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Lire le livre - Bibliothèque

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périmètre de cette demeure.<br />

- Attendez, votre histoire ne tient pas debout. Vous n’avez pas pu récolter <strong>le</strong><br />

témoignage de votre père, donc comment pouvez-vous savoir qu’il voulait ingérer du<br />

bicarbonate de soude <br />

- En cas de mauvaise digestion, il ne jurait que par ce produit.<br />

- Vous n’avez aucune preuve qu’il ait voulu prendre ce bicarbonate et qu’il l’ait<br />

confondu avec <strong>le</strong>s nitrates.<br />

- En effet. Mais c’est évident.<br />

- Vous trouvez <br />

- Les nitrates étaient placés juste à côté du bicarbonate, dans un bocal identique.<br />

- Drô<strong>le</strong> de rangement.<br />

- Non. Les rosiers étaient sur la terrasse attenante à la sal<strong>le</strong> de bains.<br />

- La police s’est-el<strong>le</strong> penchée sur cette affaire <br />

- Oui. El<strong>le</strong> a conclu à une indigestion.<br />

- Vous ne lui auriez pas versé des indulgences, à el<strong>le</strong> aussi <br />

- Le sujet ne prête pas à la plaisanterie. À la mort de mes parents, j’ai su que je<br />

ne vivrais pas comme eux. Ils sortaient et recevaient sans cesse. Je n’en avais ni la<br />

capacité, ni <strong>le</strong> désir. Je me suis installé dans cette existence autarcique. Mon ambition<br />

était de devenir un œuf.<br />

- C’est là que vous avez été rattrapé par votre obsession des femmes.<br />

- Obsession, <strong>le</strong> terme est exagéré. Disons qu’un œuf a besoin d’être couvé.<br />

- Vous avez de ces métaphores.<br />

- Quand j’ai passé la première petite annonce, quatre jeunes fil<strong>le</strong>s se sont<br />

présentées.<br />

- Ça vous a donné un sentiment de pouvoir, ces castings, n’est-ce pas <br />

- Je n’ai jamais eu l’impression de choisir. Comme dans votre cas, il y avait une<br />

évidence et il n’y en avait qu’une. Émeline n’était pas la plus bel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> était la seu<strong>le</strong> et<br />

el<strong>le</strong> était bel<strong>le</strong>. Je me permets de vous faire remarquer qu’à l’époque, je n’avais pas<br />

cette réputation sulfureuse et que cela n’a pas empêché la gent féminine d’accourir.<br />

- Moins nombreuse.<br />

- Certes. Je suis tombé amoureux d’Émeline et el<strong>le</strong> aussi. Toutes mes<br />

colocataires se sont éprises de moi en moins de temps qu’il n’en faut pour <strong>le</strong> dire, sauf<br />

vous. Parfois, je me demande si ce n’est pas parce que vous êtes belge.<br />

- Honneur à mon pays.<br />

- Ne dit-on pas <strong>le</strong> « plat pays » N’y a-t-il pas une platitude belge <br />

- C’est vous qui dites des platitudes.<br />

- J’ai cru que ce bonheur serait perpétuel. Émeline était bassoniste. On n’entend<br />

jamais <strong>le</strong> basson sans un autre instrument. Les femmes, c’est un orchestre. On peut<br />

jouir de l’ensemb<strong>le</strong> très longtemps. Et puis, un jour, on décide d’iso<strong>le</strong>r une concertiste.<br />

On scrute et soudain, on repère la bassoniste tel<strong>le</strong>ment plus gracieuse et on décide de<br />

ne plus écouter que sa musique. Même en p<strong>le</strong>ine symphonie, on n’entend plus que <strong>le</strong><br />

basson. Bientôt, <strong>le</strong>s violons, <strong>le</strong> piano et <strong>le</strong>s voix résonnent comme une cacophonie et<br />

on prie la bassoniste de venir exécuter chez soi un solo éternel.<br />

- Et c’est là que vous avez eu l’idée funeste de la chambre noire <br />

- Vous simplifiez.<br />

- En tout cas, <strong>le</strong>s photos, c’est un bobard. Je ne vous ai jamais vu prendre de

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