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- Je ne sais pas.<br />
- À quoi bon être riche si ce n’est pour boire d’excel<strong>le</strong>nts champagnes Vous qui<br />
êtes obsédé par l’or, ne savez-vous pas que <strong>le</strong> champagne en est la version fluide <br />
El<strong>le</strong> déboucha la bouteil<strong>le</strong> et remplit <strong>le</strong>s flûtes. El<strong>le</strong> tendit la sienne à l’Espagnol.<br />
- Regardez, dit-el<strong>le</strong> en mirant <strong>le</strong> breuvage. Quoi de plus beau que <strong>le</strong> plaisir <br />
- À quoi buvons-nous <br />
- À l’or, bien sûr.<br />
- À l’or, reprit don E<strong>le</strong>mirio d’une voix mystique.<br />
La gorgée <strong>le</strong>s transit.<br />
- À présent, nous pouvons dignement déguster votre saint-honoré.<br />
Il en découpa deux parts qui ne s’effondrèrent pas : la grâce était avec lui.<br />
- Dé<strong>le</strong>ctab<strong>le</strong> ! s’écria-t-el<strong>le</strong>. Je ne sais pas ce que vous va<strong>le</strong>z comme aristo, mais<br />
comme pâtissier, vous me convainquez. Allons bon, vous p<strong>le</strong>urez <br />
- Pour la première fois, j’ai l’impression de vous plaire. Je suis un émotif.<br />
- N’exagérons rien. J’apprécie votre gâteau, voilà tout. Vou<strong>le</strong>z-vous sécher vos<br />
larmes, je vous prie.<br />
- Non. J’aime p<strong>le</strong>urer devant une bel<strong>le</strong> jeune femme à qui j’offre de la volupté.<br />
- Vous êtes insortab<strong>le</strong>.<br />
- Vous voyez, j’ai raison de ne pas sortir.<br />
El<strong>le</strong> rit.<br />
- Quand je pense à toutes ces femmes qui rêvent de vous rencontrer ! Si el<strong>le</strong>s<br />
savaient que vous sanglotez à la moindre occasion et qu’il n’y a pas de champagne<br />
chez vous !<br />
- Je corrigerai ce dernier point. Vous m’avez converti. D’où vous vient cette<br />
habitude <br />
- Cette habitude Vous plaisantez. Je n’ai pas bu beaucoup de champagne<br />
dans ma vie, mais dès la première fois, j’ai su qu’il n’y avait rien de meil<strong>le</strong>ur. Comment<br />
avez-vous évité de vous en apercevoir, vous <br />
- J’imagine que <strong>le</strong> champagne m’a été gâché par <strong>le</strong>s mondanités. Je n’y avais<br />
plus touché depuis vingt ans.<br />
Cette durée en rappela une autre à son interlocutrice.<br />
- Comme gens de maison, vous n’employez que des hommes. Pourquoi <br />
- Je ne supporte pas l’idée qu’une tâche dégradante soit exercée par une<br />
femme. Quand j’étais enfant et que je voyais une fil<strong>le</strong> frotter par terre, j’avais honte.<br />
- Et quand un homme frotte par terre, ça ne vous gêne pas <br />
- J’ai toujours pensé que <strong>le</strong>s hommes étaient destinés aux sa<strong>le</strong>s besognes. Si je<br />
me montre si exigeant envers <strong>le</strong>s femmes, c’est parce qu’il y a plus à attendre d’el<strong>le</strong>s.<br />
- Votre discours ne manque pas d’ambiguïté. Vous célébrez davantage <strong>le</strong>s<br />
femmes, pour mieux vous permettre de <strong>le</strong>s châtier.<br />
- D’où tirez-vous que je <strong>le</strong>s châtie <br />
- De vos propres paro<strong>le</strong>s. « Si vous pénétriez dans la chambre noire, il vous en<br />
cuirait. »<br />
- Cette phrase ne spécifie pas que je châtie quiconque.<br />
- J’ai l’impression que vous jouez sur <strong>le</strong>s mots.<br />
- Si vous me croyez malfaisant, pourquoi restez-vous <br />
- Parce que je bénéficie ici d’un confort extraordinaire. Parce que je ne suis pas