisé sur les moutons infestés naturellement dans les deux régions a<br />
confirmé l’existence des souches de nématodes résistantes aux BZs à la Chaouia (thiabendazole<br />
et albendazole). Le taux de réduction fécale ne dépasse pas en moyenne 50% pour 3 méthodes de<br />
calcul sur 4 (FECR (2) =85%). Par contre, au Moyen-Atlas, les benzimidazoles (fenbendazole et<br />
66
albendazole) semblent être efficaces (le taux de réduction fécale dépasse 90% quelque soit la<br />
méthode de calcul utilisée). Ce résultat doit laisser sous entendre qu’il n’existe pas de nématodes<br />
résistants au Moyen-Atlas, ce qui semble contradictoire avec nos premiers résultats. Pour ceci, un<br />
génotypage a été effectué sur des souches issues de cette région par Berrag et al. en 2002.<br />
L’étude a montré que 13% de l’espèce Teladorsagia circumcincta présentait le génotype<br />
résistant (rr), 32% le génotype (Sr) phénotype sensible et 55% étaient des homozygotes sensibles<br />
(SS). Le gène de résistance est donc présent dans cette région. Le FECRT ne peut donc être<br />
adapté qu’au cas d’une résistance avancée. Une autre étude menée par Cabaret et Berrag sur des<br />
brebis du Moyen Atlas a montré que le taux de réduction fécale des œufs calculé selon les quatre<br />
méthodes était plus faible en considérant les données individuelles par rapport aux moyennes.<br />
D’autre part, le FECR individuel fournissait une évaluation plus fiable quand l’infestation<br />
dépassait 300 œufs /g de matiére fécale et quand on disposait de plus de 10 animaux. (Cabaret et<br />
Berrag, 2004). Sangster en 2001 a montré que ce test ne détecte la résistance que lorsque la<br />
fréquence des gènes de résistance dépassait 25%. Nous pouvons donc conclure au terme de cette<br />
première partie que la résistance aux BZs est fortement suspectée dans les deux régions mais<br />
qu’elle est plus accentuée à la Chaouia. Il semblerait en plus qu’il existe une multirésistance des<br />
nématodes gastro-intestinaux chez les ovins et qu’elle touche plusieurs stades de développement<br />
du parasite (œufs, larves L3 et adultes).<br />
Ce résultat préliminaire obtenu au Maroc est un signal d’alarme à prendre au sérieux car, si au<br />
Moyen-Atlas les tests classiques de détection de la résistance n’ont pas été déterminants, le gène de<br />
résistance est présent (Berrag et al., 2002). Vu le type d’élevage extensif dans cette région, l’achat<br />
de moutons pouvant héberger des espèces résistantes de strongles, une forte résistance ne tardera<br />
pas à se manifester. D’autant plus que comme nous avons pu le constater lors de l’enquête réalisée,<br />
les benzimidozoles restent l’anthelminthique le plus utilisé par les éleveurs, qui peuvent traiter<br />
jusqu’à 4 fois par an. Ce produit était donné gratuitement une fois par an aux adhérents de la<br />
coopérative : l’ANOC. La conséquence de ce phénomène peut être dramatique si aucune disposition<br />
n’est prise. C’est le cas par exemple de l’Afrique du sud ou certains éleveurs ont été obligés de<br />
cesser leur activité d’élevage car toutes les molécules sont devenues inefficaces (Van Wyck, 1990).<br />
67
I. Introduction<br />
L'élevage du cheval arabe, bien que pratiqué dans ses débuts par les nomades, n’a jamais été laissé<br />
à l’improvisation. Au contraire, à chaque naissance, une attestation de témoins garantissait l'identité<br />
du cheval. Par des accouplements choisis, les éleveurs perpétuaient les qualités qu’ils attendaient de<br />
leurs montures dont la principale fonction était guerrière. Le cheval arabe était considérait comme<br />
le roi des chevaux. Il a été présent dans toutes les conquêtes entreprises par le prophète. Ensuite en<br />
Grande Bretagne il a été sélectionné pour la course et a donné naissance au pur sang anglais, puis en<br />
Afrique du Nord, associé au barbe local a engendré l’Arabe-barbe. Partout il est superbe : en<br />
randonnée, à l’attelage ainsi que dans les épreuves sportives. Aux Etats-Unis, en Europe ainsi qu’au<br />
Maroc les courses des pur-sang arabes sont très activement exploitées. Le cheval arabe meublera<br />
toujours le rêve de l’homme.<br />
L’utilisation actuelle des chevaux de loisir et de sport dans différentes disciplines exige des<br />
conditions de sélection et d’élevage beaucoup plus rigoureuse qu’auparavant. A cet égard, les<br />
éleveurs ont petit à petit investi dans l’achat de juments de haut potentiel génétique et de cartes de<br />
saillie d’étalons à grande performance. Les techniques d’entraînement ont également progressé. A<br />
l’inverse, les conditions sanitaires et prophylactiques restent hélas souvent médiocres soit par<br />
méconnaissance soit par souci d’économie. Ainsi les maladies parasitaires et plus particulièrement<br />
les strongles gastro-intestinaux occupent une place importante dans les pathologies équines. Ces<br />
stongles appelés aussi petits strongles ou cyathostomes, sont pathogènes à l’état larvaire et localisés<br />
essentiellement dans la muqueuse intestinale. Ils sont à l’origine de plusieurs troubles digestifs tels<br />
que diarrhées sévères et colites. Ces maladies parasitaires sont à craindre car elles occasionnent des<br />
baisses importantes dans la performance des chevaux de course, des troubles de reproduction chez<br />
les juments et un freinage de la croissance chez les poulains. Pour limiter ce genre de parasitisme, le<br />
recours à la chimiothérapie est nécessaire, et a été longtemps efficace. Malheureusement<br />
l’utilisation anarchique et aléatoire de certains anthelminthiques a entraîné l’apparition de souches<br />
de strongles résistantes à ces molécules chez le cheval. Ainsi de nombreux cas de résistance ont été<br />
signalés depuis le début des années 60 et dans plusieurs pays : aux USA (Drudge, 1961, Wood et<br />
al., 1998), au Brésil (Pereira et al., 1991), au Danmark (Bjorn et al., 1991), en Australie (Waller,<br />
1993), en Belgique (Geerts, 1995) en Ukraine (Borgsteede et al., 1996) et en Afrique du sud<br />
(Matthee et al., 2000). L’utilisation excessive des anthelminthiques chez les chevaux de selle au<br />
Maroc, ainsi que l’importation des chevaux, particuliérement massive entre 1995 et 1998<br />
(communication personnelle de Dr. Chakir J. de la GR de Rabat) nous ont incité à faire d’abord un<br />
observatoire sur l’efficacité des molécules à utilisation courante dans quelques régions du royaume,<br />
69
d’évaluer le degré d’une résistance éventuelle des cyathostomes aux anthelminthiques puis de<br />
déterminer les espèces de nématodes impliquées dans cette résistance. Ensuite, et en fonction de nos<br />
résultats obtenus, nous avons comparé cette efficacité avec celle étudiée chez des équidés proches :<br />
les asins, qui ne sont pas soumis aux mêmes traitements anthelminthiques pour des raisons<br />
économiques.<br />
II. Parasitisme chez les chevaux au Maroc<br />
Avant d’entammer l’étude sur l’efficacité des anthelminthiques, nous avont jugé necessaire de<br />
mener des enquêtes à travers le pays. Notre choix s’est porté sur des écuries de courses (3 de<br />
l’hippodrome de Rabat, 1 d’El Jadida et 1 de Khemisset), des haras nationaux (Bouznika,<br />
Marrackech, Oujda, El Jadida et Meknes) et deux unités des FAR à Rabat. Ces enquêtes visaient à<br />
déterminer l’encadrement sanitaire des chevaux, à connaître le programme de déparasitage suivi<br />
(quels sont les anthelminthiques les plus utilisés ? à quelle dose ? et à quelle fréquence ?), ainsi que<br />
le niveau d’infestation des chevaux par les helminthes digestifs.<br />
Les quelques travaux réalisés au Maroc dans ce domaine ont montré que les équidés sont<br />
polyparasités avec une charge parasitaire souvent élevées selon l’espèce équine, le mode d’élevage,<br />
la région, les années et les saisons (Pandey et Dakkak, 1979 ; Pandey, 1981). Cependant les<br />
strongyloses digestives restent les plus importantes (Tableau 20).<br />
Tableau 20 : Principaux parasites digestifs des équidés<br />
Helminthes<br />
Arthropodes<br />
Ascaridés<br />
Grands strongles<br />
Petits strongles = Cyathostominés<br />
Trichostrongylidés<br />
Nématodes<br />
Strongyloides = anguillules<br />
Oxyurides<br />
Dictyocaulidés = strongles respiratoires<br />
Spirures<br />
Cestodes ou Ténia<br />
Parascaris equorum<br />
Strongylus sp<br />
Trichostrongylus axei<br />
Strongyloides westeri<br />
Oxyuris equi<br />
Dictyocaulus arnfieldi<br />
Habronema sp<br />
Anoplocephala sp<br />
Gasterophilus sp<br />
70
II.1. Ecuries de courses<br />
Les chevaux vivent dans des box et se déplacent à l’occasion vers les lieux de course. Les<br />
anthelminthiques les plus utilisés ainsi que la fréquence des traitements sont résumés dans le tableau<br />
21. La dose administrée est celle recommandée par le fabricant. Elle est déterminée soit en fonction<br />
du poids de l’animal estimé à l’œil nu soit en fonction de son âge. On considère ainsi deux<br />
catégories : le jeune et l’adulte. Il ressort de ce tableau qu’il y a une rotation trop rapide dans<br />
l’utilisation des différentes classes d’anthelminthique. En effet, l’utilisation de deux ou même trois<br />
produits à mode d’action différent et à raison de 3 fois par an peut s’avérer efficace à court terme,<br />
mais constitue un facteur favorable pour l’apparition d’une multirésistance. La figure 24 montre que<br />
l’ivermectine est l’anthelminthique le plus utilisé dans ces écuries de course (37%), suivi du<br />
pamoate de pyrantel (P.P. 27%), l’oxibendazole 18% et enfin le dichlorvos et le mebendazole avec<br />
uniquement 9%.<br />
II.2. Les haras nationaux<br />
Ils ont pour mission principale de développer et d’améliorer l’élevage équin, d’orienter la<br />
production équine vers la satisfaction de la demande tout en contrôlant cette production. Chaque<br />
haras a tendance à se spécialiser dans une production particulière.<br />
Les chevaux vivent le plus souvent dans des box, sauf pour les juments et leurs produits qui peuvent<br />
sortir dans les pâtures.<br />
Les programmes de traitement relevés au niveau des haras (Tableau 22) montrent qu’une même<br />
molécule (Le pamoate de pyrantel par exemple) est utilisée pendant plusieurs années sans respecter<br />
la bonne période de déparasitage qui doit se situer en automne et au printemps. Le poids n’est pas<br />
bien estimé ce qui peut entraîner un sous dosage dans le traitement.<br />
La figure 25 montre que c’est le pamoate de pyrantel qui est le plus souvent utilisé avec une<br />
fréquence de 70% suivi du dichlorvos ; 24%, l’ivermectine ; 4% et enfin l’oxibendazole ; 2%.<br />
II.3. Les chevaux des FAR<br />
Les chevaux de deux unités des FAR ont été examinés. L’enquête a montré que les traitements sont<br />
systématiquement semestriels avec parfois des traitements ponctuels pour quelques chevaux qui<br />
présentent des signes cliniques de parasitose.<br />
La dose administrée aux chevaux est en fonction de l’âge (adulte ou jeune) sans tenir compte du<br />
poids de l’animal. Les races dominantes sont l’arabe-barbe et l’argentin pour l’unité 1 et l’angloarabe-barbe,<br />
l’arabe-barbe et l’argentin pour l’unité 2.<br />
71
L’anthelminthique le plus utilisé était le dichlorvos pour l’unité 1 (52.53%), suivi du<br />
thiabendazole (28.18%), l’oxibendazole (17.45%), le pamoate de pyrantel et la piperazine<br />
(0.295%) et enfin l’ivermectine avec 0.250% (Fig.26). Pour l’unité 2, le thiabendazole est le plus<br />
utilisé (67.56%), la pipérazine (11.46%), le dichlorvos (10.98%), l’oxibendazole (7.56%), le telmin<br />
(2.20%) et l’ivermectine (0.24%) (Fig.27)<br />
En calculant les OPG de tous les chevaux, nous avons pu comparer ensuite le niveau d’infestation<br />
au niveau des sites précités (Tableau 23).<br />
NB : Les OPG moyens des haras de Marrakech, de Oujda et d’El Jadida n’ont pas été calculés, soit<br />
à cause du faible effectif des chevaux dont nous disposions au moment de l’enquête (3 animaux au<br />
haras de Marrakech) soit à cause du faible taux d’infestation (20 et 22% respectivement dans les<br />
haras d’Oujda et d’El Jadida).<br />
Il ressort du tableau 23 que les chevaux appartenant aux FAR sont les plus infestés ainsi que le<br />
haras de Meknès. Ce résultat n’est certainement pas à mettre en relation avec le type de traitement<br />
