15.11.2012 Views

210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie

210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie

210x270 Myoline N° 1 - Institut de Myologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sébastien Banzet<br />

Nathalie Koulmann<br />

<strong>Institut</strong> <strong>de</strong> Recherche<br />

Biomédicale <strong>de</strong>s Armées<br />

Département <strong>de</strong>s<br />

environnements<br />

opérationnels<br />

Brétigny-sur-Orge, France<br />

sbanzet@crssa.net<br />

nkoulmann@crssa.net<br />

PHYSIOLOGIE<br />

Le muscle endocrine<br />

SÉBASTIEN BANZET, NATHALIE KOULMANN<br />

La rencontre <strong>de</strong> la physiologie <strong>de</strong> l’exercice et <strong>de</strong> l’immunologie a fait naître le concept<br />

inattendu <strong>de</strong> « muscle endocrine ». Afin d’assurer sa contraction, le muscle squelettique<br />

dégra<strong>de</strong> du glucose pour synthétiser <strong>de</strong> l’ATP. Quand le glycogène musculaire diminue, le<br />

glucose est fourni par le foie, principalement sous contrôle <strong>de</strong>s hormones hyperglycémiantes<br />

(glucagon, cortisol). Cependant à l’exercice prolongé, les fibres musculaires actives<br />

produisent <strong>de</strong> l’interleukine-6, cytokine libérée dans le sang qui se lie à ses récepteurs<br />

hépatiques et favorise la production <strong>de</strong> glucose, agissant comme une véritable hormone<br />

d’origine musculaire.<br />

Les années 1980-90 ont vu l’essor <strong>de</strong>s sports d’ultraendurance<br />

comme les marathons et triathlons. A la<br />

même pério<strong>de</strong>, loin <strong>de</strong>s compétitions, les immunologistes<br />

décrivaient le rôle clé <strong>de</strong>s cytokines dans les<br />

communications intercellulaires au sein du système<br />

immunitaire. La physiologie <strong>de</strong> l’exercice s’est alors<br />

attachée à décrypter les interactions complexes qui<br />

existent entre l’exercice physique et les fonctions<br />

immunitaires. Les exercices intenses et prolongés,<br />

très contraignants pour l’organisme, étaient suspectés<br />

d’engendrer <strong>de</strong>s lésions musculaires avec<br />

<strong>de</strong>s réactions inflammatoires locales ou systémiques<br />

plus ou moins marquées. En effet, <strong>de</strong> nombreux<br />

événements immunitaires ont été décrits<br />

au cours ou au décours <strong>de</strong> l’exercice, en particulier<br />

<strong>de</strong>s variations <strong>de</strong>s concentrations plasmatiques<br />

<strong>de</strong> diverses cytokines (Pe<strong>de</strong>rsen et Hoffman-Goetz,<br />

2000). Pour nombre d’entre elles, ces variations<br />

étaient mo<strong>de</strong>stes et observées <strong>de</strong> manière très<br />

inconstante, mais l’interleukine-6 (IL-6) a rapi<strong>de</strong>ment<br />

fait figure d’exception car ses concentrations<br />

plasmatiques augmentaient dès lors que l’exercice<br />

était <strong>de</strong> durée prolongée et d’intensité élevée. L’élévation<br />

<strong>de</strong>s concentrations d’IL-6 dans le plasma<br />

peut être considérable (jusqu’à X 100) et est proportionnelle<br />

à l’intensité <strong>de</strong> l’exercice réalisé. S’agit-il,<br />

comme le postulaient les premiers auteurs, du reflet<br />

d’une réaction inflammatoire systémique, dont<br />

l’IL-6 est un pivot bien connu ? Telle était la question<br />

initialement posée et en quelques années, <strong>de</strong><br />

nombreuses données expérimentales ont conduit<br />

à réfuter cette hypothèse. L’augmentation <strong>de</strong> la<br />

concentration plasmatique d’IL-6 à l’exercice n’est<br />

pas d’origine inflammatoire car elle est extrêmement<br />

transitoire (retour aux valeurs <strong>de</strong> repos<br />

2 heures après l’arrêt <strong>de</strong> l’exercice), ne s’accompagne<br />

pas <strong>de</strong> variations <strong>de</strong> cytokines pro-inflammatoi-<br />

res et survient indépendamment <strong>de</strong> toute lésion<br />

musculaire objectivable. Quelle peut être alors la<br />

signification biologique <strong>de</strong> cet événement ?<br />

L'interleukine-6, une "myokine"<br />

Les gran<strong>de</strong>s variations systémiques <strong>de</strong> l'interleukine-6<br />

(IL-6) sont classiquement dues à une libération<br />

massive par les cellules immunocompétentes,<br />

notamment monocytaires, mais à l’exercice aucune<br />

production d’IL-6 n’a été retrouvée dans ces <strong>de</strong>rnières.<br />

L’origine <strong>de</strong> l’IL-6 plasmatique a été mise en<br />

évi<strong>de</strong>nce par <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> différence artérioveineuse<br />

fémorale qui ont montré que la molécule<br />

est libérée dans le sang par les muscles (Steensberg<br />

et al, 2000). L’augmentation <strong>de</strong>s ARNm codant IL-6<br />

dans <strong>de</strong>s biopsies musculaires au décours d’un<br />

exercice est venue conforter cette donnée. Mais au<br />

sein du tissu musculaire, <strong>de</strong> nombreux types<br />

cellulaires comme les cellules musculaires lisses,<br />

cellules endothéliales, fibroblastes, myocytes ou<br />

monocytes infiltrants sont capables <strong>de</strong> produire <strong>de</strong><br />

l’IL-6 en gran<strong>de</strong> quantité et la question <strong>de</strong> l’origine<br />

cellulaire <strong>de</strong> l’IL-6 a longtemps été posée. C’est finalement<br />

la présence <strong>de</strong> la protéine dans les fibres<br />

musculaires (immuno-histochimie) (Penkowa et al,<br />

2003) et l’augmentation considérable <strong>de</strong>s ARNm<br />

dans <strong>de</strong>s fibres isolées au décours d’un exercice<br />

(Banzet et al, 2005) qui ont déterminé l’origine<br />

cellulaire plutôt inattendue <strong>de</strong> cette cytokine, ou<br />

« myokine », qui circule dans tout l’organisme.<br />

Les déterminants <strong>de</strong> la production d’IL-6<br />

Les étu<strong>de</strong>s menées sur <strong>de</strong>s cellules musculaires<br />

en culture (C2C12, L6 ou myotubes humains) montraient<br />

que <strong>de</strong> nombreux stimuli et voies <strong>de</strong> signalisation<br />

cellulaires peuvent induire la production<br />

d’IL-6. Stress oxydant, adrénaline, cytokines pro-<br />

Les cahiers <strong>de</strong> myologie N°2 AVRIL 2010 11<br />

PHYSIOLOGIE

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!