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La terlDinologie cOIDptable sur le terrain L'effort terminologique en vaut-Q la peine? Oui, si l'on s'en remet à un sondage effectué dans la profession comptable. A noter toutefois un ou deux «mais» de taille. Q uand on est terminologue, comment savoir si le travail qu'on fait atteint la cible visée? Le Comité de terminologie de l'Ordre des comptables agréés du Québec a décidé d'aller aux sources: il a effectué en 1983, avec la collaboration de stagiaires du Département des techniques de recherches psycho-sociales du cégep de Rosemont, un sondage auprès des membres francophones de l'Ordre, en vue de faire le point sur son action et de réorienter sa démarche, si nécessaire, en fonction des besoins réels exprimés par les membres. Le Comité s'est fixé quatre objectifs: • sonder les habitudes en matière de terminologie comptable; • déterminer les facteurs qui influent sur l'évolution de la langue comptable au Québec ; • connaître l'opinion des membres sur les travaux du Comité; • connaître les mécanismes de décision en matière de terminologie comptable. D'ou proviennent les répondants? Le Comité a prélevé un échantillon de 4 • CIRCUIT - DÉCEMBRE 1984 500 comptables agréés sur une population-cible de quelque 5 400 membres francophones. Il a reçu 353 questionnaires exploitables. Les répondants se répartissaient dans les secteurs suivants : • expertise comptable 53 % • fonction publique 13 % • industrie 9 % • autres 25 % Ces chiffres sont représentatifs de la population réelle des comptables agréés (CA). Quels sont leurs problèmes terminologiques? De la partie du sondage consacrée à la perception des problèmes terminologiques, trois grands points ressortent: 1° L'immense majorité des répondants (97 %) sont conscients de l'évolution de la terminologie comptable au Québec. Un nombre presque aussi élevé (91 %) Y est favorable, alors que 82 % accordent à cette évolution une importance moyenne ou élevée. 2° 53 % se posent souvent des questions de terminologie et 3 % ne s'en posent jamais. Lorsqu'un comptable agréé fait face à un problème terminologique, il le fait dans un contexte de rédaction dans 63 % des cas et dans un contexte de traduction dans 30 % des cas. 3°' Les outils terminologiques les plus employés sont le Manuel de l'ICCA - recueil de normes techniques (une bible) rédigé en anglais avec version française officielle publiée simultanément - (93 %), les dictionnaires généraux (87 %) et les bulletins du Comité de terminologie (82 %). Les ouvrages jugés les plus utiles sont, dans l'ordre, le Manuel de l'ICCA, le Dictionnaire de la comptabilité et des disciplines connexes et les bulletins du Comité. Lisent-ils les bulletins du Comité de terminologie 1° Fréquence de lecture • Lisent les bulletins régulièrement: 37 % • Les lisent à l'occasion: 46 %