(E1 et E2 tableau 21). Par contre nous pourrons l’attribuer à des traitements fréquents qui peuvent<br />
être souvent sous déclarés chez les chevaux de course. Si cette pratique est efficace pour l’instant,<br />
elle peut s’avérer dangereuse à l’avenir car elle peut provoquer la sélection de souches de<br />
nématodes résistantes à la molécule utilisée.<br />
Tableau 21 : Pratique antiparasitaire dans les écuries (E) de course.<br />
Ecuries Race anthelminthique<br />
utilisé<br />
E1 PSAr ; PSA<br />
Oxibendazole<br />
Ivermectine<br />
Oxibendazole<br />
E2 PSA<br />
Rabat<br />
Ivermectine<br />
Meben + trichorfon<br />
E3 PSA Ivermectine<br />
Pamoate de pyrantel<br />
El Jadida<br />
PSA, PSAr, Iverm.,dichlorvos<br />
AAr,AQPSA Pamoate de pyrantel<br />
Khemisset<br />
PSAr, PSA,<br />
AAr<br />
Pamoate de pyrantel<br />
Rythme des<br />
traitements<br />
3 fois/an<br />
3 à 4 fois/an<br />
2 à 3 fois/an<br />
2 fois/an<br />
2 fois/an<br />
AQPSA: Autre Que Pur Sang Anglais<br />
PSA: Pur Sang Anglais<br />
PSAr: Pur Sang Arabe<br />
AAr : Anglo-Arabe<br />
72
Tableau 22 : Pratique antiparasitaire dans les haras nationaux<br />
Haras<br />
Bouznika<br />
Marrakech<br />
Oujda<br />
El Jadida<br />
Anthelminthique utilisé<br />
Produits années<br />
P. P. 1994-1998<br />
Dichlorvos 1996-1998<br />
Oxibend. 1998<br />
P.P<br />
Dichlorvos<br />
P.P<br />
Dichlorvos<br />
Ivermectine<br />
P.P<br />
Dichlorvos<br />
1988-1998<br />
1988-1998<br />
1982-1990<br />
1991-1994<br />
1995-1998<br />
1988-1998<br />
1988-1998<br />
Meknès P.P. 1988-1998<br />
Période de<br />
traitement<br />
Aout<br />
Décembre<br />
Mars<br />
Février,<br />
Juin<br />
Eté ; Hiver<br />
Printemps<br />
Fin Janvier<br />
Montes<br />
(avant et<br />
après)<br />
Rythme de<br />
traitement<br />
3 fois/an<br />
2 fois/an<br />
3 fois/an<br />
1 fois/an<br />
Adultes : 2<br />
Jeune :<br />
3fois /an<br />
Determination<br />
dose<br />
/poids :<br />
méthode de<br />
Crevat<br />
Adulte : 1<br />
Jeune : 1/2<br />
tube<br />
En fonction du<br />
poids estimé à<br />
l’œil nu<br />
Adulte : 1<br />
Jeune : 1/2<br />
tube<br />
Race<br />
PSA ; PSAr<br />
Barbe et<br />
Arabe-barbe<br />
Pur Sang,<br />
A-AR<br />
Ar ; Ar-<br />
Barbe<br />
P.P. : Pamoate de Pyrantel<br />
Tableau 23 : Niveau d’infestation des chevaux par les nématodes gastro-intestinaux<br />
Ecuries<br />
Haras<br />
FAR<br />
Sites effectif OPG moyen Taux d’infestation<br />
E1 25 0 0%<br />
Rabat E2 15 238 (0-1750) 40%<br />
E3 11 400 (0-4000) 27%<br />
El Jadida 34 148 (0-1350) 38%<br />
Khémisset 19 47 (0-300) 36%<br />
Bouznika 15 113.3 (0-950) 40%<br />
Meknès 18 472 (0-1450) 83%<br />
Marrackech 3 Non fait -<br />
Oujda 10 Non fait 20%<br />
El Jadida 16 Non fait 22%<br />
Unité 1 20 875 (0-2150) 70%<br />
Unité 2 20 1952.5 (50-5500) 100%<br />
Méthode de Crevat : Poids = 80 x C 3<br />
C = Périmètre thoracique mesuré au niveau de la 9 ième côte (Tendra 1979)<br />
73
Dichlorv.<br />
9%<br />
Oxibend.<br />
18%<br />
Mebend.<br />
9%<br />
Ivermect.<br />
37%<br />
Dichlorvos<br />
24%<br />
Oxibend.<br />
2%<br />
Ivermect.<br />
4%<br />
P.P.<br />
27%<br />
P.P.<br />
70%<br />
Figure 24 : Utilisation des<br />
anthelminthiques dans les écuries<br />
Figure 25 : Utilisation des<br />
anthelminthiques dans les haras<br />
nationaux<br />
Pipérazine<br />
0%<br />
Oxibend.<br />
17%<br />
P.P.<br />
0%<br />
Ivermectine<br />
0%<br />
Dichlorvos<br />
54%<br />
Telmin<br />
2%<br />
Oxibend.<br />
8%<br />
Pipérazine<br />
11%<br />
Ivermect.<br />
0%<br />
Dichlorvos<br />
11%<br />
Thiabend.<br />
29%<br />
Thiabend.<br />
68%<br />
Figure 26 : Utilisation des<br />
anthelminthiques dans l'unité 1 des<br />
FAR<br />
Figure 27 : Utilisation des<br />
anthelminthiques dans l'unité 2 des<br />
FAR<br />
74
II.4. Conclusion<br />
Au terme de cette enquête, nous remarquons que la gamme d’anthelminthiques proposés au Maroc<br />
est large et variée. Cependant leur utilisation reste anarchique et aléatoire :<br />
- Un seul produit peut être utilisé trop fréquemment et pendant longtemps tel que le Pamoate de<br />
Pyrantel dans les haras ou le Thiabendazole dans l’unité 2 des FAR.<br />
- La rotation des molécules à mode d’action différent est absente ou au contraire trop rapide<br />
(écuries de courses et quelques haras) ce qui peut entraîner l’apparition d’une multirésistance.<br />
Herd en 1992 a proposé au contraire une rotation lente et annuelle.<br />
- La dose du traitement à appliquer n’est pas toujours déterminée en fonction du poids exact de<br />
l’animal d’où un sous dosage possible.<br />
- Les périodes de traitement sont très variables d’un service à un autre. Elles ne coïncident donc<br />
pas toujours avec les périodes à haut risque d’infestation. Une bonne connaissance de la<br />
biologie du parasite est dans ce cas là, nécessaire.<br />
75
III. Efficacité des anthelminthiques à utilisation courante contre les<br />
strongles gastro-intestinaux chez le cheval<br />
En se basant sur l’enquête rétrospective, les sites d’étude, ainsi que les molécules<br />
d’anthelminthique utilisées ont été choisis en fonction de la facilité de collecter les données<br />
relatives au programme de déparasitage, de la diversité géographique, de la race, du rythme et de la<br />
fréquence d’utilisation des molécules. Le choix des sites s’est porté aussi sur les écuries à grandes<br />
concentrations de chevaux et à activités différentes.<br />
III.1. Matériel et méthodes<br />
III.1.1. Les sites<br />
→Les haras nationaux. Vu l’effectif des chevaux disponibles au haras de Marrakech, le<br />
faible taux d’infestation dans les haras d’El Jadida et de Oujda, le choix s’est porté sur les haras de<br />
Bouznika et de Meknès.<br />
Le haras de Bouznika est le plus récent au Maroc. Il n’a été crée qu’en 1994 dans le cadre de<br />
l’amélioration génétique de l’espèce équine (El Ouadghiri, 1995). Il englobe les principaux élevages<br />
de chevaux Pur Sang Anglais (PSA) mais surtout Pur Sang Arabe (PSAr). Les techniques les plus<br />
modernes de reproduction y sont pratiquées tel que l’insémination artificielle, le diagnostic précoce<br />
de gestation par échographie ainsi que le contrôle de filiation par hémotype.<br />
L’importation des chevaux dans ce haras se fait de l’Europe et des USA selon les besoins.<br />
Le haras de Meknès est le plus important du point de vue effectif des animaux. Il compte<br />
29.19% de l’effectif national équin (Hamidi, 1997). Il se trouve à la tête d’une circonscription<br />
hippique contenant une quinzaine de provinces ou sont réparties 28 stations de monte. Ce haras<br />
s’est spécialisé dans l’élevage, l’amélioration et la sauvegarde de la race Arabe, Arabe-Barbe et<br />
Barbe. Il joue un rôle important dans l’encouragement de l’élevage équin par le biais des primes<br />
distribuées à l’occasion de grands concours régionaux ou locaux qu’il organise annuellement. Les<br />
importations sont très faibles : un seul étalon a été acheté au cours des dix dernières années.<br />
→ Deux unités des FAR dont les chevaux sont destinés aux activités sportives tel que la<br />
fantasia, un rituel présent dans les grandes fêtes nationales ou publiques, les courses et les<br />
concours hippiques.<br />
76
III.1.2. Molécules testées et choix des animaux<br />
- 6 à 10 chevaux des haras nationaux sont traités au pamoate de pyrantel (Strongid ND) à la dose<br />
de 6.6mg/Kg de poids vif. C’est un dérivé de la tétrahydropérimidine dépourvu<br />
d’embryotoxicité et bien toléré par les chevaux<br />
- 30 chevaux de la première unité des FAR d’origine et de race différentes (Argentins, Anglais,<br />
Arabe-Barbe, Pur Sang Arabe) sont traités au Dichlorvos à la dose recommandée par le<br />
fabricant qui est de 33mg/Kg de poids vif. Le dichlorvos est un anthelminthique appartenant à<br />
la famille des organophosphorés très utilisés contre les nématodes du cheval (Barragry, 1984).<br />
- 79 chevaux de la deuxième unité sont traités avec le thiabendazole à la dose de 25g de poudre à<br />
75% de principe actif par cheval, soit 18.75 g/animal. Cette dose est appliquée par l’utilisateur<br />
sans tenir compte du poids de l’animal, et s’avère inférieure à celle préconisée par le fabricant.<br />
Suite à un échec thérapeutique, ce test a été refait un mois après sur 30 chevaux de la 2 ième unité<br />
(Tableau 24) en apportant les corrections suivantes : 10 chevaux (de C1 à C10) ont été retraités<br />
au thiabendazole à la dose de 50mg/kg de poids vif, 10 autres (de C11 à C20) à 100 mg/kg de<br />
P.V., et 10 (C21 à C30) au Dichlorvos à la dose de 33 mg/Kg de poids vif. Le thiabendazole<br />
appartient à la grande famille des benzimidazoles, anthelminthique des plus anciens et des plus<br />
utilisés contre les cyathostomes du cheval (Kaplan, 2002).<br />
L’effectif des animaux a été déterminé en fonction de la disponibilité des chevaux par écurie.<br />
77
Tableau 24 : Identification des 30 chevaux de l’unité 2 des FAR<br />
Code<br />
Date de<br />
Race origine Service Sexe<br />
cheval<br />
naissance<br />
GR1 Argentine Polo F 1984<br />
Importés de<br />
GR2 - - F 1985<br />
l’Argentine<br />
GR3 -<br />
- F 1988<br />
GR4 Hollandais Importés Concours hippi. M 1975<br />
GR5 Irlandais d’Europe - M 1984<br />
GR6 A-H-Ar - M 1987<br />
Nés et élevés<br />
GR7 A-H-Ar 87% - M 1989<br />
au Maroc<br />
GR8 Ar-Barbe<br />
- M 1990<br />
GR9 Cariolla Europe - M 1990<br />
GR10 Ar-be Maroc 1 er escadron M 1979<br />
GR11 A-H Concours hippiq. M 1991<br />
GR12 A-H - M 1992<br />
Maroc<br />
GR13 Ar-be 1 er escadron M 1984<br />
GR14 -<br />
Esc. d’honneur M 1984<br />
GR15 Argentine - M 1990<br />
GR16 - Importés de - M 1990<br />
GR17 - l’Argentine - M 1991<br />
GR18 -<br />
- M 1994<br />
GR19 ? - M 1995<br />
Maroc<br />
GR20 ?<br />
- M 1973<br />
GR21 Ar-be 1 er escadron M 1978<br />
GR22 Ar-be Course M 1994<br />
GR23<br />
A-H-Ar<br />
74.13%<br />
Concours hippiq. M 1995<br />
GR24 Ar-be Maroc 1 er escadron F 1977<br />
GR25 - - M 1978<br />
GR26 - - M 1980<br />
GR27 - - M 1984<br />
GR28 -<br />
Esc. d’honneur M 1977<br />
GR29 Argentine Importé Arg. - M 1990<br />
GR30 Ar-Be Maroc 1 er escadron M 1986<br />
III.1.3. Evaluation de la résistance<br />
Une première coproscopie individuelle selon la méthode de Mac Master a été réalisée sur tous les<br />
chevaux des différents sites afin d’évaluer la charge parasitaire des animaux. Compte tenu de ces<br />
résultats, un échantillon de quelques animaux de chaque site a été choisis et répertorié pour le test<br />
de réduction fécale des œufs (FECRT) : C’est un test qui permet d’estimer indirectement l’effet du<br />
produit administré à l’animal, dans les conditions pratiques de l’emploi, en comptant le nombre<br />
d’œufs évacués par gramme de matière fécale avant le traitement (OPG1) et 10 jours après<br />
78
traitement des chevaux avec l’anthelminthique à tester (OPG2). La réduction fécale a été calculée<br />
selon la formule suivante :<br />
FECR % = 100(1-T2/T1). T1 et T2 sont des moyennes arithmétiques des OPG chez les chevaux<br />
avant et après traitement.<br />
Selon Sangster 1996 :<br />
Si %FECR est supérieur à 80%, la souche est considérée comme sensible.<br />
Si % FECR est inférieur à 80%, la souche est considérée comme résistante.<br />
Selon d’autres auteurs (Bauer et al 1986), la résistance chez les équidés est suspectée lorsque le<br />
pourcentage de réduction est < 90%. Kaplan en 2003 propose un autre critère de classification de la<br />
résistance :<br />
Si FECR < 80%, les souches sont résistantes<br />
Si 80% 90%, la résistance est suspectée<br />
Si FECR > 90%, les souches sont sensibles.<br />
Le seuil d’efficacité adopté dans cette étude est de 90% (Coles et al., 1992)<br />
III.2. Résultats<br />
III.2.1. Au niveau des haras nationaux<br />
Le tableau 25 montre que le pamoate de pyrantel utilisé dans les haras est plus efficace à Bouznika<br />
qu’à Meknès (95.4% vs 69%) ce qui indique probablement l’émergence dans cette région de<br />
souches résistantes à cette molécule.<br />
III.2.2. Au niveau de l’unité 1 des FAR<br />
La réduction fécale moyenne calculée selon la formule ci-dessus est de 99.47 (Tableau 25). 90%<br />
des chevaux ont présenté un FECR de 100%, ce qui montre une très bonne efficacité du Dichlorvos<br />
sur les strongles digestifs du cheval.<br />
III.2.3. Au niveau de l’unité 2 des FAR<br />
