210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie
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LU POUR VOUS<br />
LU POUR VOUS<br />
contrôles. Des injections répétées sont possibles, bien tolérées<br />
et améliorent les ren<strong>de</strong>ments finaux <strong>de</strong> transduction. Des<br />
examens histologiques et <strong>de</strong>s tests fonctionnels mettent en<br />
évi<strong>de</strong>nce une protection <strong>de</strong>s fibres musculaires <strong>de</strong>s souris<br />
traitées (d’un facteur 2.5 à 5 par rapport aux souris non<br />
traitées) et une amélioration <strong>de</strong>s performances mécaniques.<br />
L’expression quantitative <strong>de</strong> la dystrophine, à un niveau <strong>de</strong><br />
18 à 20% ou par 11 à 16% <strong>de</strong>s fibres musculaires, suffit à<br />
conférer cette protection importante et persistante. La nature<br />
<strong>de</strong> la construction conditionne l’intensité <strong>de</strong> l’expression du<br />
transgène. Enfin, la production <strong>de</strong> dystrophine provoque une<br />
réaction immunologique <strong>de</strong> type humoral qui n’entraîne<br />
cependant pas l’élimination <strong>de</strong>s fibres transduites.<br />
Zhang G, Wood<strong>de</strong>ll CI, Hegge JO, Griffin JB, Huss T, Braun S, Wolff JA,<br />
Functional efficacy of dystrophin expression from plasmids <strong>de</strong>livered to<br />
mdx mice by hydrodynamic limb vein injection, Hum Gene Ther, 2009,<br />
doi: 10.1089/hum.133, In Press<br />
DM1 : un oligonucléoti<strong>de</strong> antisens réduit les agrégats<br />
JEAN-THOMAS VILQUIN COMMENTAIRE<br />
La dystrophie myotonique <strong>de</strong> type 1 (DM1), maladie à transmission<br />
dominante, est liée à la toxicité d’une expansion d’un<br />
triplet localisé dans les transcrits <strong>de</strong> la protéine DMPK (expansion<br />
CUG). Ce long segment serait impliqué notamment dans<br />
la séquestration <strong>de</strong> la protéine Muscleblind (Mbnl1), formant<br />
<strong>de</strong>s agrégats ribonucléaires ainsi que dans la stabilisation <strong>de</strong><br />
CUGBP1 (CUG binding protein 1). Ceci induit <strong>de</strong>s déséquilibres<br />
entre facteurs <strong>de</strong> transcription et facteurs d’épissage provoquant<br />
<strong>de</strong>s épissages aberrants <strong>de</strong> nombreux pré-messagers.<br />
Les effets toxiques <strong>de</strong> ces transcrits sont cependant réversibles<br />
dans <strong>de</strong>s modèles cellulaires et animaux.<br />
Un nouveau modèle murin est décrit, la souris DM300, qui<br />
exprime un gène DMPK humain mutant contenant (CUG)300.<br />
En utilisant <strong>de</strong>s myoblastes et <strong>de</strong>s myotubes issus <strong>de</strong> ce<br />
nouveau modèle murin ainsi que <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> patients<br />
atteints <strong>de</strong> DM1, un oligonucléoti<strong>de</strong> antisens (le composé<br />
PS58) a été mis au point. Il contient une séquence (CAG)7<br />
capable <strong>de</strong> réduire au silence l’expression du transcrit DMPK<br />
mutant et <strong>de</strong> réduire le nombre d’agrégats ribonucléaires. Cet<br />
effet est rapi<strong>de</strong>, persistant dans le temps et n’empêche pas le<br />
fonctionnement <strong>de</strong>s transcrits normaux du gène DMPK. In<br />
vivo, l’administration intramusculaire <strong>de</strong> cet oligonucléoti<strong>de</strong><br />
dans le modèle murin réduit la toxicité <strong>de</strong> l’expansion mutée.<br />
Ceci se traduit par une diminution du nombre et <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong>s<br />
agrégats ribonucléaires et par la normalisation <strong>de</strong> l’épissage<br />
<strong>de</strong> pré-messagers, notamment l’élimination <strong>de</strong>s épissages <strong>de</strong><br />
types embryonnaires.<br />