• N'en prennent que rarement connaissance: 11 % • Ne les lisent jamais: 6 % 2° Opinions sur les recommandations . du Comité • Jugées satisfaisantes: 80 % • Jugées trop nuancées: 14 % • Jugées trop tranchées: 6 % 3° Opinions sur l'effort d'alignement sur le français international • Sont satisfaits : 78 % • L'effort est jugé excessif: 19 % • L'effort est jugé trop faible: 3 % D'après ceux qui jugent excessif l'effort d'alignement sur le français international, les gens ne comprennent pas le «jargon» qu'on leur propose et il ne convient pas nécessairement d'adopter les termes utilisés ailleurs (parce que nous risquerions notamment de perdre notre identité culturelle). Vu leur pourcentage d'acceptation de 90 % ou plus, on peut considérer comme faisant maintenant partie du vocabulaire comptable les expressions suivantes: exercice au lieu d'« année fiscale » (recommandé par le Comité en 1971), actif à court terme au lieu de « disponibilités » (1972), état des résultats qui remplace « état des revenus et dépenses» (1977), stock qui était auparavant « inventaire» (1966). Les expressions non isées sont: dotation à l'amortisse- .~nt (1979), mission de vérification (1979), responsabilité (pour « imputabilité ») (1981) et produits à recevoir (1981). Les pourcentages de nonutilisation vont de 79 à 89 %. Comment font-ils leurs choix terminologiques? 1° Facteurs empêchant le changement • La confusion passagère (79 %) ou ( , 1 ~1 1 l durable (77 %) qu'il peut apporter • La nouvelle expression sonne mal (73%) • L'expression proposée est trop longue 2° Facteurs favorisant le changement • Utilisation du terme proposé dans le Manuel de l'ICCA (85 %) • Recommandation dans les bulletins du Comité (66 %) • Adoption dans les états financiers de grandes entreprises (63 %) • Recommandation dans le Sylvain (56 %) • Suggestion ou décision similaire d'un confrère (55 %) À noter que deux raisons ne contribuent jamais, de l'avis des répondants, à l'acceptation des changements terminologiques: • Usage dans les états financiers européens (90 %) • Discussion avec un terminologue, traducteur ou autre spécialiste de la langue (46 %) Que conclure? Les efforts nombreux et sérieux faits par la profession des comptables agréés ont porté fruit, en ce sens qu'on a réussi à sensibiliser les CA à l'évolution de la terminologie de leur spécialité et à leur faire largement accepter cette évolution. Cependant, les résultats de l'enquête démontrent qu'il reste du travail à faire. On observe d'abord que, si le Sylvain et les bulletins du Comité sont à la fois utiles et utilisés, c'est dans leur ouvrage de référence de base, le Manuel de l'ICCA, que les CA s'attendent à retrouver la terminologie proposée. Les responsables de la rédaction devront donc être sensibilisés encore davantage à l'importance de bien rédiger un ouvrage de cette nature. Les CA dans l'industrie devraient noter au passage l'importance de la terminologie utilisée dans les rapports annuels: la moitié de leurs confrères s'en inspirent. Les réticences exprimées au chapitre de l'alignement sur le français international démontrent que, si les CA acceptent bien d'utiliser un français commun, ils tiennent également à se distinguer comme francophones d'Amérique du Nord. Cela n'est pas mauvais en soi, du moins lorsque la réalité diffère, mais les CA comprennent encore mal les conséquences d'un jargon local dès qu'on déborde du cadre de sa région, ainsi que les conséquences de l'infiltration insidieuse d'une autre langue. Ils ne perçoivent pas comme importantes les menaces du ghetto linguistique à l'heure de l'internationalisation des professions. Il faut mieux leur faire comprendre que, dans le monde moderne des communications, l'emploi de termes régionaux risque de créer de la confusion, en particulier dans les domaines de spécialité. ~ Murielle Arsenault, CA pour le Comité de terminologie française de l'Ordre des comptables agréés du Québec Solution de la page 30 .,....------------------------- ...... -- hOIl!1 - cillcuit 1 Veuillez m'abonner à « CIRCUIT », magazine d'information sur la langue et la communication (un an, quatre numéros: 20$ ; extérieur du Canada: 30$) (Écrire en majuscules.) NOM ADRESSE SIGNATURE Envoyer à: Circuit Société des traducteurs du Québec CODE POSTAL 1010, rue Sainte-Catherine ouest Bureau 640 DATE Montréal (Québec) H3B 1G7 Chèque ou mandat à l'ordre de « Circuit STQ » J -----------------------~ CIRCUIT - DÉCEMBRE 1984 • 5 l 1 1 1 1 1 1 1 1 1