Tous les chevaux ont été traités avec la dose unique de 18.75g de thiabendazole par animal, ce qui<br />
correspond à une variation de dose comprise entre 30 et 50mg/Kg de poid vif.Le tableau 25 montre<br />
une faible efficacité du TBZ puisque la réduction fécale est largement inférieure à 90% dans tous<br />
les services. 4 chevaux uniquement sur 79 ont un FECR > 90% ; ce qui se traduit par un échec<br />
thérapeutique de 94.93%.<br />
Les résultats après correction sont résumés dans les tableaux 26, 27 et 28<br />
79
Il en ressort que l’augmentation du dosage à 50mg/Kg de poids vif a entraîné une amélioration<br />
puisque le pourcentage de réduction fécale a augmenté chez 80% des chevaux, néanmoins, ce<br />
pourcentage reste faible (16%). Suite à la deuxième correction (100mg/Kg de poids vif), 80% aussi<br />
des chevaux ont vu leur FECR augmenter avec une réduction fécale moyenne de 48%<br />
Mais malgré ces améliorations, 2 chevaux sur 20 soit 10% uniquement présentent un taux de<br />
réduction fécale supérieur à 90% ; seuil au delà duquel nous pouvons considérer que les souches<br />
sont sensibles. Notons toutefois que ce seuil n’est atteint qu’avec le retraitement à 100mg/Kg de<br />
PV. Enfin, le retraitement au Dichlorvos montre une meilleure efficacité (FECR moyen = 93%).8<br />
chevaux sur les 10 retraités présentent un FECR de 100% et les deux autres ont même des OPG 2<br />
supérieurs aux OPG 1.<br />
Tableau 25 : Taux moyen de réduction fécale des œufs (FECR %) de strongles digestifs chez les<br />
chevaux.<br />
Haras<br />
nationaux<br />
FAR<br />
(Rabat)<br />
Sites services effectif traitement OPG 1<br />
moyen<br />
Bouznika 6<br />
Meknès 10<br />
Unité 1<br />
Unité 2<br />
30<br />
Polo 14<br />
Course 5<br />
Concours<br />
hippiques<br />
1 ier<br />
escadron<br />
Escadron<br />
d’honneur<br />
22<br />
16<br />
22<br />
P.P.(6.6mg/Kg<br />
de P.V.)<br />
dichlorvos<br />
(33mg/Kg PV)<br />
TBZ<br />
(18.75 g. par<br />
animal)<br />
175<br />
(50-500)<br />
970<br />
(300-3200)<br />
945<br />
(100-6150)<br />
2232.14<br />
(250-5350)<br />
930<br />
(400-1750)<br />
2393.18<br />
(500-8850)<br />
2859.37<br />
(500-8150)<br />
2376.81<br />
(550-499)<br />
OPG 2<br />
moyen<br />
8<br />
(0-50)<br />
300<br />
(0-950)<br />
5<br />
(0-150)<br />
971.42<br />
(50-2350)<br />
440<br />
(150-900)<br />
1420.45<br />
(0-6950)<br />
1737.5<br />
(450-4900)<br />
1054<br />
(400-3500)<br />
FECR<br />
%<br />
95.4<br />
(6)*<br />
69<br />
(2)*<br />
99.47<br />
(30)*<br />
56.46<br />
(1)*<br />
52.68<br />
(0)*<br />
40.64<br />
(1)*<br />
39.23<br />
(0)*<br />
55.63<br />
(2)*<br />
* : nombre de chevaux dont le FECR > 90%<br />
80
Tableau 26 : Taux de réduction fécale des œufs de stongles digestifs chez les chevaux de l’unité 2<br />
des FAR traités au thiabendazole après correction du dosage à 50mg/kg de poids vif.<br />
Traitement initial<br />
Code Poids (18.75 g/animal)<br />
Thiabendazole à 50 mg/Kg de PV<br />
cheval (Kg) Dose Réduction Dose<br />
Réduction<br />
OPG 1 OPG 2<br />
(mg/Kg) % (g)<br />
(%)<br />
GR1 451.18 41.56 13 30 1600 1200 25<br />
GR2 514.79 36.42 23 34.23 1450 650 55.17<br />
GR3 498.36 37.62 14.29 33.1 950 550 42.11<br />
GR4 689.21 27.21 18.87 45.8 900 1700 -<br />
GR5 730.35 25.67 0 48.6 800 550 31.25<br />
GR6 498.36 37.62 18.75 33.1 600 600 0<br />
GR7 466.56 40.19 18.52 31 1700 1800 -<br />
GR8 498.36 37.62 45.83 33.1 10250 9500 7.32<br />
GR9 566.23 33.11 24.39 37.7 4000 450 88.75<br />
GR10 566.23 33.11 58.80 37.7 1150 2650 -<br />
Moyenne 2340 1965 16%<br />
Tableau 27 : Taux de réduction fécale des œufs de stongles digestifs chez les chevaux de l’unité 2<br />
traités au thiabendazole après correction du dosage à 100mg/kg de poids vif<br />
Traitement initial<br />
Code Poids (18.75 g/animal)<br />
Thiabendazole à 100 mg/Kg de PV<br />
cheval (Kg) Dose Réduction Dose<br />
Réduction<br />
OPG 1 OPG 2<br />
(mg/kg) (%) (g)<br />
(%)<br />
GR11 523.14 35.84 21.47 69.6 8150 0 100<br />
GR12 611.63 30.66 26.32 81.3 1400 1100 21.43<br />
GR13 466.56 40.19 29.63 62 2750 750 72.73<br />
GR14 365.94 51.24 19.79 48.7 5050 3800 24.75<br />
GR15 584.11 32.1 39.58 77.69 1750 1200 31.43<br />
GR16 566.23 33.11 66.67 75.3 900 0 100<br />
GR17 490.28 38.24 10.17 65.2 2950 4150 -<br />
GR18 451.18 41.56 27.12 60 2250 750 66.67<br />
GR19 346 54.19 3.45 34.6 2000 2050 -<br />
GR20 482 38.90 15.87 48.2 950 500 47.37<br />
Moyenne 2815 1450 48.5%<br />
81
Tableau 28 : Taux de réduction fécale des œufs de strongles digestifs chez les chevaux de l’unité 2<br />
retraités au dichlorvos (33mg/Kg de PV)<br />
Traitement initial<br />
Code Poids (18.75 g/animal)<br />
Traitement au dichlorvos à33mg/Kg de PV<br />
cheval (Kg) dose(mg/kg réduction<br />
)<br />
Dose (g) OPG 1 OPG 2 réduction<br />
GR21 451.18 41.56 54.16 15 5400 0 100<br />
GR22 557.42 33.64 48.57 18.5 1600 0 100<br />
GR23 490.28 38.24 61.29 16 3200 0 100<br />
GR24 531.57 35.27 7.69 17.5 1050 1150 --<br />
GR25 548.72 34.17 42.33 18 1550 0 100<br />
GR26 352.88 53.13 0 11.5 250 350 -<br />
GR27 557.43 33.64 40.91 18.5 1300 0 100<br />
GR28 551.18 41.56 23.81 18 6050 0 100<br />
GR29 490.28 38.24 52.04 16 1350 0 100<br />
GR30 490.28 38.24 50.86 16 1800 0 100<br />
Moyenne 2355 150 93.6<br />
IV. Diagnostic de la résistance aux BZs chez le cheval de selle<br />
Le deuxième volet de ce chapitre consiste d’une part à confirmer la résistance des strongles<br />
digestifs aux benzimidazoles chez le cheval de selle au Maroc par d’autres tests in vivo et in vitro, et<br />
d’autre part à déterminer les espèces parasites qui sont impliquées dans cette résistance.<br />
IV.1. Matériel et méthodes<br />
Le présent travail a été réalisé sur des chevaux des FAR, entre le 15 Avril et le 15 Juin 2003. C’est<br />
une période propice pour un bon développement exogène des œufs de petits strongles en larves<br />
infestantes L3, et pour la levée de l’hypobiose des larves L4 qui évoluent en adultes puis émergent<br />
dans la lumière intestinale, lieu ou se produit la fécondation puis la libération des œufs avec les<br />
matières fécales par la femelle.<br />
IV.1.1. Choix des animaux<br />
20 chevaux de l’unité 2 des FAR de Rabat, hébergeant des parasites ont été choisis et répertoriés<br />
pour ces tests (Tableau 29). Il est à noter que ces chevaux n’ont pas été traités depuis au moins 3<br />
mois.<br />
82
Tableau 29 : Coordonnées des chevaux de l’unité 2 des FAR de Rabat<br />
Cheval Service<br />
Race Date de<br />
ou origine naissance<br />
Sexe Poids (Kg)<br />
C1 Premier escadron A-H-Ar 1986 Hongre 330<br />
C2 Premier escadron Arabe-Barbe 1986 H 360<br />
C3 Escadron d’honneur Argentine 1989 H 350<br />
C4 Escadron d’honneur Argentine 1989 H 320<br />
C5 Concours hippique A-H-Ar 1987 Mâle 330<br />
C6 Polo Argentine 1988 Femelle 380<br />
C7 Course A-H-Ar 1993 H 380<br />
C8 Premier escadron Arabe-Barbe 1985 H 380<br />
C9 Premier escadron Arabe-Barbe 1982 H 420<br />
C10 Concours hippique Anglo-Arabe 1989 H 380<br />
C11 Polo Argentine 1990 H 380<br />
C12 Premier escadron Argentine 1990 H 350<br />
C13 Polo Argentine 1990 H 400<br />
C14 Escadron d’honneur Argentine 1991 H 380<br />
C15 Escadron d’honneur Argentine 1990 F 380<br />
C16 Escadron d’honneur Argentine 1990 F 350<br />
C17 Premier escadron Argentine 1990 H 400<br />
C18 Premier escadron Origine inconnue 1983 H 300<br />
C19 Polo Arabe-Barbe 1986 H 360<br />
C20 Polo Argentine 1989 H 350<br />
IV.1.2. Choix de l’anthelminthique<br />
Parmi les benzimidazoles, nous avons choisi le thiabendazole à cause de sa grande solubilité dans<br />
l’eau et pour son effet ovicide (effet qui sera étudié lors du test d’inhibition de l’éclosion des œufs).<br />
IV.1.3. Protocole expérimental<br />
La recherche de parasites résistants au TBZ a été effectuée à l’aide de plusieurs tests in vivo<br />
(FECRT, bilan parasitaire) et in vitro (EHT, analyse des larves L3) (Fig. 28).<br />
→Test de réduction fécale des œufs (FECRT)<br />
Les 20 chevaux sont divisés en deux lots :<br />
- Lot n°1 : Lot témoin : chevaux non traités (de C1 à C10)<br />
- Lot n°2 : Chevaux traités au TBZ (thibenzole à 66mg/Kg de PV), de C11 à C20.<br />
Le pourcentage de réduction fécale des œufs peut se calculer selon plusieurs méthodes (in Mejia,<br />
2003)<br />
83
1- FECR % = 100 (1- (T2/C2)), T2 et C2 sont les moyennes arithmétiques des OPG après<br />
traitement chez les témoins (C) et les traités (T).<br />
2- FECR % = 100 (1- (T2/T1)). L’évaluation du traitement se fait dans ce cas sans tenir compte du<br />
témoin. T1 et T2 sont respectivement les moyennes arithmétiques des OPG avant et après<br />
traitement chez les chevaux traités.<br />
3- FECR % = 100 (1- (T2/T1 x C1/C2)). La formule utilise les moyennes arithmétiques avant et<br />
après traitement chez les témoins et les traités.<br />
4- FECR % = même formule que la précédente mais les moyennes arithmétiques sont remplacées<br />
par les moyennes géométriques.<br />
84
20 chevaux parasités<br />
naturellement<br />
(FAR)<br />
Lot 1<br />
10 chevaux témoins<br />
Lot 2<br />
10 chevaux traités<br />
(TBZ)<br />
I. FECRT+ EHT<br />
OPG 1<br />
Jo= traitement<br />
traitement<br />
OPG 1<br />
DL (1)50<br />
OPG 2<br />
J 11<br />
OPG 2<br />
DL (2) 50<br />
% de réduction fécale<br />
(4 méthodes de calcul)<br />
II. BILAN PARASITAIRE<br />
Groupe 1<br />
4 cvx traités à l’Iver.<br />
Groupe 2<br />
4 cvx retraités à l’Iverm.<br />
Collecte et pesée des crottins, isolement, dénombrement et<br />
identification des strongles digestifs<br />
Déduction des espèces résistantes au<br />
thiabendazole<br />
Figure 28 : Protocole expérimental adopté pour le diagnostic non invasif de la résistance chez les<br />
chevaux des FAR. de Rabat.<br />
85
→ Test d’inhibition d’éclosion des œufs (EHT)<br />
Ce test a été réalisé en parallèle avec le précédent. A partir de matières fécales prélevées<br />
directement du rectum des chevaux du lot 2 avant et après traitement au thibenzole, les œufs sont<br />
extraits par la méthode Le Jambre (1976) et Baumont (1987). Ces œufs sont ensuite incubés dans<br />
des concentrations croissantes de thiabendazole (effet ovicide) pendant 48h à 26°c à raison de 50µl<br />
de la solution contenant les œufs + 100µl du thiabendazole. L’incubation doit être rapide car les<br />
œufs, en contact avec l’oxygène de l’air, commencent leur embryogénèse et le TBZ à cette étape<br />
n’a plus d’effet ovicide. Un témoin a été prévu qui consiste à remplacer le TBZ par de l’eau<br />
distillée.<br />
Le taux d’éclosion des œufs pour chaque concentration a été calculé puis corrigé en tenant compte<br />
des œufs stériles (% d’œufs non éclos chez les témoins). Ensuite le calcul de la DL50<br />
(concentration de TBZ qui a entraîné 50% de mortalité des œufs) avant et après traitement a été<br />
effectué grâce au logiciel probit.<br />
Pour distinguer les souches résistantes des souches tolérantes, l’OMS a défini un facteur de<br />
résistance (FR), égal au rapport de la DL50 de la souche à tester sur celle d’une souche sensible de<br />
référence de la même espèce. Si le FR est supérieur à 5, les souches sont considérées comme<br />
résistantes. Ne pouvant déterminer les espèces de petits strongles présentes à partir des œufs, et par<br />
manque de souches standards de références, nous nous sommes basés sur les travaux antérieurs :<br />
Kelly et a.l en 1981 ont obtenu des valeurs moyennes de DL50 de 0.06 µg/ml pour des petits<br />
strongles sensibles et de 0.15 µg/ml pour des vers résistants. Collobert et al. en 2002 ont opté pour<br />
un seuil de 0.185µg/ml. Nous choisirons pour notre présente étude la valeur maximale qui est de<br />
0.18 µg/ml.<br />
→ Analyse des larves L3<br />
La comparaison des espèces de larves obtenues chez les chevaux témoins et traités, peut nous<br />
donner une idée approximative sur les espèces de nématodes résistantes au thiabendazole.<br />
Des coprocultures individuelles ont été alors réalisées à partir des matières fécales fraichement<br />
prélevées du rectum des chevaux des deux lots d’animaux expérimentaux. Grace à la technique de<br />
Mac-Master, nous avons pu suivre l’évolution des œufs contenus dans les matières fécales :<br />
Quelques heures à peine après la mise en culture, commence la segmentation de l’œuf jusqu’au<br />