Mul<strong>de</strong>rs SA, van <strong>de</strong>n Broek WJ, Wheeler TM, Croes HJ, van Kuik-Romeijn<br />
P, <strong>de</strong> Kimpe SJ, Furling D, Platenburg GJ, Gourdon G, Thornton CA,<br />
Wieringa B, Wansink DG, Triplet-repeat oligonucleoti<strong>de</strong>-mediated<br />
reversal of RNA toxicity in myotonic dystrophy, Proc Natl Acad Sci USA,<br />
2009, 33 :13915-20<br />
males (Hagstrom et al, Mol Ther, 2004,10 : 386-98;<br />
Zhang et al, Hum Gene Ther, 2001,12 : 427-38;<br />
Rodino-Klapac et al, 2007, J Transl Med., 5 : 45).<br />
La technique présentée allie <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong><br />
rapidité, <strong>de</strong> simplicité, d’efficacité et <strong>de</strong> bonne<br />
tolérance, lorsqu’on la compare aux techniques<br />
d’injection artérielle, à l’utilisation d’agents<br />
vasoactifs, voire même à l’électroporation intramusculaire<br />
in vivo. A ce titre, il s’agit certainement<br />
d’un outil expérimental précieux pour le développement<br />
préclinique et la recherche fondamentale.<br />
En outre, cette étu<strong>de</strong> repositionne l’utilisation <strong>de</strong>s<br />
plasmi<strong>de</strong>s nus dans l’arsenal <strong>de</strong>s vecteurs <strong>de</strong> thérapie<br />
génique. Elle suggère également <strong>de</strong>s seuils<br />
<strong>de</strong> transduction nécessaires à l’obtention d’une<br />
protection significative et durable <strong>de</strong>s fibres musculaires.<br />
Cette méthodologie reste encore limitée<br />
à la transduction locorégionale.<br />
Cet article propose un usage alternatif <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s dites “antisens”. La molécule PS58 utilisée<br />
inhibe, <strong>de</strong> manière directe ou indirecte, <strong>de</strong>s<br />
interactions délétères entre <strong>de</strong>s protéines normales<br />
et un ARN pathogène contenant ces expansions<br />
<strong>de</strong> triplet. Cette métho<strong>de</strong> assez générale<br />
agirait sur la toxicité dans son ensemble : en aval<br />
<strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> RNAs toxiques, puis en casca<strong>de</strong>.<br />
Des résultats analogues ont été obtenus par<br />
d’autres équipes (Wheeler et al, Science , 2009,<br />
325 :336-9), en utilisant <strong>de</strong>s modèles cellulaires<br />
et animaux différents. Ils soulignent le côté dynamique<br />
<strong>de</strong> la formation (et <strong>de</strong> la résorption éventuelle)<br />
<strong>de</strong>s agrégats ribonucléaires. Le principe<br />
pourrait être étendu à d’autres maladies liées à<br />
<strong>de</strong>s expansions <strong>de</strong> triplets, telles que la dystrophie<br />
myotonique <strong>de</strong> type 2 (DM2), le syndrome<br />
<strong>de</strong> l'X fragile (FRAXA), la dystrophie musculaire<br />
oculopharyngée. L’un <strong>de</strong>s défis est <strong>de</strong> concevoir<br />
et <strong>de</strong> délivrer <strong>de</strong>s oligonucléoti<strong>de</strong>s antisens<br />
adaptés à la voie systémique. Dans cette étu<strong>de</strong>, il<br />
s’agissait <strong>de</strong> transfecter <strong>de</strong>s cellules à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
vecteurs non viraux ou <strong>de</strong> transduire les muscles<br />
squelettiques par électroporation <strong>de</strong> plasmi<strong>de</strong>s<br />
in vivo. Les progrès récents concernant la biodisponibilité<br />
<strong>de</strong> nouvelles classes d’oligonucléoti<strong>de</strong>s<br />
permettent d’espérer l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> molécules<br />
adaptées à l’usage systémique. Enfin, <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vront porter sur les doses actives<br />
permettant une interaction efficace avec les<br />
cibles mutées sans affecter les séquences CUG<br />
naturellement présentes.<br />
36 N°2 AVRIL 2010 Les cahiers <strong>de</strong> myologie