Vincent MAUGER Raphaël ZARKA Roman MORICEAU - Observatoire

Roman Moriceau
Chic on the wall, 2008-2011
Jouer avec les apparences
Ce dessin sur papier figure le double C,
célèbre logo de la maison de couture Chanel.
À première vue, l’œuvre semble pixellisée
dans différentes nuances de brun. En s’approchant
et/ou en lisant le cartel, le spectateur
peut découvrir la technique utilisée. Il s’agit
d’une impression naturelle obtenue à l’aide de
chiures d’un élevage de mouches.
Roman Moriceau aime provoquer le spectateur
et jouer avec son ressenti, entre attraction
et répulsion. Ses œuvres invitent à prendre le
temps et à aller au-delà du premier regard.
Détourner un symbole
Avec Chic on the wall, Roman Moriceau interroge
notre société consumériste et le monde
d’images dans lequel nous vivons. En effet,
si le logo de la marque Chanel est reconnaissable
dans le monde entier, peu de personnes
consomment pour autant ces produits de luxe.
À l’inverse, les déjections de mouches, qui sont
partout autour de nous, ne sont jamais regardées.
Roman Moriceau apporte toujours beaucoup
d’importance au processus de création. Ici, il
confronte une matière triviale avec un symbole
du luxe. Le médium choisi vient appuyer
son propos. L’artiste manie aussi l’humour et
la dérision. Le titre anglais en témoigne ; il
résonne du jeu de mot Chic on the wall / Shit
on the wall 8 .
Flowers, 2011
Une nature morte à l’huile ?
Flowers appartient à une série de sérigraphies
sur papier commencée en 2011. Les motifs de
fleurs aux corolles épanouies se déploient par
grappes ou en étoiles. La couleur dans des
variations de brun provient du médium choisi
par l’artiste : de l’huile de vidange. Celle-ci, plus
ou moins sale selon l’état du moteur vidangé,
donne un ton sépia à l’œuvre. Si le bouquet de
fleurs est séduisant, l’œuvre ne se limite pas,
pour autant, à la simple contemplation.
Une image fossile
Dans ses natures mortes, Roman Moriceau
a choisi de figurer des fleurs et plantes en
voie d’extinction. De plus, le choix de l’huile
de vidange apporte non seulement un aspect
vieilli à l’œuvre mais aussi une grande fragilité.
L’huile de moteur ne sèche jamais, elle ne tient
pas sur le papier. Ainsi, la technique et le motif
sont-ils très liés et viennent servir le propos
de l’artiste. Telle une vanité, Flowers interroge
notre civilisation et le temps qui passe. Qu’en
sera-t-il de ces plantes, de cette huile et de
cette œuvre dans cinquante ans ?
8
« Chic sur le mur » (« Merde sur le mur »).
9
Christophe le Gac, « Un soleil trompeur », in Roman
Moriceau, éditions Musées d’Angers, 2012.
1
1 Chic on the wall, 2012, chiures de mouches, 30 x 35 mm,
photo musées d’Angers / P. David
2 Flowers (Aquilegia chrysantha- Cypripedium calceolus-
Gordonia axillaris-Georgiaaster- Arctomecon californica-Byblis
gigantea- Begonia aequatorialis-Aerides lawrenciae), 2011,
sérigraphie à l’huile de vidange, 100 x 70 cm,
photo musées d’Angers / P. David 2