stade L1 (photos 1, 2, 3, 4 et 5). A partir du 10 ième jour, commence l’apparition des L3, mais à cause<br />
de leur mobilité, ces dernières sont récupérées par la technique de Baermann (photo 6).<br />
L’identification de ces larves a été basée sur la présence ou l’absence de la gaine, la longueur de la<br />
queue et du corps ainsi que le nombre, la forme et la disposition des cellules intestinales (Fig.29)<br />
86
(Lichtenfels, 1975, Bevilaqua et al., 1993 et Madeira et al., 1999). Cette méthode est rapide, peu<br />
coûteuse mais difficile à réaliser car les cellules intestinales ne sont visibles que sur des larves<br />
vivantes et fraîches, donc mobiles. Pour ceci, il a fallu trouver un moyen pour les immobiliser sans<br />
les tuer en agissant rapidement : faible source de chaleur, une goutte d’alcool, de formol ou autre<br />
produit pouvant diminuer de la mobilité des larves.<br />
→ Bilan parasitaire<br />
Pour déterminer les espèces de parasites du tube digestif d’un animal, la méthode la plus sûre et la<br />
plus courante, c’est d’abattre ces animaux et de récupérer les parasites adultes qui se trouvent dans<br />
le tractus digestif. C’est une méthode certaine, mais très difficile à réaliser chez les chevaux à cause<br />
de leur coût trop élevé et des rapports affectifs qui ont toujours existé entre l’homme et le cheval,<br />
d’où l’idée d’utiliser une technique non invasive et peu coûteuse (Fig.28).<br />
* Groupe n°1 : 4 chevaux pris dans le lot 1 (lot témoin) sont traités directement à l’ivermectine<br />
(0.2mg/Kg de P.V.)<br />
* Groupe n°2 : 4 chevaux pris dans le lot 2 (lot traité au thiabendazole) sont retraités 5 jours après<br />
eux aussi à l’ivermectine.<br />
Trente minutes après le traitement à l’ivermectine, nous commençons séparément et pour chaque<br />
cheval, la récupération des matières fécales de 24h. Ensuite et après la pesée de ces matières<br />
fécales, un échantillon de 250g est rincé dans un tamis sous l’eau du robinet. Le résidu obtenu est<br />
conservé dans du formol dilué au 1/10. Tous les parasites sont ensuite récupérés sous la loupe<br />
binoculaire, comptés puis identifiés en se basant sur les clés de détermination proposées par<br />
quelques auteurs (Fig.30 et 31) (Lichtenfels, 1975, Euzeby, 1981 et 1982 et Bowman, 1999).La<br />
détermination des espèces nécessite leur montage dans le lactophénol ; une substance qui permet<br />
l’éclaircissement des structures du parasite, et donc une observation plus facile des différents<br />
éléments de la diagnose. La comparaison des espèces obtenues dans les deux groupes nous a permis<br />
de déduire celles qui sont résistantes au thiabendazole.<br />
Le principe de cette technique est basée sur l’effet paralysant de l’ivermectine (Kass et al., 1982)<br />
qui en libérant un neuromédiateur (GABA : acide gamma-amino-butirique) va bloquer la<br />
transmission nerveuse chez les parasites et les expulser à l’état vivant, ce qui rend possible leur<br />
identification. Par contre, le TBZ agit sur le métabolisme énergétique des vers par rupture de<br />
l’équilibre tubuline/microtubules dans les cellules du nématode (Lacey, 1985). Les vers sont alors<br />
éliminés morts et désintégrés, ce qui rend leur identification impossible.<br />
Une étude plus récente a confirmé l’intêret de cette technique en montrant une forte corrélation<br />
entre les résultats obtenus par traitement à l’ivermectine et ceux obtenus par autopsie des animaux<br />
(Kuzmina et al., 2005).<br />
87
Photo1 : œuf de strongles (Gr.x100)<br />
Photo 2 : œufs en segmentation (Gr.x100)<br />
Photo 3 : embryon dans l’œuf (Gr.x100)<br />
88
Photo 4 : Larve L1 dans l’œuf (Gr.x100)<br />
Photo 5 : Larve L1 (Gr.x100)<br />
Photo 6 : Larves L3 libres (Gr.x40)<br />
Larves L3<br />
89
Figure 29 : Schéma d’une larve L3 hypothétique et principaux critères de diagnose.<br />
90
Les Cyathostomes<br />
(Petits strongles)<br />
Cavité buccale développée, plus<br />
profonde que large (3/2)<br />
-Cavité buccale mince, petite<br />
-EIC plus longs et peu nombreux<br />
-Papilles médianes proéminentes<br />
ECI plus courts, plus<br />
étroits et plus nombreux<br />
que les ECE<br />
ECI plus longs, plus larges et<br />
moins nombreux que les ECE<br />
-CB élargie<br />
en avant<br />
-Papilles<br />
latérales en<br />
cornes<br />
-CB rétrécie<br />
en avant<br />
-Papilles<br />
médianes<br />
peu<br />
saillantes<br />
-Bord<br />
postérieur<br />
de la<br />
CB+épais<br />
en avant<br />
-Bord<br />
postérieur<br />
de la<br />
CB+épais<br />
en arrière<br />
Cylicocyclus<br />
Cyathostomum Cylicodontophorus Poteriostomum Cylicostephanus<br />
ECI : Eléménts de la coronule interne (Fig.30)<br />
ECE : Eléments de la coronule externe (Fig.30)<br />
CB : Cavité buccale<br />
Figure 30 : Principaux caractères d’identification des genres de Cyathostomes<br />
( Lichtenfels, 1975 ; Euzeby, 1981 ; Bussieras, 1995 et Bowman, 1999).<br />
91
Cylicocyclus nassatus (Face D-V)<br />
Cyathostomum tetracanthum (F.L.)<br />
Papilles latérales<br />
Poteriostomum ratzii (FD)<br />
Cylicodontophorus mettami (FD)<br />
ECE<br />
ECI<br />
P.médiane<br />
Figure 31 : Principaux genres des Cyathostominés. (Bowman, 1999).<br />
92
Cylicostephanus goldi<br />
Face dorsoventrale<br />
Face latérale<br />
Figure 31 (suite) : Principaux genres des Cyathostominés. (Bowman, 1999).<br />
93
IV. 2. Résultats<br />
IV. 2.1. FECRT.<br />
Les tableaux 30 et 31 résument les valeurs individuelles des variations de l’excrétion fécale des<br />
œufs de strongles ainsi que les DL50 avant et après traitement chez les chevaux témoins et traités.<br />
Notons que les OPG2 chez les témoins sont parfois supérieurs aux OPG1. Ceci est probablement du<br />
à une élévation de la température constatée pendant cette période.<br />
Le tableau 32 montre que quelque soit la méthode de calcul utilisée, le pourcentage de réduction<br />
fécale des œufs ne dépasse pas les 57%, ce qui est inférieur à la valeur seuil de la résistance. Ce<br />
résultat prouve donc que les strongles sont résistants au TBZ au Maroc.<br />
IV.2.2. EHT.<br />
Les DL50 calculées avant traitement des chevaux (DL 1 50) montrent que la concentration qui<br />
entraîne 50% d’inhibition de l’éclosion des œufs est > 0.18µg/ml avec une moyenne de 0.30µg/ml<br />
chez 80% des chevaux, alors que les DL50 calculées après traitement (DL 2 50) sont > 0.18µg/ml<br />
chez tous les chevaux avec une moyenne de 0.47µg/ml (Tableau 31 et Fig.32). Ceci nous semble<br />
logique si nous considérons que les souches sensibles ont été éliminées après traitement au TBZ.<br />
Sur la figure 32, nous remarquons clairement que la courbe représentant l’évolution de la DL 2 50<br />
est au dessus de celle de la DL 1 50. Notons toutefois l’existence d’ une grande variation individuelle<br />
d’un cheval à un autre. Ce résultat obtenu par le EHT va dans le même sens que le précédent.<br />
Tableau 30 : OPG chez les chevaux non traités des FAR : lot témoin<br />
Chevaux n° OPG 1 OPG 2<br />
C1 5800 4900<br />
C2 4500 8500<br />
C3 4100 6650<br />
C4 3150 4600<br />
C5 2550 5700<br />
C6 1950 1850<br />
C7 1350 1550<br />
C8 1350 2400<br />
C9 950 550<br />
C10 2850 3000<br />
Moyenne 2855 3970<br />
94
Tableau 31 : OPG et DL50 avant et 11 jours après traitement au Thibenzole à 66mg/Kg de PV. chez les<br />
chevaux des FAR.<br />
chevaux<br />
dose<br />
administrée<br />
(g)<br />
OPG 1<br />
DL 1 50<br />
(µg/ml)<br />
OPG2<br />
DL 2 50<br />
(µg/ml)<br />
C11 35.5 4350 0.31 3400 0.34<br />
C12 31 3250 0.31 3350 0.50<br />
C13 35.5 1700 0.19 650 0.24<br />
C14 33.5 1500 0.23 400 0.34<br />
C15 33.5 950 0.51 450 0.80<br />
C16 31 1850 0.11 700 0.54<br />
C17 35.5 6700 0.36 2000 0.33<br />
C18 25 6100 0.17 3250 0.24<br />
C19 32 4000 0.44 3500 0.45<br />
C20 31 4050 0.40 2850 0.98<br />
Moyenne 3445 0.30 2050 0.47<br />
Tableau 32 : Taux de réduction fécale des œufs de strongles digestifs évalué selon 4 méthodes<br />
différentes chez les chevaux des FAR traités au thiabendazole (66 mg/Kg de P.V.)<br />
FECR 1 FECR 2 FECR 3 FECR 4<br />
49% 41% 57% 45%<br />
DL50 (µg/ml) dl50 (1)<br />
1,2<br />
dl50(2)<br />
1<br />
0,8<br />
0,6<br />
0,4<br />
0,2<br />
0<br />
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />
chevaux<br />
Figure 32 : DL50 avant (1) et après (2) traitement des chevaux au TBZ.<br />
95
IV.2.3. Détermination des larves L3<br />
Le tableau 33 résume les différents types de L3 obtenues par coproculture (Photos 7a, 7b et 7c).<br />
Nous remarquons que seules les espèces Strongyloides westeri et Trychostrongylus axei sont<br />
sensibles au traitement. Par contre toutes les autres espèces de cyathostomes et qui sont les plus<br />
courantes ont montré une résistance au thiabendazole. Gyalocephalus capitatus, larves à 12 cellules<br />
intestinales, n’a pas été bien observé car les cellules sont mal définies et donc difficiles à observer.<br />
Les résultats sur l’analyse larvaire sont préliminaires et la méthode mérite d’être reprise car les<br />
larves sont plus faciles à récupérer que les adultes mais leur identification à ce stade de travail est<br />
plus difficile.<br />
Tableau 33 : Caractéristiques des larves L3 obtenues chez les chevaux traités au TBZ et non traités<br />
par comparaison avec les résultats trouvés dans la bibliographie<br />
Bevilaqua<br />
et al. 1993<br />
Lichtenfels<br />
1975<br />
Madeira<br />
1999<br />
Tr.<br />
69 L3<br />
Fr.<br />
Lt<br />
Lq<br />
Pas de gaine<br />
L.o = 1/2 L.t.<br />
Strongyloides<br />
westeri<br />
16 %<br />
687.8 µm<br />
(650-728)<br />
Petits strongles (longueur totale du corps < 800µm)<br />
Présence de gaine ; L.o. = 1/4 L.t ; L.t. = 700-800µm<br />
Queue non<br />
flagelliforme<br />
(
Photo 7 : Formes et dispositions des cellules intestinales des larves L3 des cyathostomes.<br />
a-Cellules triangulaires (Gr.x 100)<br />
b- Cellules pentagonales (Gr.x 100)<br />
c- Cellules rectangulaires (Gr.x 100)<br />
97
IV.2.4. Bilan parasitaire<br />
* Charge parasitaire des chevaux<br />
Le test de réduction fécale des œufs réalisé sur les animaux traités directement à l’ivermectine et de<br />
ceux traités au TBZ puis à l’ivermectine montre tout d’abord que l’ivermectine est efficace contre<br />
les strongles gastro-intestinaux des chevaux (FECR=100%) (Tableau 34 et 35).<br />
L’analyse quantitative des matières fécales montre que la charge parasitaire, toute espèce<br />
confondue, est très variable d’un cheval à un autre malgré des programmes de prophylaxie très<br />
comparables. Ces différences peuvent s’expliquer par la diversité des espèces des strongles<br />
parasites du cheval, des conduites d’élevage différentes mais aussi par leur appartenance à des<br />
services différents.<br />
L’absence de grands strongles chez les chevaux du groupe 2, ceux traités d’abord au TBZ et la<br />
similitude entre les parasites récoltés chez les deux groupes, indiquent là aussi l’inefficacité du<br />
TBZ mais uniquement sur les petits strongles. Il reste cependant efficace contre les grands<br />
strongles.<br />
Tableau 34 : Charge parasitaire des 4 chevaux du groupe 1 (traités directement à l’ivermectine)<br />
(Concentration : 0.2g/100ml à 0.2mg/Kg de PV)<br />
Chevaux<br />
N°<br />
Dose<br />
(ml)<br />
M.F./24h<br />
(Kg)<br />
Nbre de<br />
strongles/<br />
250g M.F.<br />
OPG 3 FECR % intensité<br />
1 38 2 611(-6) 0 100 4888<br />
4 32 9 1050 (-8) 0 100 37800<br />
6 38 4 279 (-3) 0 100 4464<br />
8 38 4 12 (-4) 0 100 192<br />
( ) = effectif des grands strongles (Strongylus sp) récoltés dans les matières fécales des chevaux<br />
Tableau 35 : Charge parasitaire des 4 chevaux du groupe 2 (traités au TBZ puis à l’ivermectine)<br />
Chevaux<br />
n°<br />
Dose<br />
(ml)<br />
M.F./24h<br />
(Kg)<br />
Nbre de<br />
petits<br />
strongles/<br />
250g M.F.<br />
OPG 3 FECR % intensité<br />
11 38 11 241 0 100 10604<br />
12 35 10 1712 0 100 68480<br />
13 40 10 29 0 100 1160<br />
15 38 4 195 0 100 1520<br />
98
* Détermination des parasites<br />
La population de nématodes récoltés par traitement à l’ivermectine dans les deux groupes de<br />
chevaux est reportée dans les tableaux 36 et 37.<br />
7 genres de nématodes ont été identifiés chez les chevaux du groupe 1 (traités directement à<br />
l’ivermectine) avec 5 Cyathostominés, Srongylus sp et Oxyuris equi qui n’a été trouvé que chez un<br />
seul cheval, le n°4).<br />
