210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie
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Leïla Lazaro<br />
Service <strong>de</strong> Pédiatrie,<br />
Centre Hospitalier <strong>de</strong> la<br />
Côte Basque, Bayonne<br />
llazaro@ch-cotebasque.fr<br />
LU POUR VOUS<br />
CMT1A : confirmation <strong>de</strong> l’inefficacité <strong>de</strong> la vitamine C<br />
LEÏLA LAZARO COMMENTAIRE<br />
Sur la base <strong>de</strong>s effets bénéfiques <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> ascorbique<br />
(vitamine C) obtenus sur le modèle animal <strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong><br />
Charcot-Marie-Tooth <strong>de</strong> type 1A (CMT1A), plusieurs équipes<br />
cliniques ont récemment lancé différents essais thérapeutiques<br />
chez l’homme. Dans un article publié en novembre 2009,<br />
une équipe néerlandaise rapporte les résultats d’un essai<br />
mené en double aveugle contre placebo chez onze personnes<br />
<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans, atteintes <strong>de</strong> CMT1A. Ces patients ont reçu<br />
<strong>de</strong> fortes doses <strong>de</strong> vitamine C per os (un gramme <strong>de</strong>ux fois par<br />
jour pendant un an). Si le traitement a été relativement bien<br />
toléré (un seul patient a arrêté le traitement en raison d’une<br />
éruption cutanée), l’efficacité sur les différents critères cliniques<br />
et électrophysiologiques (vitesse <strong>de</strong> conduction du nerf<br />
médian) testés, y compris sur les paramètres secondaires<br />
(comme le score composite CMT), n’a pas été statistiquement<br />
prouvée. Ces résultats négatifs confirment que, même à raison<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grammes par jour, l’aci<strong>de</strong> ascorbique ne produit pas<br />
l’effet escompté et qu’il ne peut donc pas être recommandé<br />
comme traitement dans la CMT1A pour le moment.<br />
Verhamme C, <strong>de</strong> Haan RJ, Vermeulen M, Baas F, <strong>de</strong> Visser M, van Schaik<br />
IN, Oral high dose ascorbic acid treatment for one year in young CMT1A<br />
patients : a randomised, double-blind, placebo-controlled phase II trial,<br />
BMC Med, 2009, 7(1) : 70<br />
La CMT1A, maladie autosomique dominante, est<br />
la plus fréquente <strong>de</strong>s neuropathies héréditaires<br />
(1/5 000 personnes). Elle est due à une duplication<br />
sur le chromosome 17 conduisant à 3 copies du<br />
gène et <strong>de</strong> la protéine PMP22. Elle se manifeste par<br />
une démyélinisation, les premières années <strong>de</strong> vie,<br />
suivie d’une atteinte axonale. Tout traitement<br />
permettant <strong>de</strong> restaurer la myéline chez les jeunes<br />
patients a donc pour objectif la prévention <strong>de</strong><br />
l’atteinte axonale secondaire. Les auteurs <strong>de</strong> cet<br />
essai <strong>de</strong> phase II se sont donc appuyés sur une<br />
étu<strong>de</strong> sérieuse réalisée sur le modèle animal<br />
(Passage et al, Nat Med, 2004, 10(4) : 396-401).<br />
Celle-ci avait montré que <strong>de</strong> fortes doses d’aci<strong>de</strong><br />
ascorbique in vitro réprimaient l’expression du<br />
gène PMP22, entraînant une remyélinisation et une<br />
amélioration <strong>de</strong>s performances motrices chez le<br />
modèle souris. L’essai néerlandais, mené chez <strong>de</strong>s<br />
sujets jeunes, n’a pas démontré l’efficacité clinique<br />
et électrophysiologique attendue. Il semble que le<br />
modèle animal souris utilisé soit, sur le plan physiopathologique,<br />
très différent <strong>de</strong> l’être humain. Ce<br />
modèle a 7 copies supplémentaires du gène PMP22<br />
contre un chez l’homme, d’où une démyélinisation<br />
beaucoup plus sévère. Par ailleurs le métabolisme<br />
<strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> ascorbique est aussi très différent chez la<br />
souris et chez l’homme, la souris synthétisant son<br />
propre aci<strong>de</strong> ascorbique. Les effets <strong>de</strong>s intermédiaires<br />
métaboliques sur les tissus et cellules ne sont<br />
pas non plus comparables. Cet essai confirme les<br />
données d’une étu<strong>de</strong> récemment publiée (Burns et<br />
al, Lancet Neurol, 2009, 8(6) : 537-44). Ceci pose la<br />
question <strong>de</strong> la validité du modèle souris utilisé pour<br />
les étu<strong>de</strong>s précliniques.<br />
Myasthénie : <strong>de</strong> l’innocuité du vaccin anti-grippal<br />
LEÏLA LAZARO COMMENTAIRE<br />
Du fait du caractère auto-immun <strong>de</strong> la myasthénie et <strong>de</strong>s<br />
traitements immunosuppresseurs prescrits aux patients, la<br />
vaccination anti-grippale n’a pas toujours fait l’objet d’un<br />
consensus. Cette vaccination est associée à <strong>de</strong>s effets secondaires<br />
comme le syndrome <strong>de</strong> Guillain-Barré. Pour ces raisons,<br />
certains mé<strong>de</strong>cins ne la proposent pas à leurs patients<br />
atteints <strong>de</strong> myasthénie. Une équipe canadienne a étudié<br />
l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s éventuelles complications consécutives à une<br />
vaccination anti-grippale chez les patients atteints <strong>de</strong> myasthénie<br />
suivis, <strong>de</strong> 1992 à 2006, dans la province d’Ontario. Sur<br />
3667 hospitalisations pour crises myasthéniques, seules 513<br />
étaient survenues dans les 42 semaines suivant la vaccination<br />
Thérapeutique<br />
La myasthénie est une affection neuromusculaire<br />
d’origine auto-immune, entraînant, dans les cas<br />
les moins sévères, <strong>de</strong>s paralysies oculomotrices<br />
et une fatigabilité caractérisée par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
fluctuations. Le dysfonctionnement <strong>de</strong> la jonction<br />
neuromusculaire, à l’origine <strong>de</strong> ces troubles, est<br />
dû à la production non contrôlée d’auto-anticorps<br />
dirigés contre le récepteur à l’acétylcholine (RAch)<br />
ou la protéine MuSK. Ces <strong>de</strong>rniers mois les risques<br />
<strong>de</strong> la vaccination anti-grippale, notamment<br />
la survenue dans la population générale <strong>de</strong> maladies<br />
neurodysimmunitaires comme le syndrome<br />
<strong>de</strong> Guillain-Barré, ont été largement débattus. Au<br />
Les cahiers <strong>de</strong> myologie N°2 AVRIL 2010 37<br />
LU POUR VOUS