• N'en prennent que rarement connaissance:<br />

11 %<br />

• Ne les lisent jamais: 6 %<br />

2° Opinions sur les recommandations<br />

. du Comité<br />

• Jugées satisfaisantes: 80 %<br />

• Jugées trop nuancées: 14 %<br />

• Jugées trop tranchées: 6 %<br />

3° Opinions sur l'effort d'alignement<br />

sur le français international<br />

• Sont satisfaits : 78 %<br />

• L'effort est jugé excessif: 19 %<br />

• L'effort est jugé trop faible: 3 %<br />

D'après ceux qui jugent excessif l'effort<br />

d'alignement sur le français international,<br />

les gens ne comprennent pas le «jargon»<br />

qu'on leur propose et il ne convient pas<br />

nécessairement d'adopter les termes<br />

utilisés ailleurs (parce que nous risquerions<br />

notamment de perdre notre identité<br />

culturelle).<br />

Vu leur pourcentage d'acceptation de<br />

90 % ou plus, on peut considérer comme<br />

faisant maintenant partie du vocabulaire<br />

comptable les expressions suivantes:<br />

exercice au lieu d'« année fiscale »<br />

(recommandé par le Comité en 1971),<br />

actif à court terme au lieu de « disponibilités<br />

» (1972), état des résultats qui<br />

remplace « état des revenus et dépenses»<br />

(1977), stock qui était auparavant<br />

« inventaire» (1966). Les expressions non<br />

isées sont: dotation à l'amortisse-<br />

.~nt (1979), mission de vérification<br />

(1979), responsabilité (pour « imputabilité<br />

») (1981) et produits à recevoir<br />

(1981). Les pourcentages de nonutilisation<br />

vont de 79 à 89 %.<br />

Comment font-ils<br />

leurs choix<br />

terminologiques?<br />

1° Facteurs empêchant le changement<br />

• La confusion passagère (79 %) ou<br />

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durable (77 %) qu'il peut apporter<br />

• La nouvelle expression sonne mal<br />

(73%)<br />

• L'expression proposée est trop longue<br />

2° Facteurs favorisant le changement<br />

• Utilisation du terme proposé dans<br />

le Manuel de l'ICCA (85 %)<br />

• Recommandation dans les bulletins<br />

du Comité (66 %)<br />

• Adoption dans les états financiers<br />

de grandes entreprises (63 %)<br />

• Recommandation dans le Sylvain<br />

(56 %)<br />

• Suggestion ou décision similaire<br />

d'un confrère (55 %)<br />

À noter que deux raisons ne contribuent<br />

jamais, de l'avis des répondants, à l'acceptation<br />

des changements terminologiques:<br />

• Usage dans les états financiers européens<br />

(90 %)<br />

• Discussion avec un terminologue,<br />

traducteur ou autre spécialiste de la<br />

langue (46 %)<br />

Que conclure?<br />

Les efforts nombreux et sérieux faits par<br />

la profession des comptables agréés ont<br />

porté fruit, en ce sens qu'on a réussi à<br />

sensibiliser les CA à l'évolution de la terminologie<br />

de leur spécialité et à leur faire<br />

largement accepter cette évolution.<br />

Cependant, les résultats de l'enquête<br />

démontrent qu'il reste du travail à faire.<br />

On observe d'abord que, si le Sylvain et<br />

les bulletins du Comité sont à la fois utiles<br />

et utilisés, c'est dans leur ouvrage<br />

de référence de base, le Manuel de<br />

l'ICCA, que les CA s'attendent à retrouver<br />

la terminologie proposée. Les responsables<br />

de la rédaction devront donc être<br />

sensibilisés encore davantage à l'importance<br />

de bien rédiger un ouvrage de cette<br />

nature. Les CA dans l'industrie devraient<br />

noter au passage l'importance de la terminologie<br />

utilisée dans les rapports<br />

annuels: la moitié de leurs confrères s'en<br />

inspirent.<br />

Les réticences exprimées au chapitre de<br />

l'alignement sur le français international<br />

démontrent que, si les CA acceptent bien<br />

d'utiliser un français commun, ils tiennent<br />

également à se distinguer comme francophones<br />

d'Amérique du Nord. Cela<br />

n'est pas mauvais en soi, du moins lorsque<br />

la réalité diffère, mais les CA comprennent<br />

encore mal les conséquences<br />

d'un jargon local dès qu'on déborde du<br />

cadre de sa région, ainsi que les<br />

conséquences de l'infiltration insidieuse<br />

d'une autre langue. Ils ne perçoivent pas<br />

comme importantes les menaces du<br />

ghetto linguistique à l'heure de l'internationalisation<br />

des professions. Il faut mieux<br />

leur faire comprendre que, dans le monde<br />

moderne des communications, l'emploi<br />

de termes régionaux risque de créer de<br />

la confusion, en particulier dans les<br />

domaines de spécialité. ~<br />

Murielle Arsenault, CA<br />

pour le Comité de terminologie française<br />

de l'Ordre des comptables agréés<br />

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Circuit<br />

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