Nous remarquons la disparition du Stongylus sp ainsi que l’Oxyuris equi chez les chevaux du<br />
groupe 2 (chevaux traites auparavant au TBZ). Ce résultat confirme une fois de plus l’existence de<br />
souches de petits strongles résistantes au TBZ qui reste efficace contre les grands strongles et les<br />
Oxyures.<br />
Parmi les espèces résistantes au TBZ, notons la forte fréquence de Cylicocyclus nassatus dans les<br />
deux groupes (35 et 48%), suivi de Cyl. elongatus (6 et 13%) et Cyathostomum tetracantum (31 et<br />
9%) avec une prévalence qui peut atteindre jusqu’à 100%.<br />
Tableau 36 : Composition des nématodes gastro-intestinaux des chevaux des FAR traités a<br />
l’Ivermectine (groupe 1)<br />
Genres Espèces Fréquence (%) Taux d’infestation<br />
(%)<br />
nassatus 35 100<br />
elongatus 6 50<br />
Cylicocyclus<br />
leptostomum 4 75<br />
insigne 2 50<br />
ultrajectinus 2 50<br />
tetracanthum 31 100<br />
Cyathostomum labiatum 3 50<br />
catinatum 1 25<br />
Cylicostephanus goldi 3 75<br />
Poteriostomum ratzii 3 50<br />
Cylicodontophorus mettami 3 50<br />
Strongylus sp 3 75<br />
Oxyuris equi 4 25<br />
99
Tableau 37 : Composition des nématodes gastro-intestinaux des chevaux des FAR traités au TBZ<br />
et retraités à l’Ivermectine (groupe 2)<br />
Genres Espèces Fréquence (%) Taux d’infestation<br />
(%)<br />
nassatus 48 100<br />
elongatus 13 100<br />
Cylicocyclus<br />
Leptostomum 6 50<br />
ultrajectinus 5 100<br />
insigne 4 75<br />
tetracanthum 9 75<br />
Cyathostomum labiatum 2 25<br />
catinatum 0 0<br />
Cylicostephanus goldi 4 50<br />
Poteriostomum ratzii 4 75<br />
Cylicodontophorus mettami 5 75<br />
strongylus sp 0 0<br />
Oxyuris equi 0 0<br />
V. Parasitisme chez des équidés non traités : les asins<br />
Suite aux résultats obtenus chez les chevaux de selle, nous avons voulu faire une approche de la<br />
situation parasitologique chez des équidés sauvages : les asins. Ces équidés de trait occupent une<br />
place prépondérante dans les structures socio-économiques au Maroc : Ils sont indispensables dans<br />
la plupart des exploitations agricoles pour le transport des personnes ou de biens, pour tirer la<br />
charrue lors des labours ou alors comme distraction telles que les promenades à dos d’ânes.<br />
V.1. Enquête<br />
Afin de déterminer l’encadrement sanitaire des asins, plusieurs vétérinaires ont été sollicités à<br />
travers le pays (Gharb, Khémisset, El Jadida). Il en ressort que les traitements anthelminthiques ne<br />
sont effectués que dans les cas de pathologie extrême : colique, anorexie, diarrhée. Le choix des<br />
moyens de lutte et leur coût sont souvent en relation étroite avec la valeur marchande des sujets et<br />
du revenu qu’en tire le propriétaire. Seuls les animaux qui se présentent dans les centres concernés<br />
subissent un déparasitage tous les quatre mois. En ce qui concerne les molécules d’anthelminthiques<br />
utilisées, ce sont les mêmes que pour les chevaux.<br />
100
V.2. Matériel et méthodes<br />
V.2.1. Animaux<br />
Cette étude a été réalisée sur 7 ânes d’origine inconnue et appartenant au département de<br />
parasitologie de l’ IAV. Ces animaux sont hébergés à la clinique vétérinaire et sortent une fois par<br />
jour pour une alimentation semi naturelle. Il est à noter que ces animaux n’ont pas été traités contre<br />
les strongles digestifs depuis au moins 3 ans (période de leur hébergement à la clinique).<br />
V.2.2. Coproscopie<br />
Des coproscopies individuelles classiques ont été tout d’abord réalisées sur les 7 ânes afin de<br />
s’assurer qu’ils sont bien infestés naturellement par des strongles digestifs.<br />
V.2.3. Test d’inhibition d’éclosion des œufs<br />
Nous avons ensuite procédé à la réalisation du test d’inhibition d’éclosion des œufs extraits des<br />
matières fécales prélevées directement du rectum des animaux. Les concentrations du TBZ utilisées<br />
sont les mêmes que celles utilisées chez les chevaux. Les DL50 ont ensuite été calculées grâce au<br />
logiciel probit qui permet de tenir compte des œufs non éclos chez les témoins.<br />
V.2.4. Coprocolture<br />
A partir de matières fécales fraîchement prélevées du rectum, des coprocultures ont été lancées au<br />
laboratoire afin d’obtenir des larves du 3 ième stade. Ces L3 ont fait l’objet d’une analyse<br />
morphométrique ce qui nous a permis d’avoir une première idée de la faune parasitant les asins.<br />
V.2.5. Traitement des ânes<br />
- Les animaux ont été répartis en deux groupes : (Fig.33)<br />
* Groupe 1 : 3 ânes sont traités à l’ivermectine à la dose de 0.2 mg/Kg de PV administré par voie<br />
orale. Ce traitement nous permettra de récupérer les vers adultes qui seront expulsés 24h après le<br />
traitement lesquels nous serviront pour déterminer la charge parasitaire et éventuellement les<br />
nématodes parasitant les animaux.<br />
* Groupe 2 : 4 ânes sont traités au TBZ à la dose de 66mg/Kg de PV par voie orale.<br />
- Le pourcentage de réduction fécale pour les deux groupes d’animaux a été ensuite calculé pour<br />
évaluer l’efficacité de ces deux molécules sur les strongles digestifs des ânes.<br />
V.3. Résultats<br />
V.3.1. EHT<br />
Les DL50 calculées avant le traitement des animaux montrent que la concentration du TBZ qui a<br />
entraîné 50% d’inhibition d’éclosion des œufs varie entre 0.06 et 0.1µg/ml avec une moyenne de<br />
0.08µg/ml (Tableau 38). Notons que ces valeurs sont nettement plus faibles que celles obtenues<br />
101
chez les chevaux (chapitre III). La DL50 pour l’animal 5 n’a pas été calculée à cause de la faible<br />
infestation observée chez cet animal (OPG = 200).<br />
V.3.2. FECRT<br />
Le pourcentage de réduction fécale des œufs a été calculé chez les deux groupes d’animaux<br />
(Tableau 38). Il en ressort que l’Ivermectine est efficace à 100% (FECR=100%). Pour les animaux<br />
traités au TBZ, le taux de réduction fécale varie entre 90 et 100% avec une moyenne dépassant les<br />
95% : Cette valeur dépasse le seuil au-delà duquel on considère que les souches sont sensibles. Le<br />
résultat est donc satisfaisant pour les deux molécules.<br />
V.3.3. Charge parasitaire<br />
Le tableau 39 montre sans grande surprise la forte intensité des parasites digestifs chez nos<br />
animaux. Notons toutefois que le pourcentage du genre Strongylus est faible. Ce résultat est à<br />
mettre probablement en relation avec la période de collecte des parasites qui est le début de Mars,<br />
période pendant laquelle Strongylus est encore au stade immature (Pandey, 1981).<br />
V.3.4. Détermination des parasites<br />
Pour connaître les parasites des ânes 2 approches ont été effectuées :<br />
→Au niveau des adultes récupérés 24h après traitement à l’Ivermectine, nous avons pu mettre en<br />
évidence l’existence de 5 genres de Cyathostominés ainsi que Strongylus sp. D’après le tableau 40,<br />
nous remarquons que se sont presque les mêmes genres qui ont été identifiés chez les chevaux sauf<br />
pour le genre Triodontophorus qui n’a pas été repéré chez les chevaux.<br />
→ L’analyse des larves L3 nous a permis de retrouver les mêmes types de L3 que les chevaux<br />
(chapitre II). Les cellules intestinales peuvent être en nombre de 8, 12, 16 ou 20, peuvent être<br />
réparties en une seule rangée (type 8), en deux rangées (type : 4x2 ; 8x2 ; 10x2) ou en un mélange<br />
des deux (Tableau 41).<br />
102
7 ânes<br />
Infestation naturelle<br />
DL50<br />
(TBZ)<br />
J o = Coproscopies<br />
individuelles<br />
Coproculture<br />
Détermination<br />
des L3<br />
G1 : 3 ânes<br />
Iver. (0.2mg/Kg)<br />
J o<br />
G2 : 4 ânes<br />
TBZ (66mg/Kg)<br />
24 h<br />
Récupération MF<br />
de 24h<br />
Charge parasitaire<br />
Détermination des parasites<br />
J 11<br />
J11 = FECR pour tous les animaux :<br />
Efficacité de l’Ivermectine et du TBZ ?<br />
Figure 33 : Protocole expérimental adopté pour l’étude des asins.<br />
103
Tableau 38 : Tableau-résumé des résultats obtenus après traitements des ânes au TBZ (66mg/Kg<br />
de PV) et à l’ivermectine (0.2mg/Kg de PV)<br />
Anes Sexe<br />
Poids<br />
Ivermec.<br />
FECR<br />
DL50 OPG1<br />
TBZ (g) OPG2<br />
(Kg)<br />
(ml)<br />
(%)<br />
1 Mâle 140 0.087 1250 14 0 100<br />
2 Mâle 115 0.063 950 11.5 0 100<br />
3 Mâle 110 0.072 1100 11 0 100<br />
4 Femelle 145 0.078 550 12.76 50 90<br />
5 Femelle 115 - 200 10.12 0 100<br />
6 Femelle 105 0.09 950 9.24 0 100<br />
7 Mâle 125 0.10 1150 11 100 91<br />
Moyenne 0.08 878.57 21.42 97.5<br />
Tableau 39 : Charge parasitaire chez les ânes traités à l’ivermectine (0.2mg/Kg).<br />
Anes Matières fécales / 24H (Kg) Nombre de strongles / 250g<br />
1 3.1<br />
963 (+7 Strongylus sp)<br />
2 2.45<br />
597(+5 Stongylus sp)<br />
3 2.5<br />
278 (+2 Stongylus sp)<br />
Tableau 40 : Composition par genre de la faune des petits strongles digestifs chez les ânes<br />
Genres Intensité Fréquence (%) Taux d’infestation (%)<br />
Cyathostomum 291 49 100<br />
Cylicocyclus 185 34 100<br />
Cylicostephanus 84 13 100<br />
Triodontophorus 11 2 100<br />
Cylicodontophorus 7 2 67<br />
Total 578 100 93<br />
104
Tableau 41 : Etude morphologique des L3 chez les asins.<br />
cellules<br />
intestinales<br />
8<br />
12<br />
Types<br />
(nombre<br />
de cellules)<br />
8<br />
2+ (3x2)<br />
4x2<br />
(2x2)+4<br />
L. totale<br />
(µm)<br />
718.5<br />
(689-780)<br />
712.94<br />
(676-767)<br />
760<br />
(754-767)<br />
721.5<br />
(715-728)<br />
L. queue<br />
(µm)<br />
284<br />
(208-338)<br />
286<br />
(234-377)<br />
286<br />
(173-299)<br />
l. totale<br />
(µm)<br />
27.15<br />
(26.4-33)<br />
27.12<br />
(23.1-29.7)<br />
279<br />
(273-286) 26.4<br />
L.<br />
œsophage<br />
168.8<br />
(181.5-<br />
158.4)<br />
168.8<br />
(158.7-<br />
178.2)<br />
33 163.35<br />
(161.7-165)<br />
160<br />
(158.4-<br />
161.7)<br />
Effectif<br />
2+ (2x2)+2 754 247 33 171.6 1<br />
Mal<br />
définies<br />
16 8x2<br />
20 10x2<br />
Indéterminées<br />
683.8<br />
(598-728)<br />
640<br />
(494-728)<br />
819<br />
(806-845)<br />
653.25<br />
(559-754)<br />
622<br />
(598-791)<br />
825.5<br />
(806-845)<br />
252.2<br />
(156-312)<br />
212.6<br />
(143-247)<br />
238.33<br />
(195-234)<br />
29.25<br />
(0-65)<br />
222.62<br />
(169-299)<br />
234<br />
(195-299)<br />
26.4<br />
(23.1-33)<br />
28.5<br />
(23.1-33)<br />
34.1<br />
(33-36.3)<br />
27.2<br />
(26.4-29.7)<br />
30.9<br />
(26.4-36.3)<br />
32.4<br />
(29.7-33)<br />
134.6<br />
(118.8-<br />
155.1)<br />
134.8<br />
(118.8-<br />
161.7)<br />
144<br />
(128.7-<br />
171.6)<br />
155.92<br />
(132-165)<br />
117.9<br />
(99-138.6)<br />
137.9<br />
(105.6-<br />
161.7)<br />
2 rangées 390-460 0 13.2-16.5 32 *<br />
serpentin 546-728 156-234 23.1-26.4 12<br />
Totale L3 134<br />
fréquence<br />
(%)<br />
26 19.4<br />
19 14.17<br />
2 1.48<br />
2 1.48<br />
0.74<br />
5 3.73<br />
14 10.4<br />
3 2.23<br />
4 2.98<br />
8 5.97<br />
6 4.47<br />
23.8 *<br />
8.95<br />
100 %<br />
* Sur ces 32 larves, 26 ont été récupérées chez un seul âne (Tableau 42)<br />
105
Tableau 42 : Nombre et fréquence des différents types (T) de L3 chez les ânes (A)<br />
T1=8cellules<br />
T2=8(2+6)<br />
T3=8(4x2)<br />
T4=8(2x2+4)<br />
T5=8(2+4+2)<br />
T6=12(6x2)<br />
T7=16(8x2)<br />
T8=20(10x2)<br />
T9=<br />
indéterminé<br />
A1 A2 A3 A4<br />
nbre Fre. nbre Fre. nbre Fre. nbre Fre.<br />
Tot.<br />
Fre.<br />
4 15.4 2 7.7 14 53.9 6 23 26 19.4<br />
2 10.5 4 21 10 52.6 3 15.8 19 14.17<br />
0 0 2 100 0 2 1.49<br />
0 0 0 2 100 2 1.49<br />
0 0 0 1 100 1 0.74<br />
2 40 2 40 0 1 20 5 3.73<br />
8 44.4 7 38.9 2 11.1 4 19 21 15.44<br />
4 28.5 4 21 2 10.5 5 28.5 14 10.29<br />
26 81.2 4 12.5 0 2 6.25 32<br />
5 41.6 3 25 0 4 33.3 12<br />
23.88<br />
8.95<br />
Total 51 26 30 27 134<br />
V.4. Discussion et conclusion<br />
- Dans la première partie de ce chapitre, nous avons pu montré une efficacité variable de trois des<br />
molécules les plus utilisées au Maroc (<strong>Zouiten</strong> et al., 2005) :<br />
* Le dichlorvos a donné les meilleurs résultats puisque plus de 90% des chevaux analysés<br />
ont montré une sensibilité au traitement au niveau de l’unité 1 et 80% au niveau de l’unité 2. Ce<br />
résultat satisfaisant peut s’expliquer par une utilisation peu fréquente de cette molécule dans la<br />
plupart des milieux moyens : 9% uniquement des éleveurs utilisent le dichlorvos sous forme<br />
