210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie
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l’environnement (état d’alerte cognitif et <strong>de</strong> tension<br />
somatique).<br />
La prise en charge pluridisciplinaire<br />
La prise en charge (PEC) pluridisciplinaire <strong>de</strong> la<br />
fatigue nécessite la participation associée <strong>de</strong>s<br />
mé<strong>de</strong>cins, rééducateurs et psychologues. Elle<br />
requiert plusieurs étapes. D’abord, l’évaluation <strong>de</strong> la<br />
fatigue qui est réalisée à l’ai<strong>de</strong> d’outils spécifiques et<br />
d’un entretien. Puis, l’évaluation <strong>de</strong>s aspects physiologiques<br />
(atteintes respiratoires, endocriniennes,<br />
infectieuses, troubles du sommeil…) qui peuvent<br />
être les facteurs étiologiques <strong>de</strong> la fatigue et leur<br />
prise en charge. Des techniques <strong>de</strong> réentraînement<br />
à l’exercice peuvent être proposées (Féasson et al).<br />
Si <strong>de</strong>s scores importants subsistent aux échelles <strong>de</strong><br />
fatigue malgré la PEC <strong>de</strong>s éventuels aspects physiologiques,<br />
il peut s’avérer nécessaire <strong>de</strong> proposer une<br />
Principaux outils d’évaluation <strong>de</strong> la fatigue<br />
Outil<br />
Nombre<br />
d’items<br />
Type<br />
d’échelle<br />
Dimensions<br />
CIS-Fatigue 20 7-point Likert - Fatigue<br />
Checklist subjective<br />
Individual - Concentration<br />
Strength - Motivation<br />
- Activité motrice<br />
FSS 9 7-point Likert - Multi-<br />
Fatigue dimensionnelle<br />
Severity mais un<br />
Scale seul score<br />
CFS 11 oui/non - Fatigue physique<br />
Chal<strong>de</strong>r 4-point Likert - Fatigue mentale<br />
Fatigue<br />
Scale<br />
PEC psycho-comportementale personnalisée. En<br />
effet, l’entretien avec le patient est d’une importance<br />
capitale. Il permet d’interpréter le sens <strong>de</strong>s symptômes<br />
<strong>de</strong> la fatigue subjective, selon le vécu et<br />
l’histoire du patient. La fatigue est fréquemment<br />
associée au stress chronique, à l’anxiété ou à la<br />
dépression. Si la fatigue s’avère être le signe<br />
révélateur d’un trouble <strong>de</strong> l’humeur masqué, elle<br />
nécessitera un traitement par psychotrope. De plus,<br />
il s’agira <strong>de</strong> travailler les sentiments <strong>de</strong> honte, <strong>de</strong><br />
culpabilité ressentis par le patient autour <strong>de</strong> la<br />
fatigue et <strong>de</strong> restaurer la confiance et l’estime <strong>de</strong> ce<br />
corps fragilisé et limité.<br />
Les thérapies comportementales et cognitives<br />
Les thérapies comportementales et cognitives ont<br />
fait leurs preuves dans la PEC <strong>de</strong> la fatigue associée<br />
au cancer, à la sclérose en plaques ou dans le<br />
syndrome <strong>de</strong> fatigue chronique.<br />
Dans la DM1, la réalité du handicap fonctionnel<br />
conduit à <strong>de</strong>s renoncements successifs et à un<br />
isolement progressif, accentués par la tendance <strong>de</strong>s<br />
patients à être phobiques, anxieux, évitants. Ce repli<br />
sur soi sera vécu sous la forme d’un sentiment <strong>de</strong><br />
fatigue, accompagné <strong>de</strong> pensées négatives (perte<br />
d’estime <strong>de</strong> soi, dévalorisation, sentiment d’incapacité).<br />
Ces pensées vont mener à une anticipation<br />
négative <strong>de</strong> toute activité potentielle, pouvant aller<br />
jusqu’à l’évitement et la passivité excessive. Un<br />
moyen <strong>de</strong> lutter contre ce cercle vicieux serait la<br />
mise en place d’un programme cognitif. Il a pour<br />
objectif <strong>de</strong> modifier les pensées automatiques<br />
négatives accompagnant la fatigue, ainsi que les<br />
émotions qui en découlent telles que la monotonie<br />
et la lassitu<strong>de</strong>.<br />
Il convient également d’accompagner le patient<br />
dans la gestion <strong>de</strong>s comportements, selon ses<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pensée. Les activités seront augmentées<br />
<strong>de</strong> manière progressive, luttant contre le déconditionnement<br />
et la solitu<strong>de</strong>. Par exemple, le thérapeute<br />
va ai<strong>de</strong>r le patient à visualiser son potentiel<br />
énergétique (par <strong>de</strong>s représentations graphiques ou<br />
à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> jetons). Avec sa participation, ce potentiel<br />
va être géré comme <strong>de</strong>s « actions en bourse », en<br />
évaluant les gains et les pertes sur investissement :<br />
combien cette activité m’a-t-elle apporté en termes<br />
<strong>de</strong> plaisir ? En termes <strong>de</strong> fatigue ? Combien est-ce<br />
que je peux miser le len<strong>de</strong>main ? A noter que les<br />
activités doivent être proposées graduellement et<br />
toujours liées au plaisir, l’hédonie étant souvent le<br />
meilleur remè<strong>de</strong> contre la fatigue ! Il s’agit ici d’une<br />
sensibilisation progressive à l’effort.<br />
Une thérapie <strong>de</strong> type relaxation peut aussi être<br />
proposée au patient. Celle-ci peut agir sur les<br />
ruminations anxieuses. De plus, elle favorisera la<br />
maîtrise et l’investissement corporel. L’association<br />
d’une thérapie comportementale et cognitive et<br />
d’une thérapie par la relaxation peut être envisagée.<br />
Cependant, les données actuelles ne permettent<br />
pas encore d’évaluer l’apport <strong>de</strong> ces différentes<br />
interventions.<br />
REFERENCES<br />
Belmont et al, Ann Readapt Med Phys, 2006, 49(6) : 283-8, 370-4<br />
Féasson et al, Rev Neurol, 2009, Epub ahead of print 2009, p 1-10<br />
Kalkman et al, J Neurol Neurosurg Psychiatry, 2005, 76(10) : 1406-9<br />
Les cahiers <strong>de</strong> myologie N°2 AVRIL 2010 23<br />
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