210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie
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Principaux gènes responsables <strong>de</strong>s syndromes<br />
<strong>de</strong> déplétion <strong>de</strong> l’ADNmt<br />
Forme Gènes impliqués<br />
Forme • Thymidine kinase <strong>de</strong> type 2<br />
myopathique (TK2)<br />
Une duplication en position 134 du cDNA (c.134dup,<br />
p.Trp46ValfsX40) dans l’exon 1 était d’origine paternelle<br />
et entraînait à la fois mutations faux-sens et<br />
codon stop prématuré. Une transition en position<br />
394 (c.394C>T, p.Arg132Cys) dans l’exon 4, d’origine<br />
maternelle, entraînait un faux-sens avec changement<br />
important <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> aminé 132. L’analyse<br />
parallèle du gène PEO1 ne révéla aucune anomalie.<br />
L’activité thymidine kinase <strong>de</strong> type 2 <strong>de</strong>s fibroblastes<br />
cutanés en culture était effondrée avec un taux<br />
<strong>de</strong> thymidine phosphorylée <strong>de</strong> 0.3 pmol/mn/mg <strong>de</strong><br />
protéine, contre 10.1 pmoles chez <strong>de</strong>ux contrôles<br />
analysés en parallèle (2,9%).<br />
Commentaire<br />
Les mutations du gène TK2, au nombre <strong>de</strong> 24<br />
(Poulton et al) sont une cause classique <strong>de</strong> myo-<br />
pathie avec déplétion<br />
<strong>de</strong> l’ADNmt. Elles<br />
représentent 46% <strong>de</strong>s<br />
cas <strong>de</strong> déplétion <strong>de</strong><br />
l’ADNmt chez 13<br />
enfants (Spinazzola et<br />
al). Dans un contexte<br />
pédiatrique (37 cas),<br />
avec début précoce<br />
avant 1 an dans la<br />
majorité <strong>de</strong>s cas, le<br />
tableau est caractérisé<br />
par la survenue,<br />
après un développement<br />
psychomoteur<br />
se déroulant normalement,<br />
d’un déficit musculaire progressif, surtout<br />
proximal. Il peut prendre le masque d’une amyotrophie<br />
spinale évoluant vers un déficit complet <strong>de</strong>s<br />
quatre membres, incluant un déficit axial et facial<br />
avec possible ptosis et diplégie faciale. Une atteinte<br />
centrale (troubles cognitifs, épilepsie), toujours au<br />
second plan, a été décrite chez moins <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong>s<br />
enfants.<br />
Le pronostic dépend <strong>de</strong> l’atteinte <strong>de</strong> la déglutition et<br />
<strong>de</strong> la ventilation. Une insuffisance respiratoire est le<br />
plus souvent cause <strong>de</strong> décès survenant avant l’âge<br />
<strong>de</strong> 5 ans dans environ 2/3 <strong>de</strong>s cas. Quelques patients<br />
ont survécu jusqu’à l’adolescence.<br />
Notre patient présente un tableau beaucoup moins<br />
sévère, plutôt évocateur en première instance <strong>de</strong><br />
myopathie congénitale, notamment centronucléaire.<br />
Toutefois, l’atteinte oculomotrice, compatible avec<br />
ce diagnostic, apparaissait inhabituellement sévère<br />
pour ce type <strong>de</strong> myopathie. L’association à un ptosis<br />
marqué faisait aussi évoquer d’emblée une mitochondriopathie.<br />
Forme • Succinate synthase A (SUCLA2)<br />
encéphalo(myo)- • Succinate synthase B<br />
pathique (SUCLG1)<br />
Forme • Twinkle (PEO1)<br />
hépatocérébrale • Polymerase-gamma (POLG1)<br />
• Deoxyguanosine kinase (DGUOK)<br />
• MPV17 (MPV17)<br />
Forme • Sous-unité B <strong>de</strong> la ribonucléoti<strong>de</strong><br />
« généralisée » réductase induite par<br />