d’équigard (enquête) à cause probablement de son coût excessivement élevé.<br />
* Le pamoate de pyrantel s’est montré plus efficace sur les chevaux du haras de Bouznika<br />
par rapport à celui de Meknès (95% vs 69% de réduction moyenne d’œufs dans les matières fécales<br />
après traitement). Ce résultat peut s’expliquer par le fait que le pamoate de pyrantel a été utilisé<br />
comme seul anthelminthique pendant 10 ans à Meknès, alors que le haras de Bouznika, crée qu’ en<br />
1994 utilise le pyrantel en alternance avec d’autres molécules, pratique largement conseillée<br />
(kaplan, 2002). La résistance au pyrantel est probablement entrain de s’installer au Maroc. En effet<br />
106
c’est une résistance qui n’a été prouvé que récemment et qui est répandue de plus en plus dans le<br />
monde (Kaplan, 2002).<br />
* Par ailleurs, cette étude prouve qu’au Maroc, il existe, sans aucun doute, des souches<br />
résistantes au thiabendazole : seuls 20% des chevaux traités au thiabendazole à la dose maximale de<br />
100mg/Kg de PV ont répondu favorablement au traitement. Autrement dit, malgré l’augmentation<br />
de la dose du thiabendazole, l’efficacité de cette molécule reste médiocre, ce qui semble confirmer<br />
que c’est bien une résistance et non pas une erreur de dosage.<br />
- La résistance aux BZs étant fortement suspectéé, nous avons pu à travers d’autres tests, et par des<br />
suivis ciblés, confirmer cette résistance sans abattre nos animaux :<br />
* Chez les chevaux, le test du pourcentage de réduction fécale des œufs a montré que tous<br />
les animaux analysés ont mal répondu au traitement par le TBZ (FECR ne dépasse pas 57%).<br />
Cependant, ce test présente certaines limites : D’une part, l’interprétation est délicate lorsque les<br />
animaux hébergent plusieurs espèces de parasites ce qui est toujours le cas des cyathostomes du<br />
cheval et d’autre part, l’élimination par la vermifugation d’espèces sensibles très prolifiques peut<br />
entraîner une diminution du nombre d’œufs masquant ainsi la présence d’espèces résistantes peu<br />
prolifiques. Selon Coles et al. 1992, cette méthode n’est pas fiable si la proportion de vers résistants<br />
est inférieure à 25%. Pour ces raisons nous avons complété ces tests in vivo par des tests in vitro<br />
d’éclosion des œufs. Néanmoins, ce test est inutilisable chez les chevaux à cause du manque de<br />
souches standard de référence (Fisher,1992), c’est pourquoi nous avons déterminé au préalable, en<br />
se basant sur les travaux antérieurs, le seuil de la DL50 des souches sensibles à 0.18µg/ml. En effet<br />
80% de nos chevaux avaient une DL50 > 0.15µg/ml avec une moyenne de 0.30µg/ml. Cette valeur<br />
est encore plus haute chez les chevaux traités au TBZ (moyenne = 0.47µg/ml). Ces deux tests nous<br />
ont confirmé l’existence au Maroc de souches de petits strongles résistantes au TBZ, alors que les<br />
grands strongles ont été éliminés par le TBZ. Résultat déjà rapporté par Tolliver (Tolliver, 1993).<br />
Cette résistance a été largement confirmée à travers le monde avec une prévalence moyenne en<br />
Europe et aux Etats Unis de 75% (Kaplan, 2002) pouvant atteindre jusqu’à 100% des fermes en<br />
Allemagne (Ullrich, 1988).<br />
* En revanche, nous avons pu montré que le TBZ est encore efficace contre les petits<br />
strongles des asins puisque la DL50 avoisine 0.08µg/ml Cette valeur est nettement inférieure à celle<br />
du cheval (0.3 et 0.47µg/ml selon que les chevaux sont traités ou pas au TBZ), mais avoisine la<br />
valeur standard des souches sensibles qui est 0.06µg/ml (Kelly et al., 1981).<br />
Le FECRT confirme ce résultat puisque le taux de réduction fécale chez les ânes traités au TBZ est<br />
supérieur à 95% (vs 41 à 57% chez les chevaux), ce qui peut être expliqué par l’absence de<br />
traitements chez les ânes. Une étude effectuée sur des poneys hébergeant des souches résistantes<br />
107
aux BZs (oxibendazole) a montré que l’activité du pyrantel était initialement excellente la première<br />
année mais a décliné rapidement à 60% dès la deuxième année d’utilisation de cette molécule.<br />
(Lyons et al. 2001). L’utilisation fréquente et à long terme d’une même molécule pourrait donc<br />
favoriser l’apparition d’une résistance des parasites à cette molécule.<br />
- L’analyse de la faune parasitaire a montré une simillitude des espèces de nématodes parasites<br />
chez les chevaux et les asins avec une prédominance nette de Cylicocyclus nassatus, C. elongatus<br />
et Cyathostomum tetracanthum. Le même résultat a été obtenu par Morris et al. en 2003 et par<br />
Matthee en 2000 en Afrique du Sud. En Ukraine, c’est Cylicocyclus nassatus qui domine suivi de<br />
Cyathostomum catinatum (Kuzmina et al., 2005). Toutes ces espèces ont montré chez le cheval une<br />
résistance aux TBZ. Nos résultats coïncident avec ceux de la bibliographie surtout en ce qui<br />
concerne l’espèce Cylicocyclus nassatus qui a été mentionnée par plusieurs auteurs comme étant<br />
l’espèce la plus touchée par cette résistance (Gawor, 1994 et Kaplan, 2002), car la plus répandue<br />
(Kaplan, 2002). L’enquête réalisée par Collobert et ses collaborateurs en 2002 a montré que c’est le<br />
genre Cyathostomum qui domine en Normandie suivi de Cylicocyclus.<br />
Il est intéressant de noter que la prévalence des espèces de parasites ne dépend ni de la répartition<br />
géographique (Kelly et al., 1981), ni de l’âge du cheval (Kuzmina et Starovir, 2003).<br />
Sachant que les ânes et les chevaux hébergent les mêmes espèces de cyathostomes, la question qui<br />
reste posée est de savoir s’il faut traiter les ânes en parallèle avec les chevaux surtout s’ils<br />
cohabitent, ce qui permettrait d’éliminer une source de parasites et d’éviter des contaminations<br />
continues, ou faut-il au contraire laisser des souches sensibles de cyathostomes ce qui réduirait la<br />
pression de la sélection d’une résistance?<br />
Dans l’état actuelle des choses , il serait peut-être souhaitable de traiter les ânes mais avec beaucoup<br />
de prudence car, au Maroc, c’est un animal qui participe encore à un degré important aux travaux<br />
agricoles et donc le bien être de cet animal est primordial.<br />
108
Nos travaux rentrent dans le cadre général de l’étude de la résistance aux anthelminthiques des<br />
strongles digestifs des herbivores au Maroc.<br />
Vu le nombre restreint des travaux réalisés dans ce domaine, l’objectif de notre étude était<br />
d’évaluer tout d’abord l’efficacité de quelques molécules d’anthelminthiques à usage courant contre<br />
les strongles digestifs de deux mammifères à grande importance économique et culturelle au<br />
Maroc : le mouton et le cheval, puis de comparer l’existence d’une résistance éventuelle chez les<br />
nématodes parasites de ces deux animaux.<br />
Cette étude a montré tout d’abord que les anthelminthiques les plus utilisés appartiennent à la<br />
famille des Benzimidazoles (Berrag et al., 2003) car ce sont les moins chers, les plus disponibles et<br />
sont même parfois donnés gratuitement par la coopérative l’ANOC aux petits agriculteurs.<br />
Par comparaison avec d’autres molécules testées, les BZs ont montré le plus faible taux de<br />
réduction fécale, aussi bien chez le cheval que chez le mouton. Ces premiers résultats confirment<br />
ceux rapportés à travers le monde concernant le développement d’une résistance à haut degré dans<br />
la famille des BZs.<br />
L’efficacité d’une même molécule peut différer d’une région à l’autre. Si l’intervention du facteur<br />
climat n’a pas été directement démontrée, les mauvaises manipulations humaines sont fortement<br />
impliquées. C’est le cas par exemple chez le cheval où le pamoate de pyrantel (PP) était plus<br />
efficace dans le haras de Bouznika, haras qui n’a été crée qu’en 1994 et ou le PP est utilisé en<br />
alternance avec d’autres produits tel que le dichlorvos et l’oxibendazole. Ce point sera discuté<br />
ultérieurement dans le paragraphe des recommandations. Cette différence de comportement lié à la<br />
situation géographique a été également enregistrée chez les moutons. Ainsi, chez les animaux issus<br />
de la Chaouia, les BZs étaient moins efficaces que chez ceux du Moyen-atlas. Ce résultat peut être<br />
expliqué par une différence de pâture ou de type d’élevage car nous ne connaissons pas exactement<br />
le trajet suivi par les troupeaux sachant que les éleveurs déplacent leurs animaux en fonction de la<br />
présence d’herbe. Hubert a observé que les troupeaux de plein air hébergeaient des parasites plus<br />
résistants aux BZs que ceux de semi plein air (Hubert et al., 1991).<br />
Cette résistance aux BZs a été ensuite confirmée par d’autres tests dans des conditions contrôlées<br />
soit par des infestations artificielles (mouton), soit par des suivis plus ciblés (cheval). Le but est<br />
d’éviter les fausses résistances dues à des problèmes techniques tel était le cas en Algérie où<br />
plusieurs spécialités d’albendazole ont donné des résultats différents dus à des qualités différentes<br />
selon le fabricant et non pas à une résistance (Bentounsi et al., 2003). Le cas similaire a été observé<br />
109
au Maroc ou une préparation à base de tétramisole à la dose recommandée par le fabricant a donné<br />
une faible réduction fécale des œufs. La reprise avec une dose plus forte a donné des résultats<br />
satisfaisants (FECR >90%) (Berrag et Cabaret, 2000), alors que lorsqu’il s’agit d’une résistance<br />
confirmée, l’augmentation de la dose administrée n’améliore pas l’efficacité du produit. Drogmuller<br />
a vérifié ce point en utilisant le fenbendazole sur des populations de cyathostomes résistantes aux<br />
BZs ( Drogmuller et al., 2004).<br />
Le test d’inhibition d’éclosion des œufs (EHT) nous a permis de confirmer, aussi bien chez le<br />
cheval que chez le mouton, l’existence de souches de nématodes résistantes au BZs. Néanmoins, la<br />
faible valeur de la DL50 au Moyen-Atlas (0.10µg/ml) ainsi que la forte réduction fécale des œufs<br />
(>90%), malgré la présence des gènes de résistance dans cette région doit nous inciter à être très<br />
vigilants quant à l’apparition probable d’une résistance au Moyen-Atlas.<br />
Le test de paralysie des larves nous laisse soupçonner qu’il existerait chez les ovins et les équidés<br />
une multirésistance. En effet, le lévamisole utilisé dans ce test a fait l’objet de plusieurs travaux : La<br />
résistance à cette molécule chez les ovins viendrait en deuxième lieu après les BZs (Overend et al.,<br />
1994, Chartier et al.,1997 et Varady et al.,1996), alors que chez les chevaux, elle est encore très<br />
faible (Sangster, 2001).<br />
Le bilan parasitaire comparé avant et après traitement au thiabendazole réalisé soit directement par<br />
autopsie chez les moutons, soit indirectement par retraitement à l’ivermectine chez les chevaux n’a<br />
pas montré une diminution des vers adultes dans le tractus digestif de l’hôte.<br />
Nous pouvons donc conclure à ce stade de travail qu’il existe au Maroc une multirésistance<br />
aux anthelminthiques des nématodes digestifs d’ovins et d’équins à degré différent selon les<br />
régions.<br />
• La résistance aux benzimidazoles est confirmée chez les moutons et les chevaux<br />
• Alors qu’elle commence à emmerger pour l’ivermectine chez les moutons et pour le<br />
pamoate de pyrantel chez les chevaux.<br />
Au terme de ce travail, les recommandations les plus importantes que nous voulons proposer dans<br />
l’ordre sont :<br />
- Utiliser d’une manière raisonnée les molécules qui sont encore efficaces. Ce point nous semble<br />
important puisque nous avons pu en comparant l’efficacité du TBZ chez le cheval et l’âne<br />
confirmer que l’utilisation fréquente d’un anthelminthique pendant longtemps pouvait entraîner le<br />
développement d’une résistance à cette molécule (DL50 = 0.08µg/ml chez l’âne vs 0.30 à 0.47 chez<br />
le cheval). C’est ainsi que des travaux (Lyons, 1994) ont montré que dans un élevage de poneys, des<br />
traitements bimestriels administrés pendant 4 ans avec du cambendazole puis avec de<br />
l’oxibendazole pendant 14 ans, ont entraîné une diminution de l’efficacité des traitements pour<br />
110
atteindre moins de 20% à la fin de cette période. D’autres travaux réalisés sur les ovins ont prouvé<br />
