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- Et cela suffit à nettoyer votre conscience Vous vous sentez bien quand vous<br />
vous regardez dans <strong>le</strong> miroir <br />
- Je me trouve quelconque.<br />
- Vous avez l’air quelconque. S’il y avait une justice, <strong>le</strong>s gens de votre espèce<br />
auraient <strong>le</strong> visage qu’ils méritent.<br />
- J’ai <strong>le</strong> visage que je mérite. Je suis quelconque.<br />
- Vous al<strong>le</strong>z sans doute me par<strong>le</strong>r de la banalité du mal. J’ai horreur de cette<br />
théorie.<br />
- Procès d’intention. Je n’allais pas vous en par<strong>le</strong>r. Maintenant que vous<br />
connaissez mes ta<strong>le</strong>nts culinaires, vou<strong>le</strong>z-vous m’épouser <br />
- C’est plus fort que vous, la bouffonnerie, n’est-ce pas <br />
- Je suis sérieux.<br />
- Non, je ne vais pas vous épouser. On n’épouse pas pour un gâteau.<br />
- Le motif serait joli.<br />
- De toute façon, moi, je n’épouse pas. Ni vous, ni personne.<br />
- Pourquoi <br />
- C’est mon droit.<br />
- Oui. Mais pourquoi <br />
- Rien ne m’oblige à vous l’expliquer.<br />
- S’il vous plaît, dites-moi.<br />
- Vous avez votre chambre noire où personne ne peut al<strong>le</strong>r. Mon absence de<br />
désir matrimonial, c’est ma chambre noire à moi.<br />
- Cela n’a rien à voir.<br />
- Chacun place ses secrets où il veut.<br />
- Vous n’avez vraiment rien compris. Vous me décevez.<br />
- Ne vous croyez pas si mystérieux. Le coup de la chambre noire, on ne me <strong>le</strong><br />
fait pas.<br />
- Vous me décevez profondément.<br />
- Tant mieux.<br />
- Hélas, la déception ne guérit pas de l’amour.<br />
- Si je finissais votre saint-honoré, cela vous guérirait-il de votre amour <br />
- Non. Cela l’aggraverait.<br />
- Flûte. C’est ce que j’ai envie de faire.<br />
- Al<strong>le</strong>z-y. De toute façon, je suis éperdument épris.<br />
- Je vous ressers <br />
- Non. Je suis trop abattu.<br />
Saturnine s’attaqua sans autre manière au saint-honoré ou à ce qu’il en restait.<br />
Une fois repue, el<strong>le</strong> condescendit à reprendre :<br />
- Avant-hier, quand je vous ai rencontré, vous aviez l’air très dépressif.<br />
- Je l’étais. Seu<strong>le</strong> l’extase amoureuse m’arrache à la dépression.<br />
- Vous n’avez jamais pensé à consulter <br />
- La colocation est une solution plus efficace et plus avantageuse.<br />
- Voici encore une solution efficace et avantageuse, dit-el<strong>le</strong> en remplissant <strong>le</strong>s<br />
flûtes de champagne.<br />
Il but et soupira.<br />
- Vous êtes merveil<strong>le</strong>use, intelligente, bel<strong>le</strong> et p<strong>le</strong>ine de santé. C’est fou ce que je