(atteinte musculaire, p53 (RRM2B)<br />
rénale, digestive,...)<br />
Une élévation parfois importante <strong>de</strong>s CPK (pouvant<br />
aller jusqu’à plusieurs dizaines <strong>de</strong> fois la normale)<br />
est fréquente dans les déficits en TK2 où elle témoigne<br />
<strong>de</strong> la souffrance musculaire qui est inhabituellement<br />
sévère pour une mitochondriopathie. Le taux<br />
<strong>de</strong> CPK diminue secondairement, probablement en<br />
rapport avec la perte massive <strong>de</strong> masse musculaire<br />
dont témoigne également la diminution <strong>de</strong> la<br />
créatininémie.<br />
La biopsie musculaire montre toujours <strong>de</strong>s anomalies<br />
caractéristiques <strong>de</strong> myopathie mitochondriale<br />
associant fibres RRF et fibres totalement dépourvues<br />
d’activité cytochrome c oxydase. Chez notre<br />
patient, elle a conduit au diagnostic. Cet aspect<br />
caractéristique est rare chez l’enfant et doit faire<br />
d’emblée suspecter une déplétion <strong>de</strong> l’ADNmt.<br />
La thymidine kinase <strong>de</strong> type 2 participe à la préservation<br />
du pool <strong>de</strong>s désoxynucléoti<strong>de</strong>s mitochondriaux<br />
qui sont essentiels au renouvellement<br />
permanent <strong>de</strong> l’ADNmt dans le muscle. L’enzyme<br />
présente dans le foie et le cerveau semble moins<br />
limitante puisque les patients développent essentiellement<br />
une myopathie squelettique. Par contre,<br />
les souris invalidées pour TK2 développent une<br />
défaillance multiviscérale précoce. Malgré un déficit<br />
profond <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> TK2, notre patient n’a<br />
développé qu’une atteinte clinique relativement<br />
modérée et a pu maintenir un taux résiduel moyen<br />
d’ADNmt musculaire. Il a donc pu mettre en œuvre<br />
<strong>de</strong>s mécanismes compensateurs dont l’élucidation<br />
serait importante dans la perspective <strong>de</strong> traitement<br />
<strong>de</strong>s formes beaucoup plus sévères <strong>de</strong> l’enfant.<br />
Trois gran<strong>de</strong>s présentations cliniques sont associées<br />
à une déplétion sévère <strong>de</strong> l’ADNmt. La forme<br />
myopathique (Moraes et al) est caractérisée par<br />
une atteinte le plus souvent isolée du muscle<br />
squelettique. Les <strong>de</strong>ux autres (Man<strong>de</strong>l et al)<br />
comportent une atteinte neurologique centrale<br />
généralement sévère et précoce avec atteinte<br />
hépatique (forme hépatocérébrale) ou une atteinte<br />
musculaire (forme encéphalomyopathique). Une<br />
dizaine <strong>de</strong> gènes sont associés à ces différentes<br />
maladies. Ils co<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s protéines impliquées dans<br />
la réplication <strong>de</strong> l’ADNmt, comme l’ADN polymérase<br />
γ (POLG) ou l’hélicase Twinkle (PEO1), ou dans le<br />
métabolisme <strong>de</strong>s nucléoti<strong>de</strong>s nécessaires pour<br />
la réplication <strong>de</strong> l’ADNmt dans le compartiment<br />
mitochondrial, comme la thymidine kinase 2 (TK2).<br />
REFERENCES<br />
Man<strong>de</strong>l H. et al, Nat Genet, 2001, 29(3) : 337-41<br />
Moraes C.T. et al, Am J Hum Genet, 1991, 48 : 492-501<br />
Poulton J. et al, Biochim Biophys Acta, 2009, 1792 : 1109-12<br />
Spunazzola A. et al, J Inherit Metab Dis, 2009, 32 : 143-58<br />
Les cahiers <strong>de</strong> myologie N°2 AVRIL 2010 15<br />
CAS CLINIQUE