également qu’il existait une relation directe entre la fréquence des traitements avec une même<br />
molécule et le développement de la résistance des parasites à cette molécule : Martin et ses<br />
collaborateurs (Martin et al., 1982 ; Martin et al., 1984) ont montré chez une population de<br />
Teladorsagia sp traitée pendant 3 ans au TBZ une augmentation des DL50 chez les individus traités<br />
toutes les 3 semaines par rapport à ceux traités tous les 2 mois. Waller (Waller et al., 1989) a<br />
retrouvé des résultats similaires chez deux populations initialement sensibles d’ Haemonchus<br />
contortus et Teladorsagia circumcincta : Des anthelminthiques utilisés à intervalles courts pendant<br />
5 ans ont réduit l’ efficacité du produit à 70 – 80% au lieu de 100%.<br />
Les souches résistantes d’une famille d’anthelminthique peuvent donc être contrôlées par des<br />
associations ou des alternances de différentes molécules. Kelly et al., en 1981 ont montré<br />
l’existence, chez les ovins, d’une corrélation directe entre l’installation d’une résistance et la<br />
fréquence d’utilisation des BZs, alors qu’il n’y avait aucun problème dans les fermes qui utilisaient<br />
des anthelminthiques en association (exemple : BZs/ piperazine/ organophosphorés). Néanmoins<br />
une autre étude a montré que 10 ans d’alternance annuelle du fenbendazole-pyrantel sur des<br />
chevaux n’a pas permis d’empêcher l’apparition d’une résistance au fenbendazole (Mac King et al.,<br />
1990). D’après la même étude, cette pratique peut même accroître le risque de développement de<br />
multi résistance en soumettant une même génération de strongles à plusieurs familles<br />
d’anthelminthiques, sauf si la rotation est lente à intervalle d’au moins 6 mois (Kelly et al., 1981).<br />
Des travaux réalisés sur les chevaux ont montré que l’ivermectine (Kaplan, 2002 ; Pook et al.,<br />
2002) et l’oxibendazole (Uhlinger, 1992 ; Vysniauskas et al., 2003) restent les seuls<br />
anthelminthiques pour lesquels il n’a pas encore été mis en évidence de résistance.<br />
- La période des traitements doit correspondre aux périodes de fortes infestations qui se situent<br />
généralement au Maroc, en Automne et au Printemps. Par exemple, Le traitement en été, est inutile<br />
car la contamination par les L3 en cette période est nulle à cause des mauvaises conditions du<br />
milieu extérieur (t° > 25°, et l’HR < 75%) (Panday et Dakkak1979).<br />
- Ne traiter que les animaux fortement infestés. Une étude a montré, grâce au test de réduction<br />
fécale des œufs, que le traitement sélectif etait une approche pratique et efficace pour la gestion de<br />
la résistance aux anthelminthiques (Matthee et Mc geoch, 2004).<br />
- Faire des coproscopie pour les animaux nouvellement introduit dans le troupeau, et éviter leur<br />
contact avec des animaux infestés. Nous pensons particulièrement aux chevaux ou une mise en<br />
quarantaine s’impose pour les animaux importés de l’étranger, surtout que dans les 10 dernières<br />
années le Maroc a importé des chevaux de Polo de l’Argentine : un pays ou la chimiorésistance des<br />
strongles gastro-intestinaux constitue un problème majeur (Kaplan et al., 2000). Chez le mouton le<br />
111
problème est plus épineux car les importations ne sont pas aussi bien gérées que chez le cheval et<br />
elles se font selon les besoins du pays en bétail.<br />
Etant donné que toutes les études prouvent actuellement que l’émergence des résistances est<br />
inévitable à toutes les molécules actives, et que c’est seulement une question de temps, l’idéal est de<br />
remplacer la chimiothérapie synthétique par des méthodes alternatives, telle que la sélection d’hôtes<br />
génétiquement résistants ou la phytothérapie. Cette dernière thérapie nous semble très intéressante<br />
surtout que le Maroc jouit d’une grande richesse de plantes médicinales d’une part et que la<br />
médecine traditionnelle est bien ancrée dans nos traditions. Alors pourquoi pas l’introduire dans la<br />
médecine vétérinaire? La phytothérapie traditionnelle peut offrir une solution de rechange qui est<br />
moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement. Le problème reste d’utiliser ces plantes à<br />
bonne dose pour éviter des cas de toxicité et s’assurer qu’il ne reste pas de résidus dans la viande et<br />
le lait des ruminants. Néanmoins, un autre inconvénient de la phytothérapie est l’absence de preuves<br />
scientifiques : les travaux publiés dans ce domaine montrent des contradictions sur des plantes qui<br />
sont connues pour avoir des propriétés anthelminthiques dans la médecine traditionnelle (Cabaret,<br />
2004), par contre, Hoste et son équipe ont montré un effet significatif mais à degré différent de 4<br />
plantes médicinales (Zanthoxylum zanthoxyloides, Newbouldia laevis, Morinda lucida et Carica<br />
papaya) sur les œufs, les larves et les adultes (Hoste et al., 2005). Une autre méthode est<br />
actuellement en plein essor basée sur des mesures préventives : la gestion de l’herbe. En effet un<br />
travail très intéressant a été réalisé en 2004 au département de parasitologie de l’IAV (résultats non<br />
publié) a montré que les chevaux de selle au Maroc quelque soit le service auquel ils appartiennent,<br />
se déplacent soit pour des concours hippiques, lors des fêtes nationales ou religieuses, ou alors pour<br />
des sorties vers les stations de monte. Tout ceci constitue un circuit fermé qui permet le maintient<br />
d’infestation parasitaire, d’autant plus que d’après la même étude, l’analyse de l’herbe provenant de<br />
ces lieux de pâture a montré une contamination de 105 L3/100g d’herbe. Suite à ces constations,<br />
plusieurs mesures urgentes sont à entreprendre tel que le repos des pâtures, le passage alterné des<br />
hôtes hébergeant des helminthofaunes différentes sur la même parcelle, l’élimination des crotins, la<br />
faible densité des animaux, l’utilisation d’herbage séparés pour les jeunes et les âgées tout en<br />
réservant les prairies saines pour les jeunes dont le système immunitaire est encore faible (Kelly et<br />
al .,1981).<br />
L’idéal serait donc de maintenir des animaux sains sur des pâturages sains sans avoir recours<br />
à la chimiothérapie. Malheureusement, ces pratiques d’élevage sont rarement mise en œuvre<br />
de sorte que l’utilisation des anthelminthiques reste pour le moment la seule méthode<br />
employée pour limiter les populations de nématodes digestifs chez les ruminants et les équidés.<br />
Alors essayons de les utiliser raisonnablement.<br />
112
Dans la lutte contre les maladies parasitaires chez les animaux domestiques, le développement de la<br />
résistance de certaines espèces de nématodes aux anthelminthiques reste un problème très épineux.<br />
Pour surmonter ce fléau économique mondial, et parmi toutes les recommandations proposées par<br />
les auteurs, nous envisageons, dans le cadre d’un projet en collaboration avec le département de<br />
parasitologie de l’IAV Hassan II, de tester la méthode des traitements sélectifs ciblés (TST :<br />
Targeted Selective Treatements). Les anthelminthiques chimiques jouent, certes, un rôle très<br />
important dans le contrôle des parasites gastro-intestinaux mais posent un grand problème des<br />
résidus chimiques dans l’environnement et dans les denrées alimentaires. Ils favorisent également la<br />
dissémination des gènes de résistance. Ce mode de traitement n’est donc ni bénéfique pour les<br />
animaux, ni acceptable au point de vue économique. Le projet se propose de développer des<br />
stratégies de Traitements Sélectifs Ciblés (TST) seulement chez les animaux montrant des signes<br />
cliniques de parasitisme tel que diarrhée, perte de poids ou alors une productivité réduite. Pour<br />
optimiser l’efficacité du traitement sélectif ciblé, il faut entre autres :<br />
- Déterminer les meilleurs méthodes d’identification des animaux et des troupeaux qui<br />
nécessitent une intervention d’anthelminthiques :<br />
* La coproscopie reste fiable certe mais pas toujours facilement réalisable, surtout par les éleveurs.<br />
Ceci néssecite donc une sensibilisation pour que les agriculteurs accepte de collaborer. Une bonne<br />
communication avec les vétérinaires peut être aussi très bénéfique<br />
* L’indice de diarrhée qui peut s’avérer interessant d’autant plus que chaque espèce de nématode a<br />
un impact plus ou moins fort selon sa localisation dans le tube digestif. Cet indice peut avoir les<br />
valeurs suivantes : 1 = liquide, 2 = mou et 3 = normal.<br />
* La méthode FAMACHA, mise au point en Afrique du Sud (VanWyk et Bath, 2002). C’est une<br />
méthode qui repose sur l’observation de la pâleur des muqueuses oculaires. Son utilisation reste<br />
limitée au Maroc car elle ne concerne que l’infestation par Haemonchus contortus, parasite<br />
hématophage qui provoque des anémies plus ou moins importantes selon l’intensité de l’infestation.<br />
Cette méthode s’avère très interressante en Afrique du Sud car H. contortus reste le parasite le plus<br />
important dans la région.<br />
113
- Standardiser les tests actuels in vivo et in vitro pour détecter la résistance aux<br />
anthelminthiques et développer de nouveaux tests pami ceux qui sont inadéquats.<br />
Les traitements sélectifs ciblés présentent l’avantage d’être économiques en évitant le gaspillage des<br />
produits. Ils tiennent compte en priorité au bien être de l’animal mais ils imposent un suivi<br />
important des animaux. A long terme ce projet pourrait apporter aux éleveurs et aux vétérinaires des<br />
guides et des protocoles pour un contrôle parasitaire durable et moins polluantpour le<br />
consommateur et l’environnement.<br />
Le deuxième volet à envisager dans ces perspectives, est de tester les principes actifs de certaines<br />
plantes médicinales connues pour leur effet anthelminthique sur les espéces les plus courantes et<br />
celles qui ont montré à travers notre étude une résistance aux anthelminthiques. Nous<br />
commencerons d’abord par des tests in vitro puis sur des animaux in vivo infectés naturellemnt ou<br />
expérimentalement.<br />
114
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126
127
Annexe 1 : Moyennes des OPG avant (OPG1) et après traitement (OPG2) pour 4 anthelminthiques<br />
(Ivermectine 0.2mg/Kg ; tétramisole 15mg/Kg ; Thiabendazole 46mg/Kg et l’albendazole 5mg/Kg)<br />
testés dans 10 élevages ovins à Labrouj (Chaouia).<br />
Elevage n° Molécule testée OPG 1 OPG 2<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
7<br />
8<br />
9<br />
10<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
Témoins<br />
Ivermectine<br />
Tétramisole<br />
Thiabendazole<br />
Albendazole<br />
550<br />
611.11<br />
438.88<br />
465<br />
544.44<br />
315<br />
331.25<br />
325<br />
481.25<br />
294.44<br />
405.55<br />
372.22<br />
310<br />
393.75<br />
311.11<br />
477.77<br />
516.66<br />
620<br />
590<br />
633.33<br />
293.75<br />
460<br />
321.42<br />
481.25<br />
393.75<br />
271.42<br />
360<br />
407.4<br />
300<br />
340<br />
500<br />
510<br />
361.11<br />
577.77<br />
475<br />
362.5<br />
362.5<br />
341.6<br />
275<br />
342.85<br />
292.85<br />
283.33<br />
425<br />
283.33<br />
300<br />
340<br />
340<br />
385<br />
350<br />
350<br />
311.11<br />
80<br />
50<br />
290<br />
64.28<br />
114.28<br />
35<br />
35.71<br />
107.14<br />
80<br />
78.57<br />
18.75<br />
35<br />
35.71<br />
71.42<br />
142.85<br />
18.75<br />
92.85<br />
25<br />
62.5<br />
193.75<br />
33.33<br />
43.72<br />
75<br />
110<br />
100<br />
31.25<br />
50<br />
35.71<br />
44.44<br />
241.66<br />
35<br />
62.5<br />
81.25<br />
75<br />
105.55<br />
16.6<br />
31.25<br />
70<br />
75<br />
75<br />
0<br />
22.22<br />
38.88<br />
30<br />
116.66<br />
25<br />
61.11<br />
150<br />
33.33<br />
128
Annexe 2 : Moyennes des OPG avant (OPG1) et après traitement (OPG2) pour 3 anthelminthiques<br />
(tétramisole 10mg/Kg ; fenbendazole 7mg/Kg et l’albendazole 5mg/Kg) testés dans 10 élevages<br />
ovins à Ain Leuh (Moyen-Atlas).<br />
Elevage n° Molécule testée OPG 1 OPG 2<br />
Témoin<br />
200<br />
358<br />
1<br />
Tétramisole<br />
145<br />
94<br />
Fenbendazole<br />
80<br />
12.5<br />
Albendazole<br />
75<br />
0<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
7<br />
8<br />
9<br />
10<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
Témoin<br />
Tétramisole<br />
Fenbendazole<br />
Albendazole<br />
440<br />
578<br />
439<br />
240<br />
640<br />
610<br />
610<br />
590<br />
785<br />
1117<br />
1425<br />
680<br />
780<br />
422<br />
480<br />
472<br />
60<br />
78<br />
80<br />
90<br />
245<br />
194<br />
389<br />
185<br />
1271<br />
760<br />
100.5<br />
733<br />
410<br />
455<br />
264<br />
385<br />
785<br />
378<br />
555<br />
390<br />
0<br />
519<br />
5<br />
94<br />
625<br />
185<br />
25<br />
33<br />
754<br />
300<br />
44<br />
0<br />
620<br />
405<br />
0<br />
0<br />
0<br />
0<br />
0<br />
0<br />
335<br />
185<br />
20<br />
25<br />
1286<br />
712<br />
22.2<br />
18.5<br />
450<br />
410<br />
8.3<br />
12.5<br />
685<br />
210<br />
0<br />
0<br />
129
Annexe 3 : Taux d’inhibition de l’éclosion des œufs de nématodes de la Chaouia en présence du<br />
thiabendazole. (Pureté = 99.9%)<br />
Concentra<br />
tions(µg/ml)<br />
Nombre de Nombre d’<br />
% inhibition<br />
L1 + œufs<br />
Larves (L1) Œufs<br />
éclosion<br />
0 10 2 12 16,6<br />
0,04 6 2 8 25 9,89<br />
0,06 10 4 14 28,6 14,2<br />
0,08 8 4 12 33,3 19,9<br />
0,12 10 4 14 28,6 14,2<br />
0,16 14 6 20 30 15,9<br />
0,24 6 2 8 25 9,89<br />
0,32 6 6 12 50 39,9<br />
0,48 8 12 20 60 51,9<br />
0,64 2 8 10 80 76<br />
0,96 2 12 14 85,7 82,8<br />
1,28 2 12 14 85,7 82,8<br />
1,92 2 14 16 87,5 85<br />
Corrigé du%<br />
/ témoin<br />
Annexe 4 : Calcul de la DL50 : Cas de la Chaouia<br />
DL Intervalle de confiance Classes<br />
2 = 0,06221 95 0,01313
Annexe 6 : Calcul de la DL50 : Cas du Moyen Atlas<br />
DL Intervalle de confiance Classes<br />
2 = 0,01986 95 0,01379
Annexe 9 : Identification des 30 chevaux de l’unité 2 des FAR<br />
Code<br />
Date de<br />
Race origine Service Sexe<br />
cheval<br />
naissance<br />
GR1 Argentine Polo F 1984<br />
Importés de<br />
GR2 - - - 1985<br />
l’Argentine<br />
GR3 -<br />
- - 1988<br />
GR4 Hollandais Importés Concours hippi. M 1975<br />
GR5 Irlandais d’Europe - - 1984<br />
GR6 A-H-Ar - - 1987<br />
Nés et élevés<br />
GR7 A-H-Ar 87% - - 1989<br />
au Maroc<br />
GR8 Ar-Barbe<br />
- - 1990<br />
GR9 Cariolla Europe - - 1990<br />
GR10 Ar-Be Maroc 1ième escadron - 1979<br />
GR11 A-H Concours hippiq. M 1991<br />
GR12 - - - 1992<br />
Maroc<br />
GR13 Ar-be 1 er escadron - 1984<br />
GR14 -<br />
Esc. d’honneur - 1984<br />
GR15 Argentine - - 1990<br />
GR16 - Importés de - - 1990<br />
GR17 - l’Argentine - - 1991<br />
GR18 -<br />
- - 1994<br />
GR19 ? - - 1995<br />
Maroc<br />
GR20 ?<br />
- - 1973<br />
GR21 Ar-be 1 er escadron M 1978<br />
GR22 Ar-be Course - 1994<br />
GR23<br />
A-H-Ar<br />
74.13%<br />
Concours hippiq. - 1995<br />
GR24 Ar-be Maroc 1 er escadron F 1977<br />
GR25 - - M 1978<br />
GR26 - - - 1980<br />
GR27 - - - 1984<br />
GR28 -<br />
Esc. d’honneur - 1977<br />
GR29 Argentine Importé Arg. - - 1990<br />
GR30 Ar-Be Maroc 1 er escadron - 1986<br />
132
Annexe 10 : Taux de réduction fécale des œufs de strongles digestifs chez les chevaux du haras de<br />
Bouznika traités au pamoate de pyrantel à la dose de 6.6 mg/Kg<br />
N° du cheval OPG 1 OPG 2 Réduction (%)<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
150<br />
250<br />
50<br />
50<br />
500<br />
50<br />
0<br />
0<br />
0<br />
0<br />
50<br />
0<br />
100<br />
100<br />
100<br />
100<br />
90<br />
100<br />
Annexe 11 : Taux de réduction fécale des œufs de strongles digestifs chez les chevaux du haras de<br />
Meknes traités au pamoate de pyrantel à la dose de 6.6 mg/Kg<br />
N° du cheval OPG 1 OPG 2 Réduction (%)<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
7<br />
8<br />
9<br />
10<br />
900<br />
1100<br />
400<br />
1150<br />
850<br />
700<br />
300<br />
500<br />
3200<br />
600<br />
450<br />
0<br />
100<br />
650<br />
350<br />
200<br />
0<br />
50<br />
950<br />
250<br />
50<br />
100<br />
75<br />
43<br />
59<br />
71<br />
100<br />
90<br />
70<br />
58<br />
133
Annexe 12 : Taux de réduction fécale des œufs de strongles digestifs chez les chevaux de l’unité 1<br />
des FAR traités au dichlorvos à 33mg/Kg.<br />
Code<br />
cheval<br />
D.N. Race Sexe OPG 1 OPG 2 Réduction<br />
(%)<br />
CR1 1976 A-b E 6150 0 100<br />
CR2 1979 A-H-Ar H 0 0 100<br />
CR3 1979 A-b H 0 0 100<br />
CR4 1979 HUNTER H 1500 0 100<br />
CR5 1980 A-b E 550 0 100<br />
CR6 1980 A-b E 350 0 100<br />
CR7 1980 A-b H 950 0 100<br />
CR8 1982 A-b E 0 0 100<br />
CR9 1982 HUNTER H 150 0 100<br />
CR10 1982 A-b E 0 0 100<br />
CR11 1983 A-H-Ar E 1200 150 97.5<br />
CR12 1983 A-Ar E 100 0 100<br />
CR13 1983 Selle H 200 0 100<br />
CR14 1983 A-b E 1350 0 100<br />
CR15 1984 Argentin H 700 0 100<br />
CR16 1984 HUNTER H 2150 0 100<br />
CR17 1985 A-H-Ar E 1400 0 100<br />
CR18 1985 A-b E 750 0 100<br />
CR19 1983 A-b E 0 0 100<br />
CR20 1986 Argentin F 0 0 100<br />
CR21 1986 A-b E 0 0 100<br />
CR22 1985 AQPSA H 1450 0 100<br />
CR23 1987 A-b E 2000 0 100<br />
CR24 1987 A-b H 100 0 100<br />
CR25 1987 A-b H 2100 0 100<br />
CR26 1988 A-b E 3100 0 100<br />
CR27 1989 A-b E 2000 0 100<br />
CR28 1989 A-b F 100 0 100<br />
CR29 1989 ANGLO E 0 0 100<br />
CR30 1989 H 0 0 100<br />
134
Annexe 13 : Taux de réduction fécale des œufs de strongles digestifs chez les chevaux de l’unité 2<br />
des FAR traités au thiabendazole à la dose appliquée de 18.75mg/Kg.<br />
A - Ecurie1 = service « Polo »<br />
Code cheval D.N. Origine Sexe OPG 1 OPG 2<br />
GR 1<br />
GR 2<br />
GR 3<br />
GR 4<br />
GR 5<br />
GR 6<br />
GR 7<br />
GR 8<br />
GR 9<br />
GR 10<br />
GR 11<br />
GR 12<br />
GR 13<br />
GR 14<br />
1984<br />
1984<br />
1985<br />
1985<br />
1986<br />
1986<br />
1988<br />
1988<br />
1988<br />
1988<br />
1989<br />
1989<br />
1990<br />
1990<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
Argentine<br />
F<br />
M<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
F<br />
1100<br />
500<br />
1050<br />
2400<br />
1200<br />
2050<br />
2100<br />
700<br />
5500<br />
2250<br />
2350<br />
5350<br />
4150<br />
2350<br />
950<br />
50<br />
800<br />
1250<br />
550<br />
1850<br />
350<br />
600<br />
2100<br />
400<br />
850<br />
2350<br />
1900<br />
1300<br />
B- Ecurie 2 : Service « Course »<br />
Code cheval D.N. Race Sexe OPG 1 OPG 2<br />
GR 15<br />
GR 16<br />
GR 17<br />
GR 18<br />
GR 19<br />
1991<br />
1992<br />
1993<br />
1993<br />
1994<br />
A-H<br />
A-H-Ar<br />
A-H-Ar à 64.07%<br />
A-H-Ar à 67.38%<br />
A-Ar-Barbe à75%<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
850<br />
400<br />
800<br />
850<br />
1750<br />
150<br />
350<br />
250<br />
550<br />
900<br />
135
Annexe 13 (suite)<br />
C- Ecurie 3 : Service « Concours hippique »<br />
Code cheval D.N. Race ou<br />
origine<br />
GR 20 1975 Hollandais<br />
GR 21 1981 Irlandais<br />
GR 22 1984 Irlandais<br />
GR 23 1984 Hannovrien<br />
GR 24 1984 Irlandais<br />
GR 25 1985 A-H-Ar<br />
GR 26 1987 A-H-Ar<br />
GR 27 1988 A-H-Ar<br />
GR 28 1989 A-H-Ar 81%<br />
GR 29 1989 A-H-Ar 87%<br />
GR 30 1989 A-Ar<br />
GR 31 1990 Ar-Barbe<br />
GR 32 1990 Cariolla<br />
GR 33 1991 A-H<br />
GR 34 1992 A-H<br />
GR 35 1993 Cv. Selle<br />
GR 36 1993 A-H-Ar 36%<br />
GR 37 1993 Hollandais<br />
GR 38 1993 Hollandais<br />
GR 39 1994 A-H-Ar 19.62<br />
GR 40 1994 Espagnol<br />
GR 41 1995 A-H-Ar 74.13<br />
Sexe OPG 1 OPG 2<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
F<br />
F<br />
M<br />
M<br />
M<br />
2650<br />
1350<br />
850<br />
2500<br />
3100<br />
1400<br />
800<br />
950<br />
4450<br />
1350<br />
600<br />
7750<br />
2050<br />
8850<br />
950<br />
500<br />
700<br />
700<br />
1250<br />
3800<br />
3200<br />
3100<br />
2150<br />
650<br />
850<br />
1200<br />
1000<br />
750<br />
650<br />
650<br />
2450<br />
1100<br />
250<br />
5600<br />
1550<br />
6950<br />
700<br />
100<br />
700<br />
0<br />
300<br />
1200<br />
1250<br />
1200<br />
D- Ecurie 4 : Service « Premier escadron »<br />
Code cheval D.N. Race Sexe OPG 1 OPG 2<br />
GR 42<br />
GR 43<br />
GR 44<br />
GR 45<br />
GR 46<br />
GR 47<br />
GR 48<br />
GR 49<br />
GR 50<br />
GR 51<br />
GR 52<br />
GR 53<br />
GR 54<br />
GR 55<br />
GR 56<br />
GR 57<br />
1978<br />
1979<br />
1979<br />
1979<br />
1980<br />
1980<br />
1981<br />
1982<br />
1983<br />
1984<br />
1984<br />
1984<br />
1986<br />
1986<br />
1989<br />
1990<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Ar-Be<br />
Cv Selle<br />
-<br />
M<br />
F<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
8150<br />
1050<br />
850<br />
850<br />
5800<br />
500<br />
3800<br />
3250<br />
2450<br />
4150<br />
2200<br />
2700<br />
1200<br />
1650<br />
6150<br />
1000<br />
4700<br />
450<br />
800<br />
700<br />
2000<br />
500<br />
1400<br />
2300<br />
1050<br />
3100<br />
1300<br />
1900<br />
950<br />
900<br />
4900<br />
850<br />
136
Annexe 13 (suite)<br />
E- Ecurie 5 : Service « Escadron d’honneur »<br />
Code cheval D.N. Race ou<br />
origine<br />
GR 58 184 Ar-Be<br />
GR 59 1985 Ar-Be<br />
GR 60 1987 Ar-Be<br />
GR 61 1988 Argentine<br />
GR 62 1989 Argentine<br />
GR 63 1989 Argentine<br />
GR 64 1989 Argentine<br />
GR 65 1990 Argentine<br />
GR 66 1990 Argentine<br />
GR 67 1990 Argentine<br />
GR 68 1990 Argentine<br />
GR 69 1990 Argentine<br />
GR 70 1990 Argentine<br />
GR 71 1990 Argentine<br />
GR 72 1991 Argentine<br />
GR 73 1991 Argentine<br />
GR 74 1991 Argentine<br />
GR 75 1991 Argentine<br />
GR 76 1992 Argentine<br />
GR 77 1994<br />
-<br />
GR 78 1994<br />
-<br />
GR 79 1994 Argentine<br />
Sexe OPG 1 OPG 2<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
M<br />
4800<br />
1850<br />
3450<br />
640<br />
2600<br />
3650<br />
800<br />
2400<br />
550<br />
2900<br />
4900<br />
3650<br />
2100<br />
2050<br />
1950<br />
2950<br />
2150<br />
2100<br />
2550<br />
1450<br />
2050<br />
2950<br />
3850<br />
900<br />
1550<br />
350<br />
150<br />
1150<br />
150<br />
1450<br />
550<br />
550<br />
2350<br />
1000<br />
700<br />
1800<br />
550<br />
2650<br />
200<br />
250<br />
850<br />
600<br />
900<br />
2150<br />
137
Nom et prénom : <strong>Zouiten</strong> Habiba Numéro d’ordre : 2312<br />
Discipline : Biologie<br />
Spécialité : Immunologie-Parasitologie<br />
Titre de la thèse :<br />
Résistance aux anthelminthiques des nématodes parasites du tube digestif chez les ovins et les<br />
équidés au Maroc.<br />
Résumé :<br />
La résistance aux anthelminthiques des nématodes gastro-intestinaux chez les herbivores peut, si<br />
aucune mesure limitant son développement n’est préconisé, devenir un fléau économique majeur.<br />
Les objectifs de notre travail furent donc<br />
• d’évaluer au Maroc l’efficacité des molécules les plus utilisées contre ces nématodes ainsi que<br />
le degré d’une résistance éventuelle des parasites à ces molécules<br />
• de déterminer les espèces impliquées dans cette résistance.<br />
Grâce à des tests in vitro ( test d’inhibition d’éclosion des œufs, test de paralysie des larves L3) et in<br />
vivo test de réduction fécales des œufs, bilan parasitaire), nous avons démontré, aussi bien chez le<br />
mouton que chez le cheval, l’existence d’une résistance aux benzimidazoles. Cette résistance est<br />
variable selon la région et touche plusieurs stades du cycle du parasite.<br />
La poursuite des travaux nous a permis d’identifier que les espèces de nématodes résistants aux<br />
benzimidazoles sont l’Haemonchus contortus et Teladorsagia circumcincta chez le mouton, et les<br />
cyathostomes chez le cheval.<br />
Le thiabendazole reste cependant efficace contre les cyathostomes des ânes qui n’ont jamais été<br />
traités contre ces parasites. Existerait-il donc une relation entre la fréquence du traitement avec une<br />
même molécule et l’apparition d’une résistance à cette molécule?<br />
Les perspectives à envisager consistent à sensibiliser les éleveurs pour une utilisation plus raisonnée<br />
des molécules encore efficaces contre ces nématodes et à introduire des méthodes alternatives telle<br />
que la phytothérapie, la gestion des pâturages et le traitement sélectif des animaux.<br />
Mots clés :<br />
Anthelminthiques, nématodes, résistance, équidés, ovins, Maroc.<br />
Date de soutenance : 20 Juillet 2006<br />
Adresse de l’auteur : Département de biologie,<br />
Laboratoire de Zoologie et de Biologie Générale<br />
138